Durant les trois jours, les discussions ont abordé des questions liées à l’impact du changement climatique sur les écosystèmes, à l’impact sociétal des changements environnementaux et à la notion de justice climatique, et à la manière dont la crise sanitaire actuelle peut nous guider sur la voie d’une relance verte.
Climat et Écosystèmes
L’augmentation des émissions de CO2 représente un défi dans la lutte contre le changement climatique. A travers la photosynthèse, les forêts re-capturent une grande partie du CO2 atmosphérique et participent ainsi à la régulation du climat. L’allocution d’ouverture de Jacqueline Mohan, Professeure associée en Ecologie à University of Georgia, a mis en perspective l’importance des couverts forestiers et du type d’occupation des sols dans la lutte contre le changement climatique. En Géorgie, les programmes de reforestation pourraient permettre de stocker jusqu’à 1 million de tonnes de CO2 d’ici à 2030 ; cela en plantant 7% des pâtures de l’Etat avec des essences locales, améliorant à la fois la biodiversité et la qualité d’exploitation des élevages. Le changement climatique a également des effets inattendus ; le sumac vénéneux est par exemple bien plus toxique lorsque la concentration de CO2 atmosphérique augmente. Jacqueline Mohan suggère d’utiliser ces phénomènes, très largement médiatisés, pour sensibiliser le public à la question environnementale.
Cette introduction a été complétée par une discussion entre des experts internationaux en science de l’environnement: Jenny McGuire, (Georgia Tech), Jérôme Gaillardet (Institut de Physique du Globe de Paris), Jennifer Marlon (Yale University), Shyla Raghav (Conservation International) et Joel Kostka (Georgia Tech). Une des questions abordées portait sur le rôle primordial des écosystèmes côtiers comme barrière littorale contre les évènements climatiques extrêmes. Les participants ont souligné l’importance des parties prenantes – chercheurs, associations, gouvernement, population – pour créer des programmes de protection et de recherche intégrés, qui répondent aux besoins des territoires. Jennifer Marlon a ainsi indiqué que 70% des américains considèrent le changement climatique comme un problème à long terme, et seulement 60% considèrent que les Etats-Unis seront impactés. Les chercheurs doivent donc encore faire oeuvre de pédagogie pour inclure les populations dans leurs réflexions et les informer.
Justice environnementale et climatique
La seconde journée du Global Climate Action Symposium avait pour thème la notion de justice environnementale et climatique. L’allocution d’ouverture de Na’Taki Osborne Jelks, Professeure associée au sein du programme de Environmental and Health Science du Spelman College d’Atlanta, portait sur la relation entre la Santé et l’Environnement et les inégalités qui en dérivent. Na’Taki Osborne Jelks a ouvert son propos en citant l’exemple de la Cancer Alley, zone industrielle de Baton-Rouge (LA) où elle a grandit et où l’activité industrielle environnante est associée à une surreprésentation de certains cancers dans la population. Les communautés les plus touchées sont les populations noires défavorisées, souvent repoussées en périphérie des centres urbains. Les travaux de Na’Taki Osborne Jelks à Atlanta visent à accompagner ces communautés de manière à documenter les problèmes auxquelles elles sont confrontées auprès des décideurs publics. L’exemple de la Proctor Creek, rivière d’Atlanta fortement polluée au niveau des quartiers périphériques et sujette à des crues soudaines, a servi de cas d’école dans la manière dont ce type de projet peut servir à interpeller les autorités gouvernementales.
Des spécialistes du droit de l’environnement et des représentants de fondations travaillant sur des programmes d’aide aux communautés défavorisées sont ensuite intervenus : Bernie Burgener (Greenhouse Accelerator), Marta Torre-Schaub (Paris 1 Pantheon-Sorbonne), Rebecca Watts Hull (Georgia Tech), Jalonne White-Newsome (Kresge Foundation) et Eboni Preston (Greening Youth Foundation). Ces échanges ont été riches de réflexions sur le rôle des parties prenantes, publiques et privées, dans la justice environnementale ainsi que sur la place de la science et des populations dans le débat public. La notion de justice environnementale et climatique continue de se formaliser et les participants ont appelé à la mettre au centre des négociations sur le climat, que ce soit à l’échelle locale ou globale.
COVID-19 et relance verte
La dernière journée du Global Climate Action Symposium s’est intéressée à la réponse des gouvernements face à la crise provoquée par la COVID-19. La journée s’est ouverte par une discussion entre Marcel Beukeboom (Ambassadeur des Pays-Bas pour le climat), Laura Taylor (Georgia Tech) et Mirjana Spoljaric Egger (Programme des Nation Unis pour le Développement). La COVID-19 est une crise globale qui impacte les populations à l’échelle locale ; on peut donc comparer la gestion de la crise sanitaire aux problèmes de gouvernance climatique, ouvrant ainsi de nouvelles pistes de réflexions. Les Etats ont réussi à synchroniser très rapidement leurs stratégies sanitaires pour répondre aux enjeux d’endiguement de la pandémie. Quelles pistes ces politiques ouvrent-elles pour répondre aux enjeux environnementaux ? Les participants ont ici encore souligné les relations entre santé et environnement, ainsi que la nécessité de créer des synergies entre ces politiques publiques.
Dans une deuxième partie, Vicky Arroyo (Georgetown law) a échangé avec Dagmara Koska, membre de la Délégation Européenne à Washington sur les questions énergétique et du climat. Les discussions ont porté sur le plan de relance adopté par l’Union Européenne en réponse au COVID-19 et ses engagements en faveur du climat : conformité des dépenses à l’accord de Paris, objectif de neutralité carbone en 2050 et émission d’obligations vertes.
Rédacteur : Yann Méheust, Attaché adjoint pour la Science et la Technologie.