Bulletin d’actualité Espace n°21-03

Bulletin d’actualité rédigé par le Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg à Washington D.C. (Amaury Carbonnaux, Nicolas Maubert, Diane Zajackowski)

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Personalia

La NASA crée un poste de Conseiller Climat
NASA Press Release, SpaceNews, 3 février 2021
Dans le sillage de l’investiture du 46ème Président des États-Unis Joe Biden, la NASA vient de se doter d’un nouveau poste : celui de Conseiller Climat, occupé à titre temporaire par Gavin Schmidt, actuel directeur du Goddard Institute for Space Studies de la NASA à New York.
À travers ce poste, l’Agence s’inscrit dans la politique environnementale prioritaire du nouvel Exécutif américain. Selon l’Administrateur de la NASA par intérim Steve Jurczyk, ce nouveau poste permettra à l’Agence de mieux coordonner ses efforts pour remplir les objectifs fixés par l’Exécutif en matière de lutte contre le changement climatique. Plus précisément, le Conseiller Climat aura pour missions :

  • D’encourager les investissements de la Division des Sciences de la Terre (intégrée à la Direction des Sciences) en matière de climat
  • De promouvoir les initiatives technologiques (notamment – mais pas seulement – dans le domaine de l’aéronautique) axées sur la réduction des émissions de dioxyde de carbone et des impacts climatiques au sens large
  • De mettre en valeur les investissements et avancées réalisés par la NASA en matière climatique
  • De favoriser la communication et la coordination au sein et en dehors de la communauté scientifique de la NASA
  • D’accroître la recherche et le développement technologique de la NASA dans le domaine du climat

Jeff Bezos quitte ses fonctions de PDG d’Amazon pour se concentrer sur Blue Origin
Satellite Today, 3 février 2021
Lors de la présentation des résultats du quatrième trimestre d’Amazon, Jeff Bezos, fondateur du géant de la vente en ligne, a créé la surprise en annonçant qu’il quitterait ses fonctions de PDG de la société au premier trimestre 2021, laissant sa place à Andy Jassy, directeur d’Amazon Web Services. Selon Jeff Bezos, ce départ lui permettra de concentrer ses efforts sur d’autres projets, notamment sa société Blue Origin qu’il avait décrite par le passé comme son entreprise « la plus importante ».
Bien qu’ayant accumulé du retard par rapport à son concurrent SpaceX dans le domaine des lanceurs, aussi bien en termes technologiques que de cadence de lancements, Blue Origin a récemment connu des avancées importantes. Son lanceur New Glenn a été sélectionné par la NASA en décembre 2020 dans le cadre de son Launch Services Program (LSP). En avril 2020, le consortium d’entreprises mené par Blue Origin a par ailleurs remporté un contrat de 579 M$ pour une première phase de développement d’un alunisseur dans le cadre du programme Human Landing System (HLS) de la NASA.

Politique

Joe Biden pourrait confier sa politique spatiale au National Security Council au détriment du National Space Council
Space News, 5 février 2021
Dans un memo en date du 4 février, le Président Joe Biden a donné un premier aperçu du futur paysage spatial sous sa présidence. Il a notamment indiqué que le National Security Council (NSC), placé sous sa direction et regroupant sa Vice-Présidente Kamala Harris ainsi que les membres de son Cabinet, aurait la responsabilité de définir les futures politiques spatiales du gouvernement en matière de sécurité nationale. Ces politiques prendraient la forme de « national security memorandums » qui auraient vocation à remplacer les Space Policy Directives (SPD) rédigées par le National Space Council (NSpC) et promulguées par le Président Donald Trump.
Le NSpC n’est d’ailleurs pas mentionné dans le memo du Président Biden, laissant à penser qu’il pourrait être contourné sur les questions de sécurité nationale dans l’Espace, voire être complètement abandonné par la nouvelle administration, et ce en dépit des recommandations de l’industrie et de son efficacité démontrée sous l’ère Trump. En effet, dans une lettre datée du 28 janvier dernier, 17 industriels avaient encouragé la Maison Blanche à conserver le NSpC, lequel a d’ailleurs reçu un budget de fonctionnement pour l’année fiscale 2021 dans la loi d’appropriation votée par le Congrès en décembre dernier. Selon ces industriels, et notamment l’Aerospace Industries Association (AIA), le domaine spatial est par nature intersectoriel et dual, nécessitant le maintien d’une plateforme de dialogue comme le NSpC où les communautés spatiales civiles et militaires peuvent échanger et collaborer.
Or, là où le NSpC regroupe l’ensemble des agences fédérales compétentes en matière spatiale, le NSC semble se concentrer exclusivement sur des thématiques de sécurité nationale, bien qu’il intégrera en son sein l’Office of Science and Technology Policy (OSTP) qui pourrait probablement se charger des questions spatiales civiles et commerciales. Outre ce risque de dissociation civile-militaire, les représentants de l’industrie s’inquiètent également du retard que prendront les États-Unis dans l’adoption de politiques spatiales compte tenu des nombreuses priorités et crises auxquelles doit faire face le NSC quotidiennement.

