Le 5 juin, un groupe bipartisan a soumis au Sénat un projet de loi, le Growing Climate Solutions Act, permettant la création d’une nouvelle certification carbone à l’USDA (United States Department of Agriculture). Ce projet donne à l’agriculture un rôle central dans l’effort national de lutte contre le changement climatique.
Le programme faciliterait la participation des agriculteurs et des propriétaires terriens aux marchés du carbone. Afin de renforcer la transparence du processus de certification et de s’assurer de la pertinence et l’efficacité des pratiques de séquestration du carbone, des tiers pourraient être embauchés par l’USDA en tant que fournisseurs de services techniques ou auditeurs. Cette démarche, appelée le Greenhouse Gas Technical Assistance Provider and Third-Party Verifier Certification Program, permettrait aussi de rassurer les nouveaux participants au programme, qui s’engageraient sur une base volontaire. L’USDA mettrait ainsi en contact les propriétaires terriens et le secteur privé disposant d’une expertise technique.
La loi est portée par Mike Braun (R-Ind.) et Debbie Stabenow (D-Mich.), aux côtés de Lindset Graham (R-S.C.) et Sheldon Whitehouse (D-R.I.). Elle dispose d’un large soutien au sein de groupes d’agriculteurs majeurs tels que le American Farm Bureau Federation, la National Corn Growers Association ou le National Farmers Union. L’ONG Nature Conservancy a aussi accueilli le projet avec enthousiasme, de même que des entreprises comme Microsoft ou Mac Donald’s.
Cet effort bipartisan reconnait d’une part le rôle de l’agriculture dans la lutte contre le changement climatique et propulse d’autre part les initiatives agricoles durables volontaires au cœur des discussions sur le climat. Il facilite l’entrée sur le marché du carbone d’acteurs qui font typiquement face à des barrières techniques les empêchant de participer à l’effort. Un sondage mené par Agri-Pulse entre février et mars 2020 montre que, si environ un agriculteur sur deux serait intéressé pour participer au marché du carbone, le changement climatique n’est pas considéré comme une priorité.
Il est important de noter que d’autres initiatives existent par ailleurs, telle que la certification développée par le consortium Ecosystem Services Market, qui opère indépendamment du programme qui sera potentiellement mené par l’USDA.
Rédactrice : Juliette Paemelaere, Chargée de mission coopération scientifique INRAE, [email protected]