À travers cet entretien avec Alex Kolker, vous découvrirez la manière dont la Louisiane fait face aux enjeux environnementaux actuels. Alex Kolker travaille au sein du Louisiana Universities Marine Consortium (LUMCON) en tant que professeur. Il s’agit d’une initiative académique à l’échelle de la Louisiane visant à rassembler et à renforcer les sciences marines fondamentales nécessaires pour répondre aux défis environnementaux et socio-économiques à l’échelle étatique et fédérale [1].
Pourriez-vous nous parler de votre activité ?
Mes principales affectations sont au Consortium Marin des Universités de Louisiane (Louisiana Universities Marine Consortium), qui est le laboratoire de recherche marine de l’État de Louisiane. Nous collaborons avec de nombreuses organisations, dont des universités publiques et privées comme Tulane University, Louisiana State University et l’Université de la Nouvelle-Orléans. Mon rôle au sein de ce consortium est celui de géologue côtier ; j’étudie la physique de la vie des gens sur cette côte sous différents angles. À la base, je suis un scientifique spécialisé dans les zones humides, mais j’ai considérablement élargi mon champ d’étude pour inclure de nombreux aspects liés au climat et à l’énergie.
Votre perception de la question du changement climatique a-t-elle évolué au cours des dernières années ?
Ma perception du changement climatique a changé lorsque j’ai eu l’opportunité de faire partie du groupe consultatif scientifique pour l’initiative climatique de la Louisiane (the Science Advisory Group for Louisiana’s climate initiative). L’objectif de cette initiative climatique est de faire en sorte que la Louisiane atteigne la neutralité carbone d’ici 2050, des objectifs essentiellement alignés avec l’Accord de Paris.
Grâce à cela, j’ai eu l’occasion de comprendre d’où venaient les émissions louisianaises et de reconnaître à quel point l’empreinte carbone industrielle en Louisiane est importante. Beaucoup de gens perçoivent la Louisiane comme un État rural et pensent aux marais, aux écrevisses et aux alligators. Cependant, c’est aussi un État dont deux tiers des émissions de gaz à effet de serre proviennent de l’industrie, représentant la plus grande proportion d’émissions industrielles de tous les États du pays.
La plupart des émissions proviennent des raffineries de pétrole, de la production de plastique, des installations d’exportation de gaz naturel ou des installations de fabrication de produits chimiques. Ces émissions sont majoritairement émises à proximité des côtes et des points d’eau, car la plupart des installations industrielles se trouvent le long du fleuve Mississippi, principalement entre Bâton-Rouge et La Nouvelle-Orléans ou à Lake Charles (proche de la frontière avec la côte texane). En effet, il s’agit de lieux stratégiques pour importer ou exporter, charger ou décharger du pétrole brut, du gaz liquéfié ou des produits raffinés qui sont ensuite transportés par bateaux.
Dans l’un de vos articles, vous parlez du plan directeur de la Louisiane et vous dites que c’est l’un des plus avancés du pays, sur quels points ce plan est-il le mieux préparé [2]?
La Louisiane a un plan directeur pour la restauration côtière (Master Plan for Coastal Restoration) [3]. L’idée est de combiner la restauration côtière avec la protection contre les inondations, ce que certaines personnes appellent la combinaison d’infrastructures vertes et grises (Green and Gray Infrastructure). L’objectif est de réduire les risques d’inondation et de reconstruire la côte ou au moins de maintenir certaines terres. C’est un plan de 50 ans pour un budget de 50 milliards de dollars, financé jusqu’à la prochaine décennie, à raison d’environ un milliard de dollars par an. Depuis environ 2012, l’agence d’État dépense environ un milliard de dollars par an, dans un plan actualisé tous les cinq ans. Ce financement sert principalement à construire des digues et à reconstruire les zones humides si spécifiques à la Louisiane dans le but de réduire les risques d’inondation et de reconstruire les écosystèmes.
Nous remercions Alex Kolker pour le temps consacré à cet entretien et pour avoir partagé son expertise sur la Louisiane. Vous pouvez consulter son site internet pour vous tenir informé de ses activités et de ses articles apparus dans la presse : https://alexkolker.com/.
Rédacteurs :
Noelly Roussel, Chargée de mission pour la Science et la Technologie, Consulat Général de France à Houston, [email protected]
Emmanuel Henriet, Expert technique international en Énergie et environnement, [email protected]
Références :
[1] MISSION AND VISION|Lumcon
[2] Guest column: Climate and insurance create to a perfect storm of challenges for Louisiana |Nola.com
[3] 2023 Coastal Master Plan | CPRA