Le nouvel Exécutif se prononce sans convaincre en faveur de l’U.S. Space Force
Cf. Sécurité et Défense

L’administration Biden se veut rassurante sur l’avenir du programme Artemis
Cf. Artemis

Sécurité et Défense

Le nouvel Exécutif se prononce sans convaincre en faveur de l’U.S. Space Force
Space News, 2 [1] et 3 [2] février 2021            
Le 3 février dernier, l’administration Biden a indiqué qu’elle offrirait son soutien entier à l’U.S. Space (USSF). Cette annonce intervient alors que la vision du Président Joe Biden au sujet de la 6ème branche armée américaine créée sous l’initiative de son prédécesseur demeurait floue et avait fait l’objet de spéculations négatives après une intervention controversée de l’attachée presse de la Maison Blanche, Jen Psaki. Cette dernière avait effectivement suscité de vives critiques après avoir suggéré la veille que le sujet de l’USSF n’avait pas préoccupé le nouveau Président des États-Unis, le mettant au même niveau que le choix de la future couleur de l’avion présidentiel. Le Représentant Mike Rogers (R-AL), qui siège à la Commission des forces armées de la Chambre des Représentants, avait alors demandé à ce que la Maison Blanche formule des excuses pour ce qu’il voyait comme un « propos déshonorant » (« disgraceful comment ») à l’égard de l’USSF. Sans s’excuser, Jen Psaki a convié les membres de l’USSF à la Maison Blanche et rectifié son propos le lendemain en insistant sur le soutien accordé par l’Exécutif à l’USSF qui fait l’objet d’un soutien bipartisan.

Lancements

SpaceX franchit la barre des 1 000 satellites Starlink opérationnels avec un propulseur réutilisé seulement 27 jours après sa récupération
Space News, Space.com, 4 février 2021
Le 4 février, un Falcon 9 de SpaceX a mis sur orbite 60 satellites Starlink depuis le Space Launch Complex 40 (SLC-40) de la Cape Canaveral Air Force Station (Floride). Avec ce 17ème lancement de satellites opérationnels dédiés à Starlink depuis le 24 mai 2019, SpaceX a lancé un total de 1 083 satellites dont 1 022 sont toujours opérationnels en orbite :

  • Version v0.9 : 60 satellites lancés, 47 satellites désorbités
  • Version v1.0 : 1 023 satellites lancés, 14 satellites désorbités

Il s’agissait de la cinquième utilisation du premier étage du Falcon 9 qui avait volé il y a seulement 27 jours (lancement de Turksat 5A le 7 janvier 2021). Les délais de remise en état des propulseurs entre deux utilisations se réduisent constamment, montrant la maturité de SpaceX en matière de réutilisation. Ce dernier a été récupéré avec succès sur le « bateau-drone » stationné dans l’océan Atlantique pour une prochaine nouvelle utilisation.
À noter que SpaceX prévoyait initialement de procéder à 2 lancements Starlink en moins de 4h30 d’intervalle (ce qui n’était pas arrivé depuis 1966 à Cape Canaveral). SpaceX a toutefois dû renoncer au deuxième tir à la dernière minute afin de procéder à des vérifications supplémentaires.

