L’adrénoleucodystrophie (ADL) est une maladie génétique qui se traduit par la dégradation de la gaine de myéline entourant les cellules nerveuses dans le cerveau et la moelle épinière. Cette enveloppe grasse sert à isoler les faisceaux nerveux et est indispensable pour assurer la transmission des impulsions nerveuses. La maladie est due au dysfonctionnement d’un gène et se manifeste entre cinq et sept ans chez les enfants atteints et provoque successivement des paralysies, une perte des fonctions cérébrales et finalement la mort, deux à cinq ans après diagnostic. Chaque année, environ 35 cas sont diagnostiqués en France. L’association Européenne contre les Leucodystrophies a été fondée en 1992 et reconnue d’utilité publique en 1996. Elle apporte information et soutien aux victimes de cette maladie rare. Le seul traitement disponible jusqu’à présent était la greffe de moelle osseuse dès le diagnostic de la maladie. Cette méthode est grandement limitée par la courte période pendant laquelle elle est efficace, la nécessité de trouver un donneur compatible et les complications graves pouvant découler de la greffe.
Les résultats d’une étude internationale menée par Nathalie Cartier-Lacave, directeur de recherche à l’Inserm, et Patrick Aubourg, professeur de neurobiologie pédiatrique à l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul mettent en lumière une nouvelle voie de traitement. Elle est basée sur une méthode de transduction [1] améliorée mise au point dans le laboratoire du Pr. Inder Verma, au sein du Salk Institute for Biological Studies en Californie. Cette méthode utilise comme vecteur un lentivirus modifié pour "corriger" les cellules de moelle osseuse du patient. Les lentivirus sont une sous-catégorie de rétrovirus, catégorie à laquelle appartient le tristement célèbre virus HIV. Les virus de cette famille agissent en introduisant leurs gènes dans la cellule qu’ils infectent. En modifiant ces virus, il est donc possible d’utiliser ce mode d’infection pour introduire une version corrigée du gène à l’origine de l’ADL dans les cellules de moelle osseuse du malade. Ces cellules "corrigées" peuvent alors être greffées au patient, permettant ainsi de résoudre le principal problème en matière de greffe : la compatibilité entre le donneur et le receveur.
Grace à cette méthode, le développement de la maladie a pu être arrêté chez deux jeunes enfants espagnols. Leur état est stable depuis 2 ans et aucune complication médicale n’a été détectée. Ce résultat s’inscrit dans une série de découvertes prometteuses concernant la thérapie génique. Les méthodes disponibles jusque là avaient montré des problèmes d’efficacité voire des risques pour le patient traité grâce à elles.
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[1] Introduction d’un gène extérieur dans une cellule par le biais d’un virus
Source :
Salk technology at the heart of gene therapy success, Salk Institute Press Release, November 6th 2009
https://www.salk.edu/news/pressrelease_details.php?press_id=391
Pour en savoir plus, contacts :
– Sur le Salk Institute : https://www.salk.edu/about/
– Sur l’essai clinique mené en France https://www.lesechos.fr/info/metiers/020208687386-la-therapie-genique-remporte-un-premier-succes.htm
– Sur l’Association Européenne contre les Leucodystrophies : https://www.ela-asso.com/default.htm
Code brève
ADIT : 61215
Rédacteur :
Thomas Biedermann, [email protected]