Budget fédéral 2010 de R&D : hausse à prix courants, baisse à prix constants

Avec 147.5 milliards de dollars, l’année fiscale 2010 combine un budget en augmentation en termes courants (+0,3%) à la manne financière exceptionnelle du plan de relance , dont les 18.5 milliards de dollars peuvent être utilisés en 2009 et au-delà.

Au sein des circuits nationaux de financement de la R&D, le budget fédéral détient une place centrale, tout particulièrement pour la recherche fondamentale. Bien que l’année fiscale 2010 ait déjà démarré depuis le premier octobre 2009, les crédits n’ont pas encore été versés aux diverses agences fédérales finançant les programmes de R&D, le long processus d’attribution étant encore en cours. Néanmoins, le vote par le Congrès de la "résolution budgétaire" et son interprétation par l’American Association for the Advancement of Science permet de dresser un tableau précis des orientations budgétaires 2010.


Les Etats-Unis financent à eux seuls plus d’un tiers de la R&D mondiale (368 milliards de dollars soit 36%). Cette domination s’explique par une pluralité de facteurs dont les trois principaux sont: le dynamisme du secteur privé, premier contributeur avec 245 milliards de dollars (i); le soutien fédéral massif à la recherche fondamentale (ii) s’appuyant sur un petit nombre de grandes universités formant et attirant les meilleurs chercheurs de la planète (iii). Le schéma ci-dessus illustre le circuit des financements de la R&D en mettant l’accent sur le rôle pivot des agences fédérales.

Les grandes priorités 2010 définies dans la requête budgétaire présidentielle: recherche fondamentale, innovation, énergie et sciences du vivant.

On ne dénote pas de changement majeur par rapport à la ligne de conduite du gouvernement, marquée par trois grandes étapes depuis l’arrivée de Barack Obama au pouvoir avec:
(i) le 26 février 2010 la publication du panorama budgétaire "A new era of responsability: renewing America’s promise",
(ii) le 27 avril 2009, le discours présidentiel lors du 146ème congrès annuel de la National Academy of Science [1],
(iii) le 7 mai 2009, transmission de la requête budgétaire présidentielle au Congrès.

Le budget de R&D 2010 représente environ 4,1% des 3.600 milliards de dollars demandés au Congrès par le Président Obama le 7 mai dernier. Sa part hors défense de 63.5 milliards de dollars affiche une nette augmentation (+3,6%) contrairement au budget R&D consacré à la défense (-2%) qui demeure cependant largement majoritaire avec 84 milliards de dollars. Par ailleurs, la recherche fondamentale est largement bénéficiaire avec 3,4% d’augmentation pour atteindre 30.800 milliards de dollars contre 28.500 pour la recherche appliquée qui chute de 3,1%. Ainsi, la proposition de budget 2010 du Président Obama affiche une augmentation minime, de 491 millions de dollars par rapport à 2009 (+0,3%).

Les trois agences de l’American Competitiveness Initiative vont être les premières bénéficiaires, ce qui témoigne d’une certaine continuité avec l’orientation prise sous les deux dernières années de mandat de GW Bush: la NSF va recevoir 5,3 milliards de dollars soit 9,5% d’augmentation, le NIST 637 millions soit +15,8% et l’Office of Science du Departement of Energy 4.47 milliards soit +3,3%. Par ailleurs, les NIH ont vu leur budget augmenter légèrement de 1,4%. Par contre, le Department of Defense enregistre une baisse drastique de ses financements de 15,6%.

Les montants 2010 et les évolutions par rapports à 2009 du budget des principales agences de R&D sont présentés dans le tableau récapitulatif ci-dessous:


Néanmoins, il est nécessaire de souligner qu’en dépit des apparences, le budget fédéral de R&D est en légère baisse. Lorsque l’on extrait le plan de relance (stimulus package) et qu’on exprime les données en termes réels, hors inflation, on conclut à une réduction du financement de la recherche de 0,2%. Une fois encore il ne s’agit pas d’une surprise mais d’une continuité confirmant la tendance structurelle à la baisse, qui a atteint -6,8% depuis 2004.

[1] Lors de ce discours, Barack Obama :
(i) a fixé un objectif d’investissement public et privé de dépenses de R&D à 3% du PIB,
(ii) a rappelé l’importance de la recherche fondamentale,
(i) a confirmé l’objectif stratégique du secteur énergétique,
(ii) a annoncé le chantier de l’informatisation des dossiers médicaux,
(iii) est revenu sur la nécessité de protéger l’intégrité scientifique,
(iv) a conforté l’importance de la coopération internationale.

Source :

– Rapport de la AAAS: https://www.aaas.org/spp/rd/
– National Science Foundation https://www.nsf.gov/statistics/
– site de l’OCDE "Main Science and Technology Indicators"

Rédacteur :

Johan Delory, [email protected]

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