Lancements à venir

Date

Mission Client Orbite Lanceur Entreprise Site

13 février

Charges utiles dans le cadre du NASA Flight Opportunities program NASA Surborbital SpaceShipTwo Virgin Galactic

Spaceport America (Nouveau-Mexique)

14 février

Starlink (x60) SpaceX LEO Falcon 9 Block 5 v1.2 SpaceX

Cap Canaveral (Floride)

20 février

Cygnus CRS-15
IT-SPINS
ThinSat 2 (x9)
NASA,
Montana State University, Space Science and Engineering Laboratory,
Virginia Space
LEO Antares 230+ Northrop Grumman

Wallops Flight Facility (Virginie)

14 mars

NPS-CENETIX-Orbital 1,
Serenity,
Hiapo,
Cresst Dream Comet,
BSS 1,
FossaSat 1b,
FossaSat 2,
GENESIS-L,
GENESIS-N,
Qubik 1,
Qubik 2,
Spinnaker-3/Firefly Capsule 1
AT&T, Naval Postgraduate School (NPS), Teachers in Space, Hawaii Science and Technology Museum, Cambridge University, Benchmark Space Systems, Fossa Systems,
AMSAT EA,  Libre Space Foundation, Cal Poly Cubesat Lab, Purdue University, NASA, Firefly Aerospace
LEO Alpha Firefly

Vandenberg
(Californie)

25 mars Starliner OFT-2 (Starliner SC-2 F1) NASA LEO Atlas V United Launch Alliance

Cap Canaveral (Floride)

Lanceurs

La société de petits lanceurs Astra bientôt cotée au NASDAQ
Space News, 1er février 2021
Parabolic Arc, Satellite Today, 2 février 2021
Après Virgin Galactic en 2019 et Momentus en octobre 2020, l’entreprise de petits lanceurs Astra s’apprête à faire son entrée en bourse en fusionnant avec la société d’acquisition à finalité spécifique (SPAC) Holicity Inc. Au terme de cette opération qui devrait être finalisée au deuxième trimestre 2021, la société pourrait espérer bénéficier de 500 M$ de liquidités et être évaluée à plus de 2 Md$.
Grâce à ce financement, Astra compte automatiser sa chaîne de production et augmenter considérablement la cadence de ses lancements. L’entreprise prévoit de procéder à 300 lancements en 2025, soit pas moins de 3 fois le nombre de lancements orbitaux réalisés en 2020 à travers le globe. Cette cadence de lancement devrait également permettre à l’entreprise d’accroître ses recettes : Astra estime à ce titre que ses revenus pourraient passer de 4 M$ en 2021 à 1,5 Md$ en 2025 grâce non seulement à ses activités de lancement mais également à sa nouvelle plateforme de petits satellites destinée à être lancée sur ses propres lanceurs et à emporter des charges utiles de divers clients.
D’ici là, Astra doit encore placer son premier satellite en orbite. En effet, le dernier lancement d’Astra réalisé le 15 décembre 2020 s’est soldé par un demi-succès dans la mesure où l’Astra Rocket 3.2 n’est pas parvenue à atteindre l’orbite visée. L’entreprise n’a pas encore annoncé la date de son prochain lancement mais espère débuter ses premiers services commerciaux courant 2021. Astra disposerait déjà d’un carnet de commandes de 150 M$, avec 50 lancements prévus au profit d’une dizaine de clients privés comme publics, parmi lesquels le Département de la Défense ou encore la NASA qui l’a sélectionné en décembre dernier dans le cadre de son programme Venture Class Launch Services.

À l’approche de son premier lancement, Firefly Aerospace cherche à lever 350 M$
Space News, 27 janvier 2021
Fin janvier, la société Firefly Aerospace a indiqué vouloir lever 350 M$ pour accroître ses capacités de production actuelles et préparer ses activités futures. 125 M$ des fonds levés auraient pour but d’améliorer, accélérer et rationaliser la production de son petit lanceur Alpha dont le premier lancement devrait avoir lieu dans les prochaines semaines. Les 225 M$ restants seraient dédiés à de nouveaux projets, comme le développement d’un lanceur de classe moyenne capable de placer 10 tonnes en orbite (soit une capacité 10 fois plus importante qu’Alpha) que l’entreprise souhaite opérationnel en 2024. Si l’objectif de 350 M$ que s’est fixé Firefly Aerospace est ambitieux, l’entreprise souhaite solliciter uniquement des investisseurs privés. Elle a en effet indiqué ne pas souhaiter se tourner vers d’autres méthodes de financement comme le recours aux sociétés d’acquisition à finalité spécifique SPAC (qui absorbent des entreprises afin de leur permettre d’entrer en bourse) à l’instar de son concurrent Astra (voir supra), estimant qu’une entrée en bourse ne lui permettrait pas de conserver la flexibilité dont elle dispose. À noter par ailleurs que la société Relativity Space, qui opère également dans le secteur des petits lanceurs, avait réussi à lever 500 M$ en novembre 2020.

