Bulletin d’actualité Espace n°20-17

Bulletin d’actualité rédigé par le Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg à Washington D.C. (Amaury Carbonnaux, Nicolas Maubert, Diane Zajackowski)

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Personalia

Eric Stallmer, président de longue date de la CSF, rejoint la Voyager Space Holdings
Space News, 17 Septembre 2020
Eric Stallmer était président de l’association industrielle Commercial Spaceflight Federation (CSF) depuis 2014. Il a rejoint l’un des membres de l’association, la Voyager Space Holdings, où il exercera les fonctions de Vice-Président exécutif pour les relations publiques et la politique publique.
Cette société est une holding dont l’objectif est d’acquérir des entreprises du secteur spatial pour leur offrir, non seulement des financements de long terme, mais également des activités supports (ressources humaines, relations publiques, etc.), afin de leur permettre de se concentrer sur leur cœur de métier. Voyager Space Holdings a déjà acquis les entreprises Altius Space Machines et Pioneer Astronautics respectivement en octobre 2019 et juillet 2020 et envisage d’autres achats.

Budgets

Le Congrès prend du retard sur le vote des budgets fédéraux
Space News, 24 Septembre 2020
L’année 2020 n’a pas freiné seulement la continuité des activités des acteurs du spatial mais également l’activité réglementaire américaine en la matière. La crise sanitaire et ses répercussions économiques ainsi que l’élection présidentielle ont accaparé une grande partie de l’attention du Congrès, ne laissant que peu de place aux thématiques spatiales.
Parmi les grands chantiers encore en suspens, on trouve le vote de certains budgets, à commencer par celui de la NASA pour l’exercice fiscal 2021. Tandis que la Chambre des représentants avait publié en juillet un projet de loi d’appropriation bien en-deçà de la requête de la NASA (22,6 Mds$ contre 25,2 Mds$), le Sénat n’a pas présenté de texte, plaçant l’Agence dans une situation de grande incertitude. N’étant pas parvenu à un accord avant la date du 1er octobre 2020 (date à laquelle l’exercice fiscal 2021 débute), le Congrès a finalement adopté une continuing resolution par laquelle les agences fédérales (incluant la NASA) continueront d’être financées à hauteur du montant du précédent exercice jusqu’au 11 décembre 2020. Cela implique que les nouveaux programmes proposés dans la requête budgétaire 2021, comme les alunisseurs Human Landing System d’Artemis, ne sont pas financés pour le moment.
D’autres budgets ont également pris du retard, comme la loi de financement de l’Office of Space Commerce proposé par le Département du Commerce (DoC) qui vient récemment d’être reconnu par National Academy of Public Administration (NAPA) comme agence compétente en matière de gestion du trafic spatial. Le DoC attend depuis plusieurs années l’engagement du Congrès sur ce financement afin de pouvoir entamer la réorganisation lui permettant de prendre en charge cette responsabilité.

En pleine incertitude quant à son budget pour 2021, la NASA publie un rapport sur sa contribution à l’économie américaine
Parabolic Arc, 25 septembre 2020
La NASA a publié, en collaboration avec l’Université de l’Illinois à Chicago et le Nathalie P. Voorhees Center for Neighborhood and Community Improvement, son tout premier rapport (résumé disponible ici) dédié à l’étude de son impact sur l’économie américaine.
Riche de quelques 2 670 pages, ce rapport souligne que, sur l’année fiscale 2029, la production économique de la NASA s’est élevée à 64,3 Mds$ et que celle-ci a soutenu 312 000 emplois à travers le pays. Le texte indique également que les activités de la NASA auraient permis de récolter 7 Mds$ de recettes fiscales. Côté dépenses, Jim Bridenstine s’est félicité des indicateurs de performance économique de la NASA dont le budget ne représente pourtant qu’environ 0,5 % du budget fédéral américain. Outre leurs résultats économiques quantifiables, le rapport rappelle que les activités de la NASA ont également bénéficié à la vie quotidienne des Américains, en témoigne l’implication des ingénieurs de l’Agence dans la production de ventilateurs dédiés à la prise en charge des patients atteints par le Covid-19.
Le rapport s’est également penché sur l’impact de l’initiative « Moon to Mars » (stratégie d’exploration spatiale de la NASA sur le long terme) qui aurait soutenu 69 000 emplois et généré 14 Mds$ de production économique (soit 22% de la production totale de la NASA) ainsi que 1,5 Mds de recettes fiscales. À l’heure où la NASA peine à convaincre le Congrès, notamment la Chambre des Représentants, sur la nécessité d’augmenter les fonds consacrés au programme d’exploration Artemis, la publication de ce rapport a sans doute vocation à justifier les augmentations inscrites dans sa requête budgétaire pour l’année fiscale 2021. Le Congrès a désormais jusqu’au 11 décembre pour statuer, date d’échéance de la Continuing Resolution en cours.

