Bulletin d’actualité Espace n°20-05

Bulletin d’actualité rédigé par le Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg à Washington D.C. (Amaury Carbonnaux, Edouard Lallouette, Nicolas Maubert)

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Personalia

Le 36ème Space Symposium repoussé pour cause de Covid-19
Space News, 13 mars 2020
Le salon organisé par la Space Foundation est l’un des évènements annuels américains les plus importants dédiés au spatial. Il devait réunir des milliers de professionnels du spatial civil et militaire à Colorado Springs (Colorado) du 30 mars au 2 avril 2020.
L’organisateur a annoncé travailler sur une nouvelle date pour la tenue de cette édition en 2020.

Elon Musk s’exprime à Satellite 2020
Via Satellite, 9 mars 2020
Dans le cadre de son intervention lors de l’ouverture de la conférence Satellite 2020 à Washington D.C. le 9 mars, Elon Musk s’est exprimé sur une variété de sujets allant de ses projets spatiaux Starlink et Starship à ses ambitions de colonisation de Mars en passant par l’utilité du système universitaire américain.
Interrogé sur les inquiétudes de la communauté d’astrophysique vis-à-vis des interférences optiques générées par sa méga-constellation Starlink, Elon Musk a répondu qu’il était normal d’avoir pu observer les Starlink durant leur déploiement en raison d’une période de stabilisation des satellites pendant leur ascension vers leur orbite finale. Elon Musk s’est dit confiant que sa constellation n’allait pas poser de problème aux observations depuis le sol et a indiqué prendre des mesures correctives le cas échéant, sans plus de précision : « I am confident it will not cause any impact whatsoever in terms of astronomic discoveries. We will take corrective action if it is above zero. When the satellites are first launched, they are tumbling a little bit, and haven’t stabilized. Now, they are on orbit, I would be impressed if someone could tell me where all of them are. It can’t be that big of a deal ».
Elon Musk a par ailleurs mis en avant les avancées de son système d’exploration habitée de l’espace lointain Starship et ses ambitieuses prochaines échéances, et a suggéré qu’un rythme d’innovation plus soutenu était nécessaire pour atteindre ses objectifs de colonisation de la Lune et de Mars : « We have to improve our pace of innovation a lot. I don’t want to be dead [to see this happen.] It is great that we are about to launch people to orbit. It has been a long time — 18 years. But, we haven’t done it yet. Unless we improve our rate of innovation dramatically, we won’t be able to have a base on the moon or a city on Mars.. Il a rappelé que le système Starship, qui repose sur une nouvelle architecture, nécessite d’importantes améliorations productives et d’innovations technologiques : « We need a whole new architecture, and that is what Starship is about. It needs to be completely re-usable. It needs to be re-launched an hour after landing. It is like commercial aircraft. The only thing you expect to change on a regular basis is propellant. It has got to be fast. We are building a production line. Designing rockets is not that hard. The hard part is building a production line, and that is 1000 percent harder, maybe more. Production and manufacturing is something I see as very under-appreciated in the U.S. ».
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-01.

Politique

Nouveaux décrets de la Maison Blanche dédiés à la cybersécurité, les chaînes d’approvisionnement et l’énergie nucléaire dans l’Espace ?
Space News, 9 mars 2020
Le National Space Council, organe de l’Exécutif en charge de la politique spatiale américaine présidé par le Vice-Président Mike Pence, prévoit de se réunir le 24 mars à Washington D.C., en comité restreint pour cause de Covid-19. Selon certains de ses représentants, la Maison Blanche pourrait dans les prochains mois promulguer de nouvelles Space Policy Directive (SPD) relatives à la cybersécurité, les chaînes d’approvisionnement des entreprises spatiales et l’utilisation du nucléaire dans l’espace.
En matière de cybersécurité, le National Space Council ne prévoirait pas d’imposer de standards à l’industrie, mais plutôt de recommander au secteur spatial privé de se rapprocher du National Institute of Standards and Technology (NIST) pour identifier les moyens de mieux protéger l’industrie spatiale. Le NIST est une agence non-réglementaire du Département du Commerce qui développe des standards de cybersécurité pour l’industrie. La nouvelle SPD pourrait être présentée à la prochaine rencontre du 24 mars.
Concernant les chaînes d’approvisionnement, l’Exécutif a également fait part de son intention de sensibiliser l’industrie spatiale aux risques associés à l’espionnage industriel. A ce titre, la Maison Blanche souhaite réduire la dépendance des entreprises spatiales américaines aux fournisseurs étrangers dans la mesure du possible ou de s’assurer que les fournisseurs étrangers sont certifiés par les Etats-Unis. Il est possible que le National Space Council se saisisse également ce sujet au travers d’une SPD.
Enfin, suite à l’intégration récente du Secrétaire à l’Énergie au sein du National Space Council et la promulgation en août dernier d’un décret présidentiel relatif à l’utilisation de la propulsion nucléaire dans l’espace, l’Exécutif s’intéresse de près à l’usage des technologies nucléaires, en particulier les petits réacteurs modulaires. Ces technologies apparaissent incontournables pour la fourniture d’énergie nécessaire à l’établissement d’une présence durable sur la Lune et d’autres corps célestes, ainsi que pour la réduction du temps de trajet vers Mars de deux ans à quelques mois.
Pour mémoire, le National Space Council a promulgué à ce jour quatre SPD :