Le destin du Starship SN9 similaire à celui du SN8
Space News, 2 février 2021
Le 2 février, SpaceX a effectué à Boca Chica (Texas) un deuxième vol d’essai à haute altitude du Starship, deuxième étage du lanceur orbital super-lourd SpaceX Starship. Le SN9, qui est le second prototype du Starship à subir cet essai, a suivi le même plan de vol que le SN8… pour le même résultat, à savoir un crash à l’atterrissage. Le prochain prototype, le SN10, était déjà sur le pas de tir lors du test du SN9. Il devrait tenter un essai similaire courant février en espérant un final plus heureux.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-21

Le Falcon Heavy de SpaceX pour lancer Europa Clipper ?
Space News, 29 janvier 2021
La NASA a publié une demande d’information (Request for Information – RFI) faisant appel aux lanceurs commerciaux capables d’emporter la sonde d’exploration de 6 065 kg vers Europe, une lune glacée de Jupiter. La fenêtre de lancement devrait courir sur trois semaines en octobre 2024, tandis que l’arrivée dans la banlieue de Jupiter devrait survenir en avril 2030.
L’Agence tire profit de la récente loi d’appropriation qui l’autorise à examiner d’autres alternatives que le Space Launch System (SLS) pour lancer la sonde. Lors de ses précédentes propositions budgétaires, la NASA avait insisté auprès du Congrès pour considérer d’autres options au SLS. Le lanceur super lourd de la NASA était préféré par le Congrès jusqu’à la dernière loi d’appropriation, notamment en raison de ses performances uniques permettant une arrivée plus rapide d’Europa Clipper dans le système jovien (en 2027). Malgré cet avantage, le coût du SLS (1,5 Md$), son utilisation au profit du programme Artemis, ainsi que de possibles problèmes de compatibilité avec la sonde Europa Clipper ont amené le Congrès à ouvrir la porte à des solutions alternatives.
Dans ce document, la NASA indique que le lanceur devra répondre à ses exigences de Catégorie 3, ce qui implique l’utilisation d’un véhicule ayant effectué a minima 3 lancements réussis (dont 2 consécutifs). Deux lanceurs remplissent actuellement ces conditions : le Delta IV Heavy d’ULA et le Falcon Heavy de SpaceX. Tous les véhicules d’ULA ayant été affectés aux missions National Security Space Launch (NSSL) de l’U.S. Space Force (USSF), ils ne sont par conséquent plus disponibles. La voie semble donc toute tracée pour SpaceX, à moins que de nouveaux lanceurs lourds en développement ne soient prêts à temps.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-15

Station Spatiale Internationale et Vol Habité en Orbite Basse

Le second vol opérationnel du Crew Dragon, devant emporter Thomas Pesquet vers l’ISS, reporté au 20 avril
Space News, 30 janvier 2021
La NASA avait initialement fixé la date de lancement au 30 mars. L’Agence a différé le tir pour permettre un vol d’essai sans équipage de la capsule CST-100 Starliner prévu au plus tard le 25 mars dans le cadre de la mission Orbital Flight Test-2 (OFT-2). En effet, la Station Spatiale Internationale (ISS) offre deux sas d’amarrage aux capsules américaines, l’un étant déjà occupé par Crew-1 depuis novembre dernier. La capsule Crew-2 de SpaceX devra donc attendre la fin de la mission OFT-2, qui devrait durer une semaine, avant de pouvoir rejoindre l’ISS. L’équipage du Crew-2 remplacera celui du Crew-1 qui devrait revenir sur Terre fin avril-début mai après 6 mois à bord. Le Crew-2 sera composé de :

  • Shane Kimbrough (NASA – Commandant)
  • Megan McArthur (NASA – Pilote)
  • Thomas Pesquet (ESA – Spécialiste)
  • Akihiko Hoshide (JAXA – Spécialiste)

Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-20

Observation de la Terre

Umbra reçoit 32 M$ pour développer sa constellation de satellites SAR   
Space News, 31 janvier 2021
La startup Umbra, spécialisée dans l’observation de la Terre, a annoncé avoir levé 32 M$ pour assurer le développement de sa future constellation de satellites radar à synthèse d’ouverture (SAR). Ses satellites, qui seront placés à 515 km d’altitude en orbite héliosynchrone, fourniront des images d’une résolution inférieure à 25 cm.
Umbra, qui souhaite proposer à ses futurs clients des prix compétitifs par rapport aux satellites d’imagerie électro-optique, a obtenu en 2018 une licence de la NOAA lui permettant de vendre ses données SAR. L’identité de ses futurs clients demeure néanmoins inconnue, l’entreprise étant restée discrète sur ce point et s’étant contentée d’affirmer qu’elle avait conclu des contrats avec des entités gouvernementales et des entreprises commerciales de renseignement géospatial. À noter toutefois que l’AFWERX, l’entité de l’U.S. Air Force chargée de stimuler l’innovation au sein de cette branche armée, avait désigné Umbra comme lauréat de son programme Small Business Innovation Research.

