Le comportement des autres espèces suggère que nous ne sommes pas simplement humains

Frans de Waal, primatologue à Emory University, et d’autres scientifiques suggèrent que la majorité de la cognition humaine est automatique, dirigée par des tendances innées. Le comportement humain – et non seulement le corps physique – a sans doute des antécédents évolutionnaires qui ont des interactions complexes sur la volonté propre des humains.
Deux études récentes dans le domaine de l’ornithologie traitent de comportements qui sont semblables au comportement humain.

Emily DuVal, biologiste à l’Université de Californie – Berkeley a étudié 457 manakins lancéolés (Chiroxiphia lanceolata) au Panama. Elle a observé que les manakins mâles font une danse à deux pour impressionner une femelle qui les observe. La performance du groupe aide le mâle dominant à attirer la femelle, mais alors pourquoi l’autre mâle s’engage t-il dans une activité qui ne lui serait pas directement bénéfique?
Il apparaît que ces mâles contributeurs sont plus susceptibles de devenir mâle dominant par la suite. Ils bénéficieront alors à leur tour de l’aide d’un autre mâle pour faire leur cour. C’est donc un système social complexe. Ce comportement chez les manakins est comparable, selon DuVal, au comportement des jeunes hommes dans les bars et les boites de nuit pour séduire les femmes, lorsqu’un homme sert d’entremetteur, aidant son ami à approcher à une femme. L’étude de DuVal est publiée dans la revue de " American Naturalist " du mois d’avril.

Une deuxième étude, mettant en évidence un comportement moins altruiste, porte sur la relation entre les vachers (genre Molothrus), des oiseaux parasitaires à la mode du coucou, et leurs victimes.
Jeffrey Hoover et Scott Robinson, écologistes à l’Illinois Natural History Survey à Champaign, ont trouvé que les vachers femelles avaient beaucoup en commun avec les gangsters. Le vacher est une espèce parasitaire : elle pond ses oeufs dans le nid d’autres espèces, souvent jusqu’à 15 oeufs à la fois, répartis dans plusieurs nids. Des oeufs de vachers ont été trouvés dans les nids de plus de 220 espèces en Amérique du Nord. Souvent les hôtes des oeufs de vacher nourrissent la progéniture du vacher au détriment de leurs petits. Les chercheurs ont donc voulu comprendre pourquoi ils ne détruisent pas les oeufs parasites et vont jusqu’à nourrir ces oisillons.
Hoover et Robinson ont constaté que, s’ils enlevaient les oeufs de vachers des nids des autres espèces, les vachers femelles revenaient pour détruire le nid. Il semblerait que les vachers surveillaient donc de près les nids pour s’assurer que les oeufs sont bien présents et intacts ; à défaut, les vachers femelles détruisent donc les nids des autres oiseaux. De plus, les vachers veillent à attendre que le nid contienne des oeufs avant que d’y mettre les leurs, de sorte que la menace sur la progéniture des victimes est effective. Les autres espèces ont donc intégré qu’il valait mieux accepter ces oeufs parasites…
Cette étude est publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences.

Ces études soulèvent ainsi des questions nouvelles à propos du rôle de l’évolution dans les comportements humains, par opposition à des mécanismes peut-être innés partagés avec d’autres espèces fort éloignées…

Source :

https://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2007/03/18/AR2007031801130.html

Pour en savoir plus, contacts :

– Frans de Waal : https://www.emory.edu/LIVING_LINKS/de_Waal.html
– Emily DuVal : https://www.journals.uchicago.edu/cgi-bin/resolve?id=doi:10.1086/512137
– E-news : https://www.physorg.com/news92336280.html
Code brève
ADIT : 41975

Rédacteur :

Elodie Sutton, [email protected]

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