International

Pour certains parlementaires, l’Espace demeure un terrain d’affrontement entre les puissances chinoise et américaine
Space News, 1er octobre 2020
Un groupe républicain de la Chambre des représentants a publié le 30 septembre un rapport consacré à la Chine et aux défis que celle-ci soulèverait pour les États-Unis aux niveaux sécuritaire, économique ou encore technologique. Dans ce rapport de plus d’une centaine de pages, deux sont consacrées à la thématique spatiale. Les rédacteurs y font part de leurs inquiétudes face aux avancées technologiques développées par la Chine et à l’influence que celle-ci pourrait acquérir au sein de la communauté spatiale internationale dans des projets d’exploration et de coopération majeurs, comme celui d’une station spatiale internationale chinoise.
Pour « maintenir le leadership américain dans l’Espace », le rapport demande à ce que les missions d’exploration lunaire et martienne de la NASA, ainsi que la stratégie de commercialisation de l’orbite basse, soient soutenus d’un point de vue aussi bien politique que réglementaire et financier. Le rapport encourage également l’adoption de nouvelles législations relatives à la gestion du trafic spatial et au développement du secteur privé (l’American Space Commerce Free Enterprise Act).
Le futur des relations entre Pékin et Washington en matière spatiale demeure toutefois ambigu. Si le rapport craint un accroissement de l’influence chinoise auprès des partenaires internationaux, il n’exclut pas de possibles axes de coopération entre la Chine et les États-Unis. Il appelle à revoir le Wolf Amendment définissant les modalités de collaboration entre la NASA et d’éventuels partenaires chinois sous contrôle du Congrès.
Du côté de la NASA, le cas de Pékin est également complexe. Auditionné devant le Sénat en septembre, Jim Bridenstine s’est inquiété du projet chinois de station spatiale internationale mais n’a en revanche pas souhaité accroître le rôle de la NASA dans la protection des entreprises américaines face aux menaces que représenterait la Chine. Interrogé sur la nécessité de renforcer la vigilance de la NASA lors des passations de contrats afin d’éviter que des savoir-faire américains ne bénéficient à des entités chinoises, l’Administrateur de la NASA a préféré s’en remettre à l’expertise d’autres administrations, notamment le Committee on Foreign Investment in the United States (CFIUS), responsable du contrôle des investissements étrangers au sein des entreprises américaines.

Sécurité et Défense

L3Harris et SpaceX vont construire chacun 4 satellites pour la Space Development Agency
Space News, Space Policy Online, 5 octobre 2020
La Space Development Agency (SDA) a attribué 193,5 M$ à L3Harris et 149 M$ à SpaceX pour que chaque société fabrique 4 satellites capables de détecter et de suivre les missiles balistiques et hypersoniques. Chaque satellite sera équipé d’un capteur Overhead Persistent InfraRed (OPIR) Wide Field Of Wiew (WFOV) pour une détection et un suivi des missiles depuis l’orbite basse terrestre. La SDA a indiqué que les deux sociétés avaient été sélectionnées pour leur mérite technique et leur capacité à livrer rapidement les satellites.
Ces 8 satellites, dont les lancements sont prévus en septembre 2022, devront prouver le fonctionnement de la Tracking Layer de la National Defense Space Architecture (NDSA) de la SDA, avant le déploiement de 28 satellites similaires supplémentaires. Cette couche est une des briques de base de la stratégie globale des capteurs OPIR du Pentagone qui comprend deux autres composantes : le programme Hypersonic and Ballistic Tracking Space Sensor (HBTSS) de la Missile Defense Agency (MDA) qui prévoit le développement de capteurs Medium Field of View (MFOV), et le programme Next-Generation Overhead Persistent Infrared (Next-Gen OPIR) de l’USSF en remplacement du Space Based Infrared System (SBIRS).
Il s’agit du premier contrat passé par le Pentagone à SpaceX pour des satellites relevant de la sécurité nationale. La société a ouvert il y a plusieurs années une usine à Seattle (Washington) pour produire les petits satellites de sa mégaconstellation internet Starlink. L’architecture des satellites proposée par SpaceX pour la Tracking Layer reposera d’ailleurs sur la même plateforme tandis que le capteur OPIR sera acquis auprès d’un autre fournisseur (identité non-communiquée). Les satellites seront également dotés de liaisons optiques intersatellitaires compatibles avec celles utilisées sur les satellites de la Transport Layer, notamment pour relayer leurs données.
Pour mémoire, la « Tranche 0 » de la NDSA de la SDA sera composée de 20 satellites de la Transport Layer et de 10 satellites de la Tracking Layer (8 avec des capteurs OPIR WFOV et 2 avec des capteurs OPIR MFOV) qui seront répartis équitablement sur 2 plans. Cette tranche devra être livrée au dernier trimestre de l’année fiscale 2022. À noter que la SDA a annoncé revoir actuellement les offres pour les contrats d’intégration et d’ingénierie des systèmes de mission. La société vainqueur sera responsable de connecter les deux couches avec les systèmes sol.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-16.

La plainte de SpaceX à l’encontre de l’U.S. Air Force classée sans suite
Space News, 3 octobre 2020
Le 17 mai 2019, SpaceX avait déposé une plainte auprès de l’U.S. Court of Federal Claims. La société s’estimait lésée lorsque l’U.S. Air Force (USAF) avait attribué en octobre 2018 des Launch Service Agreements à Blue Origin (500 M$), Northrop Grumman (762 M$) et ULA (967 M$) destinés à financer les pré-développements de nouveaux lanceurs dans le cadre du programme National Security Space Launch (NSSL).
L’USAF avait alors considéré que la proposition de SpaceX de mettre à profit le Starship pour les lancements des plus grosses charges utiles du Pentagone ne requérait pas de subventions publiques.
En août 2019, l’U.S. Court of Federal Claims avait estimé que cette affaire était au-delà de ses compétences et avait transféré le dossier à l’U.S. District Court of the Central District of California. Cette dernière vient de rejeter la plainte de SpaceX. En effet, le juge californien a estimé que les décisions de l’USAF n’avaient été ni arbitraires, ni capricieuses, ni en violation avec la loi, et que SpaceX ne pouvait bénéficier d’une quelconque réparation ou compensation. Cette décision clôt 18 mois de procès.
Pour mémoire, SpaceX a finalement remporté le programme NSSL aux côtés d’ULA le 7 août dernier.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-14.

