Le Conseil pour la science et de technologie de la Présidence (PCAST pour President’s Council of Advisors on Science and Technology) a récemment publié un rapport [1] dressant le portrait des partenariats de recherche entre les universités et le secteur privé ainsi que leur impact sur "l’écosystème d’innovation" des Etats-Unis.
Selon le PCAST, une implication plus importante dans les universités du secteur privé, à savoir des industries et des fondations de recherche, est un facteur clé du développement de l’économie américaine. Le rapport s’intéresse depuis peu à ce type de partenariats. Pour les experts, qui ont mené l’étude, plusieurs caractéristiques nouvelles sont apparues dans le cadre de ces partenariats de recherche entre les universités et le secteur privé.
La première de ces tendances a trait au déséquilibre croissant entre les capacités de recherche académique et le budget fédéral alloué à la recherche. La seconde évolution remarquable est la diminution de la recherche fondamentale effectuée par l’industrie, comme en témoigne la disparition de plusieurs centres de recherche industriels. Une autre tendance est que la recherche est soutenue de façon croissante par les fondations privées, comme la Bill et Melinda Gates Foundation. Enfin, la quatrième tendance est la nécessité d’une accélération du processus de développement technologique. Cette dernière nécessite de nouvelles méthodes de transfert de connaissance entre les universités et l’industrie pour permettre à l’économie de bénéficier pleinement et rapidement de ces innovations.
Les experts du PCAST démontrent qu’il n’existe pas de modèle idéal de partenariat université – industrie. Néanmoins, ils ont identifié et rapporté dans le document une série d’obstacles et d’opportunités que la plupart des modèles ont en commun. Ils ont classé leurs conclusions et recommandations selon cinq catégories : la recherche fondamentale et l’innovation ; les facteurs politiques et économiques influant sur les partenariats de recherche et d’innovation ; les modèles d’Open Innovation ou partage des connaissances ; les points de connexions entre les acteurs de l’innovation et enfin les méthodes d’évaluation de l’innovation.
Sur le premier point, le rapport rappelle que la recherche fondamentale, majoritairement réalisée au sein des universités et financée par l’état fédéral, reste le moteur principal des découvertes conduisant à des innovations. Le rapport exhorte donc le gouvernement fédéral à augmenter encore davantage son soutien à la recherche fondamentale.
Concernant le deuxième point, les experts considèrent que certains facteurs économiques et politiques ont eu un effet négatif important sur la capacité d’innovation du pays et doivent être revus. Ainsi, le système de crédit d’impôt pour les activités de recherche devrait être amélioré et favoriser davantage la recherche fondamentale. Le rapport préconise aussi qu’une enquête soit conduite afin d’étudier les impacts négatifs des autres exonérations fiscales sur la recherche universitaire financée par les industries. D’autre part, le rapport invite le Department of Commerce et le National Science and Technology Council, à élaborer de façon conjointe une série d’outils et de supports éducatifs afin d’encourager et de faciliter les transferts de technologies des universités vers les entreprises.
Sur les modèles d’ "innovation ouverte", ou Open Innovation, le PCAST reconnaît que le partage des connaissances scientifiques et technologiques est devenu indispensable pour la création de nouveaux concepts et produits. L’innovation de ce type permet en effet aux universités, instituts gouvernementaux et industries de collaborer sur des problématiques pluridisciplinaires et ainsi d’accélérer considérablement le développement et la mise sur le marché des solutions apportées. Le rapport encourage donc le gouvernement à prendre des mesures afin d’évaluer avec précision l’efficacité des différents modèles d’ "innovation ouverte" et de mettre en place les plus performants sur l’ensemble du territoire.
Sur le quatrième point, le rapport note que les connexions entre les différents acteurs de l’innovation doivent être renforcés et les barrières à la collaboration réduites, telles que les différences de structures, de culture et d’objectifs entre universités et entreprises, ainsi que les désaccords au niveau de la propriété industrielle et des publications. Une mesure serait notamment d’apporter plus de flexibilité aux carrières des chercheurs en leur facilitant les transitions entre universités, entreprises ou centres de recherche gouvernementaux.
En dernier lieu, les experts du PCAST, afin de favoriser le développement de politiques d’innovation plus "en prise avec la réalité", recommandent la mise au point par les instances fédérales d’indicateurs pertinents pouvant faire état de la capacité d’innovation du pays. Ces indicateurs doivent prendre en compte les résultats des collaborations et des transferts de technologies entre les universités et le secteur privé.
En guise de conclusion, le rapport rappelle que si les Etats-Unis ont toujours su utiliser les financements fédéraux pour soutenir la recherche fondamentale, le soutien public à l’innovation et aux partenariats multisectoriels a lui été souvent clairsemé. Le PCAST met en garde le Gouvernement sur le fait que d’autres pays, aux capacités de recherche plus modestes, ont développé des écosystèmes favorisant la collaboration entre les différents acteurs impliqués dans le processus d’innovation, et que les Etats-Unis doivent, dès à présent, redessiner les contours de leur propre écosystème afin de préserver la compétitivité du pays.
Source :
"US Government Must Take Steps to Strengthen Industry-Academia Ties", Ben Butkus, Biotech Transfer Week, 3 décembre 2008, https://www.michaeljfox.org/newsEvents_parkinsonsInTheNews_article.cfm?ID=422
Pour en savoir plus, contacts :
[1] "University-Private Sector Research Partnerships in the Innovation Ecosystem", President’s Council of Advisors on Science and Technology, Novembre 2008 – https://www.ostp.gov/galleries/PCAST/past_research_partnership_report_BOOK.pdf
Code brève
ADIT : 57003
Rédacteur :
Yann Le Beux, [email protected]