« Biotechnologie » ne signifie pas, comme beaucoup pourraient le penser, « technologie verte ». Il s’agit, selon le Larousse, de « toute technique utilisant des êtres vivants (micro-organismes, animaux, végétaux), généralement après modification de leurs caractéristiques génétiques, pour la fabrication industrielle de composés biologiques ou chimiques (médicaments, matières premières industrielles) ou pour l’amélioration de la production agricole (plantes et animaux transgéniques ou OGM [organismes génétiquement modifiés]). ». Néanmoins, la biotechnologie peut ouvrir la voie à une industrie plus verte.
Résoudre des problèmes environnementaux à l’aide de biotechnologies
« Alors que le changement climatique menace notre avenir, de nombreuses industries se tournent vers la biotechnologie pour trouver des solutions permettant de rendre tous les aspects de notre vie plus durables pour l’environnement. La biotechnologie occupe une position unique pour remplacer les matériaux et les processus chimiques polluants par des alternatives biologiques plus durables. Ce domaine scientifique s’appuie sur des millions d’années d’évolution au cours desquelles les êtres vivants se sont spécialisés dans la production et le recyclage de toutes sortes de composés et de matériaux. Ces processus biologiques peuvent être utilisés pour décomposer efficacement les déchets et produire des matériaux avec une consommation d’eau, de terre et d’énergie moindre que les méthodes traditionnelles. Le nombre d’applications où la biotechnologie pourrait faire une différence vers la durabilité est pratiquement illimité.” Voici les mots avec lesquels Clara Rodriguez Fernandez introduit son article : 10 moyens par lesquels la Biotechnologie rend le monde plus durable, dans lequel elle développe des exemples d’applications de la biotechnologie dans les bioplastiques, les détergents enzymatiques, les biocarburants, la viande cultivée, les arômes, les matériaux de construction, les bio-fertilisants, les bio-pesticides, les cosmétiques et les vêtements, pour réduire l’impact environnemental de ces industries.
Mais, que se passe-t-il concrètement en Californie du Sud dans cette perspective ?
La Californie du Sud : région pionnière de la biotechnologie
Principalement connue pour son industrie audiovisuelle, la Californie du Sud (qui comprend les écosystèmes de Los Angeles et de San Diego) est également une région à la pointe de la science et de la technologie : la troisième après Boston-Cambridge et la baie de San Francisco. À cet égard, le secteur des sciences de la vie, de la santé et de la biotechnologie de San Diego connaît une croissance importante. Entre levées de fonds record pour les startup locales et fort intérêt des groupes d’investissement immobilier pour la construction de nouveaux espaces de recherche, cette dynamique est alimentée par le fort engouement pour les domaines des sciences de la vie, de la santé et des biotechnologies. L’investissement dans les biotechnologies permet de plus en plus de recherche et d’innovation, et aide ainsi les scientifiques à proposer de nouvelles solutions pour améliorer les technologies existantes, voire à en créer de nouvelles. La Californie du Sud offre de nombreux exemples de startups utilisant les biotechnologies pour aider à réduire la pollution et préserver la biodiversité.
Voici donc quelques exemples de startups Sud-Californiennes qui développent de telles solutions.
Gaiamer Biotechnologies fabrique des produits en plastique biodégradable pour remplacer le plastique à base de pétrole.
Chaque jour, des milliards de tonnes de plastique à base de pétrole sont générées, détruites et continuent leur vie dans la nature. « D’ici 2050, on estime qu’il y aura plus de plastique dans l’océan que de poissons. »
Si le plastique en tant que matériau nuit à l’environnement (sa production est très polluante, sa désintégration sans fin a une énorme empreinte carbone et sa présence dans les écosystèmes met en péril la biodiversité), ceci est accentué par son utilisation généralisée dans notre vie quotidienne : la production mondiale de plastique a été multiplié par 190 entre 1950 et 2015.