L’U.S. Space Force octroie un contrat de 298 M$ à Boeing pour développer ses futurs satellites de télécommunications stratégiques
Space News, 1er octobre 2020
Satellite Today, 2 octobre 2020
Avec ce contrat, Boeing entre ainsi en compétition avec Lockheed Martin et Northrop Grumman pour le développement d’ici 2025 du nouveau service de communications satellitaires stratégiques du Pentagone nommé Evolved Strategic Satellite Communications, plus connu sous le nom Evolved Strategic Satcom (ESS). Ce dernier devra être capable de compléter voire de remplacer les satellites de la constellation Advanced Extremely High Frequency (AEHF) construits par Lockheed Martin.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-16.

Lancements

Succès du 7ème vol d’affilée du New Shepard 3, 10 mois après sa dernière mission
Space News, 13 octobre 2020
Le 13 octobre, la société Blue Origin fondée par Jeff Bezos a procédé avec succès au 13ème vol d’essai de son véhicule réutilisable New Shepard. Son dernier vol remontait à décembre 2019. Il s’agissait de la 7ème utilisation de ce lanceur avec sa capsule, un record.
Après avoir décollé du Texas, la capsule destinée à terme à emporter des Humains en vol suborbital s’est séparée du lanceur au bout de deux minutes quarante à une altitude d’environ 75 km, pour ensuite atteindre une apogée de 105 km d’altitude. Environ sept minutes trente après son décollage, le premier étage a effectué avec succès un atterrissage piloté. Après une phase de micropesanteur d’environ trois minutes, la capsule est également revenue se poser sur Terre sans encombre à l’aide de parachutes déployables.
NS-13 emportait une douzaine de charges utiles avec des expériences scientifiques et des démonstrateurs technologiques, notamment le Deorbit, Descent, and Landing Sensor Demonstration de la NASA. Celui-ci, financé par le programme de développement technologique Tipping Point de la NASA, fait partie d’un projet de l’Agence nommé Safe and Precise Landing – Integrated Capabilities Evolution (SPLICE). SPLICE a pour objectif de développer des systèmes pouvant équiper de futurs alunisseurs permettant d’effectuer des alunissages de précision sur des terrains non accessibles par les engins actuels. Pour mémoire, Blue Origin est une des trois sociétés sélectionnées par la NASA en avril pour développer un alunisseur dans le cadre du Human Landing System (HLS).
Avec le New Shepard, Blue Origin ambitionne d’emmener un équipage de six personnes en vol suborbital pour une durée de plusieurs minutes. La société n’a pas encore publié de calendrier pour ce genre de mission mais estime que trois ou quatre vols sans équipage sont encore nécessaires avant de déclarer ce service commercial opérationnel.

La mission EscaPADE à la recherche d’un nouveau lanceur
Space News, 18 septembre 2020
Le petit satellite de l’étude de l’atmosphère de Mars cherche une nouvelle place sur un lanceur. La NASA l’a retiré comme charge utile secondaire sur le lancement de Psyche en 2022.
Escape and Plasma Acceleration and Dynamics Explorers (EscaPADE) est une des trois missions de petits satellites destinés à l’exploration sélectionnées par la NASA en 2019 dans le cadre du programme Small Innovative Missions for Planetary Exploration (SIMPLEx) :

  • EscaPADE : paire de petits satellites en orbite autour de Mars destinée à étudier l’interaction de l’atmosphère de la planète avec les vents solaires, et à comprendre le processus d’évaporation de gaz de l’atmosphère. La revue préliminaire de conception vient d’être finalisée, tandis que la revue de confirmation, qui fixe les objectifs financier et calendaire, a été reportée au printemps prochain
  • Janus : paire de petits satellites devant rejoindre et étudier un système binaire d’astéroïdes. Les revues préliminaires de conception et de confirmation viennent d’être finalisées. Le lancement est prévu en juillet 2022 avec la mission Psyche
  • Lunar Trailblazer: petit satellite devant orbiter autour de la Lune et cartographier les régions présentant de l’eau sous forme de glace. La revue préliminaire de conception est planifiée en octobre et la revue de confirmation en novembre. Le lancement est prévu en 2024 aux côtés d’Interstellar Mapping and Acceleration Probe (IMAP)

La NASA avait annoncé en février qu’EscaPADE et Janus devaient être lancés comme charges utiles secondaires à bord d’un Falcon Heavy dans le cadre de la mission Psyche. Afin de rejoindre l’astéroïde homonyme, Psyche devait passer à proximité de Mars en 2023 et ainsi libérer EscaPADE. Or, la trajectoire de Psyche n’est pas optimale pour EscaPADE. Il incombe donc au nouveau service de coordination des vols « rideshare » de la NASA de trouver une nouvelle opportunité de lancement au petit satellite. Cette recherche s’annonce compliquée étant donné le peu de mission prévues à destination de Mars dans un futur proche.

