Un fort soutien fédéral aux échanges académiques internationaux

Crée en 1946 à l’initiative du Sénateur J. William Fulbright afin d’offrir "aux gens les plus méritants venus de différents pays la possibilité de se rencontrer pour une meilleure connaissance réciproque", le programme Fulbright, ouvert à tous pays, a rencontré depuis lors un franc succès. Il s’agit sûrement de l’instrument de coopération universitaire franco-américain le plus important et le plus reconnu [1]. Il a en effet financé la mobilité de plus de 10.000 jeunes français et 8.000 jeunes américains entre 1948 et 2007.

Or, au regard de la requête budgétaire présidentielle 2010, la tendance semble être à la hausse avec une augmentation globale de 8% pour atteindre 254 millions de dollars. Cette augmentation de moyens pour la mobilité s’inscrit parallèlement à un effort de structuration des échanges avec la création d’un nouveau centre pour les partenariats internationaux.

Le programme Fulbright a le vent en poupe : une volonté de mobilité

En 2009, le Bureau des Affaires culturelles et éducationnelles du Département d’Etat américain a envoyé 1551 étudiants et 1250 chercheurs -scholars- à travers le monde, dont 73 en France, 4ème destination favorite derrière le Royaume Uni, l’Italie et l’Espagne. Cette mobilité sortante pour les Etats-Unis s’est accompagnée de flux entrants dans une proportion légèrement supérieure.

Cette annonce d’un accroissement des financements est symptomatique du vent nouveau soufflant sur les perspectives de collaborations académiques. Le Président B. Obama et la Secrétaire d’Etat H. Clinton manifestent leur volonté de construire un espace multilatéral d’échanges et de connaissance, dans la lignée du pacifiste sénateur Fulbright. Néanmoins, cette augmentation s’accompagne de nouvelles orientations pour la mobilité sortante l’emphase étant mise sur :
(i) certains domaines : changement climatique, sécurité alimentaire, santé publique;
(ii) certaines aires géographiques : Inde, Chine, Turquie, Russie [2].

Arnaud Roujou De Boubée, Directeur de la Commission franco-américaine Fulbright, se veut rassurant quant aux nouvelles orientations du programme. Selon lui, les augmentations sont destinées à nourrir les nouvelles priorités. Cela ne remet nullement en cause l’existant, bien au contraire. En effet, l’Europe est l’espace bénéficiaire historique du programme Fulbright et concentre toujours 40% des flux totaux. En outre, il s’agit plutôt d’une opportunité pour favoriser les échanges dans les trois thématiques susnommées. Davantage de profils de chercheurs orientés "sciences dures", rarissimes jusqu’à présent, pourront séjourner en France.

Autre nouveauté, concernant la mobilité entrante aux Etats-Unis, une attention particulière est portée sur les "community college", ces établissement de formation undergraduate -jusqu’au niveau licence- fortement intégrés dans le tissu socio-économique local, libres d’accès et offrant des formations souvent moins théoriques (ils accueillent 40% de la population estudiantine américaine).

La création d’un centre de partenariats internationaux en matière d’éducation supérieure: un effort de structuration

Dans la même veine, l’Institut International de l’Education a annoncé le 19 Octobre dernier la création d’un Center for International Partnerships in Higher Education afin d’assister les établissements d’enseignement supérieur dans leurs développements de partenariats avec leurs contreparties autour du monde. Il financera les déplacements et les échanges d’informations des membres administratifs en charge des relations internationales dans les Universités et les Community colleges. Afin d’augmenter le nombre de partenariats interuniversitaires, un programme ad hoc a été crée: l’International Academic Partnership Program. On regrette néanmoins que celui-ci se limite pour l’instant à l’Inde et la Chine…

Ainsi, la politique scientifique internationale américaine semble caractérisée par une ouverture vers un monde multipolaire, avec une consolidation de ses relations avec la "vieille Europe", mais aussi une attention particulière vers les pays émergents d’Asie.

[1] Il existe une batterie d’instruments destinés à favoriser les échanges internationaux interuniversitaires entre les Etats-Unis et la France. Au niveau supranational, l’UE offre des programmes de coopération multilatérale (Atantis, Erasmus Mundus). Ensuite, un éventail d’outils bilatéraux est mis à disposition des établissements d’enseignement supérieur et des acteurs individuels eux-mêmes avec les bourses Chateaubriand et Eiffel, le fonds PUF ou encore les Fondations MIT-France, France-Berkeley, France-Chicago et France-Stanford. Souvent en amont des programmes de recherche conjoints, les étudiants, chercheurs, professeurs et professionnels ont la possibilité de recevoir des compléments financiers de la part de la Commission Fulbright pour effectuer une mobilité dans un des 160 pays membres.

Ainsi, les cadres de la mobilité varient en fonction de l’échelle de souveraineté ( échelon supranational, national et infranational) et du niveau de structuration de la mobilité (mobilité individuelle conventionnée ou dans le cadre de masters intégrés, réseaux doctoraux, programmes de recherche conjoints). Le Programme Fulbright se distingue car :
(i) il soutient à la fois la mobilité entrante et sortante,
(ii) il fonctionne sur des bases bilatérales entre gouvernements nationaux. On remarque que la Commission franco-américaine Fulbright abondée paritairement par les deux Etats depuis 1965 peut tisser des coopérations infra nationales avec des collectivités locales ou établissements d’enseignement supérieur.
(iii) il soutient des individus plutôt que des institutions. En amont du processus, le programme considère ses lauréats comme de futurs architectes de collaborations structurantes.
(iv) les chercheurs entrant dans l’Hexagone étaient jusqu’à présent quasi-exclusivement des spécialistes de sciences humaines recherchant une expérience de terrain dans leur study area : la France.

Par ailleurs, le programme Fulbright est déterminé par le Board of Foreign Scholarships et géré par le Board of Cultural and Educational Affairs du Department of State. Ce dernier s’appuie sur l’Institute of International Education pour la sélection et le placement des étudiants, sur le Council for the International Exchange of Scholars pour la sélection et le placement des chercheurs.

Source :

[2] Beth McMurtie, Fulbright program adapts to Obama administration’s priorities, Chronicle for Higher Education, 18 Octobre 2009

Pour en savoir plus, contacts :

– Site de la commission franco-américaine : https://www.fulbright-france.org/
– Site du Bureau des Affaires Educatives et Culturelles du Département d’Etat: https://fulbright.state.gov/root/resources-for/fsb
– Site de l’Institut International d’Education : https://www.iie.org/Template.cfm?section=Fulbright1
Code brève
ADIT : 60893

Rédacteur :

Johan Delory, [email protected]

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