Bulletin d’actualité Espace n°21-08

Bulletin d’actualité rédigé par le Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg à Washington D.C. (Nicolas Maubert, Diane Zajackowski, Samuel Mamou)

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Personalia

Confirmé par le Sénat, Bill Nelson devient le nouvel Administrateur de la NASA
Space Policy Online, 21 [1] et 28 [2] avril 2021
Space News, 28 [1] et 29 [2] avril 2021    
Le 29 avril dernier, au lendemain de sa confirmation par la Commission Commerce, Science et Transport du Sénat, la nomination de Bill Nelson en tant qu’Administrateur de la NASA a été confirmée à l’unanimité par le Sénat en session plénière. Le résultat de ce vote n’est pas étonnant au vu des commentaires très positifs formulés par les sénateurs lors de son audition de confirmation qui s’était tenue une semaine plus tôt. Bill Nelson avait notamment été loué pour son expertise dans le secteur spatial, après avoir été dans le passé Président de la Commission Science, Espace et Technologie de la Chambre des Représentants puis Sénateur de Floride (où sont situés le Kennedy Space Center de la NASA et la Patrick Space Force Base de l’U.S. Space Force).
La nomination et la confirmation rapides de Bill Nelson en tant qu’Administrateur contrastent de façon importante avec celle de son prédécesseur Jim Bridenstine et soulignent le soutien très largement bipartisan dont il bénéficie. Pour rappel, Jim Bridenstine avait été choisi par Donald Trump en septembre 2017 et confirmé à une très courte majorité 8 mois plus tard.
Le nouvel Administrateur de la NASA sera très rapidement confronté à des questions majeures sur la suite des programmes de l’Agence, à commencer par le programme Artemis. La NASA est actuellement en train de finaliser une revue interne des missions de long terme du programme Artemis qu’elle présentera à la nouvelle direction une fois l’ensemble de ses membres confirmés. En effet, Pam Melroy, désignée par l’Exécutif pour endosser le rôle d’Administratrice adjointe, doit encore être confirmée par le Sénat.

Un océanographe nommé à la tête de la NOAA
Space Policy Online, 22 avril 2021
Space News, 23 avril 2021
L’administration Biden a dévoilé l’identité du nouvel Administrateur de la NOAA le 22 avril (Jour de la Terre) après plus de 4 ans sans dirigeant permanant sous l’administration Trump. Rick Spinard, océanographe et professeur à l’Université d’État d’Oregon, avait déjà travaillé au sein de l’Agence où il avait endossé le rôle de Chef du Bureau de Recherche en Océanographie et Atmosphère entre 2003 et 2010.
Cette nomination présidentielle reste soumise à confirmation par le Sénat. Rick Spinard dispose néanmoins déjà du soutien d’Eddie Bernice Johnoson (D-TX), Présidente de la Commission Science, Espace et Technologie de la Chambre des Représentants.

La NASA accueille un nouveau Directeur financier
Space News, 23 avril 2021    
Margaret Vo Schauss a été nommée par la Maison Blanche en tant que Directrice financière de la NASA, un poste vacant depuis février 2020. Ces 2 dernières années, elle était Directrice des opérations commerciales au Bureau du Sous-Secrétaire à la Recherche et l’Ingénierie du Département de la Défense.  Au cours de sa carrière professionnelle, elle a occupé de nombreux postes à responsabilité au sein de l’administration américaine, notamment dans le management et l’analyse au sein des Départements de l’Énergie et de la Justice.
Cette nomination doit encore être confirmée par le Sénat après audition.

Mary Lynne Dittmar rejoint la direction d’Axiom Space
Parabolic Arc, 26 avril 2021
La fondatrice et ancienne Présidente de la Coalition for Deep Space Exploration endosse désormais les fonctions de Vice-Présidente exécutive des affaires gouvernementales chez Axiom Space. Elle aura pour mission d’orienter et de défendre la stratégie de l’entreprise auprès des autorités locales, étatiques et fédérales américaines. Pour cela, Mary Lynne Dittmar pourra s’appuyer sur l’expertise et le réseau qu’elle a développés tout au long de sa carrière, notamment en représentant l’industrie spatiale devant la Maison Blanche et le Congrès dans le cadre de ses fonctions au sein de la Coalition for Deep Space Exploration.
Pour rappel, la société Axiom Space a été sélectionnée en janvier 2020 par la NASA pour développer plusieurs modules commerciaux destinés à être amarrés à l’ISS pour former à terme l’épine dorsale de la première station spatiale commerciale autonome. L’entreprise était parvenue à lever 130 M$ en février dernier pour financer ses modules qu’elle espère pouvoir amarrer à l’ISS à l’horizon 2024.  Ce projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie de commercialisation de l’orbite basse prônée par la NASA.

International

Quel avenir pour la coopération russo-américaine en orbite basse ?
Cf. Station Spatiale Internationale et Vol Habité en Orbite Basse

Sécurité et Défense

L’U.S. Space Force choisit Boeing et Northrop Grumman pour poursuivre le développement de ses futurs satellites de communications sécurisées
Space News, 22 avril 2021
En début d’année dernière, le Space and Missile Systems Center (SMC) de l’U.S. Space Force (USSF) avait attribué à Boeing, Lockheed Martin et Northrop Grumman respectivement 191 M$, 240 M$ et 253 M$ pour la première phase de son programme Protected Tactical Satellite Communications (PTS). Celui-ci a pour objectif de permettre le développement de charges utiles de communication résistantes aux brouillages qui pourraient, à terme, compléter ou remplacer les satellites Advanced Extremely High Frequency (AEHF) actuellement utilisés pour assurer les communications classifiées. Le 22 avril dernier, le SMC a sélectionné Boeing et Northrop Grumman pour la prochaine étape du programme dont l’objectif est de lancer des charges utiles de démonstration en orbite en 2024.