  • La SPD-1 en décembre 2017, qui annonce le retour des astronautes sur la Lune ;
  • La SPD-2 en mai 2018, qui vise une révision de la réglementation relative aux applications spatiales commerciales ;
  • La SPD-3 en juin 2018, qui traite de la gestion du trafic spatial commercial ;
  • La SPD-4 en février 2019, relative à la mise sur pied d’une Space Force, ainsi que le décret présidentiel relatif à l’utilisation de véhicules spatiaux dotés de systèmes de propulsion nucléaire promulgué en août 2019.

Article connexe publié précédemment : Synthèse de la sixième réunion du National Space Council.

Budgets

Requête budgétaire de 1,23 Md$ pour les activités spatiales de la NOAA en 2021
Parabolic Arc, 2 mars 2020
L’Exécutif a présenté au Congrès sa requête budgétaire pour la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) pour l’exercice 2021 avec un budget total de 4,63 Md$, en baisse de 13,6% par rapport à 2020. La NOAA, rattachée au Département du Commerce, mène un éventail de missions aussi diverses que la gestion de la pêche en mer, la météorologie, la recherche atmosphérique et océanographique.
Au sein de la NOAA, le NESDIS (National Environmental Satellite, Data and Information Service) est en charge des programmes d’acquisition et de développement des activités satellitaires. Ces programmes couvrent les activités civiles de météorologie spatiale et de météorologie de l’espace, ainsi que certaines activités satellitaires spécifiques en partenariat avec la France (altimétrie avec Argos, Jason-3, Sarsat). Pour 2021, la requête prévoit pour le NESDIS un budget de 1,234 Md$, en légère baisse par rapport à 2020 (- 19 M$). Si la plupart des budgets des programmes spatiaux sont maintenus voire accrus, plusieurs programmes de recherche en lien avec le climat et l’environnement font les frais de cette baisse. Par exemple, le budget alloué aux programmes de recherche sur le changement climatique passe de 169,5 M$ à 83,2 M$. La requête prévoit également la cessation des programmes Pacific Coastal Salmon Recovery Fund (69 M$) et National Centers for Coastal Ocean Science (38 M$).
Pour les activités satellitaires de la NOAA, la requête propose ainsi :

  • Une réduction de 87,2 M$ du programme de météorologie en orbite basse Polar Weather Satellites (budget de 657,8 M$) qui finance notamment le lancement du satellite JPSS-2 (Joint Polar Satellite System). La NOAA estime que les fonds alloués les années précédentes permettent de maintenir la production et l’échéance de lancement. La NOAA prévoit de lancer JPSS-2 au premier trimestre 2022 (lancement prévu initialement en 2021) ;
  • Une augmentation de 30 M$ pour le programme de météorologie géostationnaire Geostationary Operational Environmental Satellite R (budget de 334,5 M$) ;
  • Une augmentation de 44,1 M$ pour le satellite de météorologie spatiale Space Weather Follow On (budget de 108,2 M$) dont le lancement est prévu en 2024. Le satellite complétera les observations du Soleil réalisées par les observatoires DISCOVR (Deep Space Climate Observatory) de la NOAA et SOHO (Solar and Heliophysics Observatory) de l’ESA/NASA, tous deux ayant déjà dépassé leur durée de vie nominale ;
  • Une augmentation de 10 M$ du programme d’acquisition de données de radio-occultation par signaux de navigation et de positionnement auprès d’entreprises commerciales à des fins d’intégration dans les modèles de météorologie atmosphérique (budget de 15 M$) ;
  • Une augmentation de 5 M$ pour le programme d’acquisition de données météorologiques commerciales Commercial Weather Data Pilot (budget de 8 M$) ;
  • Une augmentation de 3,5 M$ du programme de localisation et de sauvetage Cooperative Data and Rescue Services (budget de 14,4 M$) soutenant notamment le lancement de l’instrument Argos-4 Advanced Data Collection System (A-DCS) fourni par le https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg à bord du satellite OTB-3 (Orbital Testbed 3) de l’U.S. Air Force.

Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-02.

