La cannelle pourrait avoir un potentiel bioactif sur les oedèmes cérébraux

La cannelle est connue pour ses effets antioxydants, antimicrobiens, ainsi que pour ses effets thérapeutiques sur les diabètes de type 2 ou insulinorésistants. Plus récemment, des études ont montré l’effet activateur de cette épice sur de nombreuses fonctions cérébrales (mémoire, concentration, …). Ces perspectives prometteuses ont conduit une équipe de chercheurs de l’Agricultural Research Service (ARS) à réaliser des études in vitro afin d’évaluer l’action d’extraits de cette épice sur des cultures de cellules nerveuses. Le neurobiologiste Kiran Panickar avec les chimistes Richard Anderson et Marilyn Polansky de l’ARS Beltsville Human Nutrition Research Center ont mis en évidence que certains composés et notamment des extraits de polyphénols de la cannelle (CPE), pourraient prévenir les oedèmes de cellules nerveuses isolées. Ceux-ci se manifestent à la suite de blessures traumatiques du cerveau et de congestions cérébrales dues à une mauvaise circulation sanguine dans le cerveau.

L’oedème cérébral se caractérise par une accumulation excessive d’eau qui se concentre soit dans les cellules du cerveau, soit dans les vaisseaux sanguins qui se forment autour des cellules cérébrales. Les mécanismes qui sous-tendent l’oedème cérébral sont mal connus et multifactoriels : le stress oxydatif et les dysfonctionnements mitochondriaux font partie des hypothèses envisagées pour expliquer ce phénomène.

Afin de tester les effets protecteurs des extraits de polyphénols de la cannelle (CPE), les chercheurs ont utilisé des cellules gliales – cellules qui supportent les éléments essentiels du tissu neuronal que l’on trouve dans le cerveau et la moelle épinière – qu’ils ont isolées puis mis en culture. Les CPE ont des effets voisins de ceux de l’insuline et agissent également sur les potentiels de membrane cellulaire. Pour étudier plus avant ces effets, des cellules gliales C6 ont été mises en condition dépourvue d’oxygène et de glucose (Oxygen-Glucose Deprivation = OGD) et le volume cellulaire a été déterminé à l’aide d’une méthode appelée 3-O-methyl-[3H]-glucose. Comparé aux essais témoins, l’OGD entraîne une augmentation du volume cellulaire de 34% (observée 90 minutes après le début de l’expérimentation). Les chercheurs ont mis en évidence que cette augmentation peut être bloquée par les CPE ou encore par l’insuline. Les changements du potentiel DeltaPsi (m), potentiel de la membrane interne des mitochondries, ont également été évalués à la fin de l’OGD et les scientifiques ont pu constater une diminution de 39% de ce potentiel membranaire, diminution pouvant être bloquée par le CPE et l’insuline.

Ces essais encourageant sur des cellules en culture in vitro nécessitent cependant d’être mis en oeuvre à l’échelle in vivo, sur des modèles animaux, afin d’évaluer les possibles effets bénéfiques de ces résultats sur la santé humaine. Les chercheurs mettent également en garde contre une consommation excessive de cette épice dont certains composés pourraient s’accumuler dans l’organisme et présenter une toxicité à long terme.

Ces recherches s’inscrivent dans le cadre des priorités de recherche de l’USDA visant à améliorer la nutrition et la santé par l’alimentation. Dans ce contexte, la mission du Beltsville Human Nutrition Research Center est de caractériser, par la mise en place de programmes de recherche interdisciplinaires, le rôle des composants des aliments, de déterminer le lien entre leur structure et leur fonction et de définir dans quelle mesure ils sont bénéfiques pour la santé humaine. Ces recherches devraient permettre également, à terme, de diminuer les risques de maladies liées à l’alimentation dans les diverses catégories de populations. A cet effet des études sont menées dans le but de comprendre comment les composés diététiques interagissent avec les facteurs génétiques, physiologiques, sociologiques et environnementaux et affectent la santé de la population américaine si diversifiée en terme de genre, origine ethnique, style de vie et environnement.

Pour en savoir plus, contacts :

– Researchers Study Effect of Cinnamon Compounds on Brain Cells – 09/11/2009 – https://www.ars.usda.gov/is/pr/2009/091109.htm
– Panickar KS & al. (2009) Cinnamon polyphenols attenuate cell swelling and mitochondrial dysfunction following oxygen-glucose deprivation in glial cells. Exp Neurol. 216(2):420-7. PubMed – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/sites/entrez
– Welcome to the Beltsville Human Nutrition Research Center: https://www.ars.usda.gov/main/site_main.htm?modecode=12-35-00-00
– Cinnamon – the new brain & health food? – 22/10/2006 – https://www.brainready.com/blog/cinnamon-thenewbrainhealthf.html
Code brève
ADIT : 61416

Rédacteur :

Magali Muller, [email protected] ; Adèle Martial, [email protected]

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