Bulletin d’actualité rédigé par le Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg à Washington D.C. (Amaury Carbonnaux, Nicolas Maubert, Diane Zajackowski)
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Personalia
Nommé par Joe Biden pour prendre les rênes de la NASA, l’ancien sénateur Bill Nelson devra être confirmé par le Sénat
Space Policy Online, Space News, 19 mars 2021
Le Président des États-Unis Joe Biden a annoncé le 19 mars dernier avoir choisi l’ancien sénateur démocrate Bill Nelson pour endosser le rôle d’Administrateur de la NASA, confirmant plusieurs rumeurs qui circulaient jusqu’alors sur l’identité du futur nominé. Malgré les critiques formulées à l’encontre de son approche conservatrice du secteur spatial, Bill Nelson, qui a volé à bord de la navette spatiale en tant que spécialiste charge utile en 1986, rencontre un soutien relativement vaste au sein du paysage industriel comme politique. Son engagement dans le domaine spatial, sa proximité avec le Président Joe Biden et son expérience sont perçus comme autant d’atouts pour soutenir les activités et les ambitions de la NASA. Plus particulièrement, l’Administrateur sortant, Jim Bridenstine, a félicité le choix du Président Joe Biden, estimant que Bill Nelson aurait l’expérience et l’influence nécessaires pour permettre à l’Agence de bénéficier d’enveloppes budgétaires conséquentes. La nomination de Bill Nelson a également été perçue positivement depuis le Capitole. Parmi les réactions les plus notoires, on notera celle de Maria Cantwell (D-WA) qui préside la Commission Commerce, Sciences et Transport du Sénat chargée de superviser les activités de la NASA. Maria Cantwell a estimé que Bill Nelson était l’un des défenseurs les plus « passionnés » de la NASA et qu’il avait les qualités nécessaires pour maintenir le leadership des États-Unis dans l’Espace. Le soutien de la Présidente de la Commission sera particulièrement précieux pour Bill Nelson dont la nomination doit à présent être examinée par le Sénat.
À noter que l’ancienne astronaute Pam Melroy, dont le nom avait été cité à plusieurs reprises pour succéder à Jim Bridenstine à la tête de l’Agence, pourrait probablement être nommée Administratrice adjointe. Elle serait alors la 4ème femme à endosser cette responsabilité.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°21-05
Stefanie Tompkins nommée Directrice de la DARPA
Space News, 15 mars 2021
Après 10 ans passés au sein de la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA), Stefanie Tompkins prend la tête de cette agence chargée de développer des technologies émergentes au profit du secteur militaire. Entre 2007 et 2017, elle a en effet occupé différents postes de responsabilité au sein de la DARPA, notamment celui de Directrice adjointe par intérim de l’Agence. Avant de revenir à la DARPA, Stefanie Tompkins était Vice-Présidente chargée de la recherche et du transfert de technologie à la Colorado School of Mines. Elle a également occupé des postes de direction à la Science Applications International Corporation (SAIC), où elle a notamment géré des projets de recherche sur la géologie planétaire.
Chuck Beames intègre le Conseil d’administration de la startup Slingshot spécialisée dans la surveillance de l’Espace
Satellite Today, 5 mars 2021
Le Président exécutif de York Space Systems et fondateur de la SmallSat Alliance a rejoint la PDG de KD Geospatial Solutions, Karen Diener, l’ancienne astronaute de la NASA, Susan Helms, et plusieurs autres membres du Conseil d’administration de Slingshot Aerospace. Cette startup basée au Texas et en Californie, fondée il y 4 ans, fournit à ses clients commerciaux et gouvernementaux (parmi lesquels se trouvent la NASA, l’U.S. Air Force, BAE Systems, Boeing, et Northrop Grumman) des données et des analyses de Space Situational Awarness (SSA) grâce à un réseau de satellites, de capteurs terrestres et des technologies de machine learning.
Politique
La Maison Blanche choisit de conserver le National Space Council
Space News, Space Policy Online, 29 mars 2021
Cette annonce met fin à plusieurs mois d’incertitude autour de l’avenir de ce forum de discussion inter-agences rétabli par Donald Trump en 2017 après plusieurs années d’inactivité.