Lancements

SpaceX procède à son 24ème lancement Starlink et obtient de la FCC l’abaissement de sa constellation
Cf. Constellations

Un nouveau satellite espion lancé par Delta 4 Heavy avant son remplacement imminent par Vulcan Centaur
Space News, 26 avril 2021
Space flight Now
, 26 avril 2021
Pour son premier lancement de 2021, United Launch Alliance a lancé avec succès un satellite espion classifié par le National Reconnaissance Office (NRO) à bord d’une Delta 4 Heavy depuis la base de l’U.S. Air Force (USAF) de Vandenberg (Californie). Ce vol faisait partie des 4 derniers lancements de la Delta 4 Heavy pour le compte de l’U.S. Space Force (USSF) avant d’être remplacée par le lanceur Vulcan Centaur. Selon différentes sources, le satellite lancé s’ajouterait aux différents satellites de reconnaissance optique KH-11.

Lancements à venir

Date Mission Client Orbite Lanceur Entreprise Site
4 mai Starlink (x60) SpaceX LEO Falcon 9
Block 5 v1.2
SpaceX Cap Canaveral (Floride)
17 mai SBIRS GEO-5 U.S. Space Force GEO Atlas V 421 ULA Cap Canaveral (Floride)

Lanceurs

La NASA ajoute un nouveau lanceur à son catalogue
Parabolic Arc, 19 avril 2021
Le futur lanceur Vulcan Centaur d’United Launch Alliance (ULA) a été sélectionné au sein du NASA Launch Service II  (NLSII) dans le cadre du Launch Services Program (LSP) de l’Agence. Ce lanceur s’ajoute ainsi au catalogue des lanceurs habilités à mettre en orbite depuis les États-Unis des charges utiles de 250 kg minimum sur une orbite circulaire à 200 km d’altitude et de 28,5° d’inclinaison, pour les missions d’observation de la Terre et d’exploration de l’univers de l’Agence. Pour mémoire, le Vulcan Centaur a également été sélectionné par l’U.S. Space Force (USSF) pour réaliser 60% de ses lancements jusqu’en 2027 dans le cadre du programme National Security Space Launch (NSSL). Le premier lancement du Vulcan Centaur est attendu pour la fin d’année.

Station Spatiale Internationale et Vol Habité en Orbite Basse

Amarrage réussi pour l’équipage de la mission Crew-2 !
Parabolic Arc, 17 avril 2021
Space Policy Online, 23 avril 2021
Space News, 24 [
1] et 27 [2] avril 2021
Après un lancement réussi le 23 avril à 05h49 EST depuis le Kennedy Space Center (Floride), l’équipage de la mission Crew-2 – qui embarquait à son bord l’astronaute français de l’Agence Spatiale Européenne Thomas Pesquet – s’est amarré avec succès à l’ISS moins de 24h plus tard le 24 avril à 05h08 EST. Il s’agissait du 3ème lancement habité réalisé par SpaceX dans le cadre du Commercial Crew Program et le premier à réutiliser un vaisseau Crew Dragon ainsi qu’un premier étage de Falcon 9 ayant déjà volé. En effet, les astronautes sont partis à bord du vaisseau « Endeavour » de la mission Demo-2 qui avait emporté les astronautes américains Douglas Hurley et Robert Behnken vers l’ISS le 30 mai 2020 avant de retourner sur Terre le 2 août 2020. Le premier étage de la Falcon 9 avait quant à lui été utilisé pour le vol de la mission Crew-1 vers l’ISS le 16 novembre 2020.
Sur leur trajet, l’équipage Crew-2 a été contraint de prendre des mesures de précaution après avoir été averti du passage d’un débris non identifié à proximité de leur vaisseau. Le débris a dépassé la capsule le 23 avril à 13h45 EST sans entrer en collision et sans que des manœuvres d’évitement ne soient nécessaires.
L’arrivée des 4 astronautes de la mission Crew-2 porte désormais à 11 le nombre d’occupants de la station, une première depuis près de 10 ans. En plus de l’équipage Crew-2, la station compte à son bord 2 cosmonautes russes et 1 astronaute américain arrivés le 9 avril via le vaisseau Soyouz MS-18 en remplacement de l’équipage du vaisseau MS-17 qui a atterri le 17 avril au Kazakhstan après 185 jours passés sur la station. L’équipage de la mission Crew-1, composé de 3 astronautes américains et 1 astronaute japonais, est également à bord. Son retour sur Terre est prévu le 1er mai. Une fois récupéré, le vaisseau « Resilience » de la mission Crew-1 sera remis en état au profit de la mission commerciale « Inspiration4 » qui doit emporter à la mi-septembre l’entrepreneur Jared Isaacman et 3 autres astronautes privés pour un séjour de quelques jours en orbite basse (sans atteindre l’ISS).

Le prochain vol d’essai du Starliner finalement prévu pour août 2021
Space News, 18 avril 2021
Retardé par les intempéries de février dernier au Texas, le second vol d’essai OFT-2 de la capsule Starliner de Boeing n’aura pas lieu avant août prochain. Ce report est dû à l’indisponibilité du lanceur Atlas et des ports d’amarrage de la Station Spatiale Internationale. Le lanceur Atlas V utilisé par Boeing pour lancer sa capsule doit en effet effectuer un lancement militaire en mai prochain. Les ports de la Station compatibles sont quant à eux occupés par le Crew Dragon lancé le 23 avril dernier par SpaceX (voir supra), puis à partir de juin par un cargo Dragon embarquant les nouveaux panneaux solaires de la NASA essentiels aux travaux de rénovation du système énergétique de l’ISS. Boeing a également annoncé que les tests logiciels seront finalisés d’ici la fin avril afin de permettre à la NASA d’en conduire un examen approfondi. Cela avait été suggéré par l’enquête indépendante réalisée à la suite des problèmes logiciels survenus lors du premier vol de la capsule. À noter que le premier vol d’essai habité, Crew Flight Test, est maintenu pour fin 2021.

