Un nouvel état des lieux sur les impacts du changement climatique aux Etats-Unis

Mardi 16 Juin, la Maison Blanche a présenté son dernier rapport sur les effets du changement climatique aux Etats-Unis, surpassant ainsi les conclusions de l’étude de l’IPCC de 2007 ("Intergovernemental panel on Climate Change"). Le rapport, répondant à une commande de l’administration précédente, présente un état des lieux des connaissances scientifiques concernant les impacts visibles ou attendus du changement climatique sur le territoire américain. Regroupant une trentaine d’experts dans le cadre du programme "U.S. Global Change", il expose l’ensemble des effets attendus en fonction des régions et des secteurs économiques (agriculture, énergie..) et énonce un certain nombre de points clés visant à éduquer le public ainsi qu’à aider les politiques dans l’élaboration de réglementations.

Présenté lors d’une conférence de presse par John Holdren, directeur de l’ "Office for Science and Technology Policy" de la Maison Blanche et Jane Lubchenco, secrétaire de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), ce rapport regroupe le travail d’une quinzaine d’agences gouvernementales (NOAA, NASA, Departement of State, Department of Interior, Department of Transportation, Department of Commerce, Environmental Protection Agency, National Science Foundation, Smithsonian Institution, Department of Agriculture…). Restreint au territoire des Etats-Unis, il tient cependant compte de l’ensemble des études menées de part le monde et a été relu par de nombreux scientifiques du domaine universitaire.

Si les conclusions de cette étude sont connues (augmentation du niveau de la mer et des températures, changement de la répartition des précipitations…) les experts attirent cependant l’attention sur les répercutions sociologiques du changement climatique. Selon Thomas Karl, directeur du "National Climatic Data Center" de la NOAA et Jerry Melillo, chercheur au laboratoire de biologie marine de Woods Hole (Massachussetts), le changement climatique ne doit plus être considéré comme une problématique environnementale mais plutôt comme une thématique a part entière dont les retombées concerneront l’organisation de la société et l’économie du pays.

A la suite de cette publication, dix points clés ont été mis en évidence pour une communication au grand public. Les chercheurs rappellent ainsi les causes du changement climatique dont l’origine est principalement attribuée aux activités humaines (utilisation d’énergies fossiles, déforestation, changement des pratiques agricoles…), émettant de larges quantités de GES (Gaz à Effet de Serre) dans l’atmosphère. En l’absence de régulation des GES, les effets du changement climatique devraient se faire ressentir rapidement sur la répartition des ressources en eau. En outre, la gestion du stress hydrique au sein des écosystèmes et la détérioration des habitats (développement de pestes, gestion des espèces invasives..) présenteront de nombreux défis pour les prochaines années [1] [2] [3] [4].

Dans cette optique, les chercheurs soulignent l’importance de minimaliser les répercutions du changement climatique, la capacité d’adaptation des écosystèmes dépendant de la vitesse et de l’intensité de ce dernier. En effet, l’environnement, tout comme le climat se régule en fonction d’un certain nombre de seuils, inhérents à tout système. Si certains seuils devaient être dépassés, comme par exemple lors de la fonte du permafrost, l’intensité du changement climatique pourrait s’accentuer, nuisant à la capacité d’adaptation des écosystèmes (survie des espèces…) et pouvant mener à plusieurs effets irrémédiables (disparition de zones côtières, extinction d’espèces..).

Parmi les points clés, figurent aussi les effets attendus sur la santé humaine (extension des maladies vectorielles et infectieuses..). Le rapport liste ainsi un certain nombre de retombées telles que l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des vagues de chaleur ou des maladies véhiculées par l’eau ("waterborne disease" en anglais).

Au final, les chercheurs délivrent un message clair, au coeur du débat politique actuel. Il est vrai que si le rapport liste toute une série d’impacts attendus, il mentionne néanmoins un certain nombre de solutions pouvant être classées selon deux catégories : la réduction des GES et l’adaptation. De la réduction des émissions de GES dépendra la faisabilité (et donc le coût) de l’adaptation à de nouveaux seuils environnementaux. Ainsi, les choix actuels en matière de régulation des GES se répercuteront directement sur le mode de vie des générations futures. Si ce dernier message n’est pas différent de celui délivré par l’IPCC, les chercheurs espèrent cependant que ces résultats contribueront activement au débat actuellement présent au Congrès sur l’adoption d’une loi visant à réguler les GES. Ce projet de loi, toujours en attente de validation par la Chambre des Représentants (mais adopté en sous commission début juin) fait l’objet de fortes oppositions au Sénat.

Le Congrès aurait cependant tout intérêt à se prononcer, l’EPA (Environmental Protection Agency) avançant en parallèle sur la mise en place de son propre processus de régulation des GES. En effet, l’agence a depuis fin avril, l’autorité de réguler le dioxyde de carbone à titre de polluant par application de la loi du "Clean Air Act" [5]. Suite à cette déclaration, l’agence disposait alors d’une période de 60 jours pour recueillir l’ensemble des commentaires du public (procédure définie dans le cadre de la "Procedure Administrative Act"). Cette période s’étant clôturée mardi 23 juin, l’agence doit maintenant répondre à chaque commentaire et tenir compte de ces remarques pour l’élaboration d’une réglementation finale. Si le président Barack Obama souhaite privilégier la voie législative, la parution de ce rapport ne fait cependant que souligner l’urgence d’agir en faveur d’une régulation des GES et donne des arguments supplémentaires à l’EPA pour élaborer rapidement des mesures de contrôle des GES.

Source :

– White House hopes new climate report is a ‘game-changer’. (16/06/2009). Grist – https://www.grist.org/article/2009-06-16-climate-science-impacts-usa
– United States Global Change Research Program – https://www.globalchange.gov/publications/reports/scientific-assessments/us-impacts/key-findings
https://www.globalchange.gov/publications/reports/scientific-assessments/us-impacts/key-findings

Pour en savoir plus, contacts :

– [1] BE Etats-Unis 166. (22/05/2009). Le feu vert donné à la plus grande usine de dessalement de l’hémisphère nord laisse un goût saumâtre aux environnementalistes – https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/59218.htm
– [2] BE Etats-Unis 168. (8/06/2009). L’importance de la préservation des forêts dans la lutte contre le changement climatique – https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/59404.htm
– [3] BE Etats-Unis 164. (4/05/2009). Le changement climatique à l’origine d’une redistribution des ressources en eau potable de la planète – https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/58867.htm
– [4] BE Etats-Unis 142. (14/11/2008). Les forêts du Nord Est américain menacées par un coléoptère asiatique – https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/56659.htm
– [5] BE Etats-Unis 163. (23/04/2009). Les Etats-Unis : en route vers une régulation de leurs émissions de GES! – https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/58772.htm
Code brève
ADIT : 59733

Rédacteur :

Agathe Dumas ([email protected])

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