En effet, le silence relatif de Joe Biden quant aux orientations de sa future politique spatiale et son memo du 4 février par lequel il entendait attribuer au National Security Council (NSC) la responsabilité de définir la politique spatiale américaine de sécurité et de défense, avaient laissé craindre un affaiblissement voire un abandon du National Space Council (NSpC). Un tel abandon avait suscité de vives inquiétudes au sein de l’industrie spatiale américaine qui avait perçu très positivement les résultats des travaux du NSpC et qui avait adressé, en janvier dernier, une lettre à la Maison Blanche afin que celle-ci conserve cette entité. Ces inquiétudes semblent donc avoir été entendues par l’Exécutif qui a donc finalement choisi de maintenir le NSpC ainsi que son Advisory Users Groups (UAG).
La composition exacte du futur NSpC et de son UAG demeure toutefois inconnue. Si le droit américain prévoit que le NSpC soit placé sous la direction du Vice-Président des États-Unis, l’identité des agences fédérales représentées en son sein ainsi que celle de son Secrétaire Exécutif relèvent de la discrétion du Président des États-Unis. Sur ce point, bien qu’aucune annonce officielle n’ait été faite, il est à noter que la Maison Blanche a indiqué que les agences représentées au sein du NSpC permettront à ce dernier de se saisir des priorités spatiales de l’administration, à savoir : les sciences spatiales, l’exploration, le changement climatique, l’économie et l’éducation, la coopération internationale, la définition de normes de comportement dans l’Espace et la sécurité nationale.
Les 28 membres de l’UAG, qui ont pour rôle de conseiller le NSpC dans ses travaux, pourraient également être renouvelés. En effet, ceux-ci comptent actuellement une majorité d’alliés politiques de l’ancien Président Donald Trump et de représentants de l’industrie. L’alternance politique et le recentrage du nouveau Président autour de la science et notamment de l’observation de la Terre pourraient donc avoir pour effet de modifier la composition de l’UAG.
En dépit de cette annonce notoire, de nombreuses zones d’ombre demeurent autour de la politique spatiale de la nouvelle administration. Si le Président Joe Biden et sa Vice-Présidente ont communiqué sur le Spatial lors de divers évènements (comme l’atterrissage de Perseverance ou encore le Black et le Women History Month à l’occasion desquels Kamala Harris s’est entretenue avec des astronautes de l’ISS), l’administration n’a pas encore ouvertement fait connaitre ses intentions en matière spatiale.
La NASA intègre la National Climate Task Force
Parabolic Arc, 20 mars 2021
Politico, 22 mars 2021
Le 18 mars dernier, la NASA a rejoint la National Climate Task Force mise en place par le Président des États-Unis Joe Biden en début d’année. Dirigée par Gina McCarthy, Conseillère climat du Président pour les affaires nationales (John Kerry étant Conseiller climat à l’international), la National Climate Task Force a pour objectif de réunir l’ensemble des agences fédérales compétentes pour définir une politique gouvernementale concertée en matière de lutte contre le changement climatique.
L’intégration de la NASA au sein de ce forum de discussion aux côtés de 20 autres agences fédérales semble en ligne avec les activités menées par l’Agence, en coopération avec d’autres agences et avec le secteur privé, notamment en matière d’observation de la Terre, de modélisation prédictive et de recherche sur la réduction de l’empreinte climatique du secteur de l’aviation.
À noter que la NASA a récemment créé un nouveau poste de Conseiller Climat – confié à Gavin Schmidt – pour mieux s’aligner avec la priorité accordée par la nouvelle administration à l’environnement.
Réglementation
La NASA et SpaceX s’engagent à coopérer pour limiter les risques de collision dans l’Espace
Space News, Parabolic Arc, 19 mars 2021
Dans un contexte marqué par l’accroissement toujours plus rapide du nombre de satellites Starlink en orbite terrestre basse (LEO), la NASA et SpaceX ont signé le 18 mars dernier un accord dit « Space Act Agreement » destiné à accroître la sûreté dans l’Espace. À travers cet accord, les 2 parties ont souhaité formaliser leur volonté de coordonner leur action afin de réduire les risques de rapprochement et de collision entre des systèmes spatiaux de la NASA et des satellites Starlink de SpaceX.
