La Maison Blanche dresse un tableau sombre de l’état des infrastructures de recherche américaines

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L’Office for Science and Technology Policy (OSTP) de la  Maison Blanche a publié en mai 2024 un rapport produit par le National Science and Technology Council (NSTC) sur les infrastructures fédérales de recherche et développement [1].

Ce rapport dresse un tableau particulièrement sombre de leur état général : “des infrastructures âgées et inadéquates”, “des impacts en cascade d’installations qui ne sont pas au niveau (sub-standard)”, “un écart croissant avec la science et la technologie globales”, “des défis de recrutement et de rétention des talents”.

Cette situation est imputée à des décennies de financements insuffisants, de reports de maintenance et de dates de fin de service. Il est relevé que de nombreuses grandes infrastructures de recherche fédérales datent des années 1950, qu’elles ont dépassé la durée de vie pour laquelle elles avaient été conçues (40 ou 50 ans) et qu’elles ne répondent plus aux besoins et standard actuels, notamment en matière d’impact environnemental, de puissance et de fiabilité de l’alimentation électrique, de connectivité et de cybersécurité. Peuvent s’y ajouter des problèmes de contamination chimique et radiologique. Par ailleurs, les recherches et développements sur les technologies critiques et émergentes nécessitent des investissements dans de nouveaux types d’infrastructures.

Les stations de la NSF en Antarctique sont citées comme exemples d’installations intrinsèquement coûteuses pour lesquelles les reports répétés de maintenance pour des raisons budgétaires conduisent in fine à des augmentations de coût, qui grèvent le budget des recherches proprement dites. NB la validité de cette observation a été  illustrée de manière quasi-concomitante par l’annonce du report d’un projet majeur d’astronomie au Pôle Sud impliquant des centaines de chercheurs, le Cosmic Microwave Background Stage 4 (CMB-S4) [2], pour financer en priorité la remise à niveau urgente de l’infrastructure [3].

Récemment encore (avril 2024), le Visiting Committee on Advanced Technology s’inquiétait de l’impact du délabrement des infrastructures du National Institute of Standards and Technology (NIST) sur la capacité de l’agence à remplir ses missions, sur son attractivité voire sur la sécurité au travail [4].

Le rapport recommande : 

  • d’améliorer la communication des agences fédérales en direction du Congrès et des responsables de la planification budgétaire, en particulier quant à l’impact de la non-réalisation des investissements ; 
  • de tenir à jour l’évaluation de la compétitivité des infrastructures américaines
  • d’ évaluer les risques de la “dépendance vis-à-vis d’infrastructures internationales” en cas de perte de capacités des Etats-Unis “ou de leurs alliés” ; et dans le même temps, de faciliter les collaborations nationales et internationales et le partage de ressources.

Comme la plupart des documents réclamant un accroissement des financements dans un contexte général de plafonnement des dépenses fédérales, le rapport invoque spécifiquement le risque de perte de compétitivité et d’attractivité vis-à-vis de la Chine, dont il cite les investissements (par exemple dans le domaine des supercalculateurs) ainsi que l’implication dans les projets de grandes infrastructures de recherche internationales et dans les pays partenaires des “Nouvelles Routes de la Soie”.

Rédacteur : Joaquim Nassar, Attaché pour la Science et la Technologie, ambassade de France à Washington
[email protected]

Références :

[1]  US Federal Research and Development Infrastructure, mai 2024

[2]  NSF Delays Cosmic Microwave Background Experiment

[3]  Update on Science Support and Infrastructure in Antarctica

[4] 2023 Annual Report, Visiting Committee on Advanced Technology of the National Institute of Standards and Technology, avril 2023

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