L’EPA, sous la pression de la Maison-Blanche, augmente ses seuils de toxicité en plomb

La nouvelle législation sur les particules de plomb en suspension établie par l’EPA le 15 Octobre dernier a été jugée trop rigide par la maison blanche et rajustée à la hausse au lendemain de sa validation. En effet, l’OMB (Office of Management and Budget) de la Maison-Blanche aurait rejeté cette proposition de loi objectant sur la méthode utilisée par l’EPA pour déterminer les nouveaux seuils de teneur en plomb admissibles dans l’atmosphère.

Le projet initial de l’EPA visait à diminuer significativement la quantité de plomb en suspension autorisée d’une valeur de 1.5 à 0.15 micro-g/m3 d’air. A cette mesure s’ajoutait la volonté de contrôler l’ensemble des sites industriels rejetant annuellement plus d’un quart de tonne de plomb en suspension. Une telle législation aurait alors nécessité le contrôle d’au moins 344 sites industriels responsables du rejet de plus d’une demi-tonne de plomb en suspension dans l’atmosphère. Suite à l’intervention de la Maison-Blanche, remontant le seuil de pollution admissible pour les sites industriels à une demi tonne par an, seul 211 sites seraient soumis à ce contrôle. De plus, les mesures de l’EPA prévoient la mise en place de capteurs atmosphériques dans les agglomérations de plus de 500.000 personnes afin de contrôler la qualité de l’air non loin des sites industriels.

Plusieurs associations environnementales, dont le Conseil pour la Défense des Ressources Naturelles (NRDC) ont dénoncé cet abus de pouvoir. Actuellement, le nombre d’infrastructures émettant du plomb aux Etats-Unis est estimé à 16.000 et serait responsable du rejet de 637 tonnes de plomb par an. Cette quantité est non négligeable ; la concentration atmosphérique de particules de plomb pouvant avoir d’importantes répercussions en termes de santé humaine (effets toxiques, neurologiques, hématologiques et rénaux) et de protection de l’environnement (contamination du sol et transmission dans la chaîne alimentaire).

Actuellement, le plomb est émis en quantité importante dans l’atmosphère par les fonderies, les aciéries et les cimenteries. L’augmentation du nombre de sites à surveiller, sans hausse du nombre de capteurs atmosphériques mis à disposition par l’EPA, aura pour conséquence une dispersion de leur nombre sur l’ensemble du territoire. Un capteur situé sur une agglomération de 500.000 personnes ne sera alors pas révélateur des concentrations de particules de plomb en suspension dans les zones proches des sites industriels. Actuellement, l’EPA dispose seulement de 133 capteurs.

L’empoisonnement par le plomb est un sujet d’actualité aux Etats-Unis, comme en témoigne le déroulement de la « Semaine du plomb » qui c’est clôturée ce vendredi 25 Octobre. Cet événement, organisé par l’EPA, visait à familiariser les américains sur les effets toxiques du plomb et les moyens mis en place pour diminuer le risque de toxicité. De récentes études, menées par l’Advisory Committee on Childhood Lead Poisoning Prevention (ACCLPP), semblent par ailleurs suggérer que le plomb serait toxique chez l’homme et plus particulièrement chez l’enfant, pour des valeurs bien plus faibles que celles considérées actuellement. Selon le NRDC, 310.000 enfants âgés de 1 à 5 ans présentent des concentrations en plomb anormalement élevées, nécessitant un suivi médical (données du Center for Desease Control and Prevention). Sachant que les enfants ingèrent une quantité de « sol » équivalente à 150 mg/j et que l’ingestion de « sol contaminé » constitue une des sources principales de concentration en plomb dans l’organisme humain, les associations s’émeuvent de l’intervention de la Maison-Blanche dans la hausse du seuil de toxicité du plomb.

Source :

Review of evidence of health effects of blood lead levels <10 micro-g/dl in children. - 23/02/2004 - Advisory Committee on Childhood Lead Poisoning Prevention - https://www.cdc.gov/nceh/lead/ACCLPP/meetingMinutes/lessThan10MtgMAR04.pdf

Pour en savoir plus, contacts :

– Natural Resources Defense Council. https://www.nrdc.org/health/effects/lead/lead_emitters_maps.asp
– National Ambient Air Quality Standards for Lead. EPA. https://epa.gov/air/lead/actions.html
Code brève
ADIT : 56476

Rédacteur :

Agathe Dumas ([email protected])

Partager

Derniers articles dans la thématique