Quel avenir pour la coopération russo-américaine en orbite basse ?         
Space Flight Now, 20 avril 2021
Parabolic Arc, 21 avril 2021 
Space News, 22 avril 2021    
Le futur du partenariat spatial entre les États-Unis et la Russie semble relativement incertain depuis l’annonce par le Vice-Président russe Yuri Borisov le 18 avril dernier de la volonté de la Russie de se retirer de la Station Spatiale Internationale d’ici 2025. Selon Yuri Borisov, cette décision aurait été principalement motivée par la multiplication des défaillances techniques qui affecteraient la station. Si la fermeté de ce retrait a depuis lors été tempérée par les autorités russes et si la Russie continue de poursuivre l’extension du segment russe de l’ISS (le module polyvalent Nauka est prévu au lancement le 15 juillet prochain), la Russie souhaite développer une station spatiale autonome qui lui succéderait à horizon 2030. Le Directeur général de Roscosmos, Dmitry Rogozin, a d’ailleurs indiqué que son agence envisageait de réaffecter un module de recherche et de propulsion initialement prévu pour l’ISS au bénéfice de la future station russe qui pourrait compter jusqu’à 7 modules.
L’hypothèse d’un retrait de la Russie de l’ISS représenterait un défi de taille pour les autres partenaires de la station et notamment les États-Unis qui souhaitent poursuivre l’exploitation de la station au-delà de 2025. En effet, le remplacement des modules russes de l’ISS serait à la fois difficile et coûteux, remettant en question le futur même de la station. Malgré cette incertitude, l’Administrateur de la NASA par intérim Steve Jurczyk s’est voulu rassurant en insistant, le 21 avril dernier, sur la robustesse du partenariat entre son agence et Roscosmos et en indiquant qu’aucune discussion sur un possible retrait de la Russie de l’ISS n’avait été formellement tenue entre les 2 agences.
La NASA fait face à un autre défi de taille quant à son partenariat avec la Russie en orbite basse : celui de la signature d’un accord russo-américain régissant le transport des astronautes américains et russes vers et depuis l’ISS. En effet, des discussions de longue date ont été lancées entre les 2 pays pour permettre à chacun de s’assurer une présence permanente à bord de la station via un système de « troc » au terme duquel des cosmonautes russes pourraient prendre place sur des vols commerciaux américains contre des sièges pour des astronautes américains à bord des missions Soyouz. Néanmoins, cet accord peine à être conclu et demeure toujours à ce jour entre les mains du Département d’État américain qui doit encore le signer avant d’entrer négociations avec Roscosmos. Le retard pris dans la signature de cet accord a pour effet de rendre très improbable le lancement d’un cosmonaute russe à bord de la prochaine mission Crew-3 prévue pour octobre prochain. Selon Steve Jurczyk, une présence russe serait désormais plus probable à bord de la mission Crew-4 qui devrait être lancée à la fin de l’année 2021. De la même manière, le retard accumulé risque de complexifier l’accès des Américains aux vols Soyouz. Pour rappel, le dernier siège occupé par un astronaute américain à bord d’un véhicule russe n’avait été possible que par l’intermédiaire d’une société privée, Axiom Space. Celle-ci avait acheté à la Russie un siège à bord du vaisseau MS-18 et l’avait cédé à la NASA en contrepartie d’une place à bord d’une future mission commerciale américaine.

Maintenance Satellitaire en Orbite

L’armée américaine lance un programme d’accélération dédié aux services en orbite
Parabolic Arc, 19 avril 2021
L’Air Force Research Lab Space Vehicles Directorate, “centre d’excellence” de l’U.S. Air Force (USAF) a lancé The Catalyst Accelerator, un programme d’accélération mené en partenariat avec l’U.S. Space Force (USSF), destiné à développer les nouvelles technologies de services en orbite. Huit projets proposés par les entreprises suivantes ont été sélectionnés pour un accompagnement de 3 mois par des experts du spatial, public comme privé à partir du 27 avril :

  • Atmos Nuclear and Space Corporation : véhicule de transfert orbital à propulsion électrique permettant de réduire les coûts d’accès à l’Espace
  • Benchmark Space System : système de propulsion utilisant notamment des propergols solides inertes et non toxiques
  • Neutron Star Systems : développement commercial de supraconducteurs à haute température pour les systèmes spatiaux permettant une réduction de masse des composants et une plus grande efficacité
  • NovaWurks : développement d’une plateforme satellitaire configurable pour accueillir tout type de charge utile
  • Obruta Space Solutions : développement d’équipements incluant son interface Puck permettant de faciliter les activités de service en orbite
  • Orbit Fab : développement d’une « station-service » en orbite héliosynchrone
  • Orbital Composites : développement d’un système d’impression 3D en orbite de différents composants spatiaux comme des antennes afin de faciliter les réparations
  • Skycorp : développement d’un vaisseau spatial réutilisable fournissant du service en orbite

Observation de la Terre

Une nouvelle constellation pour suivre les émissions de gaz à effet de serre
Cf. Constellations

MethaneSAT sera opéré par Rocket Lab
Parabolic Arc, 24 avril 2021
Le satellite MethaneSAT développé par l’Environnemntal Defense Fund pour identifier et mesurer les sources d’émission de méthane à l’échelle globale sera opéré par Rocket Lab. A ce titre, la société américaine d’origine néo-zélandaise a annoncé développer un centre de contrôle mission à Auckland (Nouvelle-Zélande). Elle fournira ainsi les logiciels et infrastructures pour le suivi, le contrôle d’attitude et d’orbite ainsi que les manœuvres d’évitement. De plus, Rocket Lab sera en charge de la collecte et du partage gratuit des données du satellite pour ce programme international, déjà soutenu à hauteur de 26 M$NZD (environ 18,6M$ US) par le gouvernement néozélandais. Le centre de contrôle est annoncé pour 2022 avec un lancement du satellite par SpaceX fin 2022. Le satellite de seulement 350 kg embarquera un spectromètre capable de détecter des concentrations de méthane très faibles, permettant de cartographier jusqu’à 80% des sources de production mondiales.