Sécurité et Défense

Quel avenir pour la Space Development Agency au sein de l’USSF ?
Space News, 6 mars 2020
Le 20 décembre 2019, Donald Trump promulguait le National Defense Authorization Act 2020 (NDAA 2020) actant la création de l’U.S. Space Force (USSF).
En réponse, la Secrétaire à la Force aérienne a proposé une organisation incluant la création d’un poste d’Assistant Secretary of the Air Force for Space Acquisition and Integration ayant vocation à superviser les achats de l’USSF. Ainsi, seraient regroupées sous une seule et même autorité les politiques d’acquisition de la Space Development Agency (SDA), du Space and Missile Systems Center (SMC) et du Space Rapid Capabilities Office (SRCO).
Si cette organisation répond à la demande du Congrès d’intégrer la SDA à l’USSF d’ici 2022, de nombreuses inquiétudes ont été émises par le Department of Defense (DoD) quant à son impact sur les prérogatives et programmes de la SDA :

  • La SDA est aujourd’hui une agence du Pentagone qui rapporte à l’Undersecretary of Defense for Research and Engineering et opère indépendamment de l’USSF, tandis que le SMC et le SRCO y sont déjà intégrés ;
  • La SDA bénéficie volontairement d’une indépendance en matière d’achat, lui laissant la liberté de définir des processus d’acquisition novateurs et disruptifs pour les équipements spatiaux militaires. La subordination de son agence à la bureaucratie de l’USSF rendrait caduque cet objectif originel ;
  • La SDA avance d’ores et déjà sur ses programmes, notamment le développement de ses larges constellations de satellites interconnectés en orbite basse terrestre pour détecter les missiles et suivre des cibles ennemies. A ce titre, le DoD a requis 340 M$ pour les opérations et les développements technologiques de la SDA en 2021, et a estimé un budget de 6 Md$ sur les cinq prochaines années pour lui permettre d’intensifier les acquisitions et les lancements de ses satellites. Dans ce cadre, la SDA travaille par ailleurs en collaboration étroite avec la Missile Defense Agency (MDA) responsable des systèmes de détection et de suivi des missiles (tracking layer). La MDA restant sous l’autorité de l’Undersecretary of Defense for Research and Engineering, la cohérence et les budgets du programme pourrait être fortement impactés.

L’USAF et l’USSF doivent fournir une proposition d’organisation de la SDA au Congrès d’ici le 31 mars.

Boeing et Lockheed Martin rejoignent Northrop Grumman au sein du programme PTS de l’USSF
Space News, 4 mars 2020
Le programme Protected Tactical Satellite Communications (PTS) de l’U.S. Space Force a pour objectif de développer des charges utiles de communication résistantes au brouillage. Dans ce cadre, le Space and Missile Systems Center de l’USSF a attribué des contrats de 191 M$ et 240 M$ respectivement à Boeing et Lockheed Martin. Ces contrats viennent s’ajouter à celui de 253 M$ alloué en février à Northrop Grumman en tant que « prime contractor ».

Peraton remporte un contrat de 218M$ sur cinq ans pour USAFRICOM
Space News, 3 mars 2020
Précédemment attribué à Inmarsat, ce contrat avait fait l’objet d’un nouvel appel d’offres après une réclamation portée par Peraton et validée par le Government Accountability Office (GAO).
La société devra fournir une connectivité en bande Ku à l’U.S. Africa Command (USAFRICOM) en combinant les capacités de télécommunication satellitaire de plusieurs flottes de satellites d’opérateurs différents.
Ce contrat s’inscrit dans le cadre du programme Future Commercial Satcom Acquisition (FCSA) piloté par l’U.S. Space Force, programme précédemment géré par la Defense Information Systems Agency (DISA).

L’USSF prête à déployer sa nouvelle station de brouillage des communications par satellite
Space News, 15 mars 2020
Après une série d’essais l’année passée, le Counter Communications System Block 10.2 (CCS Block 10.2) a été déclaré opérationnel par le Space and Missile Systems Center et a été livré au 4th Space Control Squadron sur la base de l’U.S. Air Force de Peterson (Colorado). Il sera employé par des unités de l’Air National Guard (Californie, Colorado, Floride) et du 4th Space Control Squadron de l’U.S. Space Force (USSF). Selon les autorités, il s’agit de l’unique système offensif dans l’arsenal de l’U.S. Space Force.
Pour mémoire, ce système mobile a été déployé pour la première fois en 2004 en réponse à des systèmes de guerre électroniques ennemis qui perturbaient les satellites américains. Une première amélioration a été développée en 2014 (CCS Block 10.1).
A noter que L3Harris est le fournisseur principal des versions 10.1 et 10.2 du CCS, lequel continuera à être modernisé via des méthodes agiles de développement logiciel.