Connaissance de l’Environnement Spatial

L’U.S. Space Command souhaite s’ouvrir à de nouveaux alliés, étatiques comme privés, en matière de connaissance de l’environnement spatial
Space News, 29 janvier 2021
À l’heure où les activités et le nombre d’acteurs se multiplient dans l’Espace, l’U.S. Space Command (USSPACECOM) envisage d’étendre son réseau de partenaires étatiques et commerciaux avec lesquels il partage des données de Space Situational Awareness (SSA).
L’USSPACECOM a signé par le passé, des accords avec 25 nations afin de favoriser l’échange de telles données. Certaines de ces nations, comme l’Australie et le Canada, travaillent d’ailleurs directement auprès du Combined Space Operations Center (CSpOC) de l’USSPACECOM à Vandenberg (Californie). D’autres, comme le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne sont intégrées au sein d’une cellule de coopération internationale (« multinational space collaboration cell ») du CSpOC. Si l’USSPACECOM n’a pas confirmé à l’heure actuelle quelles nations pourraient rejoindre cette coalition, le Japon, l’Italie et la Corée du Sud sont pressentis, comme l’avait déclaré l’année dernière John Raymond, alors Commandant de l’USSPACECOM.
Outre ses partenariats intergouvernementaux, l’USSSPACECOM a également noué des liens avec le secteur privé en matière de SSA. Il reçoit déjà des données de la part d’opérateurs de satellites commerciaux réunis au sein d’une cellule d’intégration commerciale («commercial integration cell ») créée en 2015. Regroupant Intelsat, SES Government Solutions, Inmarsat, Eutelsat, Maxar, Viasat, XTAR, Iridium Communications et Hughes Network Systems, cette cellule devrait bientôt accueillir SpaceX. L’un des principaux défis de cette coopération public-privé demeure toutefois la compatibilité et la communication entre les différents systèmes, notamment lorsqu’ils reposent sur des niveaux de confidentialité différents. Pour pallier à ce problème, diverses solutions sont envisagées. Parmi celles-ci, l’organe d’acquisitions de l’U.S. Space Force (USSF) le Space and Missile Systems Center (SMSC) a monté une « Software Factory » à Los Angeles (Californie) pour développer des applications cloud destinées à suivre des objets en orbite et partager des données avec des alliés.
À noter toutefois que dans les années à venir, l’USSPACECOM devrait transférer ses responsabilités en matière de gestion du trafic spatial civil au Département du Commerce, conformément aux directives de la Space Policy Directive-3 (SPD-3). Dès lors, l’USSPACEOM se concentrera sur les aspects de sécurité nationale de la SSA comme la surveillance de potentielles activités malveillantes dans l’Espace.

L’USSPACECOM plaide pour un renforcement du rôle du Département du Commerce en matière de STM
Space News, 26 janvier 2021
Le Commandant de l’U.S. Space Command (USSPACECOM), l’un des onze commandements opérationnels du Pentagone et chargé – entre autres – du contrôle du trafic spatial, s’est déclaré en faveur du transfert de compétence voulu par la Space Policy Directive-3 (SPD-3) entre le Département de la Défense (DoD) et le Département du Commerce (DoC) au sujet de la gestion du trafic spatial des objets commerciaux. Conformément aux directives de la SPD-3, le Général James Dickinson estime qu’un transfert de compétences entre le DoD et le DoC permettrait au premier de se recentrer sur ses activités de sécurité nationale. Le Général James Dickinson indique en outre qu’il serait judicieux de s’inspirer, pour le trafic spatial, de la répartition des responsabilités opérée entre l’U.S. Air Force (USAF) et la Federal Aviation Administration (FAA) au sujet du trafic aérien. Tandis que la FAA endosse une responsabilité générale en matière de sécurité aérienne, l’USAF dispose d’une compétence lorsque sont en jeu des questions de défense aérienne. Pour rappel, le Congrès a récemment validé ce transfert en accordant à l’Office of Space Commerce (OSC) – qui a été fusionné avec Commercial Remote Sensing Regulatory Affairs (CRSRA) – un budget de 10 M$ pour l’année fiscale 2021.

