Photographie : quatre femmes composent le bureau CNRS-INRAE aux Etats-Unis en 2020 : Sylvette Tourmente, Clémence Guiresse, Jeanne Révil et Juliette Paemelaere (de gauche à droite).
Création de l’antenne INRAE pour l’Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) en février 2020
Depuis février 2020, le bureau CNRS de la Mission pour la Science et la Technologie de l’Ambassade de France à Washington D.C. s’est agrandi, accueillant la représentation d’INRAE en Amérique du Nord. Les directions des relations internationales des deux instituts de recherche ont souhaité mutualiser leurs efforts sur la zone Etats-Unis-Canada, en vue de développer, lorsque possibles, des projets scientifiques franco-américains et franco-canadiens à valeur ajoutée pour les deux organismes.
Au-delà des UMR CNRS-INRAE existant en France, l’apport des synergies croisées en Amérique du Nord de ces deux organismes est indéniable, à travers l’échange d’informations et d’idées. Le bilan fin 2020 est satisfaisant pour les deux institutions, qui étendent leurs activités dans la zone, et le font en partenariat dès lors que cela est possible et pertinent.
Une collaboration à différents niveaux
Le Bureau CNRS-INRAE collabore avant tout au niveau de sa veille scientifique, à travers la lettre d’information mensuelle AdN publiée sur le site du CNRS en Amérique du Nord, à laquelle s’ajoute maintenant une veille INRAE dédiée aux thématiques de l’agriculture, l’environnement et l’alimentation. Par ailleurs, les deux instituts vont participer conjointement au MIT European Career Fair à travers un stand virtuel partagé, contribuant ainsi au rayonnement de la recherche française aux Etats-Unis.
Les conditions sanitaires de l’année 2020 ont affecté l’activité du bureau, qui a dû adapter son fonctionnement, réduisant drastiquement le nombre de missions à travers la zone, et particulièrement les déplacements auprès d’universités et instituts de recherche.
Les succès en bilatéral aux Etats-Unis
Côté Etats-Unis, dès mars 2020, la venue d’une délégation française INRAE, avec pour objectif principal la visite des Universités de Californie (UC Davis et UC Berkeley), a été convertie en format virtuel suite à la situation sanitaire liée à la crise de Covid-19. Celle-ci a notamment fait l’objet de la signature d’un accord-cadre entre INRAE et l’Université de Californie (UC) Davis, fruit de discussions amorcées depuis la visite de Jean-François Soussana, Vice-Président International INRAE, et Jean-Paul Lallès, DR1, Chargé de mission pour les Etats-Unis et le Canada, en Californie en mars 2019. La venue du chancelier de UC Davis, Gary May, en France en mai 2019, a suivi cette visite. Cet accord-cadre, qui promeut les partenariats de recherche et renforce la coopération des deux organismes dans des domaines scientifiques stratégiques identifiés conjointement, a permis de lancer un projet sur la santé de la vigne, entre chercheurs formant deux paires franco-américaines de champions. Côté INRAE, l’équipe est issue des Unités Mixtes de Recherche (UMR) SAVE (Santé et Agroécologie du Vignoble) et SVQV (Santé de la Vigne et Qualité du Vin). Elle implique des scientifiques du Department of Viticulture and Enology et du Department of Plant Pathology de l’UC Davis. Un second projet portant sur la composition du lait bovin en lien avec la santé est en préparation pour l’année 2021. Il s’agira d’explorer ensemble les potentialités santé de composants non nutritionnels (micro-ARN) présents à très faibles concentrations dans le lait.
Un autre accord-cadre avec l’UC Berkeley, plus précisément avec le College of Natural Resources, a été conclu. Il donnera lieu à un ou plusieurs Laboratoires Internationaux Associés (LIAs), notamment sur la gestion des impacts du changement climatique sur les écosystèmes d’eau douce, porté par l’UMR ECOBIOP (Ecologie Comportementale et Biologie des Populations de Poissons), en partenariat avec l’Université de Pau et des Pays de l’Adour et l’Université du Pays Basque (UPV).
Finalement, un accord-cadre avec l’Université de Floride a été signé à l’été 2020, faisant suite à une mission INRAE en janvier 2020. Cet engagement vient renforcer la coopération entre INRAE et l’Institut des Sciences de l’aliment et de l’agriculture (IFAS) de l’Université de Floride. Reconnaissant l’importance de la collaboration mutuelle et des contributions sociétales apportées par les établissements d’enseignement supérieur et de recherche, cet accord-cadre vise à promouvoir les échanges académiques et de recherche entre les deux institutions signataires, sur des thématiques d’intérêt commun, notamment sur la modélisation des impacts du changement climatique sur les cultures, ainsi qu’en agroécologie, élevage, santé animale et nutrition.
