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C’est une des rares propositions de l’administration Trump que l’équipe de Joe Biden a choisi de reprendre à son compte : la création d’une agence pour la recherche médicale et biomédicale, l’ARPA-H. Dans une récente proposition de budget, l’administration Biden prévoit une dotation de 6,5 milliards de dollars aux National Institutes of Health (NIH), les principales agences fédérales de la recherche médicale, pour permettre la mise sur pied de l’ARPA-H dès l’année prochaine. Le développement de traitements médicaux contre la maladie d’Alzheimer, le cancer et les maladies cardiovasculaires sont parmi les domaines prioritaires identifiés.
Eric Lander, le directeur de l’Office of Science and Technology Policy (OSTP) de la Maison Blanche, et Francis Collins, le directeur des NIH, ont développé dans un article de la revue Science leur vision de l’ARPA-H, qui s’appuie sur ce qu’ils nomment la « culture DARPA ». La Defense Advanced Research Projects Agency est une agence du département de la Défense fondée en 1958 et chargée de la recherche et développement pour les nouvelles technologies à usage militaire. Elle s’est illustrée par ses investissements décisifs dans la recherche de pointe qui ont ouvert la voie aux technologies actuelles comme Internet ou le GPS.
Lander et Collins envisagent pour l’ARPA-H un modèle fondé sur la valorisation de la prise de risque dans la conduite de la recherche, l’indépendance et la disponibilité des ressources. A l’image de la DARPA, l’ARPA-H ne mènerait pas directement de projets de recherche en interne ; elle serait chargée de la détermination d’un programme global, et de la sélection d’un portfolio de projets permettant d’atteindre les objectifs du programme, aussi bien en recherche fondamentale et appliquée qu’en développement.
Certains chercheurs ont fait part de leur scepticisme à l’idée de voir cette nouvelle agence incorporée au sein des NIH, qu’ils considèrent comme les tenants d’une vision conservatrice de l’innovation. L’ARPA-H a pour ambition de financer des projets risqués et portant un faible retour sur investissement à court terme, précisément ceux que les canaux traditionnels de sélection des NIH sont susceptibles de rejeter. Bien qu’hébergée par les NIH, l’ARPA-H adoptera donc une culture radicalement différente de son organisme de tutelle et bénéficiera d’une autonomie presque totale dans la conduite de ses programmes.
Rédacteur :
Julian Muller, Attaché adjoint pour la Science et la Technologie, Washington DC – [email protected]