L’accord est également venu fixer les obligations des 2 parties en matière de manœuvres d’évitement et de partage d’informations. Au terme de l’accord et sauf indication contraire, il a été convenu que seul SpaceX procéderait de façon autonome ou manuelle aux manœuvres nécessaires pour prévenir tout risque de rapprochement et de collision. Cette disposition a pour but d’éviter que les 2 entités ne procèdent à des manœuvres en parallèle. Le texte prévoit également d’autres obligations pour SpaceX, parmi lesquelles :
- Notifier à la NASA chaque nouveau lancement Starlink au moins une semaine avant leur occurrence de façon à permettre à l’Agence de déterminer les risques associés à un tel lancement
- Respecter une distance d’au moins 5 km entre l’orbite initiale des satellites Starlink et les systèmes spatiaux de la NASA, notamment la Station Spatiale Internationale
- Éviter tout risque de conjonction avec la trajectoire de la Station Spatiale Internationale dans un volume de 50x50x4 km
Cette initiative inédite, en marge des processus d’octroi de licence de lancement ou d’exploitation accordée par la FAA ou la FCC, pourrait être à rapprocher des difficultés rencontrées par ces administrations régulatrices pour définir des règlementations en matière de sûreté. La FAA et la FCC ont toutes 2 été engagées récemment dans un processus de réforme de leurs conditions d’octroi de licence intégrant des dispositions relatives à la réduction des risques de collision. Si la réforme de la FAA est entrée en vigueur le 10 avril dernier, celle-ci ne traite que les risques de collisions liés aux lanceurs. Quant à la réforme de la FCC, celle-ci a rencontré une forte opposition de la part de l’industrie spatiale forçant la FCC à revoir son approche. Aussi, l’accord entre la NASA et SpaceX semble-t-il venir combler le vide juridique qui entoure actuellement la gestion des risques de collisions entre systèmes spatiaux.
Enfin, il est intéressant de constater que cet accord s’inscrit dans un effort plus global de la NASA visant à responsabiliser les acteurs privés opérant dans le domaine spatial. La NASA avait effectivement publié en décembre 2020 un guide intitulé « Spacecraft Conjunction Assessment and Collision Avoidance Best Practices Handbook » ayant pour objectif de sensibiliser le secteur commercial aux questions de sûreté dans l’Espace et à leur partager son expertise.
Scepticisme du nouveau Président de la Sous-Commission Espace de la Chambre quant à l’adoption prochaine de la réforme sur les satellites de télédétection
Space Policy Online, 17 mars 2021
Le nouveau Président de la Sous-Commission Science, Espace et Technologie de la Chambre des Représentants, Don Beyer (D-VA), a indiqué qu’il serait difficile pour le Congrès d’adopter cette année la réforme de la NOAA visant à assouplir les conditions d’attribution de licence pour les satellites commerciaux de télédétection. En revanche, il a estimé qu’une audition sur la question pourrait avoir lieu d’ici la fin de l’année.
Pour rappel, cette réforme prévoit d’établir un système de licence en 3 tiers selon le niveau de performance des satellites de télédétection, notamment en comparaison des performances disponibles à l’étranger. Ce nouveau système aurait pour objectif de soutenir les entreprises américaines œuvrant dans ce secteur tout en préservant la sécurité nationale des États-Unis.
À noter en ce sens que Don Beyer a exprimé son soutien à l’élaboration de règles internationales sur la question de l’encadrement des capacités de télédétection.
Sécurité et Défense
Le Pentagone sélectionne Relativity Space pour lui fournir un accès rapide et low-cost à l’Espace
Space News, 15 mars 2021
Parabolic Arc, 16 mars 2021
La société Relativity Space, qui développe le Terran 1, premier petit lanceur entièrement conçu par impression 3D, a été choisie par la Defense Innovation Unit du Département de la Défense (DoD) pour lancer une petite charge utile à horizon 2023 dans le cadre de la Rapid Agile Launch Initiative (RALI). Ce programme, géré par le Space and Missile Systems Center Launch Enterprise de l’U.S. Space Force (USSF), a pour objectif de sélectionner des entreprises capables de fournir des services de lancement disruptifs, réactifs et à faible coût avec des capacités d’emport de 450 à 1 200 kg en orbite terrestre basse (LEO). Relativity Space est la 3ème entreprise sélectionnée par le Pentagone dans le cadre de ce programme aux côtés de Rocket Lab et de Virgin Orbit. Le DoD est quant à lui le 9ème client de Relativity Space et son 2ème client institutionnel après la NASA qui a accordé à l’entreprise un contrat Venture Class Launch Services (VCLS) en décembre dernier. Pour rappel, le lanceur Terran 1 de Relativity Space a été conçu pour emporter 900 kg en orbite héliosynchrone et 1 250 kg sur des orbites d’inclinaison inférieure. Son 1er lancement est prévu cette année depuis Cap Canaveral (Floride). L’entreprise projette toutefois déjà de développer un lanceur de plus grandes dimensions pour faire concurrence au Falcon 9 de SpaceX.