Lancements

Succès emblématique de la mission CRS-20 de SpaceX
Space Flight Insider, Space News, 7 mars 2020
Le 6 mars 2020, la capsule Dragon C112, déjà utilisée sur les missions CRS-10 et 16, a décollé depuis le Kennedy Space Center à bord d’un Falcon 9 Block 5 et rejoint la Station Spatiale Internationale avec à son bord 1 977 kg de fret. Le Dragon devrait retourner sur Terre début avril avec un chargement de 1 680 kg. Ce voyage conclura le contrat Commercial Resupply Service (CRS) de SpaceX signé en décembre 2008 avec la NASA. Comprenant originellement 12 vols pour un montant de 1,6 Md$, la NASA y avait ajouté 8 missions supplémentaires pour un montant total de 3,1 Md$.
Ce lancement marque également le 50ème succès de récupération du premier étage d’un lanceur de SpaceX. Cet étage avait par ailleurs été déjà utilisé en décembre 2019 dans le cadre de la mission CRS-19.
A noter l’emport de la charge utile Bartolomeo, plateforme commerciale expérimentale externe développée par Airbus, qui devrait être installée sur le module européen Colombus et exploitée conjointement avec l’Agence Spatiale Européenne.
SpaceX continuera de ravitailler l’ISS dans le cadre du nouveau programme CRS-2 de la NASA. En janvier 2016, SpaceX s’était vu octroyer un des trois contrats de ce nouveau programme, les deux autres ayant été attribués à Northrop Grumman et Sierra Nevada Corporation. La première des missions pour SpaceX (CRS-21) est prévue à l’automne prochain et utilisera une version du Crew Dragon sans propulseurs ni système de survie, offrant 20% de volume supplémentaire et capable d’être lancé cinq fois (contre trois pour la capsule Dragon actuelle).

Capella Space commence le déploiement de sa constellation SAR
Cf. Observation de la Terre

Lancements à venir

Date Mission Client Orbite Lanceur Entreprise Site
21 Mars OneWeb#3 (x34) OneWeb LEO Soyouz 2.1b Fregat Arianespace Baïkonour (Kazakhstan)
26 Mars AEHF 6 US Air Force GTO Atlas V 551 ULA Cap Canaveral (Floride)
30 Mars Don’t Stop me now NRO
NASA
Canberra Space
LEO Electron Rocket Lab Onenuia Station (Nouvelle-Zélande)
30 Mars SAOCOM-B CONAE SSO Falcon 9 SpaceX Cap Canaveral (Floride)

Lanceurs

Avec Vigoride, Momentus ouvre de nouveaux horizons aux missions rideshare de SpaceX
Parabolic Arc, 10 mars 2020
Les lancements en compagnon de vol « rideshare » tels que proposés par SpaceX sur Falcon9, permettent aux petites charges utiles de réduire nettement les coûts d’accès à l’espace (programme SmallSat Rideshare de SpaceX à $1M pour 200kg en SSO). Cependant, elles sont alors tributaires des points d’injections des missions principales. Avec son véhicule de transport Vigoride, Momentus pallie à cette contrainte en proposant un module permettant d’acheminer les charges utiles vers des orbites, des plans ou des altitudes différents.
Avant chaque lancement, Momentus assemblera les satellites de ses clients sur ses Vigoride, chaque véhicule pouvant accueillir plusieurs satellites pour une masse totale n’excédant pas 350 kg par véhicule.
Après séparation du Falcon 9, les Vigoride placeront chaque satellite sur l’orbite et l’altitude demandées. Momentus devrait offrir deux services de mise en orbite à la carte :

  • Shuttle flights offrant des destinations standards ;
  • Charter flights pour des clients dont les destinations demandées ne sont pas desservies par les shuttle flights.

Momentus a d’ores et déjà acheté six vols à SpaceX dans le cadre du programme SmallSat Rideshare : cinq lancements vers l’orbite héliosynchrone (SSO) et un vers une orbite basse inclinée (LEO) vers lesquelles chaque Vigoride ira placer les satellites de ses clients à une distance entre 300 et 1 200 km du point de séparation du Falcon 9.
Une douzaine de clients auraient déjà pris leurs tickets pour des lancements dès 2020, notamment :

Pour Spaceflight Industries, seuls importent les projets de lanceurs rationnels et efficaces
Space News, 11 mars 2020
Constamment à la recherche de nouvelles solutions de lancement, Spaceflight Industries suit plus de 200 sociétés proposant des lanceurs innovants. Mais elle se veut pragmatique : ses services de lancement ne seront accordés qu’aux véhicules démontrant leur fiabilité, des délais maîtrisés et des coûts raisonnables.

