CHIPS on the Table : La Secrétaire au Commerce Gina Raimondo devant le congrès

Gina Raimondo. Photographer: Eric Lee/Bloomberg

Gina Raimondo, Secrétaire au Commerce, était interrogée par la chambre des représentants sur l’implémentation du CHIPS and Science Act, un an après la signature de cette loi historique et bipartisane. Cet article propose un résumé de l’audition.

 

Le mardi 19 septembre 2023 le comité “Science, Space and Technology” de la Chambre des Représentants a auditionné Gina Raimondo,  Secrétaire au Commerce américaine, à propos de l’implémentation du CHIPS and Science Act [1]. Le Department of Commerce (DOC) est responsable d’une grande partie de la mise en œuvre de cette loi historique et bipartisane votée en août 2022 par le Congrès [2].

 

Avant de prendre les questions de sénateurs, Gina Raimondo a évoqué les différentes initiatives sous la compétence de son administration : les programmes de création de Regional Technology Hubs [3], le programme America Recompetes [4], la distribution de subventions pour la R&D et la politique industrielle [5], ainsi que la supervision d’agences fédérales qui ont vu leur budget augmenté : NSF, NOAA et NIST. 

 

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La compétition avec la Chine pour le leadership mondial a occupé une grande partie des discussions :  d’une part, la Chine pourrait développer des technologies critiques dont pourraient dépendre les Etats-Unis; d’autre part, les “legacy chips” (composants de générations antérieures) sont presque tous produits en dehors des Etats-Unis [6]. Gina Raimondo reconnaît que les Etats-Unis sont vulnérables, d’autant plus en cas d’invasion chinoise de Taïwan. La Secrétaire au Commerce a aussi été questionnée sur les garanties permettant de s’assurer que le budget du CHIPS and Science Act ne profite pas à la Chine (en investissant dans des entreprises qui y font du commerce par exemple), les standards internationaux, le lien étroit et dangereux entre les secteurs militaire et civil chinois et la réciprocité commerciale.

 

L’autre élément qui ressort de l’audition est l’enjeu de main-d’œuvre pour produire des circuits intégrés aux États-Unis (on estime que la filière a aujourd’hui besoin de 100 000 techniciens spécialisés dans les semi-conducteurs [7]). A ce titre, le DOC exige des sociétés qui postulent pour recevoir des subventions et au programme des Techs Hubs de fournir un plan pour trouver et former de la main-d’œuvre (cela va de bonnes conditions salariales à la prévention des risques du travail, et même des solutions de garde d’enfant). 

 

Le sujet de la création de hubs technologiques régionaux semble aussi être d’intérêt pour les Représentants, qui n’hésitent pas à “vendre” le projet de leur district pendant l’audition. Gina Raimondo rappelle que ce programme, pour lequel environ 400 candidatures ont déjà été reçues [8], est une question de sécurité nationale plus que de développement économique, même si le programme vise aussi à créer des emplois et produire des richesses pour la communauté.  Les communautés les plus marginalisées ne sont pas les cibles du programme, et bénéficient quant à elles du programme America Recompetes

 

Le potentiel Shutdown du gouvernement américain ou la non-attribution des fonds autorisés [9] sont deux éléments sur lesquels le congrès peut agir et qui peuvent ralentir l’implémentation du CHIPS and Science Act, alors que ce dernier est une nécessité pour la sécurité nationale, rappelle la secrétaire d’État. 

 

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La compétitivité de l’Amérique dans les circuits intégrés est un des objectifs à long terme du CHIPS and Science Act, mais les semi-conducteurs américains seront toujours plus chers et c’est le prix de la sécurité. Gina Raimondo s’est félicitée des 300 Md$ d’investissement privés réalisés ou annoncés [10]. Ainsi, elle estime que pour 1$ investi par le gouvernement, le secteur privé en investit 10, “the best deal for the taxpayer” selon elle. Gina Raimondo rappelle toutefois que la Chine est à 145 Md$ d’investissements [11], cela n’étant toutefois pas comparable car c’est une économie d’État. 

 

Quelques autres sujets sur le CHIPS and Science Act ont été relevés par les Représentants comme l’accès en minéraux critiques pour produire les semi-conducteurs, la question du “packaging (encapsulation et interconnexion des circuits semi-conducteurs) [12], encore majoritairement réalisé en Asie, le développement des réseaux de télécommunications, l’adéquation du CHIPS Act avec les normes environnementales [13] ou encore les moyens d’empêcher que l’argent du CHIPS Act serve au rachat d’actions.

 

Rédacteur : Arthur Manceau, stagiaire auprès du Service pour la Science et la Technologie, Ambassade de France à Washington, DC , [email protected]

 

Références :

[1] Full Committee Hearing – Chips on the Table: A one year review of the CHIPS and Science Act 

[2] PUBLIC LAW 117–167—AUG. 9, 2022, CHIPS et Science Act of 2022 Section-by-Section Summary 

[3] Regional Technology and Innovation Hubs (Tech Hubs) | U.S. Economic Development Administration 

[4] Distressed Area Recompete Pilot Program (Recompete Pilot Program) | U.S. Economic Development Administration 

[5] U.S. Makes National Security Priority of CHIPS Subsidies – EE Times 

[6] Chinese chips will keep powering your everyday life | MIT Technology Review et Government Incentives and US Competitiveness in Semiconductor Manufacturing  

[7] U.S. Semiconductor Boom Faces a Worker Shortage – The New York Times 

[8] Biden-Harris Administration’s Tech Hubs Competition Applications Show Nationwide 

[9] Un an après le CHIPS and Science Act 

[10] The CHIPS Act Has Already Sparked $200 Billion in Private Investments for U.S. Semiconductor Production 

[11] China Pausing Major Chip Investments Aimed at Rivaling US Semiconductor Industry – Bloomberg 

[12] Excitement for Investing in America’s Technological Future 

[13] What is the National Environmental Policy Act? | US EPA 

 

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