Lancements à venir

Date

Mission

Client

Orbite

Lanceur

Entreprise

Site

18 octobre

Starlink (x60)

SpaceX

LEO

Falcon 9 v1.2 Block 5

SpaceX

Cap Canaveral (Floride)

21 octobre

CE-SAT 2B
Flock-4e (x9)

Canon Electronics Space Technology Laboratory
Planet Labs

LEO

Electron KS

Rocket Lab

Onenuia Station (Nouvelle-Zélande)

21 octobre

Starlink (x60)

SpaceX

LEO

Falcon 9 v1.2 Block 5

SpaceX

Cap Canaveral (Floride)

23 octobre

NROL 108

NRO

LEO

Falcon 9 v1.2 Block 5

SpaceX

Cap Canaveral (Floride)

Lanceurs

ExoTerra Resources va développer l’étage supérieur du LauncherOne de Virgin Orbit
Space News, 10 octobre 2020
La start-up ExoTerra Resources, basée à Littleton (Colorado), a été sélectionnée pour développer le Solar Electric Propulsion Upper Stage dans le cadre d’un contrat Small Business Innovation Research (SBIR) de la NASA. La société n’a cependant pas souhaité s’exprimer sur le montant octroyé par la NASA.
Cet étage supérieur devra être capable de placer des petits satellites sur les orbites géostationnaires (180 kg) et d’injection trans-lunaire (150 kg), mais également sur les orbites basses lunaires et aux points de Lagrange.
À noter que l’étage supérieur sera propulsé par Halo XL, un propulseur à effet Hall développé par ExoTerra Resources. Pour ce faire, la société s’est appuyée sur une technologie sous licence du programme Ascendant Sub-kW Transcelestial Electric Propulsion System (ASTRAEUS) du Jet Propulsion Laboratory.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°19-33.

Station Spatiale Internationale et Vol Habité en Orbite Basse

Le premier vol opérationnel Crew-1 reporté à mi-novembre
Space News, 29 septembre [1] et 10 octobre [2] 2020
Le premier lancement habité opérationnel de la capsule Crew Dragon qui doit transporter trois astronautes de la NASA et un astronaute de la JAXA vers l’ISS était initialement prévu le 31 octobre. Cette date était fixée pour permettre à la NASA et SpaceX d’achever la certification de la capsule.
Si cette certification n’est pas remise en cause, le premier vol a été repoussé à mi-novembre (la date exacte n’a pas encore été annoncée) suite à une anomalie sur un lanceur Flacon 9 survenue lors d’une tentative de lancement avortée le 2 octobre dernier. SpaceX avait dû interrompre le lancement du satellite GPS 3 à quelques secondes du décollage en raison d’une augmentation inattendue de la pression dans le générateur de gaz du moteur de la Falcon 9. Le premier vol opérationnel de la capsule Crew Dragon étant prévu à bord d’une fusée similaire, SpaceX a donc choisi de repousser le décollage afin de conduire les examens nécessaires.
À noter que dans le cadre du processus de certification, quelques modifications ont été apportées au Crew Dragon. Tout d’abord, certains défauts mineurs identifiés à l’issue du vol Demo-2 réalisé cet été sont en cours de correction :

  • Le bouclier thermique a subi une érosion légèrement supérieure à celle anticipée. Sans mettre l’équipage du Demo-2 en danger, cette érosion a incité SpaceX à recourir à des matériaux plus résistants autour des zones touchées
  • Le parachute s’est déployé à une altitude faiblement inférieure à celle attendue, quoique conforme à une rentrée normale dans l’atmosphère. En conséquence, SpaceX remplacera l’instrument de mesure de pression barométrique de la capsule

Outre ces corrections, la capsule a fait l’objet de quelques améliorations :

  • Celle-ci sera désormais en mesure de s’amarrer à deux ports différents de l’ISS et rester en orbite pendant 210 jours
  • Elle pourra transporter 4 personnes
  • Enfin, la capsule sera dotée d’une coque arrière améliorée lui permettant d’atterrir avec une plage de vents plus large

Une nuée de Dragon à destination de l’ISS jusqu’à fin 2021
Space News, 30 septembre 2020
À partir du lancement de la mission Crew-1 prévu mi-novembre, la Station Spatiale Internationale (ISS) devrait accueillir des capsules Dragon sans discontinuité jusqu’à fin 2021. Au total, SpaceX devrait envoyer 7 missions Dragon, dont 3 avec équipage au cours des 14 prochains mois. Pour honorer ces contrats, la société d’Elon Musk s’appuie sur la réutilisation de certains vaisseaux. À noter que désormais les missions cargo utilisent la même version de vaisseaux que le Crew Dragon habité, leur permettant de s’amarrer directement à l’ISS sans le soutien du bras robotique de la station.

