La Journée de la Terre du 22 avril 2022 a été l’occasion de monter un webinaire sur le thème spécifique de la montée du niveau des mers et l’érosion des côtes. Le webinaire a été organisé par le Service pour la science et de la technologie du Consulat général de France à Boston dans le cadre de la Présidence française de l’Union européenne.
Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations unies, publié en février 2022, montre que l’augmentation des températures depuis le XIXe siècle se rapproche déjà de la limite de 1,5 à 2 °C fixée par l’accord de Paris sur le climat pour limiter le réchauffement. Ce rapport prévoit notamment des effets dramatiques dans le monde entier, sur les océans et les écosystèmes côtiers. L’augmentation des températures globales des océans couplée à la fonte des glaces terrestres, comme les glaciers et les calottes glaciaires, entraînent ensemble une élévation du niveau des océans, des phénomènes climatiques plus violents, plus fréquents et au final une érosion des côtes.
L’inquiétude suscitée par la montée du niveau de la mer et l’érosion côtière est grandissante et ces phénomènes auront des conséquences majeures sur notre environnement, nos villes et notre mode de vie pour les années à venir. Dans le Massachusetts, le niveau de la mer au large des côtes est supérieur de 8 pouces à ce qu’il était en 1950. Cette élévation s’est accélérée ces dernières années, augmentant maintenant d’environ 1 pouce tous les huit ans, selon la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration). Les pays européens sont également confrontés aux mêmes effets de l’élévation du niveau des mers et de l’érosion côtière.
Ce webinaire aura été l’occasion de partager les dernières avancées scientifiques dans le domaine et de nouveaux outils en intelligence artificielle, modélisation, simulation qui donnent l’accès à des données de plus en plus nombreuses et variées. Les conséquences économiques pour les propriétaires proches des côtes de la Nouvelle Angleterre ont été évoquées. Un des challenges consiste à mieux communiquer vers le public et vers les plus jeunes. Le panel a souligné également la nécessité d’un travail interdisciplinaire, ce qui constitue un autre défi pour chaque discipline qui part de ses propres définitions et de son propre vocabulaire. Ce premier webinaire a été considéré comme une première étape qui devrait permettre de lancer de nouvelles initiatives et de fructueux échanges.
Présentation des intervenants
Davide Bonaldo est chercheur à l’Institut des sciences marines du Conseil national de la recherche (CNR-ISMAR) à Venise, en Italie, où il fait partie d’un groupe de recherche sur l’océanographie physique. Il a écrit plus de 30 articles dans des revues indexées par l’ISI et a été impliqué dans plusieurs projets traitant des impacts du changement climatique sur les systèmes côtiers. Au CNR-ISMAR, il a progressivement étendu ses recherches à la méso-échelle et à la sous-méso-échelle, en se basant sur l’utilisation conjointe de modèles numériques couplés atmosphère-ondes-océan et de données d’observation.
Melina Kourantidou, est actuellement professeure adjointe à l’université du Danemark du Sud. Economiste de l’environnement, elle travaille sur la gestion et la gouvernance des ressources marines. Ses recherches intègrent en sciences naturelles et sociales se concentrent spécifiquement sur l’analyse des effets des changements écologiques et socio-économiques dans les communautés côtières. Elle possède une expérience internationale, ayant travaillé pendant plusieurs années en tant que consultante, avant de se tourner vers le monde universitaire, à l’Université du Danemark du Sud, à l’Université Dalhousie, au Marine Policy Center de la Woods Hole Oceanographic Institution et au Hellenic Centre for Marine Research.
Svenja Ryan, océanographe physique à la Woods Hole Oceanographic Institution. Svenja Ryan a obtenu son doctorat en océanographie physique à l’Université de Brême en collaboration avec l’Institut Alfred Wegener, Centre Helmholtz pour la recherche polaire et marine, où elle a étudié le transport d’eau chaude vers l’une des plus grandes plateformes de glace de l’Antarctique. En 2019, elle a reçu une bourse Feodor-Lynen de la Fondation Alexander von Humboldt pour effectuer un postdoc à la Woods Hole Oceanographic Institution à Woods Hole, dans le Massachusetts, afin d’étudier les événements extrêmes de température dans l’océan, appelés vagues de chaleur marines, avec un accent particulier sur les régions côtières de l’Atlantique Nord-Ouest, qui ont connu un réchauffement accéléré au cours de la dernière décennie.
David Salas Y Mélia, Chef du Groupe Climat et Modélisation à Grande Echelle à Météo-France. David Salas y Mélia est climatologue au CNRM (Météo-France & CNRS, Toulouse, France). Son principal objectif de recherche est de mieux comprendre et d’estimer les changements climatiques passés et futurs grâce à l’utilisation de modèles. En particulier, il s’intéresse aux changements et aux rétroactions de la glace de mer et de la glace de terre dans le système climatique. Depuis 2003, il coordonne la contribution de Météo-France au projet international Coupled Model Intercomparison Project, visant à produire des simulations climatiques pour les rapports d’évaluation successifs du GIEC.
Ce panel a été modéré par Jerry Mitrovica, Frank B. Baird, Jr. Professeur de sciences à l’Université de Harvard. Jerry MITROVICA est professeur de sciences Frank B. Baird Jr. au département des sciences de la terre et des planètes de Harvard depuis 2009, après avoir été pendant 16 ans professeur de physique à l’université de Toronto. Ses travaux portent sur la modélisation informatique des changements du niveau de la mer, tant dans le passé géologique que dans le monde moderne. Les recherches de son groupe portent sur l’analyse des enregistrements terrestres et satellitaires des variations du niveau de la mer au cours des dernières décennies, ainsi que sur les risques côtiers auxquels l’humanité est confrontée au XXIe siècle. Une autre partie de son travail concerne la modélisation de la géométrie unique des changements du niveau de la mer en lien avec la fonte des calottes glaciaires et des glaciers comme méthode de détection des changements dans la stabilité des calottes glaciaires polaires.
Les présentations sont accessibles en ligne ici.