Le séminaire s’est ouvert par une allocution d’Adrien Nussenbaum, cofondateur et CEO de Mirakl, nouvelle licorne française spécialisée dans le e-commerce. Mirakl a été fondée en 2011 et s’est exportée aux USA dès 2015. La taille du marché américain justifie à elle seule l’exportation rapide des startups françaises les plus prometteuses outre-Atlantique. Adrien Nussenbaum a livré quelques clés pour une entrée réussie aux Etats-Unis : recrutement d’une équipe sur place et adaptation à la culture d’entreprise américaine. L’implantation aux Etats-Unis va de pair avec des choix stratégiques difficiles qui nécessitent des investissements importants. Le rôle central des levées de fonds en amont de leur internationalisation explique, en partie, le succès de la stratégie américaine de Mirakl. 

Atlanta : nouvelle scène de la tech américaine

Le premier panel a rassemblé des acteurs de l’écosystèmes entrepreneurial d’Atlanta : Alex Gonzalez (Metro Atlanta Chamber of Commerce), Lynne Henkiel (Georgia Tech Innovation Ecosystems), Kylan Kester (Startup Atlanta), Gregory Ray (Creative Destruction Lab) et Amelia Schaffner (Emory Goizueta School of Business). L’écosystème d’Atlanta présente de nombreux atouts : taille du marché, coûts de production réduits, vivier de talents et ouverture sur le monde. La croissance démographique de la région est l’une des plus rapides des Etats-Unis. Cette dynamique attire de grands groupes : The Coca-Cola Company, Home Depot, United Parcel Service ou encore Delta Airlines ont leur siège à Atlanta. Avec l’aéroport le plus fréquenté du monde, et le port de Savannah à seulement quatre heures de route d’Atlanta, les infrastructures géorgiennes ont favorisé un important secteur de la logistique et de la vente.

Aujourd’hui, la croissance d’Atlanta bénéficie aux entrepreneurs dans des secteurs variés, notamment dans le digital, les biotechs ou encore la fintech. L’industrie du digital dans cette “Hollywood of the South” a généré 37 Milliards de dollars en 2019. Dans le domaine de la Santé, l’écosystème s’appuie sur la présence de l’agence fédérale de santé publique – The Centers for Disease Control and prevention (CDC) – ainsi que sur l’Université Emory, qui a lancé son Innovation for Healthcare Hub. Les investisseurs en capital risque sont de plus en plus présents, avec un total de 1,8 Milliards de dollars de contrats signés en 2019. Tout contribue à rendre l’écosystème de plus en plus attractif pour les jeunes entrepreneurs. La diversité est également mise en avant avec la première communauté d’entrepreneurs  Afro-Américains dans cette ville marquée par le souvenir de Martin Luther King. 

Une structure de gouvernance favorable au niveau de la ville d’Atlanta a permis un afflux de talents dans la région. La Géorgie est aujourd’hui le deuxième État des USA pour le nombre d’entreprises fondées par des Afro-Américains, après l’État de New York. Georgia Tech est aussi la première école d’ingénieur des Etats-Unis pour le nombre de diplômés femmes et issus de minorités.

Quelles synergies entre la tech française et américaine?

Le second panel a rassemblé Romain Serman, directeur de bpifrance USA, Anne Puech et Rami Abi-Akl, du SST de l’Ambassade de France aux Etats-Unis, ainsi que Stéphane Donzé et Pierre-Yves Frouin, cofondateurs et PDG respectifs de AODocs et BioSerenity – deux entrepreneurs français ayant fait le choix d’Atlanta pour leur implantation américaine. 

L’internationalisation de la tech française s’accélère. Dans les années 2000, il fallait dix ans à une startup française pour s’étendre à l’international. Aujourd’hui, le dynamisme de l’écosystème français fait de l’internationalisation précoce des startups un facteur de succès essentiel. Bpifrance, la banque publique d’investissement française, accompagne ces mutations dans la durée, avec plusieurs programmes. Elle soutient notamment le programme NETVA, porté par le SST, s’adresse ainsi aux jeunes startups de la deeptech en leur proposant une immersion dans les écosystèmes américains. Les startups sélectionnées bénéficient d’une série de séminaires et de formations leur permettant d’appréhender au mieux l’entrée sur le marché américain. Dans un deuxième temps, les startups sont envoyées dans l’écosystème de leur choix – parmi Boston, Chicago, Houston, Los Angeles, San Francisco et Washington DC. Pour l’édition 2021 de NETVA, les startups lauréates pourront, pour la première fois, choisir d’effectuer la semaine d’immersion dans l’écosystème du Sud-Est autour d’Atlanta. 

Les opportunités offertes par le marché américain sont conséquentes mais cet environnement, extrêmement compétitif, peut s’avérer difficile à appréhender pour les entrepreneurs français. Dans ce contexte, le choix de la région d’implantation est crucial. San Francisco et Boston, les places fortes traditionnelles de la tech mondiale, sont souvent mises en avant. Face à ces écosystèmes de premier plan, Atlanta présente plusieurs avantages pour les jeunes startups : les coûts y sont moins élevés, tant pour les entreprises que pour les particuliers, le marché y est plus accessible, le décalage horaire avec la France raisonnable facilite les échanges avec les équipes françaises et le vivier de talents hautement qualifiés y est stable. Atlanta représente donc une alternative très attractive, dont le succès des entreprises de Pierre-Yves Frouin et Stéphane Donzé est une illustration parlante. 

French Tech Atlanta : vers une communauté d’entrepreneurs français à Atlanta

Le séminaire s’est clôturé par une discussion autour des communautés French Tech du Sud-Est des Etats-Unis. David Lavielle (Incendia partners) de la French Tech Raleigh (Caroline du Nord) et Stan Coignard (S4M), membre de French Tech Miami (Floride), sont revenus sur la création et les objectifs de leurs communautés créées en 2020. 

La construction d’une communauté French Tech à Atlanta est en cours, conjointement avec le SST, la Chambre de Commerce Franco Américaine d’Atlanta et les Conseillers au Commerce Extérieur, en vue d’une labellisation par le Ministère de l’Economie et des Finances en avril 2021. Certains des entrepreneurs français déjà engagés dans ce projet – Sébastien Lafon (Adapt1st), Pierre-Marie Rallu (1retailai), Alexis Turjman (cognitionmedical) et Pierre-Loic Dubois (DashStylists) – ont pu échanger sur les opportunités d’une telle association, qui aurait pour ambition de: 

• • construire un réseau francophile pour aider les entrepreneurs français à implanter leur start-up dans la région ; 
  • faire connaître la Tech française dans les Sud-Est des Etats-Unis, lui permettant ainsi de s’y exporter et d’y conquérir les marchés ; 
  • animer le réseau à travers des événements qui rassemblent scientifiques, entrepreneurs et experts, pour créer encore plus de lien entre les deux pays et réfléchir sur les nouvelles tendances ;
  • aider les startups françaises à recruter des talents scientifiques pour maintenir leur compétitivité technologique et à trouver des contacts et du financement pour garantir leur expansion financière.