Crédit photo : Photo Ksenia Luro UChicago News November 19, 2024 (University Of Chicago News)
L’Université de Chicago, un établissement d’excellence engagé à l’international
Classée 10ème au classement de Shanghai, l’Université de Chicago créée en 1890, compte aujourd’hui 101 Prix Nobel, parmi lesquels Barack Obama, prix Nobel de la paix en 2009, ou plus récemment James A. Robinson (Economie) et John M. Jumper (Chimie) en 2024. Cet établissement privé reçoit 18 000 étudiants, dont 7 500 étudiants de 1er cycle (undergraduates) au niveau du College. Avec plus de 43 000 candidatures, le taux d’acceptation est d’environ 5%, et les frais d’inscription se situent autour de 69 000 dollars par an [1].
Outre les rangs de classement nationaux et internationaux, la possibilité de réaliser une partie du cursus à l’étranger fait partie des éléments d’attractivité pour les universités américaines. Les programmes d’études à l’étranger (« Study abroad programs ») pour les étudiants de 1er cycle se sont développés depuis une trentaine d’années, et UChicago propose aujourd’hui 77 programmes dans 31 villes dans le monde, et dispose de cinq antennes : deux campus (Hong Kong et Londres) et trois centres à Pékin, New Delhi, et Paris. Près de la moitié des étudiants de 1er cycle de UChicago partent étudier à l’étranger au moins une fois pendant leur cursus, soit environ 1 000 étudiants prévus au cours de l’année universitaire 2024-25. Paris est la destination la plus populaire. Or le campus parisien, ouvert il y a une vingtaine d’années, était devenu trop petit pour faire face à une demande croissante des étudiants, et à la volonté de développer l’internationalisation.
Le John W. Boyer Center, un nouveau vaisseau amiral pour le campus parisien
Le centre doit son nom à John W. Boyer, professeur d’histoire politique et culturelle européenne des XIXe et XXe siècles, doyen du College pendant 31 ans de 1992 à 2023, qui a joué un rôle déterminant dans la création du centre parisien initial et dans la conceptualisation du programme d’études à l’étranger. [2]
Le nouveau bâtiment de 2 400 m², situé à proximité de la Bibliothèque nationale de France dans le 13e arrondissement de Paris, a été conçu par le célèbre cabinet d’architecture Studio Gang, dirigé par Jeanne Gang, architecte emblématique du renouveau de l’école de Chicago. Imaginé et présenté comme un « Campus vertical » le bâtiment lumineux et sophistiqué, construit autour d’un escalier qui « relie les espaces à la fois physiquement et visuellement » [3], comprend des salles de classe, un amphithéâtre, une bibliothèque, des espaces événementiels, un toit-terrasse végétalisé, et des espaces de travail dédiés aux équipes de recherche et aux chercheurs invités. Les espaces ont été conçus pour pouvoir accueillir des séminaires, conférences ou événements grand-public (débats politiques, conférences scientifiques, expositions d’art et de cinéma), pour favoriser le dialogue, le débat et l’échange d’idées et augmenter la visibilité de UChicago [4] [5].
Comme c’est le cas dans les universités américaines, où le financement des opérations d’envergure est assuré par des levées de fonds massives auprès des anciens élèves (alumni), des parents, des administrateurs et autres donateurs, UChicago a levé plus de 22 millions de dollars pour un investissement total estimé à 30 millions de dollars.
Une capacité accrue pour étudier à l’étranger …
Le nouveau centre pourra donc permettre l’accueil d’environ 500 étudiants par an, soit 125 par trimestre. Les programmes de trois mois sont dirigés par les professeurs de UChicago qui font le déplacement à Paris, de façon à pouvoir assurer un enseignement strictement identique à celui dispensé à Chicago, et à « maintenir les normes académiques élevées de l’université ». La trentaine de cours proposés couvre un large éventail de disciplines, principalement dans le champ des sciences humaines et sociales, mais qui se développe en STEM (Science, Technology, Engineering, Mathematics) avec des programmes en mathématiques, astronomie et neurosciences.
L’avantage pour les étudiants est de pouvoir profiter de l’environnement culturel et scientifique en France et en Europe, voire au Moyen-Orient ou en Afrique : archives, monuments, musées, institutions culturelles, mais aussi centres de recherche de pointe, comme le laboratoire européen pour la physique des particules, CERN, à la frontière franco-suisse. Cependant, le reproche souvent formulé à ce type de campus est de ne pas donner aux étudiants une véritable expérience interculturelle, de les faire vivre en autarcie sans être réellement confrontés à une autre culture, ni ancrés dans la réalité de la vie quotidienne du pays.
… et un Centre de recherche renforçant les collaborations institutionnelles avec la France
Le centre de recherche, International Institute of Research in Paris (IIRP), hébergé au sein du bâtiment permet d’accueillir chercheurs et étudiants de 2ème ou 3ème cycle (graduate students), mais aussi de 1er cycle, avec le concept d’undergraduate research qui vise à familiariser les étudiants avec la recherche de façon précoce, à les initier au raisonnement scientifique et à susciter des vocations. Les quelques thématiques présentées concernent une « Initiative pour une démocratie transatlantique », la « Dynamique de la diaspora noire dans la région transatlantique » en partenariat avec l’Institut des Amériques, ou encore l’étude des « Rayons cosmiques, matière noire, ondes gravitationnelles ». L’objectif affiché de l’IIRP est de multiplier les opportunités d’échange, de collaboration, et de dialogue entre les chercheurs de l’Université et leurs partenaires du monde entier.
L’agrandissement du Centre permettra également de renforcer les partenariats stratégiques de UChicago avec des institutions françaises comme le CNRS. Les collaborations actives entre les deux partenaires avaient été concrétisées par la création en 2022 de l’International Research Center for Fundamental Scientific Discovery (IRC Discovery) sur des thématiques scientifiques allant des sciences humaines et sociales à la physique des particules [6, 7]. Les IRC CNRS (il en existe 6 dans le monde à l’heure actuelle) permettent de (i) mettre en commun des ressources par le biais de programmes de recherche conjoints, de bourses de doctorats (PhD joint programs [8]), de financements de mobilité, (ii) favoriser les réseaux et la création de laboratoires internationaux et (iii) organiser des ateliers pour faciliter les rencontres (cf. [9]). Preuve de l’efficacité de ce dispositif, la fonction d’Associate Director for Administration and Research Coordination du John W. Boyer Center est aujourd’hui exercée par Hugo Toudic, qui a suivi le PhD joint program CRNS/ UChicago.
Rédactrice :
Valerie Livrelli – Attachée pour la Science et la Technologie – Consulat Général Chicago
Références :
1. University of Chicago – Profile, Rankings and Data | US News Best Colleges
2. John W. Boyer | University of Chicago
3. « University of Chicago John W. Boyer Center Paris / Studio Gang » 15 Nov 2024. ArchDaily. Accessed 4 Dec 2024. ISSN 0719-8884
4. About | Center in Paris | The University of Chicago
5. UChicago celebrates opening of John W. Boyer Center in Paris | University of Chicago News
6 . Un nouvel International Research Center entre le CNRS et l’université de Chicago | CNRS
7. IRC Discovery
8. Appel à propositions – Programme de collaboration de recherche UChicago-CNRS 2025-2028 – CNRS Washington
9. Troisième atelier du PhD Joint Program pour promouvoir la collaboration internationale, au sein de l’International Research Center Discovery entre le CNRS et UChicago – CNRS Washington