L’interleukine-3 : une nouvelle piste vers un traitement de la maladie d’Alzheimer

Des chercheurs du Massachusetts General Hospital (MGH), affilié à Harvard, ont identifié une molécule de signalisation, l'interleukine-3 (IL-3), qui pourrait contribuer à modifier l'inflammation et le système immunitaire pour limiter la maladie d'Alzheimer. 
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La maladie d’Alzheimer est un type de démence qui provoque des troubles de la mémoire, de la pensée et du comportement. Les symptômes apparaissent généralement lentement et s’aggravent au fil du temps, interférant graduellement avec les tâches du quotidien.

La maladie d’Alzheimer est la sixième cause de mortalité aux États-Unis. Les personnes qui en souffrent vivent en moyenne huit ans après la survenue de leurs symptômes, mais la survie peut aller de quatre à vingt ans, selon l’âge et les autres conditions de santé.

A ce jour, cette maladie est incurable, mais des recherches sont en cours pour mieux comprendre son origine dans l’objectif de la prévenir et d’en réduire les effets. C’est ainsi que des chercheurs du Massachusetts General Hospital (MGH) -un hôpital affilié à Harvard- ont pu identifier une protéine impliquée dans les voies de signalisation, l’interleukine-3 (IL-3), qui pourrait contribuer à modifier l’inflammation et le système immunitaire pour protéger contre la maladie d’Alzheimer. 

Le déclin cognitif associé à la maladie d’Alzheimer se développe lorsque les neurones commencent à mourir. Cette destruction des neurones est causée par des réponses immunitaires inappropriées et une neuro-inflammation excessive provoquée par des niveaux élevés d’agrégats de peptide bêta-amyloïde et d’enchevêtrements de protéine tau (protéine participant à l’architecture des neurones et à leur stabilité), deux caractéristiques de la maladie d’Alzheimer.

C’est alors que la microglie et l’astrocyte, des cellules du système nerveux central, entrent en jeu en provoquant une neuro-inflammation dans le but de protéger le cerveau. Une fonction de ces cellules est de détruire les régions du cerveau où la mort des cellules neuronales est excessive, pouvant être due à une infection dont il faut empêcher la propagation.

Dans cette étude publiée dans la revue Nature, menée chez l’homme et la souris, il a été montré que  l’interleukine-3 (IL-3), d’origine astrocytaire, active la microglie pour réduire la gravité de la maladie d’Alzheimer, en transformant les cellules microgliales tueuses en cellules nourricières et protectrices qui ne détruisent plus les neurones mais se concentrent sur le nettoyage des dépôts de bêta-amyloïde et des enchevêtrements de tau.

Lorsqu’elle reconnaît des dépôts bêta-amyloïde, la microglie augmente son expression de IL-3Rα, le récepteur spécifique de l’IL-3 (également connu sous le nom de CD123), ce qui la rend sensible à l’IL-3. Les astrocytes produisent de manière constitutive de l’IL-3, ce qui entraîne une programmation transcriptionnelle, morphologique et fonctionnelle de la microglie pour la doter d’un programme de réponse immunitaire aiguë, d’une motilité accrue et de la capacité de regrouper et d’éliminer les agrégats de bêta-amyloïde et de tau. 

« Le fait de savoir que les astrocytes parlent à la microglie par l’intermédiaire de l’IL-3 pour éduquer la microglie et l’aider à réduire la gravité de la maladie d’Alzheimer peut avoir d’importantes implications cliniques », déclare Filip Swirski, directeur du Cardiovascular Research Institute et dernier auteur de l’article issu de l’étude conduite au Center for Systems Biology du MGH. « Nous pouvons maintenant réfléchir à la manière d’utiliser l’IL-3 non seulement pour freiner la neuro-inflammation qui entraîne la majeure partie de la mort des cellules neuronales dans la maladie d’Alzheimer, mais aussi pour stimuler la microglie à reprendre la tâche bénéfique d’éliminer les dépôts et les agrégats qui constituent la première cause de la maladie d’Alzheimer. »

Cette découverte fait écho à la startup AgenT-Biotech, lauréate 2020 du programme NETVA, qui développe le premier diagnostic sanguin permettant de détecter les patients atteints de la maladie d’Alzheimer jusqu’à 20 ans avant les symptômes irréversibles.

Rédactrice :

Céline Duclos, Attachée adjointe pour la Science et la Technologie au Consulat Général de France de Boston, [email protected]

Sources :

https://news.harvard.edu/gazette/story/2021/07/signaling-molecule-may-prevent-alzheimers/https://www.nature.com/articles/s41586-021-03734-6https://www.alz.org/

https://www.nature.com/articles/s41586-021-03734-6

https://www.alz.org/

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