Gaiamer Biotechnologies a créé un plastique compostable et biodégradable d’origine végétale et sans pétrole. Techniquement, ce plastique végétal est assez proche de la résine à base de pétrole : il peut être façonné et travaillé comme les plastiques traditionnels. Par ailleurs, ils le promeuvent comme ayant un cycle de vie circulaire : la terre fabriquée à partir de compost peut être utilisée pour faire pousser de nouvelles plantes qui seront transformées en plastique.
Néanmoins, il faut garder à l’esprit que l’ensemble du processus (qui comprend notamment la production) ne peut ne pas être 100 % neutre en carbone, car, comme dans tout cycle de vie d’un produit, la transformation et la fin de vie ont toujours un impact.
En savoir plus : https://gaiamer.com/
MOZZA : Développer la science pour créer des vrais fromages laitiers à partir de plantes
Pour répondre à la demande croissante en fromage végétalien, Mozza développe un fromage végétal fabriqué à partir des mêmes protéines que celles que l’on trouve dans le lait de vache. « Et parce que c’est du fromage laitier, il fondra comme du fromage laitier, s’étirera comme du fromage laitier et aura un goût aussi délicieux que la mozzarella que vous aimez. », avancent-ils. De quoi convaincre la communauté végane, mais peut-être pas nos intolérants au lait de vache…
Pourquoi est-ce plus vert ? Les vaches émettent beaucoup de méthane, l’un des gaz à effet de serre les plus polluants. De plus, leur élevage a un coût énergétique dans son ensemble (production de matières premières pour les nourrir, acheminement, entretien des troupeaux, abattage, conditionnement, transport…). Enfin, la perspective éthique du bien-être animal peut ne pas sembler directement liée à la réduction de l’impact carbone en premier abord, mais moins d’élevage intensif signifie plus de terres disponibles pour la culture. C’est donc plus de ressources alimentaires car 1/ on peut cultiver des plantes sur les surfaces qui servaient auparavant à l’élevage et 2 / il n’y a plus à nourrir les troupeaux, les cultures vont donc directement pour l’alimentation humaine) et/ou pour la vie sauvage (ce qui réduit les atteintes à la biodiversité).
En savoir plus : https://www.mozzafoods.com/
GENOMATICA et Asahi Kasei : un partenariat pour développer du Nylon 6,6 plus durable
Environ 2 millions de tonnes de nylon sont fabriquées chaque année. Le nylon 6,6 est composé d’environ 50 % de HMD (hexaméthylènediamine, également abrégé HMDA) et de 50 % d’acide adipique. Genometica est une startup basée à San Diego qui développe « des conceptions complètes et intégrées de processus et d’usines de fabrication qui utilisent la biotechnologie, la fermentation et des matières premières renouvelables pour fabriquer des ingrédients et des matériaux largement utilisés avec une empreinte carbone plus faible ».
Ils ont récemment convenu de s’allier avec la société japonaise Asahi Kasei pour développer du Nylon 6,6 d’origine renouvelable en utilisant le HMD biosourcé produit par le leader des matériaux durables Genometica, au lieu du HMD provenant des combustibles fossiles. Ce HMD renouvelable est fabriqué à partir de sucres présents dans les plantes, et participe ainsi à la réduction des émissions de carbone liées à la production de Nylon 6,6. Le nylon 6,6 biosourcé réduit donc significativement l’utilisation des énergies fossiles, ces ressources non renouvelables dont l’extraction et la transformation sont polluantes.
Néanmoins, le chemin pourrait être long pour que Asahi Kasei, fournisseur mondial de produits matériels, domestiques et de soins de santé, atteigne la neutralité carbone…
En savoir plus : https://www.genomatica.com/ et https://www.asahi-kasei.com/
CHROMADEX : une entreprise mondiale dédiée au vieillissement
ChromaDex est un fournisseur de produits phytochimiques, de produits botaniques et de produits de recherche pour les industries proposant des matières naturelles.