Télécommunications

Eutelsat entre au capital de OneWeb et espère ainsi conforter sa place sur le marché de la LEO
Space News, 27 avril 2021    
Dans le cadre de sa stratégie d’orientation vers l’orbite terrestre basse (LEO), l’opérateur de satellites français Eutelsat a racheté 24% de la société OneWeb pour un montant de 550M$. Avec cette participation, Eutelsat dispose des mêmes droits que le gouvernement britannique et l’opérateur indien Bharti Global qui étaient majoritaires depuis leur rachat de la société en novembre 2020.
Historiquement présente sur le marché de la transmission par satellites géostationnaires de chaînes de télévision et de stations radiophoniques, l’entreprise française avait pâti de l’essor des nouveaux services de streaming. Elle avait donc choisi d’opérer un virage vers l’orbite basse en développant notamment une constellation de satellites LEO dédiée au marché de l’Internet des Objets (IoT) dont le premier satellite a été lancé le 29 avril dernier à bord d’une fusée Vega depuis Kourou en Guyane française.
Cette prise de participation vient donc asseoir la stratégie d’Eutelsat qui voit dans OneWeb un axe de croissance important en dehors de son activité historique en orbite GEO. À noter par ailleurs que ce rapprochement entre Eutelsat et OneWeb pourrait permettre aux 2 sociétés de développer des synergies entre leurs flottes de satellites LEO et GEO, une opportunité que seul l’opérateur canadien de satellites GEO Telesat envisageait jusqu’à présent d’exploiter avec le déploiement de sa constellation LEO Lightspeed.

Constellations

SpaceX procède à son 24ème lancement Starlink et obtient de la FCC l’abaissement de sa constellation
Space News, 27 [1] et 29 [2] avril 2021
Spaceflight Now, 29 avril 2021
Le 28 avril dernier, 5 jours après le succès du lancement Crew-2 vers l’ISS, un Falcon 9 de SpaceX a mis sur orbite 60 satellites Starlink depuis le Launch Complex 40 (LC-40) du Kennedy Space Center (Floride). Avec ce 24ème lancement de satellites opérationnels dédiés à Starlink depuis le 24 mai 2019, SpaceX a lancé un total de 1 504 satellites dont 1 410 sont toujours opérationnels en orbite :

  • Version v0.9 : 60 satellites lancés, 51 satellites désorbités
  • Version v1.0 : 1 443 satellites lancés, 18 satellites désorbités

Il s’agissait de la 7ème utilisation du premier étage du Falcon 9 qui a été récupéré avec succès sur le « bateau-drone » stationné dans l’océan Atlantique.
La cadence de lancement de la méga-constellation de SpaceX reste élevée. Il s’agissait en effet du 6ème lancement Starlink en moins de deux mois, tandis que 3 nouveaux lancements sont prévus pour le mois de mai.
À noter que ce lancement est intervenu un jour après que la FCC a autorisé SpaceX à modifier l’altitude de sa constellation. La décision de la FCC, qui intervient environ 1 an après la demande formulée par SpaceX, permet à l’entreprise d’abaisser l’altitude de ses 2 800 premiers satellites Starlink prévus entre 1 100 et 1 300 km dans la licence accordée initialement à une altitude comprise entre 540 et 570 km.
À travers cette autorisation, la FCC a rejeté les oppositions formulées par divers opérateurs de satellites qui craignaient que cette modification d’orbite n’augmente les risques d’interférences électromagnétiques et les risques de collision en orbite basse. Au contraire, la FCC a jugé que l’abaissement des satellites Starlink présentait des avantages quant à l’élimination des débris spatiaux (notamment en garantissant une désintégration des satellites Starlink dans l’atmosphère dans les 25 ans suivant leur fin de vie). Pour justifier sa décision, la FCC a également noté que SpaceX avait enregistré un taux d’échec d’élimination de ses satellites de seulement 1,45 % et que 720 des 723 derniers satellites Starlink lancés étaient manœuvrables après leur lancement. En contrepartie de l’abaissement de son orbite, la FCC a demandé à SpaceX de continuer de garantir une élimination effective de ses satellites en fin de vie et de lui transmettre de façon régulière des données relatives à ce sujet, ainsi qu’aux risques de rapprochements et de collisions éventuels. La FCC a également demandé à SpaceX de maintenir ses satellites à une altitude inférieure à 580 km afin d’éviter tout risque de collision avec les satellites de la future constellation Kuiper d’Amazon.
À noter enfin que la FCC a également rejeté la demande qui lui avait été faite de conduire une évaluation environnementale de la méga-constellation Starlink au titre du National Environmental Policy Act (NEPA). Cette demande avait été formulée par divers astronomes qui s’inquiétaient de l’impact des satellites Starlink sur leurs observations astronomiques. Pour justifier son rejet, la FCC a indiqué qu’une telle analyse environnementale est déjà menée par la FAA en amont du lancement des satellites et que le NEPA ne couvrait pas les situations de pollution lumineuse dues à la réflexion du Soleil sur une surface dans l’Espace. La FCC a néanmoins exigé de SpaceX qu’elle continue de travailler de concert avec les astronomes afin de limiter au maximum la pollution lumineuse induite par ses satellites.

