Avelas Biosciences, une biotech de San Diego, tente d’aider les chirurgiens à repérer et éliminer complètement les tumeurs du sein

L'élimination chirurgicale d'une tumeur cancéreuse n'est pas tout à fait une science exacte. Les chirurgiens se fient souvent à l'apparence et à la sensation d'une tumeur et à l'expérience opératoire passée pour savoir où couper. Pour savoir s'ils ont suffisamment coupé, ils enlèvent un petit anneau de tissu entourant la tumeur, appelé marge, qu'un pathologiste teste ensuite pour détecter des traces de cancer.
(Avelas Biosciences)

Dans la chirurgie du cancer du sein, entre 20 et 40% des opérations laissent des cellules cancéreuses derrière elles. Dans ces cas-là, la patiente doit se présenter pour une deuxième chirurgie. Certaines choisissent simplement de retirer tout leur sein plutôt que de risquer de laisser des cellules cancéreuses cachées, explique le Dr Anne Wallace, directrice du Comprehensive Breast Health Centerde l’UC San Diego Health. Tout cela pourrait être évité, dit-elle, si les chirurgiens avaient un moyen infaillible de savoir pendant une opération s’ils ont retiré suffisamment de tissu.

C’est là que la société de biotechnologie Avelas Biosciences entre en jeu, en développant une molécule expérimentale conçue pour faire briller les tumeurs. Cette molécule réagit avec les protéines présentes sur les cellules cancéreuses mais pas sur les cellules saines, ce qui fait que les tumeurs du sein deviennent vertes lorsqu’elles sont éclairées en bleu.

Le Dr Wallace a dirigé un premier essai clinique de la molécule à l’UCSD (University of California San Diego), qui, selon elle, a montré qu’elle était sûre. Les derniers résultats de l’essai sur mené sur environ 120 femmes atteintes d’un cancer du sein suggèrent que la molécule pourrait être un outil utile pour les chirurgiens. Environ quatre femmes sur dix à qui la molécule n’a pas été administrée avaient encore un cancer après leur opération. Mais seulement une femme sur 10, dont les tumeurs avaient été marquées avec la molécule, avait encore un cancer après la chirurgie.

« Cela pourrait vraiment changer la façon dont nous pratiquons la chirurgie du cancer du sein », a déclaré le Dr Cheryl Olson, une chirurgienne spécialiste de ce domaine au Scripps MD Anderson Cancer Center qui n’est pas affiliée à la société ou à l’essai.

Le PDG d’Avelas, Jay Lichter, a déclaré que la société prévoyait de discuter des résultats de ses essais avec la Food and Drug Administration avant la fin de cette année. Avelas pourrait ainsi demander l’approbation de la FDA, dans le but de commercialiser sa molécule début 2023 ou avant.

La société cherche également à savoir si sa molécule pourrait aider les chirurgiens à éliminer les tumeurs d’autres types de cancer, notamment le cancer des ovaires, du côlon et de la tête et du cou.

L’approche d’Avelas est basée sur le travail de Roger Tsien, un biochimiste de l’UCSD, qui a reçu le Prix Nobel de chimie en 2008, mais décédé en 2016. Il a expliqué les mécanismes chimiques qui font que certaines méduses brillent dans le noir et a ouvert la voie à une autre technologie d’intervention locale, « Alume Biotechnologies », qui illumine les nerfs pour aider les chirurgiens à éviter de les couper.

 

Rédateurs : Pascal LOUBIERE, Attache for Science and Technologie;  MAËLYS RENAUD, Attachée adjointe pour la Science et la Technologie

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