Vols Suborbitaux

La NASA pourrait faire voler ses astronautes sur des véhicules suborbitaux commerciaux
Space News, 3 mars 2020
Le 28 février, la NASA a lancé un appel à propositions dans le cadre de son programme Flight Opportunities visant à faire voler des charges utiles expérimentales à bord de véhicules suborbitaux commerciaux. En signant une décharge de responsabilité, les responsables de ces instruments pourront également voler avec et mener les expériences en microgravité.
Par ailleurs, l’Administrateur Jim Bridenstine a indiqué que la NASA s’intéresse de près à des opportunités de vols sur ces véhicules commerciaux pour ses propres astronautes. Au préalable, la NASA devra certifier les véhicules suborbitaux, un processus incontournable pour garantir la sûreté et la sécurité de ses employés, mais un processus complexe qui peut prendre un certain temps.
A ce jour les véhicules suborbitaux habités les plus avancés dans leurs développements sont la capsule New Shepard de Blue Origin, avec douze vols tests, et l’avion spatial SpaceShipTwo de Virgin Galactic dont le début des activités commerciales est prévu pour la fin d’année.

L’avion géant de Stratolaunch devrait revoler en septembre
Space News, 4 mars 2020
La société Stratolaunch Systems qui avait suspendu ses activités l’année dernière à la suite du décès de son fondateur Paul Allen (fondateur de Microsoft), a fortement remanié son profil d’activité et prévoit un redémarrage des vols tests de son avion géant en septembre.
L’année dernière, l’entreprise a annoncé abandonner le développement de ses propres lanceurs pour se concentrer sur les lancements des fusées Pegasus XL de Northrop Grumman. Quelques mois après, l’entreprise a suspendu ses activités et a été rachetée par un fonds d’investissement basé à New York. Depuis, Stratolaunch ne se considère plus comme un fournisseur de services de lancements mais comme un fournisseur de « véhicules hypersoniques expérimentaux propulsés par fusée, réutilisables et personnalisables, et des services et infrastructures d’essais associés ». L’entreprise a indiqué que ses nouveaux investisseurs avaient intégralement financé ses projets à moyen terme.
La première étape de cette réorientation stratégique consiste à faire certifier l’avion géant de Stratolaunch par la Federal Aviation Administration (FAA), un processus qui prendrait huit mois (à ce jour, l’avion géant n’a effectué qu’un seul vol d’essai en avril dernier). L’entreprise a recruté une trentaine d’employés et est à la recherche de nouveaux partenaires commerciaux. Elle devrait livrer plus de détails sur son nouveau plan d’activité dans les semaines à venir.

L’entreprise de vols paraboliques Zero Gravity souhaite s’étendre à l’international
Space News, 6 mars 2020
L’entreprise américaine Zero Gravity Corporation qui offre des vols paraboliques pour des expériences ou du tourisme en microgravité, a annoncé qu’elle comptait bientôt étendre ses activités à l’international. L’entreprise dispose aujourd’hui d’un seul Boeing 727 certifié par la Federal Aviation Administration (FAA) pour effectuer des vols paraboliques aux Etats-Unis. Elle prévoit donc d’acquérir au moins un ou deux nouveaux appareils qui voleront depuis différents pays. Zero-G devrait fournir davantage d’information sur ces nouvelles activités dans les prochaines semaines.
A noter que très peu d’entreprises dans le monde fournissent ce type de services, dont l’entreprise française Novespace, filiale du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg, ainsi qu’une société russe.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°18-25.

Ballons

World View prêt à déployer sa flotte de ballons stratosphériques
Parapolic Arc
, 4 mars 2020

A la suite d’une série de tests menés avec succès, l’entreprise World View a annoncé qu’elle s’apprêtait à déployer sa première flotte de ballons stratosphériques « Stratollite » en Amérique du Nord et Centrale en vue de fournir un service d’imagerie très haute résolution (5 cm) et d’analyses associées. Les premiers ballons devraient être déployés cet été avec une constellation complète d’ici 2021.

Station Spatiale Internationale et Vol Habité en Orbite Basse

Pas encore de décision sur la tenue d’un deuxième vol de test sans équipage du Starliner
Space Policy Online, Space News, 6 mars 2020
Les analyses sont toujours en cours suite à l’échec partiel du vol d’essai sans équipage de la capsule CST-100 Starliner (OFT – Orbital Flight Test) le 20 décembre 2019. L’équipe d’enquêteurs indépendants mandatée pour expliquer l’échec de l’arrimage a identifié une soixantaine de mesures correctives découlant de trois problèmes majeurs qui auraient pu mettre fin à la mission prématurément :

  • Un décalage de l’horloge bord de 11 heures ayant empêché le Starliner d’allumer ses propulseurs au moment programmé ;
  • Une erreur de configuration de vanne des propulseurs dans le module de service du véhicule qui aurait pu propulser ce module dans le module d’équipage après sa séparation juste avant sa rentrée atmosphérique ;
  • 36 interruptions de communications inexpliquées, notamment au-dessus de l’Europe du Nord et de la Russie.

