Une dernière escale étatsunienne à Boston pour l’Energy Observer, laboratoire flottant propulsé par des énergies renouvelables

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“Avant de monter à bord, je vous prierais de ne garder que vos chaussettes, ou bien d’enfiler ces sur-chaussures”, nous prévient Marin Jarry, directeur armement et capitaine de bordée de l’Energy Observer, dès notre arrivée sur le ponton où le catamaran est amarré. Il ne s’agirait en aucun cas d’abimer les panneaux solaires recouvrant la quasi-totalité de la surface du catamaran, qui semble tout droit sortir d’une vue d’artiste. Au début du mois de mai, le long de la promenade du port, près de Rowes Wharf, les bostoniens ont pu observer durant plusieurs jours ce navire atypique. Le Consulat Général de France à Boston a eu l’opportunité d’effectuer une visite sur ce bateau, d’en apprécier l’histoire afin de mieux en comprendre ses enjeux.

 

L’Energy observer, un bateau récent à l’histoire déjà bien remplie….

L’Energy Observer est un projet innovant de bateau autonome en énergie, lancé en 2017 en France. Ce navire, anciennement un catamaran de course, a été transformé pour fonctionner uniquement avec des énergies renouvelables, combinant l’énergie solaire, éolienne et hydraulique, ainsi qu’une technologie de production d’hydrogène à partir de l’eau de mer. L’objectif du projet est de démontrer qu’un modèle énergétique basé sur les énergies renouvelables et l’hydrogène est viable, même dans des conditions extrêmes comme celles rencontrées en mer. Energy Observer effectue un tour du monde pour promouvoir les technologies durables et sensibiliser le public aux enjeux environnementaux. 

Pendant son Odyssée qui aura duré sept ans, le navire aura parcouru plus de 20 000 miles nautiques sur tous les océans dont une partie autour de de l’Amérique du Nord. France Science avait notamment consacré un article en 2021 avant son arrivée à San Francisco. Son parcours en milieu d’année 2024 lui fait découvrir la côte Est des Etats-Unis. Il aura  fait escale à  Miami en Floride, Washington D.C., New-York City, Mystic Seaport dans le Connecticut, Newport dans le Rhode Island avant d’arriver dans le Massachusetts à Boston, sa 89ème escale, avant un retour en France à Saint Malo à l’automne.

 

L’Energy Observer amarré au port de Boston. L’une de ses voiles est abaissée.

 

… qui est devenu au fur et à mesure un véritable laboratoire flottant, avec des résultats exploités en vue d’améliorer encore son efficacité…..

L’Energy Observer est avant tout un laboratoire flottant, qui vise à tester en conditions réelles une multitude d’avancées technologiques, qu’elles soient directement ou non reliées à des enjeux de lutte contre le changement climatique. Pour celles qui le sont, l’Energy Observer s’est donné pour objectif d’être un grand démonstrateur des solutions techniques innovantes à base d’énergies renouvelables et à faible émission de carbone. En effet, le navire est équipé de panneaux photovoltaïques et de voiles automatisées permettant d’exploiter les énergies solaire et éolienne. Deux systèmes viennent lisser la disponibilité de ces énergies, par essence intermittentes : un système de stockage électrochimique de l’énergie à base de batteries (Li-Ion) et un système Hydrogène constitué d’un  électrolyseur pour produire de l’Hydrogène, de réservoirs  de stockage d’hydrogène et de piles à combustible pour fournir l’énergie électrique au navire. En cas de surproduction d’énergie (que le bateau soit amarré ou non) la puissance non utilisée pour faire avancer le navire peut être transformée, et stockée dans ces deux systèmes. En plus d’avancées purement technologiques, des enseignements plus pratiques viennent compléter le panel des résultats obtenus grâce au navire. Marin nous confie par exemple faire “l’éloge de la lenteur”. Les frottements dus au contact avec l’eau étant quadratiques avec la vitesse, la puissance demandée l’est aussi. Par exemple, réduire de 20% la vitesse du navire permet de réduire de 24% l’ensemble des émissions de carbone sur un trajet.  De manière générale, tous les enseignements tirés lors de ces sept années de navigation permettent désormais à l’équipe de l’Energy Observer de se tourner vers le futur, et notamment vers la réalisation de nouveaux projets. Aujourd’hui, leur regard est principalement tourné vers l’Energy Observer 2, un bateau de cargo de taille moyenne (240 conteneurs) encore au stade de concept, qui viserait à faire face aux défis des transports maritimes de marchandises dans la lutte contre le réchauffement climatique et dans la recherche de solutions énergétiques à faible émission de carbone.

 

Image de synthèse du projet de l’Energy Observer 2

 

… mais qui se veut surtout emblème des énergies renouvelables, via sa mission éducative.

Le voyage de l’Energy Observer n’a pas uniquement pour objectif de collecter des données scientifiques, il a aussi pour ambition d’éduquer sur le changement climatique, et le champ des possibles en matière de transition énergétique et de sources d’énergies bas carbone. Communiquer quant à cette odyssée est essentiel : “notre action n’aurait pas de sens si nous n’avions aucun moyen de communiquer nos résultats”, nous rappelle Marin. Sur le bateau, la répartition entre ingénieurs et reporters est d’ailleurs équilibrée. Au moment de notre visite, nous avons même rencontré un écrivain, qui suivait l’équipage depuis plusieurs semaines pour s’immerger dans cet environnement maritime singulier, afin de mieux le narrer. Cette partie du voyage en Nouvelle Angleterre aux États-Unis a aussi été l’occasion de rencontres avec des universités (notamment le MIT), des institutions, des visites de sites fabuleux comme Mystic Seaport et Newport,  ou encore des investisseurs privés : ces rencontres semblent de bonne augure concernant les nouveaux projets en cours, comme le développement de l’Energy Observer 2, ou bien d’autres non encore dévoilés.

Rédacteurs : Lou Arrouays, Thomas Chambrillon, Attaché adjoint pour la Science et la Technologie, Boston

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