INRAE s’est aussi rapproché d’organismes multilatéraux
Parallèlement, fort de leurs collaborations passées et dans le cadre d’un partenariat renforcé avec le CGIAR (Consortium of International Agricultural Research Centers), INRAE et l‘IFPRI, l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires, ont signé cet été un accord-cadre pluriannuel d’une durée de quatre ans. Les principaux thèmes de recherche visés concernent : les interactions entre les pandémies, de type Covid, et la biodiversité, l’environnement, les pratiques agricoles et les systèmes alimentaires ; les changements dans les comportements de production et de consommation alimentaire ; les impacts de la mondialisation et du changement climatique sur les systèmes alimentaires et l’organisation des marchés ; les stratégies de gestion des pandémies et les politiques publiques. Ces axes s’inscrivent dans la déclaration commune du Cirad, de l’IRD, d’Agreenium, des CGIAR et d’INRAE sur la définition d’actions conjointes sur trois thématiques majeures : agriculture et changement climatique, agroécologie, nutrition et systèmes alimentaires durables. A terme, il est envisagé de lancer des programmes annuels d’appels conjoints de mobilités croisées de chercheurs.
Des perspectives aux Etats-Unis
Pour l’avenir, des perspectives de collaborations renforcées au plan institutionnel se préparent avec les universités du Midwest, avec lesquelles INRAE copublie largement. L’Université du Minnesota notamment, ainsi que la Michigan State University et l’Université du Wisconsin-Madison, font partie du top 10 des partenaires américains de l’Institut. A travers les relations privilégiées entretenues entre le CNRS, l’Université de Chicago, et Argonne National Laboratory, d’autres pistes de partenariat sont activement explorées.
Par ailleurs, le CNRS travaille sur un partenariat privilégié avec l’Université d’Arizona, mondialement reconnue en environnement, ce qui facilitera pour INRAE le renforcement de ses collaborations avec cette université. D’autre part, à travers le partenariat du CNRS avec l’Université de Stanford et l’Université de Montpellier dans le domaine de la sémantique web, un chercheur CNRS, détaché à INRAE (UMR MISTEA) depuis septembre 2020, travaille sur l’extrapolation des données santé aux secteurs de l’agri-food et la biodiversité. Cette collaboration pourra être renforcée grâce au Fonds France-Stanford.
Finalement, un rapprochement avec le North Carolina Research Triangle, consortium de trois universités de Caroline du Nord (Université d’Etat de Caroline du Nord, Université de Duke et Université de Caroline du Nord à Chapel Hill) est considéré dans le cadre du développement des activités du bureau INRAE.
Les collaborations avec le Canada
Côté Canada, les collaborations avec Agriculture & Alimentation Canada (AAFC) ont donné lieu à la signature d’un accord-cadre par Gilles Saindon, Sous-ministre adjoint à l’Agriculture et Agroalimentaire au Canada pour l’AAFC, et Philippe Mauguin, PDG INRAE. AAFC est le principal acteur national de la recherche publique canadienne dans les domaines de l’agriculture et de l’alimentation, en lien avec l’environnement. Ce nouvel accord facilitera dès 2021 de nouveaux projets sur des sujets émergents, co-sélectionnés et cofinancés par les deux organismes, s’appuyant sur des échanges, notamment de jeunes chercheurs, et ce dans plusieurs domaines tels que le microbiome des végétaux et des sols, l’innovation ouverte (living labs), les procédés agro-alimentaires, l’élevage et les produits laitiers, mais également dans d’autres domaines d’intérêt commun qui seront identifiés dans les cinq prochaines années.
D’autres réseaux internationaux de recherche sont en cours de développement avec des partenaires au Canada, principalement et pour l’heure avec l’Université de Laval et l’Université de Montréal, dans les domaines de la forêt et du bois, ainsi que des produits laitiers et de l’élevage et du bien-être animal. Notons que ces deux universités sont également des partenaires majeurs du CNRS.
Des pistes prometteuses se dégagent pour l’année 2021, alors que le bureau INRAE est maintenu pour 2021-2022 et que les échanges scientifiques comme institutionnels, comme avec le futur Symposium France-US autour de l’engagement des institutions académiques pour l’environnement, se sont adaptés aux conditions sanitaires liées à la crise de la COVID-19, devraient pouvoir reprendre de façon plus régulière et, nous l’espérons, plus rapprochée (par exemple à travers des missions entrantes et sortantes).
Rédactrice : Juliette Paemelaere, Chargée de coopération scientifique INRAE, [email protected]