L’OSTP (White House Office of Science and Technology Policy) a annoncé le 25 août dernier que les résultats des recherches financées par des fonds fédéraux devront être accessibles gratuitement au public américain. Les agences fédérales devront désormais mettre gratuitement à la disposition du public les articles relatifs à des travaux financés par l’Etat fédéral dès la publication du manuscrit final. Les données issues de ces publications doivent également être mises à disposition gratuitement « sans délai ».
Cette nouvelle politique prolonge la règle d’accès existante, en vigueur depuis 2013. Depuis la réforme datant de l’administration Obama, les éditeurs avaient en effet encore le droit de limiter l’accès aux résultats publiés des recherches financées par le gouvernement fédéral pendant un an, pouvant rendre payant leur accès durant cette période. Alondra Nelson, directrice par intérim de l’OSTP, a déclaré dans un communiqué que « le peuple américain finance chaque année des dizaines de milliards de dollars de recherche de pointe. Il ne devrait y avoir aucun retard ou barrière entre le public américain et les retours sur ses investissements dans la recherche ». L’OSTP n’impose toutefois pas de modèle commercial et les chercheurs resteront libres de publier également le résultat de leurs recherches dans des revues payantes.
Cette décision mécontente certains éditeurs et notamment l’Association of American Publishers (AAP) qui a rappelé qu’il était essentiel de protéger les revenus d’abonnement qui couvrent les coûts d’édition, de production et permettent de financer les activités des sociétés de publication. A contrario les partisans de cette annonce affirment qu’une telle décision permettra de mieux faire circuler l’information mais également de ne pas forcer les contribuables à payer deux fois : une première fois lors du financement la recherche et une seconde fois lors de l’accès aux résultats. Heather Joseph, directrice exécutive de la Scholarly Publishing and Academic Resources Coalition – l’un des plus anciens groupes de défense du libre accès aux Etats-Unis – s’est félicitée d’ « un énorme pas en avant ».
Avec cette réforme, l’élimination du délai de 12 mois avant la publication pourrait accélérer le basculement vers un système entièrement ouvert. Un abonnement à une revue payante ne serait dès lors plus nécessaire pour consulter les résultats de recherches. Cette décision devrait concerner les plus de 200 000 articles publiés annuellement grâce à des fonds de recherche fédéraux. Ceci représente environ entre 7 % et 9 % des 2,9 millions d’articles scientifiques publiés dans le monde en 2020. Les agences de recherche américaine ont jusqu’à fin 2025 pour traduire les directives de l’OSTP. À brève échéance, les agences auront à travailler avec l’OSTP pour mettre à jour d’ici la mi-2023 leurs plans de partage des données.
Rédacteur : Stanislas Paulin – [email protected]