Amazon choisit ULA pour lancer les satellites de sa méga-constellation Kuiper
Space News, 19 avril 2021    
Le géant du commerce en ligne a décidé de commander à ULA 9 missions à bord de son Atlas 5 pour assurer le déploiement de sa méga-constellations de 3 236 satellites. Ce choix aurait notamment été justifié par la fiabilité du lanceur qui a réussi la totalité de ses 85 lancements précédents. Amazon n’exclut toutefois pas d’avoir recours à d’autres fournisseurs de lancements. La société indique que ses satellites et ses dispensers ont été conçus pour être compatibles avec différents types de lanceurs. Cette flexibilité est en ligne avec les dernières annonces de la société qui avait indiqué vouloir faire jouer la concurrence pour le lancement de ses satellites Kuiper et ne pas vouloir se limiter au lanceur New Glenn de Blue Origin. À noter que le premier lancement de ce dernier a été reporté à fin 2022, un calendrier vraisemblablement incompatible avec la licence accordée par la FCC à Amazon qui exige que la moitié de la méga-constellation Kuiper soit déployée d’ici 2026 et la totalité d’ici juillet 2029.
Si le calendrier de lancement des 9 missions d’ULA n’a pas été dévoilé, celles-ci seront réalisées depuis le Launch Complex 41 (LC-41) du Kennedy Space Center (Floride), soit juste à côté du pas de tir LC-39 de SpaceX, concurrent d’Amazon. Pour rappel, la méga-constellation Starlink de SpaceX compte déjà plus de 1 400 satellites opérationnels en orbite et devrait lancer ses premiers services commerciaux d’ici la fin de l’année. Outre le déploiement des satellites en orbite, la rivalité entre SpaceX et Amazon s’exprime également au sol. Les entreprises souhaitent toutes deux proposer des terminaux utilisateurs à prix réduit. En décembre 2020, Amazon avait dévoilé un modèle low-cost d’antenne de Bande Ka. La société d’Elon Musk espère quant à elle réduire de façon importante le coût de production de ses terminaux utilisateurs qu’elle subventionne encore largement pour les rendre abordables au grand public.

Avec 36 satellites supplémentaires en orbite, OneWeb maintient sa place dans la course aux méga-constellations LEO
Space News, 14 [1] et 25 [2] avril 2021
Parabolic Arc, 25 avril 2021
Le 25 avril dernier, Arianespace a procédé avec succès au 3ème lancement de satellites OneWeb depuis le rachat de la société par le gouvernement britannique et l’opérateur indien de télécommunications Bharti Global. Avec 36 nouveaux satellites lancés à bord d’un Soyouz-2.1b depuis le cosmodrome de Vostochny (Russie), la méga-constellation compte désormais un total de 182 satellites en orbite. Pour rappel, l’objectif de OneWeb est de déployer une constellation de 650 satellites à horizon 2022. A plus court terme, l’entreprise considère que seulement 2 lancements supplémentaires de 36 satellites chacun pourront lui permettre de fournir un service autour de la latitude 50°N qui comprend notamment le Royaume-Uni.
Avec ce nouveau lancement, OneWeb poursuit donc son chemin dans la course aux méga-constellations de satellites mais continue de faire face à une concurrence intense de la part d’autres acteurs présents sur le marché. L’opérateur canadien Telesat, qui souhaite déployer une constellation de plusieurs centaines de satellites en orbite, estime pouvoir assurer le financement complet de sa constellation dans les prochains mois et est en train de finaliser les plans de lancement de 300 satellites à partir de l’année prochaine. L’opérateur canadien a choisi Blue Origin et Relativity Space pour lui fournir des services de lancements bien qu’aucune des 2 entreprises n’ait, à ce jour, réalisé de lancement orbital. Le géant du commerce en ligne Amazon a quant à lui contracté auprès d’ULA, 9 lancements à bord du lanceur Altas 5 (voir supra). Enfin, SpaceX poursuit sa lancée avec plus de 1 400 satellites opérationnels en orbite. La compétition que se livrent ces différents acteurs se double de problématiques sensibles comme la gestion du trafic en orbite basse. En effet, l’un des satellites 36 satellites OneWeb lancés en mars dernier s’était rapproché dangereusement d’un satellite Starlink lancé en septembre 2020 en rejoignant son orbite finale.
Pour se distinguer de ses concurrents, OneWeb entend élargir le spectre des applications de sa méga-constellation en offrant notamment des services de navigation (ce qui permettrait de surcroît au gouvernement britannique de bénéficier de capacités autonomes en la matière suite à sa sortie de l’Union européenne). En outre, OneWeb a lancé le 23 avril dernier son Innovation Challenge 2021 dont le but est de permettre aux industriels, chercheurs et étudiants de divers secteurs d’activités (y compris en dehors du secteur spatial) de proposer et faire émerger de nouvelles technologies satellitaires et, en contrepartie, de permettre à OneWeb de bénéficier de ces nouvelles solutions pour penser sa prochaine génération de satellites.