La défense américaine choisit Viasat pour imaginer une architecture hybride de télécommunications
Space News, 15 mars 2021
L’opérateur de télécommunications Viasat a reçu de l’Air Force Research Laboratory (AFRL) un contrat de 50,8 M$ sur 7 ans pour travailler à l’élaboration d’une architecture de télécommunications hybride intégrant ses satellites commerciaux et ceux du gouvernement.
Ce contrat couvre l’étude, la conception, la fabrication, l’intégration, le lancement, le vol et la démonstration du segment spatial mais aussi du segment sol de cette architecture. En effet, l’un des principaux points d’attention du Pentagone sera la conception de terminaux compatibles aussi bien avec ses satellites qu’avec des satellites commerciaux. Viasat bénéficie toutefois d’une certaine expérience en la matière, l’entreprise ayant déjà travaillé avec le Département de la Défense (DoD) à la conception de terminaux terrestres.
À noter que ce contrat s’inscrit dans le cadre d’une réflexion initiée dès 2016, date à laquelle le Congrès avait demandé à l’U.S. Air Force (USAF) de conduire une étude visant à déterminer la façon dont le DoD pourrait tirer parti des capacités croissantes du secteur commercial. L’USAF avait alors mené des recherches pendant 3 ans afin de réfléchir à une solution commerciale de remplacement des satellites Wideband Global Satcom (WGS) mais leurs résultats n’avaient jamais été rendus publics. Plus récemment, en février 2020, le Commandant de l’U.S. Space Force (USSF), John Raymond, a insisté de nouveau sur la nécessité de s’appuyer sur les systèmes spatiaux commerciaux pour assurer la résilience du réseau militaire.
SEAKR Engineering Wins reçoit 60,5 M$ dans le cadre du programme Blackjack de la DARPA
Parabolic Arc, 15 mars 2021
Avec cette somme, l’entreprise devra développer d’ici mars 2022 le processeur d’intelligence artificielle « Pit Boss » qui doit permettre aux satellites Blackjack d’acquérir, de traiter et de distribuer de manière autonome leurs données aux utilisateurs.
Pour rappel, le programme Blackjack de la Defense Advance Research Projects Agency (DARPA) a pour objectif de développer une constellation de petits satellites en orbite basse afin de démontrer l’utilité pour le secteur militaire des technologies et des modèles industriels développées par le secteur privé.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-05
L’USAF se dote d’un centre de recherche sur l’environnement spatial
Space News, 18 mars 2021
Parabolic Arc, 20 mars 2021
La Direction Space Vehicles de l’Air Force Research Laboratory (AFRL) a annoncé l’ouverture en octobre prochain de son Skywave Technology Laboratory au Nouveau-Mexique. Ce centre, d’une surface de 3 500 m², aura pour objectif de surveiller l’environnement de l’Espace circumterrestre et d’analyser et prédire la façon dont cet environnement affecte les systèmes militaires spatiaux et aériens. Il sera aussi bien utilisé par l’armée américaine que par les partenaires industriels et universitaires de l’AFRL.
Lancements
Pour le 15ème anniversaire du lancement du 1er Falcon 1, SpaceX réalise son 4ème tir Starlink en moins de 3 semaines
Satellite Today, Space News, Space Flight Now, 24 mars 2021
Le 24 mars, un Falcon 9 de SpaceX a mis sur orbite 60 satellites Starlink depuis le Launch Complex 40 (LC-40) du Kennedy Space Center (Floride). Avec ce 22ème lancement de satellites opérationnels dédiés à Starlink depuis le 24 mai 2019, SpaceX a lancé un total de 1 385 satellites dont 1 321 sont toujours opérationnels en orbite :
- Version v0.9 : 60 satellites lancés, 48 satellites désorbités
- Version v1.0 : 1 325 satellites lancés, 16 satellites désorbités
Il s’agissait de la 6ème utilisation du premier étage du Falcon 9 qui a été récupéré avec succès sur le « bateau-drone » stationné dans l’océan Atlantique.
