L’émergence de la thématique de la pollution plastique dans le débat public est le signal d’une prise de conscience des populations, au-delà du monde académique. Le Service pour la Science et la Technologie de l’Ambassade de France à Washington, DC (SST) a initié plusieurs actions dont l’organisation d’un séminaire franco-américain sur la pollution plastique mi-décembre 2019 au Mans. Une quarantaine d’experts et chercheurs ont pu échanger sur la stratégie à déployer pour renforcer la coopération scientifique transatlantique afin de répondre aux enjeux de la pollution de notre environnement par les particules de plastiques. Les experts américains ont également eu l’occasion de partager leurs expériences à l’OPECST lors de sessions de questions-réponses au Sénat.
La pollution plastique des océans – globale, systémique et durable – a un impact direct sur notre écosystème, sa biodiversité et potentiellement notre santé. En effet, au-delà des déchets de type macro-plastiques très médiatisés et visibles, cette pollution se décline également sous la forme plus menaçante des micro- et nano- plastiques, aux conséquences encore mal connues. Ces particules se propagent dans l’air, dans les sols, dans les rivières puis finalement dans les océans.
Suite à la signature de la charte contre la pollution plastique des océans lors du sommet du G7 au Canada en 2018 et dans la continuité de la table ronde organisée par le MESRI à Paris le 15 octobre 2019 sur le thème « Microplastics in the Environment : Biomonitoring issues and socio-ecological challenges for public decision » réunissant les experts du G7, le SST a lancé plusieurs initiatives destinées à sensibiliser le grand public mais également renforcer la coopération scientifique franco-américaine sur le sujet. La thématique de la pollution plastique a suscité un vif intérêt de la part de la communauté américaine, notamment lors de l’organisation en novembre 2019 de plusieurs débats dans le cadre des « French American Climate Talks » (FACT) à Washington, Houston et à la Nouvelle-Orléans. Précédées de la projection du film documentaire « Océans, le Mystère Plastique » de Vincent Perazio, ces échanges entre experts français et américains ont rassemblé plus de 400 personnes.
C’est dans ce contexte que le Service pour la Science et la Technologie (SST), en partenariat avec le National Council for Science and the Environment (NCSE) et le Groupement de Recherche Polymères et Océans constitué sous l’égide du CNRS, a organisé les 12 et 13 décembre au Mans, en France, cette rencontre franco-américaine sur le thème : « Répondre à la pollution plastique avec la science : de la recherche à l’action ». Pour renforcer l’impact de cette concertation, les principales agences de financement de la recherche aux Etats-Unis ainsi que plusieurs institutions de recherche françaises étaient pleinement impliquées : le “National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), le National Council for Science and the Environment (NCSE), l‘Environmental Protection Agency (EPA) ainsi que le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (IFREMER), l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES), l’Agence Nationale de la recherche (ANR) et l’Université du Mans.
Les débats ont permis d’aborder les enjeux liés au cycle de vie des déchets plastiques, les méthodes de réduction de ces déchets ainsi que l’impact de cette pollution sur notre environnement et notre santé. L’importance stratégique des aspects légaux, le rôle des institutions nationales ou internationales et des acteurs socio-économiques dans la lutte contre la pollution plastique ont également été soulignés.
Cette première rencontre aura permis de faire progresser la collaboration transatlantique :
Dresser un état des lieux de la connaissance : Malgré la croissance exponentielle du nombre de publications scientifiques sur le sujet, ce séminaire met une nouvelle fois en exergue le manque de données harmonisées concernant l’étendue et l’ubiquité de cette pollution mais également le manque de compréhension des mécanismes de décomposition des plastiques, de leurs impacts sur notre écosystème et des risques éventuels pour la santé humaine.
La fondation Richard Lounsbery, intéressée par le format de ce séminaire transatlantique et sa thématique environnementale, a saisi l’opportunité pour annoncer son soutien à hauteur de $100 000 des premiers projets de recherche conjoints issus de ces rencontres.
Invités au Sénat à Paris, les experts américains ont apprécié et pleinement saisi l’opportunité d’une journée de questions réponses avec les représentants de l’OPECST. Mme. Angèle Préville, Sénatrice du Lot et M. Philippe Bolo, député du Maine-et-Loire ont prolongé cette interaction en participant à l’essentiel du séminaire au Mans.
La solution au problème de la pollution plastique ne sera pas seulement technologique. L’interaction des chercheurs en sciences sociales avec les spécialistes en sciences des matériaux, sciences de l’environnement, en santé sera déterminante pour définir les contours de nouveaux modèles de consommation et de société adaptés aux enjeux. Cet événement a permis d’agréger un premier noyau d’experts et d’acteurs sur lequel d’autres initiatives pourront se greffer.