HawkEye 360 lève 55 M$ en série C
SpaceNews, 14 avril 2021
La société HawkEye 360, qui développe une constellation en orbite basse terrestre de suivi de bateaux et véhicules par émission radiofréquence, a levé 55 M$ en série C le 12 avril. Cette somme s’ajoute aux 70 M$ levés par la société en août dernier au terme de son cycle de financement de série B. Elle permettra à l’entreprise de poursuivre le déploiement de sa constellation qui offrira à ses clients un service de faible latence avec un taux de revisite élevé.
Plus particulièrement, cette série C permettra à HawkEye 360 de financer 3 nouvelles grappes de 3 satellites dont la prochaine est prévue au lancement en juin prochain. Pour mémoire, l’entreprise a déjà lancé 2 grappes de satellites, dont la dernière a été déployée en janvier dernier à bord d’un lancement rideshare de SpaceX. À terme, la société prévoit de placer 9 grappes en orbite d’ici fin 2022.
À noter que ce nouveau cycle de financement a été annoncé quelques jours avant la levée de fonds de l’entreprise française Unseenlabs également spécialisée dans la surveillance maritime, et qui a recueilli 20 M€ en série B.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-13

Iceye prend ses quartiers en Californie
Space News, 15 avril 2021
Afin d’étendre son activité aux États-Unis, la startup finlandaise Iceye s’est implantée à Irvine (Californie). En plus du siège social de sa branche américaine Iceye US, la société y a établi une usine de production de satellites, un laboratoire de R&D ainsi qu’un centre de contrôle mission. L’arrivée de la startup finlandaise aux États-Unis avait été annoncée fin 2020 et lui permettra de faciliter ses activités avec ses clients américains, notamment gouvernementaux, particulièrement intéressés par les données issues des technologies SAR. Iceye aurait choisi de s’implanter en Californie afin de se rapprocher du tissu industriel et du savoir-faire local.
Dans le même temps, Iceye a annoncé un accord avec In-Q-Tel, fonds d’investissement de la Communauté du renseignement américain qui finance de nombreuses startups développant des technologies utiles au secteur du renseignement.
La société, qui compte 6 satellites actuellement en orbite, prévoit de lancer 10 satellites supplémentaires en 2021.

Virgin Orbit sélectionné pour lancer une constellation de 6 satellites d’imagerie  à compter de 2023
Via Satellite, 21 avril 2021
Quelques mois après son premier lancement aéroporté réussi le 17 janvier dernier, Virgin Orbit a remporté un contrat de lancement auprès de la société HyperSat qui développe une constellation de 6 satellites LEO hyperspectraux conçus par la société QinetiQ. Cette constellation a vocation à être employée principalement au profit du secteur de la défense mais également dans divers secteurs commerciaux comme l’agriculture et l’assurance.
Si le calendrier de lancement de la constellation n’est pas entièrement connu à ce jour, Virgin Orbit devrait procéder au lancement du premier satellite en 2023. Hypersat et QinetiQ ont décidé de choisir Virgin Orbit en raison de la souplesse de sa programmation et de la précision de ses injections en orbite.

Une nouvelle constellation pour suivre les émissions de gaz à effet de serre
Space News, 15 avril 2021
Carbon Mapper a annoncé le 15 avril dernier le lancement d’une constellation de satellites hyperspectraux destinée à suivre et analyser les différentes sources de méthane et dioxyde de carbone. Ce consortium, issu d’un partenariat public-privé entre l’État de Californie, le Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA et l’entreprise Planet Labs, avait été créé en 2016 en réaction au manque de considération affiché par l’ancienne administration Trump aux activités de recherche de la NASA sur le climat.
Les 2 premiers satellites de la constellation seront lancés en 2023 et permettront de détecter 80% des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre. La constellation sera agrandie à compter de 2025 pour fournir des données régulières sur ces sources d’émission. La constellation s’appuiera sur une plateforme conçue par la société Planet similaire à ses satellites SkySats. Les senseurs hyperspectraux, développés par le JPL, auront une résolution de 30 m et seront semblables à ceux actuellement utilisés pour des campagnes de mesure par avion.
À noter que la constellation Carbon Mapper permettra également d’alimenter un projet global de localisation, de mesure et de surveillance du méthane composé du satellite européen Copernicus Sentinel-5, de l’Orbiting Carbon Observatory de la NASA et de la constellation canadienne de surveillance du méthane GHGSat.

Connaissance de l’Environnement Spatial

LeoLabs accroît les capacités de son réseau de surveillance spatiale
Space News, 15 avril 2021
Parabolic Arc, 24 avril 2021
Pour faire face à l’augmentation croissante du nombre de satellites et être en mesure de suivre jusqu’à 250 000 objets en orbite d’ici 2 ans (contre 14 000 aujourd’hui), l’entreprise LeoLabs, spécialisée dans la surveillance radar de l’environnement spatial, souhaite augmenter les capacités de ses infrastructures cloud et celles de son réseau de radars terrestres. L’entreprise, qui dispose actuellement de 3 radars terrestres situés en Nouvelle Zélande et aux États-Unis (Texas et Alaska), vient tout juste d’inaugurer un quatrième radar au Costa Rica. Avec ce nouveau radar, LeoLabs est désormais en mesure d’assurer une couverture complète de l’orbite terrestre basse et de suivre des objets spatiaux de seulement 2 cm. La société envisage par ailleurs de construire 2 nouvelles infrastructures d’ici 2022.
Ces nouvelles capacités doivent permettre à l’entreprise de demeurer leader sur le marché commercial de la cartographie de l’orbite basse et de la connaissance de l’environnement spatial (space situational awareness – SSA). LeoLabs, qui avait déjà lancé en 2020 un service de prévention des risques de collision en orbite, souhaite désormais développer de nouveaux services à destination de marchés émergents comme ceux de la maintenance satellitaire en orbite et la réduction des débris spatiaux qui seront tous 2 dépendants de données et services de SSA. La société anticipe également une augmentation de son activité à mesure que se développeront les vols rideshare qui nécessitent de suivre et manœuvrer de nombreux satellites vers leur orbite finale. LeoLabs, qui avait signé en octobre 2020 un accord avec SpaceX pour suivre la mise à poste des satellites Starlink, avait notamment fourni ses services à la société d’Elon Musk lors de son vol rideshare Transporter-1 du 24 janvier 2020.

