Le "National CT Colonography Trial", étude incluant 15 centres de recherche des Etats-Unis, valide aujourd’hui que la coloscopie virtuelle obtenue par tomographie est aussi efficace que la coloscopie conventionnelle utilisant une sonde flexible surmontée d’une caméra, pour détecter les cancers colorectaux et les polypes précancéreux.
Les cancers colorectaux, CRC, constituent le troisième type de cancers le plus fréquemment diagnostiqué (150.000 nouveaux cas en 2008 aux U.S selon le National Cancer Institute) et la seconde cause de mortalité par cancer aux Etats-Unis (50.000 décès en 2008 selon le NCI). La majorité des cancers du côlon pourrait pourtant être évitée par un dépistage précoce des lésions précancéreuses sur lesquelles il est encore temps d’intervenir. Le dépistage est donc absolument essentiel. Et pourtant la fréquence des tests de dépistage est faible en raison de la technique invasive et coûteuse à la fois psychologiquement et financièrement pour le patient (risque de perforation, risque d’infection, nécessité de sédation). Alors qu’il est recommandé pour les personnes de 50 ans ou plus de faire une coloscopie tous les 10 ans, voire plus selon les facteurs de risques, la majorité des américains ne le font pas. A contrario, la coloscopie virtuelle permet d’obtenir des images du côlon et des organes voisins en moins d’une minute, et permettrait au patient de ressortir une demi-heure plus tard, en possession de tous ses moyens.
Dans cette étude, menée principalement par C. Daniel Johnson de la Mayo Clinic Arizona de Scottdale, Arizona, 2351 patients asymptomatiques, âgés de 50 ans et plus, ont subi au cours de la même journée une coloscopie virtuelle et une coloscopie conventionnelle. Les résultats des deux tests ont été comparés. La coloscopie virtuelle a permis de dépister les adénomes et carcinomes avec une précision comparable à celle de la coloscopie conventionnelle. 90% des polypes de taille égale ou supérieure à 1cm ont été détectés. Même des polypes de taille inférieure à 0.5 cm ont pu être détectés avec une bonne précision. En conclusion, cette étude vient valider des précédentes études mono-institut, qui suggéraient que la coloscopie virtuelle pourrait devenir la technique de référence en matière de diagnostic des cancers colorectaux du fait de sa précision, sa sécurité, son coût réduit et sa meilleure acceptation par les patients.
Le coût en euros d’une coloscopie virtuelle serait compris entre 120 et 150 euros, contre 550 à 800 euros pour une coloscopie conventionnelle. Le seul bémol de cette technique comparée à la technique conventionnelle, est qu’elle ne permet pas une intervention directe sur le polype. En effet, les sondes utilisées pour la coloscopie conventionnelle sont munies d’un bistouri télécommandé qui permet l’ablation des polypes suspects. Un patient diagnostiqué avec la technique virtuelle devra donc dans tous les cas subir une coloscopie conventionnelle, mais cela ne représente que 8% des cas. La coloscopie reste donc la méthode la plus rapide, la moins chère et la plus confortable pour le patient.
Grâce à cette nouvelle étude, les scientifiques espèrent ainsi inciter les patients à pratiquer de manière systématique un test de dépistage et à terme réduire le nombre de décès par cancer colorectaux.
Source :
– Virtual Colonoscopy As Good As Other Colon Cancer Screening Methods, Study Finds, ScienceDaily, Sept. 18, 2008 – https://www.sciencedaily.com/releases/2008/09/080918170823.htm
– Large, Multi-center Trial Demonstrates Comparable Accuracy for Virtual Colonoscopy and Standart Colonoscopy, National Cancer Institute News, Sept.17, 2008 – https://www.cancer.gov/newscenter/pressreleases/VirtualColonoscopyRelease
– Dépistage du cancer du colon : la révolution virtuelle, Fabien Gruhier, Le Nouvel Observateur, N°2242, semaine du 25 octobre 2008 – https://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2242/articles/a357654-.html
– Virtual Colonoscopy As Good As Other Colon Cancer Screening Methods, EurekAlert, Sept. 18, 2008 – https://www.eurekalert.org/pub_releases/2008-09/uoc–vca091808.php
Pour en savoir plus, contacts :
– Sur l’étude en question : https://content.nejm.org/cgi/content/short/359/12/1207
– Sur C. Daniel Johnson : https://www.mayoclinic.org/bio/10013865.html
Code brève
ADIT : 56090
Rédacteur :
Camille Arnaud, [email protected] – Rachel Jouan