Ce nouveau déploiement de satellites Starlink intervient 15 ans jour pour jour après le premier lancement du 1er Falcon 1 de SpaceX le 24 mars 2006 qui s’était toutefois soldé par un échec en raison d’une fuite de carburant ayant entrainé un incendie au niveau du moteur.
Cette 23ème mission Starlink est également la 4ème effectuée par SpaceX sur le seul mois de mars (après les lancements réussis les 4, 11 et 14 mars), permettant à l’opérateur d’ajouter 240 satellites à sa constellation en moins de 3 semaines.
Cette cadence de lancement, de même que le rythme de production des satellites Starlink – à raison de 6 satellites par jour –, permet à SpaceX de se rapprocher de son objectif de couverture mondiale d’ici la fin de l’année. Les responsables de l’entreprise concèdent toutefois que des défis importants demeurent au niveau réglementaire, notamment en ce qui concerne l’acquisition des autorisations nationales nécessaires.
L’élargissement de la taille de la constellation Starlink pose également de nombreux défis en matière de sûreté dont l’entreprise a souhaité s’emparer en signant avec la NASA un accord relatif à la réduction des risques de collision (voir infra).
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°21-05
Des nouvelles de Pegasus…
Parabolic Arc, Space Flight Now, 17 mars 2021
Satellite Today, 18 mars 2021
Orbital Sciences LLC, filiale de Northrop Grumman, a récemment reçu une licence de la Federal Aviation Administration (FAA) l’autorisant à procéder au lancement de son lanceur Pegasus depuis le Wallops Flight Facility (Virigine) et la Cape Canaveral Space Force Station (Floride) de la NASA pendant une durée de 5 ans.
En outre, l’entreprise, qui a été sélectionnée en juillet dernier dans le cadre du programme Tactically Responsive Launch (TacRL) de l’U.S. Space Force (USSF), procédera au lancement de la mission TacRL-2 au premier semestre 2021 depuis la Vandenberg Air Force Base (Californie). En ligne avec les objectifs du programme, l’intégration de la charge utile au lanceur sera réalisée très tardivement de façon à tester la réactivité de l’entreprise et sa capacité à répondre aux urgences de l’USSF.
Pour rappel, le Pegasus, conçu pour être lancé depuis l’avion porteur L-1011 de Northrop Grumman, est capable de placer jusqu’à 450 kg en orbite terrestre basse. Depuis 1990, il a effectué un total 44 missions. Sur la dernière décennie, il n’a toutefois réalisé que 4 missions, la dernière en date ayant été réalisée au profit de la NASA en 2019. En effet, malgré l’essor du marché des petits satellites, Pegasus a pâti de la concurrence de nouveaux acteurs comme SpaceX, Rocket Lab et Virgin Orbit.
Lancements à venir
Date | Mission | Client | Orbite | Lanceur | Entreprise | Site |
7 avril | Starlink (x60) | SpaceX | LEO | Falcon 9 Block 5 v1.2 | SpaceX | Cap Canaveral (Floride) |
22 avril | Crew-2 | SpaceX | LEO | Falcon 9 Block 5 v1.2 | SpaceX | Cap Canaveral (Floride) |
Lanceurs
À l’approche de son 1er lancement, ABL Space Systems lève 170 M$
Space News, 25 mars 2021
La société ABL Space Systems, qui conçoit le petit lanceur RS1 capable de placer 1 350 kg en orbite basse, a levé 170 M$ dans le cadre de son dernier tour de financement de série B. Ce montant porte la valorisation de l’entreprise à 1,3 Md$ et doit lui permettre de développer les infrastructures et spatioports nécessaires à l’augmentation de sa cadence de production et de lancement. À ce titre, ABL Space Systems souhaite procéder à son premier lancement au cours du 2ème trimestre 2021 depuis la Vandenberg Air Force Base (Californie).