Un nouveau cubesat consacré à l’étude des débris spatiaux
Via Satellite, 21 avril 2021
Le fonds d’investissement autrichien Findus Venture et l’entreprise américaine Spire Global se sont associés pour lancer un second satellite de surveillance des débris spatiaux. Après le cubesat 3U ADLER-1 prévu au lancement pour fin 2021, les 2 sociétés souhaitent lancer un second satellite plus grand (6U), ADLER-2, à horizon fin 2022. La plateforme LEMUR de ce nouveau satellite, fabriquée par Spire, embarquera 3 charges utiles différentes destinées à suivre les débris spatiaux en orbite basse mais aussi à étudier les nuages et aérosols de l’atmosphère.

Lunaire et Cis-Lunaire

Le lancement de l’alunisseur NOVA-C reporté par SpaceX à 2022
Space News, 28 avril 2021
L’alunisseur NOVA-C développé par Intuitive Machines dans le cadre du programme Commercial Lunar Payload Services (CLPS) de la NASA ne sera pas lancé fin 2021 mais début 2022. Ce report aurait été décidé unilatéralement par SpaceX, responsable du lancement de l’alunisseur, au vu des « exigences uniques de la mission ».
Ce report a été annoncé par Intuitive Machines dans le cadre d’une demande d’allocation de fréquences en Bande S (historiquement réservée aux missions gouvernementales) auprès de la FCC. À noter qu’Intuitive Machines a effectué sa demande dans le cadre de la procédure simplifiée mise en place par la FCC au profit des petits satellites. L’entreprise a justifié sa démarche en indiquant que sa mission sera réalisée en orbite non terrestre, pour une courte durée et pour le compte d’une agence gouvernementale.
Pour mémoire, Intuitive Machines a signé en 2019 un contrat CLPS de 77 M$ avec la NASA pour cet alunisseur qui embarquera des charges utiles de la NASA mais également commerciales.
Le NOVA-C devait être, avec l’alunisseur Peregrine d’Astrobotic, le premier du programme CLPS à alunir en 2021. À ce jour, Peregrine reste maintenu pour fin 2021 à bord du nouveau lanceur Vulcain Centaur d’ULA.

Artemis

Blue Origin et Dynetics contestent le choix de la NASA de ne retenir qu’un seul alunisseur pour la suite du programme HLS
Space News, 26 [1], 27 [2] et 30 [3]avril 2021        
Space Policy Online, 26 [
1] et 27 [2] avril 2021
Dix jours seulement après la sélection de SpaceX pour l’ « Option A » du programme Human Landing System (HLS) de la NASA, Blue Origin et Dynetics ont décidé de contester le choix de l’Agence devant le Government Accountability Office (GAO). Celui-ci a, entre autres, compétence pour se prononcer sur les appels d’offres émis par des entités fédérales américaines.
Pour rappel, la NASA avait choisi, à rebours de ses plans initiaux, de ne sélectionner qu’un seul prototype d’alunisseur pour la suite de son programme HLS afin de tenir compte des réductions budgétaires imposées par le Congrès pour l’année fiscale 2021. Son choix s’était alors porté sur SpaceX dont le prototype avait été jugé plus convaincant, notamment d’un point de vue financier. Ces explications n’ont néanmoins pas convaincu Blue Origin et Dynetics qui jugent que :

  • La NASA aurait dû annuler ou modifier son appel d’offres initial pour tenir compte de ses contraintes financières ou bien laisser l’opportunité à tous les compétiteurs d’ajuster leur proposition, solution qu’elle n’aurait proposé qu’à SpaceX. Blue Origin juge également que l’Agence aurait pu sélectionner 2 prototypes malgré ses coupes budgétaires dans la mesure où elle l’avait déjà fait par le passé dans le cadre du Commercial Crew Program pour lequel elle disposait de financements moins importants et plus incertains
  • La NASA n’aurait pas correctement examiné les propositions qui lui ont été faites par les différents concurrents et aurait minimisé les risques afférents au prototype de SpaceX et, au contraire, maximisé ceux des projets de Blue Origin et Dynetics. Les 2 sociétés ont insisté sur le recours par SpaceX à des technologies jamais éprouvées jusqu’à présent, notamment son nouveau lanceur entièrement réutilisable Starship (qui a subi des explosions systématiques après atterrissage lors de ses vols d’essai à haute altitude) et un nouveau système de ravitaillement en orbite. Dynetics a par ailleurs constaté que l’appréciation de son propre projet avait été revue à la baisse par la NASA entre avril 2020 et avril 2021 alors même que celui-ci n’avait pas connu de changement substantiel
  • La NASA aurait effectué un choix anticoncurrentiel dont les conséquences pourraient être très négatives pour l’industrie spatiale dans sa globalité. Blue Origin estime qu’en retenant pour son programme une seule entreprise et dont la particularité est d’être verticalement intégrée, l’Agence mettrait en péril le reste de l’industrie spatiale, ses chaînes de production et les emplois qu’elle génère. À noter toutefois que la NASA a insisté sur le fait que l’ensemble des alunissages Artemis ne sont pas compris dans l’ « Option A» du programme HLS attribué à SpaceX. Elle estime ainsi assurer un maintien de la compétition et a publié en ce sens une Request for Information à destination de l’industrie en prévision de futurs services d’alunissage. Les industriels n’ont toutefois pas été satisfaits par cette initiative estimant qu’un soutien immédiat de la NASA était nécessaire si celle-ci espère pouvoir disposer de solutions concurrentes dans le futur

Le GAO dispose désormais de 100 jours pour se prononcer sur ce dossier. S’il valide les arguments développés par Blue Origin et Dynetics, il pourrait demander à la NASA d’annuler le contrat attribué à SpaceX et de remettre en concurrence les entreprises participant à l’appel d’offres. L’Administrateur de la NASA par intérim Steve Jurczyk a toutefois indiqué qu’il était trop tôt pour déterminer si cette procédure allait entraîner un retard dans la conduite du programme.

