L’Arctique, où les températures augmentent à un rythme deux fois plus important que la moyenne mondiale, est l’une des régions du globe où les transformations à l’œuvre sont les plus visibles et les plus menaçantes. Le changement climatique a des conséquences sur l’environnement et, de fait, sur les populations et les systèmes socio-économiques liés à cette région du monde. L’Arctique représente également un enjeu géostratégique pour les Etats qui y possèdent des terres comme pour les grandes puissances qui le convoitent pour ses importantes réserves d’hydrocarbures et les nouvelles routes maritimes ouvertes par l’accélération de la fonte des glaces. Les Etats-Unis cherchent à placer leurs pions dans cette concurrence régionale. Via l’Alaska, ils possèdent des terres au-delà du cercle polaire arctique et sont donc membres permanents du Conseil de l’Arctique regroupant les huit Etats arctiques.
Un des organes fédéraux chargés de la politique arctique des Etats-Unis est le comité inter-agences pour les politiques de recherche arctique, l’IARPC. Créé par le Congrès en 1984 pour mettre en œuvre la loi Arctic Research and Policy Act (ARPA), et rattaché depuis 2010 au National Science and Technology Council (NSTC), un organe de l’Office of Science and Technology Policy (OSTP) de la Maison Blanche, l’IARPC regroupe 14 agences, bureaux et départements fédéraux. Il est rattaché à la National Science Foundation (NSF) et dirigé par son directeur. L’IARPC est chargé de coordonner la recherche arctique, d’améliorer la surveillance scientifique de la région et de promouvoir les coopérations nationales et internationales. Tous les cinq ans, l’IARPC est missionné selon les termes de la loi ARPA pour proposer et mettre en œuvre un plan pluriannuel pour la recherche arctique, en lien avec l’Arctic Research Commission (USARC), l’Etat d’Alaska, les habitants de la région arctique, le secteur privé et les associations.
Le plan 2022-2026 pour la recherche arctique rédigé par l’IARPC présente la stratégie américaine de recherche fondamentale et appliquée pour améliorer la connaissance des systèmes arctiques, qui sont par nature des systèmes interconnectés d’une grande complexité, au croisement de la gestion des ressources, de la préservation des écosystèmes et du développement des populations, impliquant également une multitude d’acteurs : populations locales, autorités politiques tribales, étatiques, instituts de recherche, secteur privé et organisations internationales.
Le nouveau programme pluriannuel se concentre sur quatre domaines prioritaires d’action.
- La résilience et la santé des communautés, par le renforcement de la recherche et le développement d’outils destinés à améliorer la compréhension des systèmes sociaux et naturels en Arctique.
- La compréhension des systèmes arctiques. Le plan prévoit d’améliorer la connaissance des dynamiques de l’Arctique et de leurs interactions avec le système Terre, pour mieux les anticiper.
- La promotion des économies et des modes de vie durables, par des recherches fondamentales et exploitables permettant d’améliorer la sécurité alimentaire et énergétique des populations.
- La gestion des aléas et l’atténuation des risques, en œuvrant pour une meilleure compréhension des risques existants et en renforçant les capacités d’adaptation des populations locales.
Ces priorités doivent être mises en œuvre au moyen de cinq modalités d’actions principales : la gestion de données ; la surveillance, l’observation, la modélisation et la prévision ; la formation et le renforcement des capacités ; la recherche participative et l’inclusion des populations autochtones ; l’innovation technologique et ses applications.
Le plan reconnaît aussi l’importance de la collaboration internationale dans la recherche arctique, particulièrement pour la collecte, l’analyse et la modélisation des données.
« Assurer le leadership des États-Unis avec une forte présence de la recherche dans l’Arctique est absolument essentiel alors que nous nous efforçons de faire face à la crise climatique sur tous les fronts », a déclaré Eddie Bernice Johnson, représentante démocrate du Texas et présidente de la commission des sciences, de l’espace et la technologie. Elle a également rappelé « l’importance de la collaboration et des partenariats entre les organisations autochtones, les agences scientifiques fédérales, le monde universitaire, les communautés arctiques, les partenaires internationaux et d’autres acteurs. »
La France est l’un des acteurs majeurs de la recherche polaire au niveau mondial et possède l’une des communautés scientifiques les plus actives en Arctique comme en Antarctique. En juin dernier, elle a accueilli à Paris la 43e réunion consultative du Traité sur l’Antarctique. Le président de la République a confié à M. Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur des Pôles et des Enjeux Maritimes, la mission de présenter prochainement une actualisation de la stratégie polaire française.