Une étude publiée ce lundi 25 janvier dans la revue Science, met en lumière les résultats du médicament Aplidin contre la COVID-19 (1). L’Aplidin, aussi connu sous le nom de Plitidepsine, est un composé chimique extrait de l’Aplidium Albicans, une créature marine vivant au large des côtes d’Ibiza dans la mer Méditerranée. Découvert par la société espagnole Pharma Mar, l’Alpidin est à l’origine un composé formulé pour traiter le cancer et notamment les patients atteints de myélome multiple, un type de cancer du sang. Les études montrent qu’au lieu d’attaquer le virus lui-même, comme le fait le Remdesivir, l’Aplidin bloque l’activité d’une protéine humaine dont le virus se sert pour se multiplier. En bloquant l’activité de cette protéine spécifique, l’Aplidin contraint le virus à se répliquer par lui-même pour infecter d’autres cellules. Ce médicament anticancéreux réduit ainsi considérablement la capacité du virus à se propager et serait selon cette étude presque 30 fois plus puissant que le Remdesivir.
Cette recherche sur l’Alpidin est le fruit d’un effort conjoint de 22 laboratoires de l’Institut des Biosciences Quantitatives (QBI) de l’University of California de San Francisco (UCSF) et d’une étroite collaboration avec plusieurs instituts, dont fait partie l’Institut Pasteur de Paris. Rassemblés dans le QBI COVID-19 Research Group (QCRG), ces équipes de scientifiques travaillent depuis le début de l’épidémie sur du repositionnement thérapeutique. Ils cartographient l’environnement moléculaire du virus, analysent les interactions entre le SARS-Cov-2 et sa cellule hôte puis identifient par analogie des médicaments, ayant déjà été autorisés ou en cours d’essais cliniques, qui pourraient être actifs contre l’infection. Sur ce principe, le collectif avait publié des résultats probants quant à l’efficacité du Silmitasertib (2).
L’équipe de recherche a également collaboré avec un laboratoire du Royaume-Uni et montre des résultats prometteurs quant à l’efficacité de l’Aplidin contre la nouvelle variante du coronavirus B-117. Des résultats intermédiaires, pour l’instant encore non publiés dans des revues à comité de lecture, laissent penser que l’Aplidin est encore une fois plus puissant que le Remdesivir contre la variante anglaise.
De part son fonctionnement, l’Aplidin pourrait être particulièrement pertinent alors que de nouvelles souches plus dangereuses du coronavirus apparaissent (3).
Photo : Aplidium albicans, l’invertébré marin à l’origine de l’Aplidin (Pharma Mar)
Sources :
(1) Kris M. White et al., Plitidepsin has potent preclinical efficacy against SARS-CoV-2 by targeting the host protein eEF1A, Science, 25/01/2021. Lien : https://science.sciencemag.org/content/early/2021/01/22/science.abf4058
(2) Jean-Baptiste Bordes, Une collaboration franco-américaine a permis d’identifier un médicament prometteur en matière de traitement du Sars-Cov-2, France-science, 22/10/2020. Lien : https://fscience-old.originis.fr/une-collaboration-franco-americaine-a-permis-didentifier-un-medicament-prometteur-en-matiere-de-traitement-du-sars-cov-2/
(3) Jason Fagone, New weapon’ to kill COVID? UCSF-led team finds drug that could be far more effective than Remdesivir, SF Chronicle, 25/01/2021. Lien : https://www.sfchronicle.com/health/article/Cancer-drug-Aplidin-shows-promise-as-COVID-15896461.php
Rédaction :
Héloïse Pajot, Attachée adjointe pour la Science et la Technologie à San Francisco, deputy-sf at ambascience-usa.org