Blue Origin envisage de construire des stations spatiales commerciales
Space News, 22 septembre 2020
La société de Jeff Bezos a publié le mois dernier une offre d’emploi pour un poste de « Orbital Habitat Formulation Lead » au siège de Blue Origin à Kent (Washington). L’offre indique que la société entend trouver des sources de financement internes et externes pour établir des systèmes viables en LEO dans la décennie. À ce titre, Blue Origin indique que des acquisitions potentielles sont à l’étude.
Par ailleurs, l’offre mentionne la NASA comme utilisateur potentiel et principal bailleur du projet. Pour mémoire, dans sa stratégie de commercialisation de la LEO annoncée en 2019, l’Agence avait déclaré qu’elle soutiendrait le développement de modules commerciaux amarrés à la Station Spatiale Internationale (ISS) ainsi que celui de stations spatiales commerciales autonomes (« Free-Flyers »). Dans cette lancée, la NASA a confié en janvier un sas d’amarrage de l’ISS à Axiom Space : la société va l’utiliser pour y amarrer une série de modules commerciaux, précurseurs d’une éventuelle station spatiale indépendante, dont les lancements devraient débuter en 2024. Toutefois, la NASA a interrompu en août une sollicitation similaire pour des « Free-Flyers ». L’Agence a indiqué être toujours intéressée par ce concept mais n’a à ce jour pas fourni de nouveau calendrier.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°19-33.

Observation de la Terre

La troisième génération des satellites de BlackSky aura une résolution de 50 cm
Satellite Today, 24 septembre 2020
Actuellement, BlackSky opère 6 satellites de deuxième génération Gen-2 produits conjointement avec LeoStellat, et compte en déployer 16 en orbite d’ici mi-2021.
Les satellites Gen-3 de nouvelle génération prendront donc la suite de Gen-2 en 2022. Ils seront conçus pour offrir une résolution de 50 cm contre plus de 150 cm pour Gen-2, et accueillir plusieurs capteurs, dont des charges utiles infrarouges à longueur d’onde courte (Short-Wave Infrared – SWIR). SWIR est une technologie d’imagerie optique offrant des capacités d’observation en faible luminosité dans différentes bandes spectrales, permettant d’améliorer l’identification d’objets au sol, tels que les bateaux ou les véhicules.
BlackSky a terminé la revue de conception préliminaire de l’architecture des satellites Gen-3 pour le compte du programme d’essai de l’U.S. Army « Tactical GEOINT » (TACGEO), inscrit dans le cadre d’un contrat avec la Defense Innovation Unit (DIU). La société s’est vue attribuer ce contrat en janvier 2020 et a annoncé être dans les temps pour lancer et démontrer les capacités opérationnelles de sa constellation en 2022. BlackSky devra mettre cette dernière à disposition de l’U.S. Army pour du renseignement, de la surveillance et de la reconnaissance lors de missions tactiques.

Télécommunications

La FCC libère de nouvelles fréquences en bande moyenne au profit de la 5G
Satellite Today, 30 septembre 2020
Conformément aux directives de la Maison Blanche, la Federal Communications Commission (FCC) poursuit ses démarches afin de libérer une partie du spectre radioélectrique au profit du déploiement de la 5G aux États-Unis. Après avoir autorisé la mise aux enchères de 300 MHz de bande C utilisés par les opérateurs de satellites en mars dernier, la FCC a décidé de mettre à disposition de la 5G des fréquences supplémentaires en bande moyenne. Ainsi, 100 mégahertz utilisés dans la bande 3,45-3,55 GHz devraient être mis aux enchères en décembre 2021 au profit des opérateurs terrestres pour un début d’exploitation mi-2022. Cette bande de fréquence est aujourd’hui assignée au Department of Defense à des fins militaires, notamment au profit des systèmes de défense radar haute-puissance sur terre, air et mer.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-12.

Constellations

SpaceX interrompt deux lancements dans leurs dernières secondes à 36h d’intervalle
Space News, 5 [1] et 6 [2] octobre 2020
Le 2 octobre, le lancement d’un Falcon 9 depuis le Space Launch Complex 40 (SLC-40) de la Cape Canaveral Air Force Station avec à son bord un satellite de la classe GPS III a été annulé 2 secondes avant son décollage. L’arrêt du décompte serait dû à une augmentation inattendue de la pression dans le générateur de gaz de la turbomachine. Le tir n’a pas encore été reprogrammé.
L’avant-veille, le lancement d’un autre Falcon 9 avec 60 satellites Starlink à son bord avait été stoppé 18 secondes avant son décollage depuis le Launch Complex 39A (LC-39A) au Kennedy Space Center. La cause serait la réception d’une donnée inconnue d’un capteur sol. Finalement, ce tir a pu avoir lieu le 6 octobre. Avec ce 12ème lancement de satellites opérationnels dédiés à Starlink depuis le 24 mai 2019, SpaceX a lancé un total de 773 satellites dont 728 sont toujours opérationnels en orbite :

  • Version v0.9 : 60 satellites lancés, 39 satellites désorbités
  • Version v1.0 : 713 satellites lancés, 6 satellites désorbités

Les 45 satellites ont été désorbités par des manœuvres délibérées ou de manière naturelle. SpaceX n’a pas communiqué sur la raison de la désorbitation d’une majorité des satellites v0.9 en août dernier mais celle-ci pourrait être liée à l’obsolescence de cette version.
Frustré par ces deux interruptions, Elon Musk a déclaré que sa société allait procéder à une large révision de ses opérations de lancement depuis la Floride afin d’augmenter sa cadence de tir et d’être en mesure d’effectuer 48 lancements en 2021. Ce chiffre, qui n’avait jamais été évoqué par SpaceX jusqu’à ce jour, représente le double des intentions de la société en 2020. Il correspond également à l’objectif « Drive to 48 » fixé par l’U.S. Air Force (USAF) il y a quelques années qui tablait sur un lancement par semaine et deux quinzaines de maintenance dans l’année depuis l’Eastern Range.
L’USAF compte atteindre cet objectif en revoyant en profondeur son système opérationnel de lancement historique. Un des leviers principaux envisagé est l’emploi du système autonome de sureté en vol (Autonomous Flight Safety Systems – AFSS) permettant de s’affranchir des systèmes sols actuels de suivi et de communication. SpaceX l’a déjà mis en œuvre le 30 août dernier. La société s’était préparée à effectuer deux lancements de Falcon 9 le même jour depuis deux pas de tir différents, mais les conditions météorologiques avaient causé leur report. L’USAF enjoint toutes les sociétés de lancements de l’Eastern Range à adopter l’AFSS d’ici octobre 2025 : celles qui refuseront devront trouver des solutions pour financer la continuité des capacités de sauvegarde vol actuelles.
Pour mémoire, SpaceX prévoie d’effectuer 70 lancements par an d’ici 2023 depuis ses deux pas de tir en Floride (dont 10 Falcon Heavy).