La NASA a qualifié l’incident de « high visibility close call », signifiant que l’agence va mener sa propre enquête organisationnelle interne et en tirer des leçons pour ses futurs programmes.
Boeing doit maintenant proposer à la NASA un plan d’implémentation des mesures correctives identifiées que l’agence évaluera avant de décider de la tenue d’un deuxième vol test sans équipage. Doug Loverro, Administrateur Associé de la NASA en charge de l’exploration humaine, a indiqué qu’il ne savait pas encore à quelle échéance la NASA serait en mesure de statuer sur la tenue de ce test. En prévision, Boeing a provisionné une charge de 410 M$ dans son bilan comptable.
Pour mémoire, SpaceX, le deuxième prestataire du programme Commercial Crew de la NASA, a annoncé viser le mois de mai pour effectuer le premier vol test avec équipage de sa capsule Crew Dragon.

Succès emblématique de la mission CRS-20 de SpaceX
Cf. Lancements

Maintenance Satellitaire en Orbite

Programme RSGS : SpaceLogistics, filiale de Northrop Grumman, choisi par la DARPA
Parabolic Arc, Space News, 4 mars 2020
Le programme Robotic Servicing of Geosynchronous Satellites (RSGS) de la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) a pour objectif de construire le premier satellite robotique commercial de maintenance en orbite. Ce projet doit prouver la fiabilité des concepts d’inspection, de réparation et d’allongement de durée de vie des satellites en orbite géosynchrone (GSO). La DARPA souhaite standardiser ces opérations et ainsi permettre l’accroissement du marché dans ce secteur.
Dans le cadre de cet accord, la DARPA fournira une charge utile robotique embarquée sur le Mission Robotic Vehicle (MRV), le vaisseau-mère de SpaceLogistics capable d’amarrer de petits Mission Extension Pods (MEP) sur d’autres satellites. Cette charge utile, développée et intégrée par l’U.S. Naval Research Laboratory, consistera en deux bras robotiques manipulateurs accompagnés d’outils et de capteurs.
Cet accord avec Northrop Grumman fait suite à l’amarrage réussi le 25 février de son Mission Extension Vehicle-1 (MEV-1) avec le satellite de communication Intelsat 901, une première mondiale permettant d’étendre la durée de vie du satellite de télécommunication pendant cinq années. C’est une bonne nouvelle pour la DARPA après trois années tumultueuses dans ce programme. La sélection initiale de SSL en février 2017 avait été contestée par Orbital ATK (plus tard rachetée par Northrop Grumman) devant une cour fédérale. SSL s’était ensuite retiré du projet en janvier 2019 avant que la DARPA n’émette un nouvel appel d’offres en mai 2019.
A noter que le programme RSGS bénéficie d’un budget de 64,6 M$ à la DARPA pour l’année fiscale 2020.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°19-33.

Xplore Inc. s’associe à Orbit Fab et Orbion pour des missions commerciales d’exploration du Système Solaire
Cf. Exploration et SU

Observation de la Terre

La start-up PredaSAR lève 25 M$ pour sa constellation de 44 nano-satellites SAR
Space News, 3 mars 2020
Parabolic Arc, 4 mars 2020
PredaSAR est une jeune start-up de Floride fondée en 2019 par Marc Bell (entrepreneur et investisseur, président et co-fondateur de Terran Orbital et propriétaire de Tyvak Nano-Satellite).
Elle ambitionne de déployer la plus grande constellation de satellites radars à synthèse d’ouverture (Synthetic Aperture Radar – SAR). Cette technologie permettrait de fournir des images haute résolution de la surface terrestre en 2-D ou 3-D, quelles que soient les conditions météorologiques et à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit.
À la suite de la levée de fonds menée par Rokk3r Fuel, PredaSAR a annoncé vouloir construire et lancer ses deux premiers nano-satellites début 2021 via un partenariat avec Tyvak, sans pour autant préciser la résolution finale de ses radars à synthèse d’ouverture, ni l’effectif définitif de sa flotte. Par ailleurs, le Major General Roger Teague, retraité de l’U.S. Air Force a été nommé au poste de Chief Executive Officer.