Tourisme Spatial        

De Washington à Moscou…la course au tourisme spatial est lancée
Space News, 26 [1] et 28 [2] janvier, 1er février [3], 2021
Les mois et les années à venir devraient être ceux de l’avènement du tourisme spatial. Divers acteurs privés comme publics envisagent effectivement d’envoyer des astronautes privées vers l’orbite basse et/ou l’ISS avant la fin de l’année ou d’ici 2022-2023:

  • Axiom Space, qui a révélé fin janvier l’équipage de sa première mission privée vers l’ISS (« Ax-1 »), souhaite procéder à son lancement à bord d’un Falcon 9 de SpaceX en janvier 2022. Initialement prévue pour octobre 2021, cette mission a finalement été reportée au début de l’année 2022 pour des contraintes de rotation entre les différents vaisseaux souhaitant s’amarrer à la station
  • L’entrepreneur Jared Isaacman a également fait appel aux services de SpaceX pour mener à bien son projet « Inspiration4» au terme duquel il souhaite demeurer 2 à 4 jours en orbite basse (sans atteindre l’ISS), accompagné de 3 autres astronautes privés dans une logique à la fois commerciale et philanthropique. Cette mission, qui sera réalisée avec un Crew Dragon, est à ce jour prévue pour le dernier trimestre 2021
  • L’Agence spatiale russe Roscosmos souhaite aussi prendre le virage du tourisme spatial. Elle envisage de recourir à ses lanceurs Soyouz pour envoyer des astronautes privés à bord de l’ISS avant la fin de l’année 2021 et souhaite, dans un futur proche, réserver sur ses lanceurs plusieurs sièges exclusivement commerciaux pour des astronautes privés

Cet élan vers le tourisme spatial pourrait s’expliquer, outre par ses retombées en termes d’image, par les recettes dont pourraient bénéficier les acteurs de ce marché. Elon Musk, PDG de SpaceX, expliquait en ce sens que les missions commerciales semblables à celle que sa société a vendue à Jared Isaacman permettront de financer en partie son lanceur Starship.
En effet, le prix de telles missions privées, quoique souvent inconnu, pourrait atteindre plusieurs dizaines voire centaines de millions de dollars. Ainsi Jared Isaacman a-t-il déclaré vouloir lever 200 M$ pour son projet « Inspiration4 », bien qu’il ait affirmé que cette somme dépasserait nettement le prix réel de la mission. Selon des sources industrielles, l’entreprise Axiom Space, qui n’a pas révélé le prix payé par les 3 astronautes privés de sa mission Ax-1, pourrait quant à elle espérer recevoir 55 M$ par passager. Roscosmos n’a pas non plus communiqué les bénéfices attendus de son tournant vers le tourisme spatial. L’Agence serait toutefois en négociations avec diverses entreprises privées mais aussi avec divers pays (comme le Bahreïn, l’Egypte et la Turquie) pour l’envoi d’astronautes privés dans l’Espace.

