En août 2024, l’administration Biden-Harris a marqué un tournant en dévoilant la première Stratégie Nationale contre la chaleur des Etats-Unis, un plan d’action ambitieux devant couvrir la période 2024-2030 [1]. Ce plan vise à répondre à l’aggravation et l’intensification des vagues de chaleurs dues au changement climatique dans le pays [2], alors que l’année 2023 a connu un nombre record de décès dûs aux fortes chaleurs, selon une étude publiée cette semaine dans le Journal of the American Medical Association [3].
Ce plan d’actions s’inscrit dans un effort plus large de renforcement des capacités de résilience climatique [4, 5]. La Stratégie a été élaborée sous l’égide du National Integrated Heat Health Information System (NIHHIS), en collaboration avec un grand nombre d’agences fédérales, notamment la National Oceanic and Atmospheric Agency (NOAA), les Centers for Diseases Control and Prevention (CDC), le Department of Health and Human Services (HSS) ou encore la Federal Emergency Management Agency (FEMA). Reprenant les conclusions du Fifth National Climate Assessment, le rapport décrit l’impact inéquitable des vagues de chaleurs sur les communautés désavantagées, causant des problèmes sur la santé des populations et des écosystèmes, mais ayant également des conséquences lourdes sur l’économie. Le développement de cette stratégie par le groupe de travail inter-agences s’inscrit dans la continuité du travail entrepris par l’administration Biden-Harris sur la résilience climatique.
La stratégie se divise en 4 grands objectifs, eux mêmes composés de leviers d’actions :
- Promouvoir la compréhension et l’action face aux impacts de la chaleur à travers la communication, la sensibilisation et l’éducation
- Développer des solutions scientifiquement éprouvées pour renforcer la résilience face à la chaleur
- Renforcer une approche intégrée permettant la coordination à tous les niveaux des actions de lutte contre les effets de la chaleur
- Consolider le NIHHIS pour assurer sa pérennité en tant que source fédérale principale d’informations et de solutions liées à la chaleur.
Approche basée sur la science et coordination inter-agences :
Le rapport adopte une approche scientifique et collaborative, mettant l’accent sur l’amélioration des connaissances sur les impacts de la chaleur, le développement d’outils et l’utilisation des données pour fournir des solutions adaptées.
Les CDC et le National Weather Service de la NOAA (NWS) ont par exemple mis au point la plateforme HeatRisk, fournissant des prévisions précises sur les risques de chaleurs à 7 jours, permettant aux utilisateurs d’obtenir facilement des informations sur la chaleur et autres données climatiques, en fonction de leur lieu de résidence.
Cette stratégie nationale vise une compréhension large des impacts de la chaleur sur la santé publique, et une anticipation des épisodes de fortes chaleurs. Le rapport souligne l’importance de la recherche pour développer des solutions adaptées aux différentes réalités locales, géographiques et démographiques du pays, en renforçant les collaborations inter-agences. Le rapport appelle aussi à davantage de coopération avec les industries, les secteurs technologiques et le monde agricole pour évaluer les risques, identifier les besoins, et mettre en place des solutions efficaces et adaptées.
La production et la diffusion de connaissances comme vecteur essentiel :
Pièce centrale de cette stratégie nationale, la communication est vue comme un moyen d’adopter une approche proactive pour prévenir les impacts des vagues de chaleurs. Le rapport insiste sur l’importance de sensibiliser le public, par des messages ciblés, touchant toutes les strates de la sociétés, en s’appuyant sur tout type d’organisations (associations locales, agences de santé publique, organisations religieuses, médias, syndicats etc), promouvant la prévention, notamment pour les communautés les plus vulnérables.
Les agences fédérales ont été mobilisées pour développer des outils éducatifs et des campagnes de communication qui visent à renforcer la résilience des infrastructures (notamment les réseaux énergétiques [6]) et à protéger la santé des populations.
Par exemple, dans le cadre de l’Inflation Reduction Act, la NOAA a annoncé un soutien apporté aux communautés de l’ordre de 200 000 dollars pour des exercices simulés de réponse à la chaleur [7]. Ces exercices permettront de préparer les communautés à faire face à des scénarios de chaleur extrême en évaluant leur capacité de réponse et en identifiant les domaines nécessitant des améliorations.
La résilience contre la chaleur aux Etats-Unis :
Si cette stratégie nationale, première de son genre dans le pays, représente une étape importante dans la lutte contre les fortes chaleurs, le travail de coordination entre les différentes agences est au cœur de cette stratégie, avec l’engagement des différents partenaires et surtout les collaborations avec les acteurs non fédéraux, publics comme privés, à l’échelle locale et nationale, qui seront déterminants pour traduire le plan d’actions en mesures concrètes. Le modèle de financement de ces actions reste à définir aux échelles étatiques et/ou fédérales.
L’efficacité des mesures proposées devra également être évaluée régulièrement, et ajustée en fonction de l’évolution des conditions climatiques et des apports scientifiques, comme rappelé à l’objectif 2.
La Stratégie Nationale contre la Chaleur témoigne d’une approche intégrée de la stratégie de résilience américaine, s’appuyant sur la recherche, l’innovation et la coopération.
Le rapport complet est à retrouver ici : National Heat Strategy 2024-2030 (noaa.gov)
Références :
[1] E&E News | Article | White House announces first-ever heat strategy (politicopro.com)
[3] Trends of Heat-Related Deaths in the US, 1999-2023 | Colorectal Cancer | JAMA | JAMA Network
Rédacteur : Théophile Altuzarra, Chargé de mission pour la Science et la Technologie, Ambassade de France à Washington D.C., [email protected].