Malgré la multiplication des acteurs présents sur la branche des petits lanceurs, le Président et co-fondateur d’ABL Space Systems estime que le RS1 saura se faire une place sur ce marché concurrentiel et répondre à la demande de court terme qu’il juge à ce jour encore insatisfaite.
À noter par ailleurs que la société ABL Space Systems a choisi une méthode de financement différente de celle de ses concurrents Astra et Rocket Lab. Tandis que ces dernières ont décidé d’entrer en bourse au terme d’une fusion avec une special purpose acquisition company (SPAC), ABL Space Systems a choisi de privilégier le recours à des financements privés afin de ne pas être soumise à la surveillance et au contrôle dont font l’objet les sociétés cotées.
Station Spatiale Internationale et Vol Habité en Orbite Basse
La NASA (re)lance son programme de développement des stations spatiales commerciales en orbite basse
Space News, 23 mars 2021
Le 23 mars dernier, la NASA a annoncé le lancement de son programme Commercial LEO Development (CLD) dont l’objectif est de permettre le développement de stations spatiales commerciales autonomes en orbite basse (« Free Flyer »). Celui-ci a vocation à remplacer l’appel d’offres lancé en octobre 2019 par la NASA et que l’Agence avait annulé en août dernier afin d’en revoir les conditions. À la différence de cet appel d’offres au terme duquel la NASA souhaitait financer le développement de stations autonomes privées, le programme CLD repose sur la signature de Space Act Agreements au terme desquels seules les entreprises doivent assurer le développement de leur projet de station, la NASA se contentant d’en financer les étapes préliminaires. Le programme CLD sera ainsi divisé en 2 phases :
- 1ère phase : la NASA attribuera à la fin de l’année 2021 entre 2 et 4 contrats à diverses entreprises privées (d’une valeur combinée de 300 à 400 M$ et d’une durée de 3 ans) afin soutenir la conception de leur projet de stations jusqu’au stade de la revue de conception préliminaire. Les études menées dans le cadre de ce contrat doivent également permettre à l’Agence de déterminer à la fois l’offre et la demande qui alimenteront ce nouveau marché des stations spatiales commerciales
- 2ème phase : la NASA devra procéder à partir de 2026 à la certification des stations en vue d’acheter à leurs opérateurs des services commerciaux. Bien que les détails de cette seconde phase ne soient pas connus, la NASA a communiqué ses futures exigences : l’Agence souhaite être en mesure d’envoyer 2 astronautes de façon permanente en orbite basse pour effectuer 200 missions de recherche par an
Ce modèle, inspiré des programmes de commercialisation des vols habités et non-habités vers l’ISS, permettrait à la NASA de devenir cliente des entreprises engagées dans ce programme et, de ce fait, de palier le faible budget qui lui a été accordé depuis 2 ans par le Congrès au sujet de la privatisation de l’orbite basse. En effet, l’Agence n’a reçu que 15 et 17 M$ pour les exercices fiscaux 2020 et 2021 contre 150 M$ demandés.
À noter que, dans cette situation de contrainte budgétaire, la NASA a récemment augmenté les prix qu’elle impose aux utilisateurs commerciaux de l’ISS.
Observation de la Terre
Scepticisme du nouveau Président de la Sous-Commission Espace de la Chambre quant à l’adoption prochaine de la réforme sur les satellites de télédétection
Cf. Réglementation
Télécommunications
OneWeb poursuit son déploiement avec 36 nouveaux satellites en orbite et espère offrir ses premiers services fin 2021
Cf. Constellations
La NASA et SpaceX s’engagent à coopérer pour limiter les risques de collision dans l’Espace
Cf. Réglementation
Constellations
OneWeb poursuit son déploiement avec 36 nouveaux satellites en orbite et espère offrir ses premiers services fin 2021
Space News, 25 mars 2021
Le 25 mars dernier, Arianespace a lancé avec succès 36 satellites OneWeb en orbite basse à bord d’un lanceur Soyouz-2.1b depuis le nouveau cosmodrome russe de Vostochny. Avec ce 2ème lancement depuis le rachat de OneWeb par le gouvernement britannique et l’opérateur indien de télécommunications Bharti Global, la constellation de l’entreprise compte désormais 146 satellites sur les 648 qu’elle souhaite déployer au terme de sa première phase. Il s’agit également du 2ème des 5 lancements prévus par OneWeb d’ici juin 2021 dans le but de couvrir la latitude 50°N qui comprend notamment le Canada, l’Alaska, l’Océan arctique, l’Islande, le Nord de l’Europe et le Royaume-Uni. À moyen terme, l’entreprise prévoit de lancer ses premiers services commerciaux d’ici fin 2021.
