Une plongée dans l’écosystème de la santé à San Francisco : Le Dr. Lise Alter explore les dynamiques d’innovation en Silicon Valley

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Au cours de son séjour, le Dr. Alter a eu l’opportunité de rencontrer plusieurs acteurs clés, notamment l’Advanced Research Projects Agency for Health (ARPA-H), une nouvelle agence fédérale américaine créée par le président Biden il y a un an. Dotée d’un budget de 2,5 milliards de dollars, l’ARPA-H vise à accélérer la recherche biomédicale en finançant des projets à haut risque. Ce financement novateur cherche à perturber le modèle conventionnel de financement de la recherche biomédicale en utilisant des mécanismes non-dilutifs, s’inspirant du modèle de la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA).


Une rencontre a également eu lieu avec les équipes de l’Université de Californie à San Francisco (UCSF), une institution de premier plan dans la recherche biomédicale. L’UCSF se distingue non seulement par ses découvertes scientifiques et ses moyens de recherche avancés, mais aussi par la qualité de son enseignement au niveau doctoral et de mentorat au niveau post-doctoral, ainsi qu’à l’excellence des soins prodigués aux patients. L’UCSF s’appuie également sur un important réseau de partenaires internationaux – dont la France. Les différences entre les modèles français et américains ont été au cœur des échanges avec le Dr. Alter. Parmi les éléments marquants qui font la réussite de UCSF et les idées à explorer pour un “UCSF à la française”, on retiendra par exemple : 

  • un niveau de collaboration et coordination unique entre les différents départements universitaires d’UCSF, composante essentielle d’un transfert technologique efficace ; 
  • ce niveau de collaboration interne permet aux chercheurs de UCSF de rester très spécialisés dans leurs domaines techniques – sans chercher à multiplier les compétences, disponibles ailleurs – et de résoudre efficacement des problèmes multi-disciplinaires ;
  • ce maintien au plus haut niveau technique est possible car les chercheurs sont encouragés à conserver leur activité de recherche en parallèle de leur activité entrepreneuriale. La proximité de la recherche fondamentale et de l’innovation sur les campus est un facteur de réussite à UCSF : quel serait l’équivalent français ?
  • le recrutement est un processus entièrement “bottom-up”, qui mise avant tout sur des talents plutôt que sur un besoin en compétence pré-identifié ;
  • sur le plan de l’enseignement, UCSF bénéficie d’un programme d’entreprenariat de niveau exceptionnel, qui valorise la prise de risque et capitalise sur les échecs. Il est possible d’y souscrire en ligne depuis le monde entier ;
  • le financement de ces programmes repose en majorité sur la philanthropie. Afin d’optimiser ses coûts, l’UCSF attache une importance particulière à la mutualisation des recherches et des moyens, afin d’adopter un modèle d’innovation le plus efficace possible ;
  • l’écosystème de la Baie de San Francisco est aussi très favorable pour UCSF, puisqu’on y retrouve de très nombreux investisseurs spécialisés en santé ou agnostiques. Nos startups françaises peuvent attirer l’attention des investisseurs, notamment américains, par le biais par exemple de concours internationaux (la très bonne publicité autour des startups françaises au CES est un exemple parlant, à l’image cette année de ST37 ou Pulse Audition, par exemple) ou via des programmes d’entrepreneuriat internationaux ;
  • faire de la France le prochain écosystème biotech, à l’image de Boston ou San Francisco, demanderait de recentraliser les efforts en investissements, avec un point d’entrée très clair et lisible pour les partenaires étrangers;
  • l’excellente image dont jouissent les chercheurs français à UCSF est une opportunité pour encourager la création de programmes permettant à de jeunes chercheurs français de réaliser une immersion à San Francisco, afin d’en capter l’esprit entrepreneurial. Inversement, nos programmes d’accueil de collaborateurs étrangers (ex. chaires d’excellence en santé dans France2030) gagneraient à être mieux promus à l’étranger.

Légende : 9 janvier 2024 – Lise Alter visite le studio technologique de Playground Global avec l’un de ses fondateurs, Peter Barrett. Crédit Photo : SST

Au cours de son séjour, le Dr. Alter s’est également intéressée aux modèles d’incubateurs en Silicon Valley. En particulier, elle a pu découvrir le modèle unique de Playground Global, un fonds d’investissement et un studio technologique fondé par Andy Rubin, le créateur d’Android. Playground Global se concentre sur l’investissement et l’accompagnement de start-ups technologiques à fort potentiel, avec un objectif ambitieux : investir dans des entreprises à haut risque, avec une probabilité de succès minime, mais dont le marché potentiel dépassera le milliard de dollars. Dès sa création par quatre ingénieurs-entrepreneurs – et avec des moyens modestes au commencement – Playground Global a fait le choix d’endosser la fonction clé de studio technologique. Cela se traduit par un soutien technique, des conseils stratégiques et des ressources déployées pour accompagner le développement et la mise sur le marché des start-ups. Leur portefeuille d’entreprises, dont ils sont actionnaires à hauteur de 20% (un schéma agressif lié au risque pris), est soumis à un examen continu, avec une réévaluation systématique tous les trois ans. Parmi les entreprises en santé figurant dans leur portefeuille, on retrouve des noms tels qu’Ultima, Strand Therapeutics, Infinimmune, Atomic AI, Virta et Manifold Bio. Particularité notable, Playground Global n’est pas co-propriétaire de la propriété industrielle de ses entreprises et attache beaucoup d’importance au fait de publier régulièrement dans des revues scientifiques de premier rang (Science, Nature). Ces revues sont d’ailleurs stratégiques dans le sourcing de ses talents, scientifiques et potentiels entrepreneurs. 


A l’occasion de sa visite à San Francisco et à la conférence JP Morgan, le Dr. Alter a rencontré plusieurs dirigeants de startups, tant françaises qu’américaines (Perspective Therapeutics, InjectPower, InjectSense, ImmunoPhotonics), renforçant ainsi les liens et ouvrant la voie à de nouvelles collaborations transatlantiques. Cette immersion dans l’écosystème de la santé à San Francisco a été une opportunité précieuse pour le Dr. Lise Alter de nourrir la réflexion sur les meilleures pratiques côté français et américain – et leur mise en œuvre réciproque – dans le domaine de l’innovation en santé.

 

Signatures : 

Valentine Asseman, chargée de mission pour la Science et la Technologie, Consulat général de France à San Francisco, [email protected] 

Emmanuelle Pauliac-Vaujour, attachée pour la Science et la technologie, Consulat général de France à San Francisco, [email protected] 

Paul Salvaire, consul général adjoint, Consulat général de France à San Francisco

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