Après l’arrivée du corps central au KSC, le SLS est prêt à être intégré
Space News, 28 avril 2021
Après une année de tests au Stennis Space Center (Mississippi), le corps central du Space Launch System (SLS) est arrivé le 27 avril au Kennedy Space Center (Floride) via la barge Pegasus. Il s’apprête à être transporté au sein du Vehicle Assembly Building de la NASA où il sera intégré aux autres éléments du SLS, à savoir ses 2 boosters, son étage supérieur et le vaisseau Orion. Une fois assemblé, le SLS sera installé le Launch Complex 39B qui était historiquement utilisé pour les missions Apollo et celles de la Navette spatiale.
À noter que l’incertitude demeure quant à la date exacte du lancement de la première mission Artemis programmée à ce jour pour fin 2021. Le retard accumulé lors de la campagne de tests du corps central, mais également les difficultés liées aux mauvaises conditions météorologiques et à la pandémie de Covid-19 ont eu pour effet de consommer l’ensemble des marges calendaires dont dispose la mission Artemis-1. Selon l’Administrateur de la NASA par intérim Steve Jurczyk, un lancement en fin d’année constitue donc un défi de taille qui ne pourrait être relevé que si l’intégration du lanceur ne rencontre aucun retard. Il demeure ainsi vraisemblable que le lancement soit reporté en début d’année 2022, une option également pointée du doigt par l’ancien sénateur de Floride Bill Nelson lors de son audition de confirmation devant le Sénat le 21 avril dernier.

Mars

Perseverance et Ingenuity valident de nouvelles expériences
Space News, 25 avril 2021
Space Policy Online, 22 avril 2021
NASA, 30 avril 2021
En seulement une semaine, l’hélicoptère martien Ingenuity a réalisé 3 vols de qualification avec succès. Ces vols lui ont permis de voler jusqu’à une altitude de 5 m et de s’éloigner de plus de 50 m de sa zone de décollage avant de s’y poser. Le 4ème vol étudiera une nouvelle zone d’atterrissage située à 130 m de la précédente que l’hélicoptère tentera de rejoindre pour son 5ème vol. En cas de réussite, de nouveaux objectifs seront donnés à Ingenuity qui étudiera la zone afin de fournir des informations intéressantes au rover Perseverance. Si la mission d’Ingenuity a été initialement conçue pour une durée d’un mois, les équipes du JPL espèrent profiter de cette technologie plus longtemps, malgré les risques afférents aux prochains vols. Le succès rencontré par Ingenuity permet ainsi d’imaginer de nouvelles missions martiennes aériennes même si aucune date n’est, à ce jour, fixée par l’agence américaine.
Dans le même temps, Perservance a réalisé avec succès l’expérience MOXIE (Mars Oxygen In-Situ Resource Utilization Experiment) en produisant 5 g d’oxygène à partir du CO2 présent à 96 % dans l’atmosphère martienne. Une production de dioxygène sur Mars pourrait, à plus grande échelle, assurer la production d’ergol ou assurer les fonctions support vie dans le cadre de futures missions habitées.

Secteur Privé

SpaceX revoit à la hausse les résultats de sa dernière campagne de financement
Space News, 15 avril 2021
En février dernier, SpaceX avait annoncé avoir levé la somme de 850 M$ à l’occasion de son dernier cycle de financement. Le 14 avril, l’entreprise d’Elon Musk a réévalué le montant recueilli au terme de cette levée de fonds qui attendrait finalement 1,164 Md$. Si la source de ces 314 M$ supplémentaires reste inconnue, les données fournies par SpaceX indiquent que le nombre d’investisseurs ayant participé à cette levée de fonds serait passé de 69 à 99.
Avec ces 1,164 Md$ complémentaires, SpaceX atteint la barre des 6 Md$ levés à ce jour. Cette somme colossale lui permettra de financer 2 projets très onéreux : le développement de sa constellation Starlink et celui de son lanceur entièrement réutilisable Starship.

La startup Astranis reçoit 250 M$ pour accélérer le développement de ses petits satellites GEO
Space News, 14 avril 2021    
Cette somme s’ajoute aux 90 M$ perçus par la société californienne en février 2020 et lui assure une valorisation de 1,4 Md$. Grâce à ces nouveaux financements, Astranis, qui développe les plus petits satellites géostationnaires du marché commercial (350 kg), espère accroître sa capacité de production, accélérer la recherche et le développement de ses prochaines générations de satellites, et exploiter de nouvelles bandes de fréquences (notamment les bandes Q et V). D’ici là, la startup doit procéder cette année au lancement de son premier satellite qui aura vocation à fournir de la connectivité bon marché en Alaska.

Sierre Nevada Corporation scinde sa branche spatiale du reste de ses activités
SpaceNews, 14 avril 2021
L’entreprise Sierra Nevada Corporation (SNC) a décidé de séparer ses activités spatiales afin de promouvoir leur développement. Selon la PDG Erez Ozmen de SNC, le marché spatial pourrait permettre à son entreprise de générer 4 Md$ de chiffre d’affaires d’ici 5 à 10 ans, contre 400 M$ actuellement.
L’entreprise Sierra Space sera alors une filiale de SNC et héritera des différents projets en cours, notamment la navette Dream Chaser développée en partenariat avec la NASA pour ravitailler l’ISS avec un premier vol cargo prévu en 2022. Une version habitée du Dream Chaser reste à l’étude et s’inscrit dans le nouveau programme commercial en orbite basse de la NASA.

Retrouvez également toutes les actualités mises en ligne par la mission pour la science et la technologie en cliquant sur ce lien.
Ambassade de France aux États-Unis d’Amérique
Service Spatial – Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg

 

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