Artemis

L’administration Biden se veut rassurante sur l’avenir du programme Artemis
Space Policy Online, 3 février 2021
Space News, 4 [
1] [2] février 2021
Le 4 février dernier, le nouvel Exécutif s’est exprimé pour la première fois depuis son entrée en fonction sur le programme Artemis. L’attachée presse de la Maison Blanche Jen Psaki a ainsi souligné le soutien de l’administration au retour des astronautes américains sur la Lune. En revanche, aucun détail n’a été fourni sur le calendrier, le budget et autres orientations que le gouvernement souhaite donner au programme. En réalité, cette prise de parole semble avoir été avant tout une réponse aux inquiétudes exprimées un jour plus tôt par un groupe de sénateurs démocrates au sujet de l’avenir des alunisseurs d’Artemis.
À travers une lettre rédigée à l’attention de la Maison Blanche, onze sénateurs démocrates avaient effectivement demandé de la part de l’Exécutif un soutien au programme Human Landing System (HLS) et notamment une requête budgétaire ambitieuse pour le financement de celui-ci en 2022. Cette demande pourrait sembler à première vue étonnante compte tenu du fait que les sénateurs et représentants du Congrès n’avaient accordé que le quart du montant demandé par l’Exécutif pour le financement des alunisseurs pour 2021.
Toutefois, l’identité des onze sénateurs en question éclaire en partie les raisons de leur demande. En effet, la plupart des signataires de la lettre adressée à Joe Biden représentent des États au sein desquels les industriels impliqués dans le programme HLS sont implantés. À titre d’exemple, Patty Murray, qui est à l’origine de la rédaction de ladite lettre, est sénatrice dans l’État de Washington, qui abrite le siège de Blue Origin qui mène l’une des trois équipes concourant au programme HLS. Michael Bennett et John Hickenlooper sont quant à eux sénateurs dans l’État du Colorado où sont présents Lockheed Martin (qui fait partie de l’équipe menée par Blue Origin), Maxar, Sierra Nevada Corporation et United Launch Alliance (qui font toutes les trois partie de l’équipe de Dynetics). Si la présence de ces sénateurs n’est donc pas surprenante, d’aucuns s’étonnent en revanche de l’absence d’autres personnalités comme Dianne Feinstein et Alex Padilla, tous deux sénateurs de l’État de Californie où SpaceX est établi et mène la majorité de ses opérations. À noter toutefois que le fondateur de l’entreprise a récemment choisi de quitter la Californie dont il a critiqué le modèle pour s’installer au Texas, afin, entre autres, de se concentrer sur le développement du Starship.
Outre la requête budgétaire 2022 (qui ne devrait d’ailleurs pas arriver en février comme à l’accoutumée mais plus tard dans l’année compte tenu du contexte de transition politique), les onze sénateurs ont également exhorté la NASA à procéder le plus rapidement possible à la sélection des entreprises qui poursuivront le développement de leur projet d’alunisseur.
En effet, la NASA avait annoncé quelques jours plus tôt le report de cette sélection à avril 2020 (voir infra).

Green Run : la NASA reconduira le test de mise à feu statique du SLS    
Space News, 29 janvier 2021
Quelques jours seulement après l’échec du test de mise à feu statique du SLS le 16 janvier dernier, la NASA a décidé reconduire un test similaire. Suite à un défaut du système hydraulique de l’un des moteurs, le premier test avait été interrompu au bout de seulement 67 secondes, ne permettant pas à l’Agence et à son prestataire Boeing de récolter suffisamment de données pour se passer d’un second test. Celui-ci est prévu fin février au Stennis Space Center (Mississippi) et devra durer au moins 4 minutes.
Si la NASA n’a pas précisé les impacts de cette extension de la campagne de test du SLS sur le calendrier de la mission Artemis-1, la livraison du corps central du lanceur depuis le Stennis Space Center jusqu’au Kennedy Space Center (Floride) à l’issue du « Green Run » devrait prendre environ un mois. Ce nouvel essai pourrait donc compromettre un lancement en novembre 2021 pour lequel la NASA ne disposait, avant même l’échec du 16 janvier, que de peu de marges de manœuvre.

HLS : la NASA repousse sa décision quant à la sélection des fournisseurs pour la prochaine phase de développement
Space News, 2 février 2021
Le 27 janvier dernier, la NASA a annoncé avoir reporté de deux mois l’annonce des entreprises qui poursuivront le développement des alunisseurs du programme Artemis. Initialement prévu pour le 28 février, cette annonce a été décalée au 30 avril. Les trois entreprises et groupes d’entreprises encore en lice – portés par Blue Origin, Dynetics et SpaceX – verront donc leur contrat prolongé jusqu’à cette date mais sans percevoir de financements supplémentaires.
Si cette prolongation permettra à l’Agence d’analyser les projets qui lui ont été soumis par les trois prestataires, celle-ci intervient dans un contexte d’incertitude quant au futur du programme Human Landing System (HLS). En effet, la NASA n’a reçu du Congrès que le quart du montant qu’elle souhaitait obtenir en 2021 pour le développement du HLS (soit 850 M$ contre environ 3,4 Md$ demandés).
D’aucuns estiment, y compris l’ancien Administrateur de la NASA Jim Bridenstine, que la NASA pourrait se voir contrainte de revoir sa stratégie qui consistait à mettre en concurrence divers acteurs privés afin de stimuler l’innovation et conserver diverses options d’alunissage en cas d’échec de l’une d’entre elles. Enfin, si l’Administratrice associée à la Human Exploration and Operations Mission Directorate (HEOMD) Kathy Lueders vise encore un retour sur la Lune en 2024, le report de cette étape charnière du programme HLS contribue à renforcer le trouble qui entoure l’échéance fixée par l’ancienne administration.

