Le Comité National de la Recherche dédié à la santé, l’environnement et les coûts associés à la production et à la consommation d’énergie, a publié le 19 Octobre dernier un rapport intitulé "Hidden Costs of Energy: Unpriced Consequences of Energy Production and Use" (en français "les coûts cachés de l’énergie : les conséquences non chiffrées de la production et de la consommation d’énergie"). Cette étude, regroupant les travaux d’une vingtaine de scientifiques issus principalement du domaine universitaire [1] vise à calculer le montant des effets indirects liés à la production et à la consommation d’énergie. A titre d’exemple, les chercheurs ont essayé de quantifier le montant des effets de la pollution atmosphérique sur la santé humaine liée à l’utilisation des énergies fossiles. Si ce secteur a déjà fait l’objet de plusieurs publications, ce rapport a pour spécificité de comparer diverses sources d’énergies en tenant compte de la durée de vie des infrastructures. Loin d’être une étude exhaustive sur l’ensemble des répercutions possibles, ce travail cherche à quantifier les effets causés par la pollution de l’air, la production d’électricité, les transports et le chauffage et il ne tient pas compte des impacts liés au changement climatique ou résultant de perturbations d’écosystèmes. En effet, ces derniers présentent une incertitude trop élevée notamment concernant leur forme de manifestation.
Afin de quantifier ces effets avec le plus de précision, les scientifiques se sont focalisés sur les principaux polluants atmosphériques à savoir : le dioxyde de soufre, les oxydes d’azote et les particules en suspension. Evaluant les impacts sur la santé humaine, les récoltes agricoles, l’industrie du bois, le secteur du bâtiment et les loisirs, ces travaux présentent une estimation des coûts externes tels qu’estimés en 2005 ainsi qu’une projection de leurs évolutions pour 2030. Au final, le rapport quantifie à 120 milliards de dollars, les effets indirects de la consommation d’énergie aux Etats-Unis en 2005. De plus, faisant l’hypothèse que les émissions de GES (Gaz à Effet de Serre) resteront constantes sur cette période, le rapport conclut au fait que les dégâts causés par chaque tonne de GES augmenteraient de 50 à 80% d’ici 2030.
Concernant les effets listés dans le cadre de la production d’électricité, laquelle est générée pour moitié à partir de charbon (aux Etats-Unis), les principaux accusés sont les centrales électriques fonctionnant au charbon et au gaz naturel. A ce titre, les centrales à charbon seraient responsables de 62 milliards de dollars d’effets indirects en 2005, soit une augmentation du coût du kilowatt-heure de 3,2 cents. Selon les auteurs du rapport, ces infrastructures constituent la plus grande source de GES aux Etats-Unis, émettant en moyenne une tonne de dioxyde de carbone pour chaque kilowatt-heure produit. Si les effets découlant des centrales au gaz naturel sont bien moindres, ceux-ci comptent néanmoins pour 740 millions de dollars de dégâts en 2005, soit une augmentation de 0,16 cents par kilowattheure. Cette étude souligne cependant une grande disparités entre les différents type de centrales. Dans le cas du gaz naturel, seul 10% de ces infrastructures sont responsables de 65% des dégâts observés.
Si ce rapport évalue par ailleurs les répercutions des énergies renouvelables (éolien, solaire, biomasse), les effets indirects de ces différentes sources peuvent cependant être considérés comme négligeables comparés aux énergies fossiles. Examinant le cas du nucléaire, l’étude conclut à de faibles répercussions concernant l’utilisation des réacteurs mais soulignent cependant quelques problémes notamment sur la durée de vie des centrales, la gestion du risque nucléaire et le stockage des déchets radioactifs.
Concernant les répercussions dans le secteur du bâtiment, notamment les effets indirects du chauffage qui représente 30% de la demande énergétique des américains, celles-ci représentaient une enveloppe de 1,4 milliards de dollars en 2005. Les transports, responsables d’un tiers de la demande énergétique du pays ont occasionnés 56 milliards de dollars de dégâts, principalement concentrés sur la santé publique. Evaluant les effets causés par différents type de véhicules et tenant compte de leur durée de vie ainsi que du cycle de production des carburants, les chercheurs concluent à une augmentation du coût de l’essence comprise entre 1,2 et 1,7 cents par mile parcouru.
Répondant à une demande du Congrès, ces travaux visent ainsi à éclairer les politiques quant à la comparaison des différentes sources d’énergie. En effet, parce que ces surcoûts externes ne sont pas inclus actuellement dans les prix du marché énergétique, le choix des clients, des gouvernements et industries peut en être biaisé.
Source :
– [1] Report Examines Hidden Health and Environmental Costs Of Energy Production and Consumption In U.S. Office of News and Public information. https://www.nap.edu/catalog.php?record_id=12794
– https://www8.nationalacademies.org/onpinews/newsitem.aspx?RecordID=12794
– Hidden Costs Of Energy Production And Use. (27/10/2009). ScienceDaily. https://www.sciencedaily.com/releases/2009/10/091019122835.htm
Pour en savoir plus, contacts :
Rapport du Comité Nationale de la Recherche: "Hidden Costs of Energy: Unpriced Consequences of Energy Production and Use". The National Academies Press : https://www.nap.edu/catalog.php?record_id=12794
Code brève
ADIT : 61021
Rédacteur :
Agathe Dumas, [email protected]