Science et conscience comme philosophie de gouvernance pour l’EPA

La "dream team" environnementale du Président vient d’être confirmée par le Sénat, après une brève suspension de la procédure par les Sénateurs républicains, lesquels souhaitaient simplement des éclaircissements sur l’articulation des rôles entre l’administration de l’EPA et la future tsarine "Energie et changement climatique" de la Maison Blanche – Carol Browner. Quelques instants après sa confirmation, la nouvelle administratrice a adressé une note aux salariés de l’Environmental Protection Agency (EPA) annonçant clairement la philosophie de gouvernance qui serait la sienne et les priorités thématiques qu’elle poursuivrait.

Trois valeurs au centre du processus de décision

Rappelant les trois valeurs énoncées par le Président Obama, elle a affirmé que ces valeurs modèleraient chacune de ses actions à la tête de l’agence. En premier lieu, elle a annoncé que la science formera la "colonne vertébrale" de l’EPA, confortant ainsi les espoirs des scientifiques et des experts au sein de l’administration environnementale, et donnant un coup de patte au passage à son prédecesseur, souvent accusé d’avoir supprimé ou déformé les conclusions scientifiques à des fins politiques. "Les orientations décidées ("policy decisions") ne doivent pas être déguisées en résultats scientifiques. Je promets que je ne compromettrai pas l’intégrité des experts de l’EPA en vue de promouvoir une décision réglementaire plutôt qu’une autre" assène la nouvelle administratrice.

La seconde valeur fondamentale est de l’Etat de droit ("rule of law"). Le texte de Lisa Jackson affirme que les lois ratifiées par le Congrès des Etats-Unis doivent être appliquées, de même que les décisions de la Cour Suprême, faisant là aussi référence aux errements passés de l’EPA, (notamment dans la carence d’application de la décision "Massachusetts vs EPA" de 2007 qui oblige l’agence à déterminer si le CO2 est un polluant, et à ce titre, réglementé par elle). "L’EPA ne peut pas tourner la tête ailleurs à une décision de justice ni ralentir le processus de mise en conformité".

La troisième valeur est la transparence : "je promets que j’entreprendrai le travail de l’agence sous l’oeil du public afin que la porte soit ouverte aux parties intéressées et qu’il n’y ait aucun doute sur ce que nous faisons ni sur la manière dont nous sommes parvenus à notre décision".

Concluant cette profession de foi, Lisa Jackson demande à ses collaborateurs de lui rappeler si jamais elle venait à déroger à ces trois valeurs.

Cinq domaines d’action prioritaires

La deuxième partie du memo vise à mettre en lumière les domaines d’actions qu’elle considère comme les plus urgents dans la protection de la santé humaine et de l’environnement. Les 5 priorités qui bénéficieront de son "attention personnelle" seront:
– La réduction des Gaz à Effet de Serre (GES). Sur ce point, dont Mme Jackson rappelle combien il est cher au 44è Président, elle s’engage à aider le Congrès dans la préparation d’une législation – basée sur la science- visant à lutter contre le changement climatique. Elle s’engage également à appliquer la décision de la Cour Suprême dans le cadre du Clean Air Act.
– Amélioration de la Qualité de l’Air, ce qui résulte du constat que de grandes parties du pays sont au-delà des seuils réglementaires et que la santé des communautés est en péril.
– Gestion des risques chimiques. La nouvelle administratrice rappelle que plus de 30 ans après la ratification du Toxic Substances Control Act, il est clair que les Etats-Unis ne maitrisent pas suffisamment les produits chimiques "dans les produits de grande consommation, sur les lieux de travail et dans l’environnement".
– Nettoyage des sites pollués, car il en reste des centaines à travers le pays. On notera que c’est un sujet sur lequel a longuement porté l’audition de confirmation de la candidate au poste et au sujet duquel elle s’est attirée le plus de reproches de la part des environnementalistes.
– Protection des Eaux : Lisa Jackson s’engage à intensifier la restauration des différents corps d’eau, notamment les grands lacs et la baie de Chesapeake, mais à réguler également de manière "robuste" l’eau de boisson et les industriels.

Source :

– Mémo de la nouvelle Administratrice aux salariés : https://www.epa.gov/administrator/memotoemployees.html
– New York Times du 14 janvier 2009 : https://www.nytimes.com/2009/01/15/us/politics/15webjackson.html?_r=1&scp=6&sq=lisa%20jackson%20epa&st=cse
– Association "Public Employees for Environmental Responsibility" – communiqué du 26 janvier 2009 : https://www.peer.org/news/news_id.php?row_id=1152

Rédacteur :

Marc Magaud ([email protected])

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