Dans ce contexte, OneWeb se place en concurrence directe avec son rival SpaceX dont la constellation Starlink compte actuellement 1 321 satellites opérationnels en orbite (voir supra) et dont le service initial est également prévu pour la fin de l’année. À noter par ailleurs que SpaceX serait actuellement en pourparlers avec le gouvernement britannique afin d’être éligible à son programme « Gigabit » de 6,85 Md$ visant à améliorer la couverture haut débit du Royaume-Uni. Enfin, la concurrence livrée par SpaceX est d’autant plus importante que l’entreprise d’Elon Musk n’a que peu souffert de la pandémie de Covid-19 grâce à sa structure parfaitement intégrée, là où OneWeb pourrait pâtir des difficultés rencontrées par le reste de sa chaîne de valeur.
En dépit de l’avancée acquise par son concurrent, OneWeb poursuit le développement de ses activités et s’attaque notamment à la celui de ses terminaux sol. OneWeb s’est rapproché de la société sud-coréenne Intellian pour concevoir ses antennes de grandes dimensions qui lui permettront de couvrir des zones larges regroupant de nombreux utilisateurs (comme des villages). Intellian devrait lui livrer d’ici mai ses premières antennes paraboliques doubles tandis que le modèle d’antenne simple demeure en cours de développement. Des antennes plus compactes seraient également en cours de fabrication, notamment avec la société israélienne Satixfy qui développe pour OneWeb un terminal adapté aux avions.
Pour rappel, OneWeb a levé en janvier dernier un montant de 400 M$ auprès de Softbank et Hugues Space Systems et envisage d’autres campagnes de financement afin de sécuriser 2 Md$ cette année.
Connaissance de l’Environnement Spatial
De nouveaux débris en orbite polaire suite à l’explosion d’un satellite de la NOAA
Space News, 20 mars 2021
Space Watch, 25 mars 2021
Le 18ème escadron de contrôle spatial de l’U.S. Space Force (USSF) a annoncé que le satellite météorologique NOAA-17 de la NOAA, inactif depuis 2013 en orbite polaire à un peu plus de 800 km d’altitude, a explosé le 10 mars dernier. Cette explosion, qui n’aurait pas été causée par une collision, ne poserait à ce jour pas de risque de collision majeur pour l’ISS ou d’autres actifs spatiaux.
Il ne s’agit pas de la première explosion d’un satellite inactif de la NOAA qui avait connu un incident similaire en 2015. Outre les satellites de la NOAA, 2 satellites météorologiques de l’U.S. Air Force (USAF) ont également subi un destin similaire en 2015 et 2016. À noter que 3 de ces accidents sont liés à des satellites construits par Lockheed Martin.
Ce nouvel accident vient remettre en question l’efficience de la réglementation américaine en matière de limitation des débris spatiaux et notamment celle des Orbital Debris Mitigation Standard Practices de la NASA qui prévoient entre autres la passivation des sources d’énergie stockées à bord d’un engin spatial en fin de vie. Bien que la NOAA ait indiqué avoir mené une campagne de désactivation de son satellite – notamment pour éviter les interférences radio –, l’explosion de son satellite pose la question de l’application de ces nouvelles réglementations aux satellites conçus à une époque où la problématique des débris spatiaux n’était pas ou peu considérée.
Artemis
Green Run : la campagne de test du SLS prend fin avec une mise à feu statique réussie
Space News, Parabolic Arc, 18 mars 2021
Deux mois après l’échec du premier test de mise à feu statique de l’étage central du Space Launch System (SLS), un second test a été réalisé avec succès le 18 mars dernier. Les 4 moteurs RS-25 de l’étage central ont été allumés à 16h37 EST et ont fonctionné nominalement pendant environ 8 min 20 s, soit bien au-delà du plancher de 4 min que s’était fixé la NASA. Ce test fructueux ouvre la voie au transfert du corps central depuis le Stennis Space Center (Mississippi) jusqu’au Kennedy Space Center (Floride) où il sera intégré aux autres éléments du lanceur. Ce transfert devrait toutefois prendre un mois, posant de ce fait la question d’un possible report de la mission Artemis-1.
