A l’heure de l’antibiorésistance, l’identification rapide des pathogènes est un défi essentiel de la prise en charge des patients infectés. Dans ce contexte, GeneCapture, une société cofondée par des chercheurs de l’Université d’Alabama à Huntsville (UAH), a développé un système qui pourrait permettre de réaliser un diagnostic rapide (en moins d’une heure, contre 24 à 48h pour les diagnostics actuels basés sur des cultures bactériennes in vitro), à faible coût (20 dollars américains) et en dehors du laboratoire. L’équipe de GeneCapture a ainsi réalisé ce mois-ci la première identification multi-pathogène au monde utilisant la détection d’ARN non amplifié, une révolution dans le domaine (1).
L’ambition de la société répond à un besoin essentiel pour les patients à l’hôpital mais également pour les personnels en mission sur le terrain. L’intérêt stratégique de cette innovation a poussé le ministère de la défense américain (Department of Defense) à participer au financement du projet.
Le système de diagnostic consiste en une cartouche jetable et une plate-forme de lecture portative. La cartouche fermée accepte un échantillon direct d’urine, de sang ou un échantillon provenant d’un écouvillon; elle concentre et expose les fragments d’ARN de l’agent pathogène à des sondes d’ADN personnalisées. Une fois l’ARN capturé, les sondes ADN activent un capteur optique. Le motif lu sur la puce correspond à la signature d’un pathogène spécifique. La maladie est alors identifiée de manière presque immédiate, quel qu’en soit la cause : bactérienne, virale, fongique ou protozoaire.
Le concept initial de liaison moléculaire a été conçu par les chercheurs de l’UAH et concédé sous licence exclusive à GeneCapture (2). L’entreprise détient aujourd’hui 11 brevets ; elle a commencé la phase d’essais cliniques requis pour l’autorisation de la Food and Drug Administration et envisage une commercialisation dans les deux ans.
GeneCapture a su bénéficier de l’écosystème dynamique du Cummings Research Park d’Huntsville, quatrième plus important parc technologique du monde et deuxième des USA. La proximité de l’UHA et des entreprises au sein de ce cluster permet un transfert de technologie rapide de la recherche vers l’industrie, un modèle qui fait maintenant référence.
Rédacteur : Yann Méheust, Attaché adjoint pour la Science et la Technologie, [email protected]