Capella Space commence le déploiement de sa constellation SAR
Space News, 5 mars 2020
Capella Space, fondé en 2016, développe une constellation de 40 satellites radars à synthèse d’ouverture (Synthetic Aperture Radar – SAR) dénommée Whitney. Capelle prévoit de lancer les 7 premiers satellites de 100 kg de ladite constellation en 2020.
Le premier, nommé Sequoia, devrait être lancé fin mars en compagnie de Saocom 1B (satellite argentin SAR en bande L) à bord d’un Falcon 9 de SpaceX depuis Cap Canaveral (Floride). Il sera placé en orbite héliosynchrone.
Pour le deuxième lancement en milieu d’année, Capella a sélectionné l’Electron de Rocket Lab, séduit par la flexibilité, la rapidité et le choix d’orbite proposés par l’opérateur de lancement. Le satellite sera ainsi placé sur une orbite inclinée à 45°, une position optimale pour couvrir notamment la péninsule coréenne et le Moyen-Orient. Ce sera la premier satellite SAR sur une telle orbite.
A terme, la constellation Whitney inclura des unités en orbites polaires et inclinées pour répondre aux besoins de ses clients.
A noter que Capella Space n’a pas encore attribué de contrat de lancement pour les cinq satellites suivants en construction dans son usine de Boulder (Colorado) et prévus au lancement en 2020.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°19-36.

World View prêt à déployer sa flotte de ballons stratosphériques
Cf. Observation de la Terre

Télécommunications

Finalement, SpaceX ne prévoirait pas de vendre sa méga-constellation Starlink
Space News, 9 mars 2020
S’exprimant dans le cadre de la conférence Satellite 2020 à Washington D.C. le lundi 9 mars, Elon Musk, ingénieur en chef et fondateur de SpaceX, a été interrogé au sujet de la possibilité évoquée par Gwynne Shotwell quelques semaines auparavant d’introduire en Bourse le segment d’activité Starlink. Répondant par la négative, il a indiqué que sa priorité était de faire en sorte que Starlink soit la première constellation de télécommunications en orbite basse « à ne pas faire faillite », faisant référence aux sociétés Iridium, GobalStar, Orbcomm et Teledesic, lesquelles ont toutes échoué dans leurs premières tentatives de déploiement de constellations en orbite basse (la plupart ont par la suite déployé leurs constellations grâce au soutien étatique).
Le fondateur de SpaceX a également laissé entendre que Starlink pourrait permettre de générer un flux financier plus important que celui de l’industrie des lanceurs, comparant les revenus des lanceurs estimés à 3 Md$ à ceux du haut débit estimés à 30 Md$. Elon Musk a également rappelé qu’il ne comptait pas faire concurrence aux acteurs traditionnels des télécommunications, mais plutôt apporter une offre complémentaire.

Kepler fabriquera en interne sa constellation de 140 nano-satellites
Space News, 8 mars 2020
L’entreprise canadienne qui prévoit de déployer une constellation de 140 nano-satellites dédiés à la connectivité et l’Internet des Objets (IoT), a pris cette décision après avoir considéré une dizaine de prestataires.
Les nano-satellites Kepler d’une masse de 10 kg pourraient marquer les premiers pas de la filière nano-satellite canadienne. La société, qui prévoit de compléter le déploiement de sa constellation à la fin de 2022, a notamment été soutenue par l’Agence Spatiale Canadienne (CSA) à hauteur de 760 k$.
La décision de Kepler est une opportunité manquée pour les jeunes sociétés de production de nano-satellites telles que Blue Canyon Technologies, AAC Clyde Space, GomSpace, NanoAvionics ou Tyvak à la recherche de ce type de contrats. Kepler n’est pas la seule entreprise du secteur des constellations de nano-satellites à suivre cette voie. La société Planet, qui a lancé plus de 300 nano-satellites et en opère aujourd’hui environ 150, les produit également en interne. D’autres opérateurs de constellations de nano-satellites, tels que HawkEye 360 ou la société française Kinéis, ont choisi de sous-traiter la production de leurs nano-satellites.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°19-36.

Surveillance de l’espace et gestion du trafic spatial

Assure Space ne couvre plus les risques de collisions en orbite basse
Space News, 11 mars 2020
Arguant un manque de mesures concrètes visant à éviter les collisions en orbite et à limiter les débris, l’assureur a annoncé qu’il ne proposait plus de couverture des risques de collision pour les satellites opérant en orbite basse. Il continuera néanmoins à proposer une couverture en cas de collision pour :

  • Les lancements vers l’orbite géostationnaire et les satellites y opérant ;
  • Les satellites en phase d’ascension vers l’orbite basse terrestre ;
  • Les missions vers la Station Spatiale Internationale.

