Alors que le galon d’essence tourne désormais autour de 3 $, les filières agricoles se lancent toutes dans les biocarburants. La fabrication d’éthanol absorbant déjà plus de 13% de la production américaine de Maïs, les entreprises semencières intensifient leurs efforts de recherche, soit pour améliorer les variétés de plantes déjà couramment utilisées Maïs pour l’éthanol, Soja pour le biodiesel), soit pour mettre au point de nouvelles cultures énergétiques qui ne seraient pas en compétition avec les usages à destination de l’alimentation humaine ou animale.
Syngenta espère commercialiser dès 2008 une variété de maïs OGM synthétisant l’amylase, enzyme dégradant l’amidon en glucose. Une telle variété présenterait l’avantage de gagner une étape dans le processus industriel. Monsanto, leader des biotechnologies agricoles, affirme que l’essentiel de l’amélioration variétale pour les biocarburants sera fait par croisement conventionnel. Ainsi, ils screenent les variétés de Maïs connues, à la recherche de celles qui auront les meilleures propriétés pour la fabrication d’éthanol ; Pioneer Hi-Bred International suit la même démarche.
Dupont et Bunge ont quant à eux annoncé il y a quelques semaines que leur joint venture travaillant actuellement à l’amélioration du soja alimentaire allait commencer à développer des variétés de soja destinées spécifiquement à la transformation en biodiesel.
Mais l’éthanol cellulosique, c’est-à-dire l’utilisation de la biomasse au sens large (résidus de récoltes et cultures énergétiques dédiées) est la voie vers laquelle se tournent tous les espoirs ; les spécialistes estiment que la rentabilité économique de cette filière peut être atteinte avant 2012.
Ceres, filiale de Monsanto, travaille en utilisant les croisements conventionnels et les OGM sur une herbe naturelle des Grandes Plaines, le Panic érigé (panicum virgatum ou switch grass). Le Panic ne nécessite ni fertilisant, ni irrigation et représente donc un immense capital énergétique dans la mesure où cette herbe se développe facilement et peut atteindre des rendements de 20 quintaux/hec. Mendel Biotechnology, basé à Hayward, Californie, étudie une variété d’herbe provenant de Chine, le Miscanthus ; les rendements pourraient atteindre cette fois les 50 quintaux/hec.
Enfin, le dernier candidat pour la fabrication d’éthanol cellulosique serait le Peuplier, premier arbre entièrement séquencé et sur lequel le Department of Energy travaille à l’heure actuelle, en essayant d’abaisser sa teneur en lignine.
Toutes ces nouvelles possibilités agronomiques ne vont pas sans rencontrer une certaine réticence de la part des mouvements écologiques qui émettent des réserves face à ces nouvelles pratiques qui fragilisent les plantes et multiplie les risques de contamination par pollinisation croisée (en particulier avec les cultures pérennes). D’autres redoutent que ce nouveau débouché énergétique pousse les agriculteurs à arrêter les rotations pour ne faire qu’une seule culture, ce qui multiplierait les risques de développement de maladies et de parasites et appauvrirait les sols. La question reste donc de savoir si la menace de dépendance énergétique justifie ces prises de risque puisque les ‘OGM énergétiques’ trouvés pour l’instant n’améliorent que de 2 à 5% la production d’éthanol. Il y a cependant fort à parier que les réticences du grand public diminuent à mesure que le prix de l’essence d’envole.
Source :
New York Times, Friday, 08/09/2006 – https://www.nytimes.com/
Pour en savoir plus, contacts :
– https://bioenergy.ornl.gov/papers/misc/switgrs.html
– https://www.fcps.k12.va.us/StratfordLandingES/Ecology/mpages/switch_grass.htm
– https://redirectix.bulletins-electroniques.com/Jgsh
– https://www.ucsusa.org/clean_energy/renewable_energy_basics/offmen-how-biomass-energy-works.html
– https://www.checkbiotech.org/root/index.cfm?fuseaction=news&doc_id=13478&start=1&control=170&page_start=1&page_nr=101&pg=1
Code brève
ADIT : 39112
Rédacteur :
Jean-Pierre Toutant, [email protected] – Claire Notin, [email protected] – Lucas Guillet, [email protected]