Par exemple, ils ont découvert que le nicotinamide riboside « pourrait augmenter les niveaux de NAD+, une fonction vitale de la santé cellulaire qui favorise un vieillissement sain ». Cet ingrédient révolutionnaire a ainsi été utilisé pour développer un produit nutritionnel et thérapeutique : Niagen®, qui a été « validé par une recherche clinique approfondie comme étant sûr et efficace pour booster les niveaux de NAD+ ».
ChromaDex livre, acquiert, développe et commercialise des ingrédients actifs tels que ce Niagen®, IMMULINA™ (un extrait de spiruline) et AnthOrigin™ (anthocyanines dérivées du maïs violet extrait à l’eau qu’ils produisent sur place).
En mettant sur le marché ces ingrédients peu transformés, ChromaDex se présente comme un premier maillon dans la chaîne de fabrication de produits sains pour la planète et pour les consommateurs.
En savoir plus : https://www.chromadex.com/
Est-ce suffisant?
Gaiamer Biotechnologies n’est pas la seule entreprise à travailler sur une manière plus durable de fabriquer du plastique. Pourtant, il faut se demander : et si on arrêtait d’utiliser des matériaux à usage unique dès que cela est envisageable (certains domaines, comme la médecine, peuvent difficilement passer totalement à des matériaux 100% réutilisables) ? Le plastique à base de plantes est une excellente alternative aux produits à usage unique, mais la conversion à un mode de vie sans plastique et à des articles réutilisables semble préférable.
Nous pouvons acheter de plus en plus facilement des viandes végétales et des fromages végétaux au goût de “vraie” viande et de « vrai » fromage. C’est peut-être plus vert (et inoffensif pour les animaux si vous êtes sensible à cette cause), mais cela requiert cependant de lourdes étapes de transformation des végétaux (extraire les molécules nécessaires à la réalisation de ces nouveaux produits et formuler le produit). Par conséquent, ne serait-il pas encore préférable d’arrêter de manger ces choses et de profiter de la nourriture “crue” que la Nature met sur la table ?
Et concrètement, comment fait-on?
D’abord, si vous êtes arrivé à ce point, c’est que vous faites partie de ceux qui sont prêts à agir.
Bien sûr, personne n’est neutre en carbone : la vie est intrinsèquement énergivore. Mais les actions positives font la différence : consommer moins, réduire la consommation de viande (du moins de bœuf), acheter local, éviter les voyages en avion et préférer les transports en commun à la voiture, utiliser moins d’eau, recycler… et tout cela est aussi économique !
Pour vous éclairer sur ce sujet, Lynda Amichi et Renaud Seigneuric, représentants à Houston du Service pour la Science et la Technologie de l’Ambassade de France aux États-Unis, nous ont donné quelques conseils. Pour célébrer le Jour de la Terre, ils ont proposé un Café des Sciences en ligne sur « le sujet émergent des low-techs, avec un panel au carrefour de la science et de l’industrie, à un moment opportun pour notre Planète ». Ils ont véhiculé l’idée que « les principales solutions proposées par les États, les industries et les scientifiques reposent pour la plupart sur le développement de la recherche et de l’innovation de haute technologie avec une multitude de solutions complexes », mais que « avec une promesse de performances, de croissance et de productivité régulières et fiables, une petite place est laissée aux alternatives qui tiennent compte des composantes sociales, institutionnelles et citoyennes » pour résoudre les problèmes environnementaux.
Vous l’avez manqué?
Ne vous en faites pas ! (Houston, vous recevez? Los Angeles vous fait de la pub !)
Pour en savoir plus sur la discussion passionnante au cours de laquelle des experts français et américains ont conjointement abordé, dans une première session, la raison pour laquelle les Low-Techs sont un moyen d’être plus durable, résilient et efficace, et ont donné, dans une deuxième session, quelques exemples d’ Applications Low-Techs, cliquez ici.
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Rédactrice :
Clara Devouassoux, Attachée adjointe pour la Science et la Technologie au Consulat de France à Los Angeles, [email protected]