Implications de la résurgence des populations de cerfs et de loups en zones rurales

Quelles incidences de l’augmentation des populations de cervidés et de loups en zones rurales ? Des éléments de réponses sont fournis par une étude franco-américaine publiée dans Biological Reviews, à travers une analyse coûts-bénéfices de l’augmentation des populations de cerfs et de loups, et de leurs interactions avec les activités humaines.
laura-crowe-qehICSjlQf0-unsplash

Une équipe franco-américaine composée de chercheurs de l’Unité Mixte de Recherche IRD-CNRS et de l’Université de Wisconsin-Madison a publié, dans la revue Biological Reviews, une analyse coûts-bénéfices de l’augmentation des populations de cerfs et de loups, et de leurs interactions avec les activités humaines. Cette équipe est composée de Jean-Louis Martin et Simon Chamaillé-Jammes, du Centre d’Écologie Fonctionnelle et Évolutive (Unité Mixte de Recherche IRD-CNRS), ont collaboré avec Donald M. Waller, de l’Université de Wisconsin-Madison.

Les chercheurs apportent des éléments de réponse au débat sur les conséquences du rétablissement des courbes de population de ces espèces dans plusieurs parties de l’hémisphère Nord. Ces deux espèces interagissent de façons complexes entre elles, avec leur environnement ainsi qu’avec les humains.

 Leurs résultats sont basés sur une revue de littérature, grâce à laquelle ils ont inventorié les coûts et les bénéfices directs et indirects (sur les écosystèmes, les paysages et les activités humaines) de la présence des cerfs d’un côté, des loups de l’autre, puis leurs conséquences croisées.

Les représentations des coûts varient selon l’animal et selon les acteurs. Ainsi, les dégâts causés par les cerfs (problèmes de régénération forestière, appauvrissement des peuplements, augmentation des parasites tels que les tiques, etc.), tendent à être minorés dans l’esprit des chasseurs, les agriculteurs ou la population en général, alors même qu’ils peuvent être importants. Les prédations de loups sont par ailleurs fortement ressenties par les agriculteurs, ce qui est à l’origine d’une asymétrie de perception et générant des conflits entre les acteurs.

 

Illustration de l’asymétrie d’appréciation (biais de confirmation) des coûts et bénéfices respectifs des cerfs et des loups, dans un contexte de forte densité de cerfs

Lecture : les figures A et D schématisent des représentations plus fréquentes que B et C. La taille des cases dans chaque figure représente l’importance relative des coûts et des avantages pour une catégorie donnée. La taille et la forme des flèches reflètent l’importance relative accordée aux coûts ou avantages spécifiques lors de l’élaboration d’un argument : les flèches pleines identifient les biais de confirmation, les flèches en pointillés les biais par rapport aux preuves fournies

 

Les chercheurs concluent que si la coexistence est le but, la présence de cerfs comme de loups doit perdurer de façon compatible aux intérêts humains. Ces intérêts doivent néanmoins être inclusifs, et il est nécessaire de reconnaitre à leur juste valeur tous les coûts et bénéfices induits par ces espèces, et notamment leur valeur intrinsèque. Des changements dans les attitudes humaines et l’apprentissage culturel, déjà en cours, vont modifier les interactions écologiques avec les cerfs et les loups.

 

Partager

Derniers articles dans la thématique
,