Boston, nouveau hub de l’industrie quantique ?

Un dynamisme singulier anime actuellement les industriels du quantique de Boston. De nombreuses entreprises viennent en effet s’installer dans la région, dans le but d’atteindre une certaine “masse critique”, ce qui fait la force de l’industrie dans le domaine de la biotech notamment. Boston pourrait ainsi bientôt devenir un hub des technologies quantiques.

Le 24 avril dernier s’est tenue l’une des premières tables rondes du réseau “Boston Quantum Industry Circle”, dans les bureaux du Boston Consulting Group (BCG). Le message principal de cette réunion était le suivant : Boston a tous les atouts pour devenir le prochain hub du quantique aux Etats-Unis. 

Le  Boston Quantum Industry Circle (BQIC) regroupe les grands acteurs du secteur : IBM, le BCG, QuEra Computing, Riverlane, et deux entreprises françaises qui animent ce réseau : Quantonation, fonds d’investissement spécialisé dans les technologies quantiques précoces, et Pasqal, une startup co-fondée par le prix Nobel Alain Aspect, lauréate de notre programme NETVA, et aujourd’hui leader en informatique quantique. Ces deux structures, qui avaient déjà des liens avec Boston, vont accroître leur présence aux US avec le recrutement de personnel en 2023. Alice & Bob et Qubit Pharmaceuticals, deux autres start-ups deeptech françaises, qui développent respectivement un ordinateur quantique et des algorithmes de calcul quantique pour les biotechs, vont aussi suivre le mouvement. 

L’un des panels du dernier évènement du BQIC, en présence de Georges-Olivier Reymond, CEO de Pasqal (crédit photo : A. Bécache). 

La région de Boston est connue pour son écosystème foisonnant en biotechnologies. L’esprit entrepreneurial, l’unité de lieu autour de centres névralgiques (comme Kendall Square), la présence de tous les acteurs économiques (agences gouvernementales, agences de transfert de technologies, sociétés de capital-risque) et une très forte densité d’acteurs académiques (plus de 25 universités dans la métropole de Boston, dont certaines des plus prestigieuses au monde), font de la région un hub pour les industries de la santé, de la robotique ou même de l’énergie et du changement climatique. Les industriels du quantique souhaitent aussi profiter de cette effervescence. En se rapprochant des centres de recherche de pointe d’Harvard ou du MIT (dont le nouveau Schwarzman College of Computing et le Lincoln Lab de Lexington), ils pourront être au plus près des innovations qui façonnent déjà ou façonneront le monde technologique de demain. 

Des regroupements tels que le BQIC ne sont pas uniques, les universités se dotant aussi de ce genre de clusters. Notamment, un nouveau consortium est né au sein du MIT : le MIT Quantum Science and Engineering Consortium (QSEC). Ce groupe vise à renforcer les partenariats institutionnels entre l’université et les industriels du quantique et à rassembler les acteurs universitaires de différents domaines (informatique quantique, réseaux quantiques, physique des particules, électronique…) autour d’évènements scientifiques. Au travers d’une participation payante (à hauteur de 150 000 dollars par an), le QSEC met en relation les industriels, les startups, les investisseurs et les entités gouvernementales avec les chercheurs du MIT. Être membre donne aussi accès aux dernières innovations issues des laboratoires partenaires tels que le MIT.nano ou le Lincoln Lab, ou encore de participer à des forums de recrutement du MIT.

Forte d’une recherche en physique théorique de haut niveau, la France fait émerger des leaders du quantique. Des startups comme Quandela,  C12 Quantum Electronics, Siquance, Pasqal, Alice & Bob ou Qubit Pharmaceuticals, ont pu se développer rapidement et effectuer des premiers tours de table significatifs (30 millions pour Alice & Bob ou 100 millions pour Pasqal par exemple). Mais les capitaux manquent en France pour de nouvelles levées de fonds plus importantes, les sociétés de capital-risque étant peu disposées, en règle générale, à investir davantage. C’est une des raisons qui incitent les start-up françaises à se tourner vers les Etats-Unis. S’il n’est pas le seul écosystème américain à se développer en technologies quantiques (par exemple celui de Chicago avec le Chicago Quantum Exchange lié aux universités environnantes et aux laboratoires nationaux Argonne et Fermilab), de par sa relative proximité avec la France, et la densité de professeurs pionniers du domaine, Boston semble donc devenir une destination de choix pour ces entreprises françaises qui se développent. 

 

Rédacteurs

Alexandre Bécache, Chargé de mission pour la Science et la Technologie, Consulat Général de France à Boston, [email protected].

Jean-Philippe Nicolaï, Attaché pour la Science et la Technologie, Consulat Général de France à Boston, [email protected]

 

Références

Boston Quantum Industry Circle

Chicago Quantum Exchange 

Le MIT Schwarzman College of Computing, et son rapport d’activité 2022 

Le MIT Quantum Science and Engineering Consortium

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