Airbus reçoit 650 M€ pour 3 ESM supplémentaires dans le cadre de la phase 2 du programme Artemis  
Space News, 4 février 2021
À l’occasion d’un briefing le 2 février dernier, l’ESA et Airbus ont annoncé la signature d’un contrat de 650 M€ (790 M$) pour le développement de 3 European Service Modules (ESM) supplémentaires. Pour rappel, l’ESM est le module de propulsion du vaisseau Orion qui permettra le transport des astronautes entre la Terre et l’espace cis-lunaire dans le cadre du programme Artemis.
Avec ces trois nouveaux modules, l’ESA et son maître d’œuvre Airbus délivreront un total de 6 ESM qui ont vocation à être utilisés sur différentes missions Artemis :

  • L’ESM-1, déjà livré au Kennedy Space Center (Floride) en 2018 et actuellement en phase d’intégration avec le module d’habitation (Crew Module) d’Orion développé par Lockheed Martin. L’ESM-1 sera utilisé pour la mission Artemis-1, un vol d’essai non habité vers la Lune qui doit, selon le calendrier actuel, être effectué en novembre 2021. Toutefois, ce lancement pourrait être reporté du fait du retard accumulé, notamment dans le cadre de la campagne de test du lanceur Space Launch System (voir supra)
  • L’ESM-2, actuellement en phase finale de production et qui devrait être livré avant la fin de l’année. L’ESM-2 sera utilisé pour la mission Artemis-2, un vol d’essai habité avec incursion circumlunaire
  • L’ESM-3, dont l’intégration vient de débuter et qui devrait être livré en octobre 2022. L’ESM-3 sera utilisé pour la mission Artemis-3 qui devra permettre au prochain homme et à la première femme de poser le pied sur la Lune
  • Les ESM-4 à 6 pour lesquels le contrat vient d’être signé seront utilisés pour les missions de la Phase 2 du programme, qui consiste à assurer une présence humaine permanente sur et autour de la Lune, notamment à travers le déploiement d’une station en orbite lunaire dite Lunar Gateway à laquelle l’ESA participe également à travers le module ESPRIT (European System Providing Refueling, Infrastructure and Telecommunications) dont Thales Alenia Space est le maitre d’œuvre

Grâce à sa contribution au programme Orion (ainsi qu’au Lunar Gateway), l’ESA espère obtenir des sièges à bord du vaisseau pour ses astronautes. Le directeur de l’exploration robotique et habitée de l’Agence, David Parker, indique d’ailleurs que l’ESA aurait déjà sécurisé trois places à bord du module. Des négociations entre l’ESA et la NASA au sujet de l’emport d’astronautes européens vers le Lunar Gateway étaient déjà en cours depuis la signature d’un Memorendum of Understanding entre les deux agences officialisant la contribution de l’ESA au développement du Gateway.
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Secteur Privé

Omnispace lève 60 M$ pour développer ses services 5G et IoT   
Space News, 2 février 2021
La société Omnispace, qui souhaite fournir de la connectivité 5G ainsi que des services d’internet des objets (IoT) par le biais d’un réseau hybride reposant à la fois sur un segment terrestre et un segment spatial, a annoncé avoir récemment levé 60 M$. Ces financements, fournis par divers investisseurs comme Fortress Investment Group, Columbia Capital, Greenspring Associates, TDF Ventures et Telcom Ventures, permettront à l’entreprise de lancer les prémices de sa constellation de satellites qu’elle espère opérationnelle dans 4 ans. L’entreprise juge toutefois que ce montant ne sera pas suffisant pour assurer le déploiement complet de celle-ci et anticipe déjà d’autres levées de fonds.
En avril 2020, Omnispace avait commandé à Thales Alenia Space deux petits satellites qui seront utilisés comme prototypes de sa future constellation. Ces deux satellites, qui doivent être lancés par un Falcon 9 au premier trimestre 2022, seront ainsi utilisés pour calibrer sa constellation, et notamment déterminer le nombre de satellites nécessaires pour fournir ses premiers services. A ce titre, l’entreprise envisage de concentrer ses futurs services vers les acteurs commerciaux privés, notamment dans les secteurs de l’agriculture, de l’énergie, de l’extraction minière, du transport maritime et de la logistique.

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