A l’occasion du sommet de l’OTAN, qui s’est tenu à Washington début juillet 2024, l’administration américaine a annoncé un partenariat entre les Etats-Unis, le Canada et la Finlande pour la production de navires brise-glaces [1]. Cette initiative trilatérale, intitulée ICE Pact (Icebreaker Collaboration Effort) vise au renforcement des capacités de construction de navires pour les parties prenantes et leurs alliés, ainsi que le renforcement de la recherche et la surveillance des régions polaires, dans un contexte sécuritaire faisant l’objet d’une attention particulière. Sur le volet scientifique, le partenariat pourra avoir plusieurs retombées.
ICE Pact répond à la nécessité croissante de navires de recherche adaptés aux conditions extrêmes des régions polaires. Ces besoins croissants sont particulièrement forts aux Etats-Unis, où la construction et l’entretien de brise-glaces font face à de lourds problèmes structurels. L’acquisition de nouveaux navires est régulièrement présentée comme nécessaire [2], notamment dans un contexte concurrentiel avec la Chine [3] et la Russie. L’annonce de ce pacte souligne donc l’intérêt fort de la Maison Blanche sur les questions de constructions navales, ainsi que la recherche de partenariats avec des alliés stratégiques comme la Finlande [4].
Les brise-glaces construits sous cette initiative doivent permettre aux chercheurs d’explorer et étudier l’Arctique et l’Antarctique avec une plus grande efficacité. La capacité à mener des recherches en mer, à collecter des données, et à surveiller les évolutions climatiques, sera significativement améliorée.
ICE Pact, inspiré du modèle AUKUS, doit permettre la construction entre 70 et 90 brise-glaces dans les 10 prochaines années [4].
Dans un contexte de changement climatique et de fonte des glaces en Arctique, les brise-glaces jouent un rôle central dans la surveillance de la région. Ce pacte pourra donc indirectement accroître les efforts soutenant la recherche scientifique dans la région. Les efforts et investissement sur les nouvelles technologies du pacte [5] pourront ainsi faciliter les missions de recherche polaire. En effet, l’annonce du partenariat vise aussi à revitaliser les secteurs industriels et technologiques stratégiques entrepris par les Etats-Unis dans le domaine maritime et polaire, voulant solidifier la position américaine dans la région Arctique, et mettre en avant la recherche scientifique notamment en Antarctique [6].
Rédacteur : Théophile Altuzarra, Chargé de mission pour la Science et la Technologie, Ambassade de France à Washington D.C., [email protected].
[3] The US Navy Can’t Build Ships (foreignpolicy.com)
[6] Joint Statement on ICE Pact | The White House