Suite à la validation de son plan de restructuration, OneWeb peut reprendre ses activités
Space News, 30 septembre [1] et 2 octobre [2] 2020
Le dossier de la reprise de OneWeb par le gouvernement britannique et l’opérateur indien de télécommunications Bharti Global suit son cours. Après avoir approuvé l’offre de rachat de OneWeb en juillet dernier, la justice américaine a validé le plan de restructuration de l’opérateur de satellites le 2 octobre. Cette approbation permettra à OneWeb de reprendre ses activités commerciales et notamment de poursuivre le déploiement de sa constellation de 650 satellites en orbite basse destinée à fournir une connectivité à haut débit. Cette approbation ne scelle néanmoins pas totalement la vente de OneWeb qui requiert encore quelques approbations réglementaires attendues pour la fin de l’année.
Placée sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites américaines depuis le mois de mai, l’entreprise n’est toutefois pas restée inactive durant les mois qui viennent de s’écouler.
Elle a bénéficié à plusieurs reprises de financements dits de débiteur-exploitant (ou « debtor-in-possession financing » – ils permettent aux entreprises ayant demandé la protection du chapitre 11 de faciliter leur réorganisation et de se maintenir en activité jusqu’à ce qu’elles puissent être vendues) de respectivement 140 M$ (mars), 9,95 M$ (15 septembre) et 235 M$ (23 septembre). Ces sommes ont pour but de lui permettre de poursuivre la construction de ses satellites (que l’entreprise chiffre à 133 M$ pour la période octobre-décembre 2020) et de reprendre leurs lancements qui devraient avoir lieu en décembre prochain (qui représentent 37 M$ selon OneWeb).
Articles connexes publiés précédemment :

La startup Swarm technologies dévoile ses offres IoT low-cost
Space News, 29 septembre 2020
Swarm Technologies, qui entreprend de déployer une constellation de 150 nanosatellites pour développer un réseau à bas coût d’Internet des objets (IoT), a annoncé qu’elle serait en mesure de proposer à ses clients des abonnements à $5 par mois (premier prix). Le modem développé par la startup californienne, Swarm Tile, sera vendu au prix de $119. Environ 200 entreprises ont déjà signé pour bénéficier d’un accès anticipé aux services de Swarm Technologies.
Bien que la constellation ne soit pas achevée – l’entreprise a pour l’heure lancé ses 12 premiers satellites et a prévu de compléter sa constellation avant fin 2021, Swarm Technologies estime être en mesure de fournir ses premiers services d’ici la fin de l’année. Ceux-ci couvriront les États-Unis, le Royaume-Unis, la Nouvelle-Zélande, la Suède, l’Antarctique et les eaux internationales.
Ces annonces relancent donc la course à l’IoT low-cost, secteur particulièrement compétitif. Californienne également, la startup Skylo envisage des offres commençant à $1 par mois. En France, la startup Kinéis est également dans la course. En février dernier, elle avait levé 100M€ pour développer sa constellation de 25 satellites qu’elle souhaite déployer à horizon 2022.

Anywaves fournira les antennes des satellites IoT de Thales Alenia Space au profit d’Omnispace
Satellite Today, 25 septembre 2020
La société française Anywaves a été choisie par Thales Alenia Space pour le développement et la fourniture des antennes de la charge utile des deux premiers satellites de l’infrastructure d’Internet des objets (IoT) de l’entreprise américaine Omnispace, basée en Virginie. En juin, Thales Alenia Space avait désigné l’entreprise lithuanienne NanoAvionics pour développer les plateformes qui accueilleront ladite charge utile. La livraison des antennes est prévue pour le deuxième trimestre 2021.

Connaissance de l’Environnement Spatial

L’U.S. Space Command étend ses prédictions de collision aux 25 000 objets de son catalogue
Space News, 24 septembre 2020
L’U.S. Space Command (USSPACECOM) suit 25 000 objets en orbite (catalogue public) dont 3 200 satellites en activité. Jusqu’à présent, les prédictions de collision n’étaient effectuées que pour ces derniers. L’extension des prédictions à l’ensemble des 25 000 objets du catalogue a été développée conjointement par l’USSPACECOM et la NASA à travers son programme Conjunction Assessment Risk Analysis (CARA). Seules quelques modifications logicielles ont été nécessaires à peu de frais.
Pour mémoire, la mission de Space Domain Awareness (SDA) est assurée par le 18th Space Control Squadron basé à Vandenberg Air Force Base (Californie) pour le compte de l’U.S. Space Force.