Lors d’une interview le 17 mars dernier, l’Administrateur par intérim de la NASA, Steve Jurczyk, a simplement indiqué que l’Agence était en train de consolider le calendrier de la 1ère mission vers la Lune sans équipage, en précisant que la marge dont elle disposait pour un lancement prévu en novembre de cette année avait été pratiquement consumée.
Exploration et Sciences de l’Univers
Le télescope JSWT toujours en bonne voie pour un lancement en octobre depuis Kourou
Space News, 18 mars 2021
En dépit de plusieurs anomalies survenues ces derniers mois, la préparation du James Webb Space Telescope (JWST) semble toujours dans les temps pour un lancement par une Ariane 5 en octobre prochain depuis Kourou en Guyane française. Selon Eric Smith, responsable scientifique de JWST, le programme bénéficierait encore de 48 jours de marge sur son calendrier. Cette marge pourrait toutefois rapidement se réduire suite à un nouveau problème technique au niveau de 2 transpondeurs de communications, pour lequel des actions ont été lancées la semaine dernière.
À la différence de JWST, il se pourrait que le lancement du Nancy Grace Roman Space Telescope (anciennement appelé Wide Field Infrared Survey Telescope) soit décalé de fin 2025 à mi-2026 en raison de la pandémie de Covid-19. Le report de ce calendrier engendrera très vraisemblablement des coûts supplémentaires que la NASA n’est toutefois pas en mesure de chiffrer à ce jour.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-18
Secteur Privé
Anywaves et Loft Orbital s’engagent dans une coopération industrielle de long terme
Space News, 16 mars 2021
La startup française Anywaves, fondée en 2017 sous l’impulsion du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg et spécialisée dans la production d’antennes pour petits satellites, a été sélectionnée par Loft Orbital pour la livraison de 2 antennes de bande S qui seront installées sur le satellite YAM-5. Cette commande est considérée par les 2 entreprises comme les prémices d’un partenariat de long terme. En effet, Loft Orbital, société basée à San Francisco et ayant ouvert des bureaux à Toulouse l’année dernière, a été séduite par la rapidité d’exécution de la startup française qui lui permettra de soutenir le rythme de production de sa future constellation de satellites.
Pour rappel, Anywaves avait également reçu en septembre 2020 un contrat de Thales Alenia Space pour équiper les 2 premiers satellites que l’entreprise conçoit au profit de la constellation d’Internet des Objets d’Omnispace.
La vague de fusions SPAC se poursuit et entraine avec elle de nouvelles entreprises
Space News, 25 mars 2021
Le 25 mars dernier, la société Redwire a annoncé qu’elle ferait son entrée en bourse à l’issue d’une fusion avec une special purpose acquisition company (SPAC). La SPAC en question, Genesis Park Acquisition Corp., a été cotée à la Bourse de New York en novembre 2020 et permettra à Redwire d’être valorisée à 615 M$ et de bénéficier de 170 M$ de liquidités. Cette fusion s’inscrit dans le sillage de nombreuses autres opérations similaires réalisées récemment par diverses entreprises du spatial mais semble présenter quelques particularités propres à la nature de la société Redwire. Cette société, qui a été fondée en 2020 avec pour objectif d’absorber diverses entreprises œuvrant dans différentes branches du spatial (dont la maintenance satellitaire en orbite, la commercialisation de l’orbite basse, la digitalisation des satellites, la connaissance de l’environnement spatial, etc.), constitue déjà un fournisseur majeur de l’industrie spatiale. À cet égard, elle génère déjà des revenus et se distingue ainsi de nombreuses autres entreprises ayant fusionné avec des SPACs.
À noter que d’autres opérations de fusion pourraient avoir lieu dans un futur proche, notamment celle de Virgin Orbit. Son fondateur, Richard Branson, a annoncé souhaiter son entrée en bourse prochaine estimant que cette opération lui permettrait d’être valorisée à 3 Md$. Pour rappel, Richard Branson avait déjà fait procéder en 2019 à la fusion entre son autre société Virgin Galactic et la Social Capital Hedosophia, une opération considérée comme le véritable point de départ de la dynamique actuelle qui entoure les SPACs.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-05
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