Les dernières statistiques sur les délivrances de doctorats aux Etats-Unis confirment le rôle crucial des étudiants internationaux en science et technologie

Partout dans le monde, les doctorants sont des contributeurs essentiels à la production de recherche, en particulier universitaire.

Le National Center for Science and Engineering Statistics (NCSES) de la National Science Foundation (NSF), a publié le 2 décembre 2024 ses dernières statistiques sur les diplômes de doctorat délivrés aux Etats-Unis, qui correspondent à l’année académique 2022-2023 [1]  Trois autres agences ont été associées à leur élaboration : les National Institutes of Health, le Department of Education, et le  National Endowment for the Humanities.

A la différence de la France (qui délivre environ 14500 doctorats par an, et  où le nombre d’inscriptions en doctorat a baissé tout au long de la dernière décennie, notamment en sciences humaines et sociales, les sciences exactes et sciences du vivant étant elles pratiquement stationnaires [2]), le nombre de doctorats délivrés aux Etats-Unis poursuit globalement sa hausse depuis 20 ans (+41% entre 2003 et 2023). 57 862 diplômes de doctorat ont été délivrés en 2022-2023 (Figure 1)

Parmi eux, 45 402 relèvent des sciences et de l’ingénierie (soit 79%), qui dans la classification du NCSES incluent les mathématiques et statistiques, l’informatique, les sciences physiques, l’ingénierie, les sciences biologiques et biomédicales, la biologie, l’agronomie et les ressources naturelles, les géosciences, sciences de l’océan et de l’atmosphère et les sciences sociales.

Sur la période 2003-20023 le nombre de doctorats délivrés en sciences et ingénierie  a augmenté de 70%. Il a également augmenté en gestion ; il a en revanche diminué en humanités, art et éducation.

47% des nouveaux docteurs sont des femmes. Mais tandis qu’elles représentent 74% des doctorats délivrés en psychologie, 73% en éducation et 69.9% en santé, elles ne représentent que 27.5% des doctorats délivrés en mathématiques, 26.5% en ingénierie et 26.4% en informatique.

70% des diplômés ont indiqué que leur travail de recherche avait été perturbé par la pandémie de COVID19, et 54% que la soutenance de leurs travaux avait été retardée.

Le rapport confirme l’importance cruciale des doctorants étrangers pour la recherche américaine : La proportion de nouveaux docteurs présents aux Etats-Unis avec un visa temporaire est de 44.8% (un élément de comparaison partiel est la proportion de doctorants en mobilité internationale en France : 36.1% en 2022-2023 [3]); mais elle atteint 62% pour l’informatique et 55.7% pour l’ingénierie, 53% en mathématiques et statistiques ; elle est la plus faible  en santé (24.6%), psychologie (10.1%), arts et humanités (22.7%).

En vingt ans, le flux annuel de nouveaux docteurs en sciences et ingénierie titulaires de visas temporaires a augmenté de 93%.  A noter que les données publiées par le NCSES ne font pas la distinction entre les citoyens américains et les résidents permanents : elles ne permettent donc pas d’estimer la contribution des étudiants étrangers titulaires d’une “green card”.

Le premier pays d’origine des nouveaux docteurs titulaires de visas temporaires reste de très loin la Chine (35.2%), suivie par l’Inde (14.6%), la Corée du Sud (5.9%) l’Iran (3.4%), le Bangladesh (2.9%), l’Arabie Saoudite (2.6%). La France n’arrive qu’en 27e position avec 112 diplômés (0.6%).

L’enquête s’intéresse également au devenir des nouveaux docteurs. En sciences et ingénierie, 74% des répondants ont une proposition d’embauche ou de post-doc  (l’intervalle allant de 68% pour le domaine biologie / biomédical à 80% pour la psychologie). En gestion, la proportion atteint 85.9%, en arts et humanités 65%.

Il est noté une baisse de la poursuite en  post-doc dans la plupart des domaines depuis 20 ans (entre 2023, la proportion de jeunes docteurs en mathématiques et statistiques poursuivant en post-doc est passée de 70% à 27% ; en informatique, elle est passée de 59% à 22%), Corrélativement, en sciences de l’ingénieur, 80% des nouveaux docteurs poursuivent dans le secteur privé dans une autre voie que le post-doc. Ces tendances confirment le défi du recrutement des futurs enseignants-chercheurs dans ces domaines face à la concurrence du secteur privé.

Par ailleurs, pour 80% des nouveaux docteurs en science et ingénierie titulaires de visas temporaires ayant une proposition d’embauche hors post-doc, celle-ci concerne un emploi sur le territoire américain. La proportion atteint même 88 à 80% en biologie, informatique et ingénierie.

Une très forte majorité des doctorants étrangers accueillis aux Etats-Unis contribuent donc ensuite à répondre aux besoins critiques d’attraction et de rétention de talents en STEM de l’économie américaine, sur lesquels un rapport des National Academies a récemment attiré l’attention [4].

 

Rédacteur : Joaquim Nassar, attaché pour la Science et la Technologie, Washington DC

[email protected] 

 

[1] https://ncses.nsf.gov/surveys/earned-doctorates/2023

[2] https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/FR/EESR17_R_38/le_doctorat_et_les_docteurs/

[3]  https://publication.enseignementsup-recherche.gouv.fr/eesr/FR/EESR17_ES_16/les_etudiants_en_mobilite_internationale_dans_l_enseignement_superieur/

[4]  https://www.nationalacademies.org/news/2024/08/united-states-needs-new-strategy-to-recruit-and-retain-stem-talent-says-new-report 

 

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