Artemis

7 nations spatiales signent en direct les Accords Artemis
Parabolic Arc, 25 septembre 2020
Space News, 25 septembre [1] et 13 octobre [2] 2020
Le 13 octobre, à l’occasion de l’International Astronautical Congress (IAC), 7 nations spatiales (Australie, Canada, Émirats Arabes Unis, Japon, Italie, Royaume-Uni, Luxembourg) ont signé en direct (vidéo disponible ici) les Accords Artemis dont le texte a été révélé par la même occasion. Présentés au mois de mai par l’Administrateur de la NASA Jim Bridenstine, ces accords fixent un ensemble de principes et de bonnes pratiques destiné à encadrer les activités d’exploration des pays partenaires. Ces principes sont largement fondés sur le corpus du droit international de l’Espace, notamment le Traité de l’Espace de 1967. Selon la NASA, ils ont pour objectif principal de permettre la conduite d’activités pacifiques dans l’Espace et ce, de façon sûre, durable et transparente. Parmi les points centraux de ces Accords, on trouve notamment la possibilité pour les nations participantes d’exploiter les ressources spatiales sans que cela ne soit considéré comme une atteinte au principe de non-appropriation, tel qu’il découle de l’article II du Traité de 1967.
L’identité des 7 premiers signataires reflète la volonté des États-Unis de faire du programme Artemis un programme d’exploration spatiale inclusif, ouvert aux puissances spatiales historiques et aux nouvelles nations spatiales « like-minded ». Parmi les 7 signataires, on retrouve sans surprise l’Australie, le Canada, l’Italie et le Japon qui s’étaient engagés officiellement auprès de la NASA à lui apporter leur soutien dans le cadre d’Artemis. À titre d’exemple, l’Italie avait signé le 25 septembre dernier, par l’intermédiaire de son sous-secrétaire en charge des affaires spatiales, une lettre d’intention scellant la volonté des deux pays de coopérer de manière bilatérale dans Artemis. De même, le Japon avait signé dès le mois de juillet une déclaration d’intention similaire et annoncé qu’il pourrait engager 80 milliards de yens (760 M$) pour développer des équipements destinés au programme d’exploration lunaire. Ce chiffre reste toutefois à confirmer puisqu’il ne s’agit pour l’instant que d’une requête de la part du ministère japonais des sciences et de la technologie.
Cette première série de signature représente une étape réussie pour la NASA et le Department of State qui s’étaient vus confier la tâche de négocier avec leurs partenaires internationaux la signature des Accords Artemis. Selon les représentants de la NASA, d’autres signatures pourraient intervenir dans le futur. Une participation de la Chine ou de la Russie reste néanmoins peu probable compte tenu des restrictions imposées par la réglementation américaine et des récents propos tenus par la Russie dans le cadre de l’IAC, à l’occasion duquel elle a dénoncé le caractère trop « américano-centré » de la Lunar Gateway, projet de station spatiale en orbite lunaire qu s’insère dans le programme Artemis.

Faire le plein dans l’Espace ? La promesse de Dynetics pour son projet d’alunisseur
Space News, 16 Septembre 2020
Dynetics fait partie des trois prestataires privés pré-sélectionnés en avril par la NASA pour concevoir le Human Landing System (HLS), l’alunisseur destiné au programme d’exploration lunaire Artemis. À l’occasion d’un webinaire organisé par l’American Institute for Aeronautics and Astronautics le 15 septembre dernier, Dynetics a présenté l’architecture de son alunisseur avec une maquette à taille réelle.
S’appuyant sur un module unique pour l’alunissage et le redécollage, celui-ci devra être en mesure de se ravitailler en carburant directement dans l’Espace. Deux lancements du Vulcan Centaur de United Launch Alliance seront nécessaires pour acheminer la quantité nécessaire de carburant (propergol cryogénique) qui sera transférée à l’alunisseur en orbite. À plus long terme, l’entreprise envisage de s’approvisionner directement sur la surface de la Lune – en exploitant l’eau présente sur place sous forme de glace – ou de se fournir auprès de dépôts commerciaux de propergol en orbite autour de la Lune.
Dynetics a également annoncé avoir complété sa revue d’exigences système, une étape formelle de son contrat de 253 M$ octroyé par la NASA pour une étude préliminaire de 10 mois.
De son côté, la « National Team » menée par Blue Origin a également annoncé avoir complété une revue similaire avec la NASA le 14 septembre dernier dans le cadre de son contrat de 579 M$. Blue Origin a par ailleurs livré une maquette taille réelle de son alunisseur au Johnson Space Center (Texas) de la NASA dans le but de consolider son architecture.
SpaceX, la troisième société à avoir décroché un contrat de pré-étude du HLS pour un montant 135 M$, continue le développement de son Starship.

