Retour sur la série de conférences transatlantiques FACT-B sur la biodiversité

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Promues par la communauté scientifique, la création et la gestion d’aires protégées (parcs nationaux, réserves naturelles, parcs naturels régionaux, etc.) concourent à la lutte contre l’effondrement de la biodiversité. Dans la perspective d’une adaptation du cadre mondial lors de la Conférence de l’ONU sur la biodiversité (COP 15) qui aura lieu en Chine en 2022, la France a publié en janvier 2021 sa nouvelle stratégie nationale pour les aires protégées pour 2030. Conformément aux annonces du Président de la République française, celle-ci fixe des objectifs très ambitieux de protection de 30 % de notre territoire national et des espaces maritimes, dont 10 % sous protection forte. 

En mai 2021, les Etats-Unis ont publié un rapport « America the Beautiful » qui précise l’approche qui permettra de protéger 30% des terres et des eaux américaines d’ici 2030. Ce document produit par les ministères du Commerce, de l’Intérieur et de l’Agriculture met en évidence les audacieux objectifs de l’administration et quelques orientations stratégiques, sans préciser à ce stade les régions spécifiques pour une protection renforcée et le niveau de conservation.

Si le Canada n’a pas publié de plan stratégique, le budget 2021 prévoit néanmoins un investissement historique de 2,3 milliards de dollars sur cinq ans visant à protéger 1 million km2 de terres et d’eau douce – ce qui équivaut à plus de 10 %  du Canada – notamment en soutenant les Aires Protégées et Conservées par les Autochtones, les aires protégées provinciales et territoriales et la protection des espèces en péril.

 

Une série de trois tables rondes transatlantiques de haut niveau

Dans ce contexte, le Service pour la Science et la Technologie de l’Ambassade de France aux Etats-Unis et le Service de Coopération scientifique et universitaire de l’Ambassade de France au Canada ont organisé du 14 au 17 mars les French Ameri-Can Climate Talks – Biodiversity (FACT-B), une nouvelle série de trois conférences de haut niveau réunissant des intervenants français, américains et canadiens issus du monde académique et des agences gouvernementales. Ces événement, auxquels plus de 250 personnes ont participé, se sont déroulés :

  • A Tucson le 14 mars en partenariat avec l’université d’Arizona et le CNRS. L’événement s’inscrit dans le cadre de l’IRC (International Research Center) CNRS-Université d’Arizona, récemment créé et centré sur l’environnement.
  • A San Francisco le 16 mars en partenariat avec Autodesk (replay ici).
  • A Vancouver le 17 mars en partenariat avec le Morris J. Wosk Centre for dialogue de l’Université Simon Fraser (replay ici).

Les experts français mobilisés par les services scientifiques des ambassades étaient : 

  • Hélène Soubelet : Directrice de la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité (FRB).
  • Cyrille Barnerias : Directeur des relations européennes et internationales de l’Office Français pour la Biodiversité (OFB).

L’objectif de leur visite était d’analyser les politiques de conservation nécessaires à la préservation des espaces naturels terrestres et maritimes.

 

Les principaux messages qui ressortent de ces tables rondes 

Les échanges concernant ces initiatives gouvernementales, sous les regards croisés de scientifiques et de responsables en charge de la mise en œuvre des politiques, ont permis de mieux appréhender les enjeux et les challenges à venir dans la mise en œuvre des politiques publiques. Les discussions ont mis en lumière l’importance d’une recherche pluridisciplinaire pour suivre et améliorer l’efficacité des mesures. Les travaux portent sur un meilleur ciblage des zones particulièrement importantes en termes de biodiversité, la modélisation de l’effet à long terme des mesures de protection, l’utilisation durable des territoires protégés et non encore protégés ou encore les études visant à mesurer l’impact positif des aires protégées sur divers secteurs économiques.

La notion d’interconnexion des aires protégées entre elles a également été soulignée puisque l’habitat de nombreuses espèces dépasse parfois les périmètres des aires protégées et s’étend même sur plusieurs pays, rendant nécessaire non seulement la création de corridors mais également la concertation et la coordination entre les différentes parties prenantes. Les experts partagent l’opinion que, hormis sur certaines zones extrêmement sensibles, homme et nature peuvent coexister. Une éducation du public contribuera à faire de chacun un acteur constructif.

Ce partage d’expériences témoigne d’interrogations communes en France et en Amérique du nord concernant :

  • l’implication nécessaire des populations locales et de la société civile,
  • les difficultés d’implémentation des réglementations, 
  • la nécessité de bien définir les niveaux de protection et les mesures spécifiques à mettre en œuvre selon les catégories,
  • les engagements vis-à-vis des 70% des aires non protégées. 

 

Quelques rendez institutionnels en marge des tables rondes : 

Les responsables français ont eu l’occasion d’échanger avec des responsables américains et canadiens issus de différents horizons dans le cadre de cette tournée nord-américaine.

A Tucson, les experts français ont pu visiter le site de Biosphère 2 où les impressionnantes installations offrent tout un panel d’environnements désertique ou tropical reconstitués pour des expérimentations scientifiques et des partenariats. Le site sera un outil important pour l’IRC (International Research Center) CNRS-Université d’Arizona. Ils ont également pu rencontrer le directeur du Saguaro National Park, le parc étant un bon exemple des enjeux de mise en œuvre des zones protégées dans un milieu désertique. 

Accompagnés de l’équipe scientifique de l’Ambassade de France aux Etats-Unis et du Consulat général de France à San Francisco, ils ont échangé avec des experts du Presidio Trust National Park, un véritable écrin de nature au sein de San Francisco, et du National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) sur la préservation des espaces naturels maritimes.

Enfin à Vancouver, une rencontre était prévue avec le Canadian Institute for Ecology and Evolution (CIEE) qui est une structure de synthèse et d’analyse de données en lien avec l’écologie et la biodiversité qui soutient des projets pluridisciplinaires.

 

 

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