Exploration et Sciences de l’Univers

Le lancement de Dragonfly vers Titan repoussé de 2026 à 2027
Parabolic Arc, Space News, 25 septembre 2020
La NASA a annoncé que cette décision était la conséquence de facteurs externes, dont l’impact du Covid-19 sur le budget de la Planetary Science Division de la NASA (95,8 M$ requis pour Dragonfly pour l’année fiscale 2021). D’après l’Agence, ce report n’affectera ni l’architecture de la mission, ni le retour scientifique, ni les capacités de l’hexacoptère sur place. Toutefois, la NASA est restée muette sur l’année d’arrivée de Dragonfly sur Titan, fixée jusqu’à présent à 2034.
Dragonfly a été sélectionnée en juin 2019 comme quatrième mission du programme New Frontiers de la NASA. Elle doit se rendre sur Titan, une des nombreuses lunes de Saturne, afin d’identifier les briques élémentaires nécessaires à l’émergence de la vie au cours d’une mission d’une durée de deux ans et demi. L’atmosphère de Titan étant quatre fois plus dense que celle de la Terre, Dragonfly emportera le premier véhicule multi-rotor (huit pales) utilisé pour la recherche scientifique sur une autre planète. L’hélicoptère pourra ainsi parcourir plusieurs dizaines de kilomètres en une heure, lui permettant de couvrir une zone d’exploration inatteignable avec un rover.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°19-24.

Des axes d’amélioration pour le fonctionnement de la Planetary Science Division de la NASA
Parabolic Arc, 16 septembre 2020
Space News, 21 septembre 2020
Dotée du budget le plus conséquent de la Direction des missions scientifiques de la NASA, la Planetary Science Division (PSD) a récemment fait l’objet d’un audit interne de l’Office of Inspector General (OIG). Au terme de cet audit, l’OIG a déterminé que la PSD faisait face à des défis conséquents en termes de ressources financières, humaines et de management, qui pourraient impacter la conduite de ses activités. L’OIG a notamment pointé du doigt :

  • L’accroissement du coût des missions de la PSD (à l’instar de Dragonfly dont le montant atteindrait 2 Mds$ contre 1 Md$ pour des missions comme Juno) au détriment potentiel du développement de nouvelles technologies et de nouveaux projets spatiaux
  • Le manque d’investissements de la NASA dans d’autres missions comme la maintenance et la modernisation du Deep Space Network (qui permet de communiquer avec les engins spatiaux lancés vers l’espace lointain) ou encore le recensement des géo-croiseurs pour lequel elle enregistre un certain retard
  • Les conséquences potentielles de la vague de départ à la retraite que connait actuellement la NASA. L’OIG a notamment mis en avant les défis que soulèveront ces départs pour le transfert des connaissances au sein même de l’Agence.
  • Les failles de gestion qui affectent certains programmes. L’OIG a par exemple constaté des faiblesses dans la mise en œuvre du projet Commercial Lunar Payload Services (CLPS) par lequel la NASA sous-traite à des entreprises privées la livraison de ses instruments scientifiques à la surface de la Lune. Il a souligné le manque de vigilance de l’Agence quant au choix de ses partenaires privés (notamment au regard de leur santé financière), les difficultés dans l’intégration de ses charges utiles avec les alunisseurs et l’absence de plan de gestion des risques.

En charge de projets d’exploration robotiques ambitieux dans la décennie à venir (exploration de Mars, des lunes de Jupiter et de Saturne), la PSD est appelée à prendre en main ces différents défis et, pour ce faire, à se conformer aux recommandations qui lui sont faites par l’OIG. Pour certains sujets, comme le programme CLPS, la NASA a assuré qu’elle appliquerait les recommandations de l’OIG d’ici juin 2021.

Secteur Privé

Iceye obtient 87 M$ dans une levée de fonds de série C
Space News, 22 septembre 2020
Cette levée de fonds a été menée par True Ventures, qui s’était déjà occupé des séries A et B d’Iceye. OTB Ventures, Finnish Industry Investment, Draper Associates, Seraphim Capital, Promus Ventures et Space Angels of New York ont ainsi augmenté leurs participations dans la société, tandis que New Space Capital, Luxembourg Future Fund et European Investment Fund ont fait leur entrée dans ce groupe. Les investissements dans la société finlandaise, créée en 2014, s’élèvent désormais à 152 M$.
Iceye s’apprête à lancer quatre petits satellites à radar à synthèse d’ouverture (Synthetic Aperture Radar – SAR) en 2020, puis au moins huit en 2021. Le taux de revisite serait donc de quatre fois quotidiennement.
Iceye recherche également un site de production sur le sol américain, après avoir ouvert en février un bureau à San Francisco (Californie).
Pour mémoire, Iceye opère actuellement une constellation de trois satellites SAR de 100 kg chacun, fabriqués en Europe.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°17-18.

Technologie

Momentus annonce des accords avec le français Mecano ID
Space News, 2 octobre 2020
En juin 2021, Momentus devrait déployer un prototype de microsatellite du projet de constellation de Skykraft via EOS, un anneau de séparation développé pour son véhicule de transfert Vigoride par Mecano ID grâce à un financement du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg. Un vol couronné de succès permettrait à l’EOS de conclure sa qualification en vol et d’ouvrir la voie à sa commercialisation. Cet anneau léger est conçu pour empêcher les satellites de tourner sur eux-mêmes.
Dans le cadre de ces accords, Momentus devrait lancer fin 2021 un second microsatellite Skykraft. Ce dernier devrait permettre à la société, créée en 2017 et dérivée du programme spatial de l’University of New South Wales Canberra, de préparer la mise en orbite de sa constellation. Cette dernière a pour objectif d’offrir à l’horizon 2023 une observation mondiale de tous les avions en vol grâce à ses 210 satellites.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-15.

Retrouvez également toutes les actualités mises en ligne par la mission pour la science et la technologie en cliquant sur ce lien.
Ambassade de France aux États-Unis d’Amérique
Service Spatial – Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg

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