Lune et Cis-Lunaire

La NASA sélectionne les deux premières charges utiles qui voleront à bord de la Lunar Gateway
Parabolic Arc, Space News, 12 mars 2020
Dans le cadre du programme Artemis et de la stratégie d’exploration habitée « Moon to Mars », la NASA prévoit de déployer à partir de 2022-2023 la station spatiale Lunar Gateway en orbite elliptique autour de la Lune, en soutien aux activités humaines et robotiques en surface. Une version réduite de la Lunar Gateway sera, dans un premier temps, composée d’un module de propulsion (PPE) conçu par Maxar et d’un module d’habitation (MHM) développé par Northrop Grumman. Dans sa configuration initiale, la Lunar Gateway pourra accueillir des charges utiles scientifiques, dont les deux premières ont été sélectionnées par la NASA cette semaine :

  • Un ensemble d’instruments de météorologie spatiale et solaire fourni par la NASA. Ces instruments seront développés à partir de technologies déjà maitrisées par l’agence, facilitant un assemblage rapide. Ils permettront d’en apprendre davantage sur les effets des particules et des vents solaires sur l’électronique et la robotique lunaire ;
  • Un ensemble d’instruments d’observation de la radiation dans l’environnement spatial lunaire fourni par l’Agence Spatiale Européenne (ESA). Ces instruments permettront d’étudier davantage l’exposition des astronautes à la radiation dans l’espace profond et de déterminer comment mieux les préparer aux longs voyages, notamment vers Mars.

Pour mémoire, la requête budgétaire 2021 présentée par la NASA prévoit un coût de 71 Md$ pour le programme Artemis pour les cinq prochaines années, dont 2,8 Md$ pour la Lunar Gateway. L’ESA prévoit de son côté de participer au programme à hauteur de 450 M$ pour les prochaines années, dont 300 M$ pour la Lunar Gateway.

Artemis

La NASA pourrait simplifier l’architecture d’Artemis
Space News, Space Policy Online, 13 mars 2020
S’exprimant à l’occasion d’une réunion de la commission consultative des sciences de la NASA le 13 mars, Doug Loverro, l’Administrateur Associé en charge de l’exploration humaine, a annoncé travailler sur une optimisation de l’architecture de son programme lunaire afin de tenir l’objectif de retour d’astronautes sur la Lune en 2024. Les analyses porteraient sur la réduction des risques calendaires, en limitant au maximum les développements critiques afin de tenir les objectifs de la phase 1 du programme Artemis. Seraient principalement concernés la Lunar Gateway et le Human Landing System (HLS).
La Lunar Gateway ne serait ainsi plus jugée nécessaire pour atteindre l’objectif de la phase 1 du programme. La NASA maintiendrait son développement et son déploiement pour la phase 2 car partie intégrante de la stratégie à long terme d’exploration humaine de Mars. Doug Loverro a présenté cette décision comme une bonne nouvelle pour la Lunar Gateway, dans la mesure où cela permettrait à la station lunaire de bénéficier de son propre programme, avec une gestion budgétaire indépendante et une coordination dédiée avec les partenaires internationaux. Les coopérations en cours de discussion ne devraient pas en principe être affectées par cette décision dans la mesure où les contributions (modules ESPRIT et I-HAB de l’ESA et la JAXA) étaient prévues pour la phase 2 d’Artemis.
Concernant le HLS, Doug Loverro a laissé entendre que l’agence souhaitait simplifier la stratégie pour le premier alunissage, en limitant notamment les opérations à risques en orbite. La NASA devrait annoncer très prochainement les deux lauréats sélectionnés pour le développement des HLS parmi les candidats ayant répondu à l’appel d’offre de novembre dernier (Boeing, Blue Origin et Dynetics). Ces décisions auront sûrement un impact sur les concepts proposés.
D’aucuns estiment que la NASA fournira davantage de détails sur sa nouvelle stratégie dans le cadre de la prochaine réunion du National Space Council le 24 mars à Washington.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-04.

Mars

« Perseverance », le nouveau nom de « Mars 2020 »
NASA Spaceflight, 5 mars 2020
Le rover martien a été développé par le Jet Propulsion Laboratory avec une forte contribution française qui a fourni notamment l’instrument Supercam. Son nom est le résultat d’un vote mondial parmi 28 000 propositions d’élèves américains âgés de 5 à 18 ans.
Perseverance est actuellement au Payload Hazardous Servicing Facility du Kennedy Space Center (Floride) pour sa campagne de préparation au lancement. Ses deux boucliers thermiques viennent d’y être intégrés.
Le rover devrait être lancé le 17 juillet à bord d’un Atlas V-541 d’United Launch Alliance (placé dans la même configuration que pour le lancement de Curiosity en 2011) depuis le Space Launch Complex 41 (SLC-41) de l’U.S. Air Force Station à Cap Canaveral (Floride).
A l’issue d’un voyage de sept mois, il devrait se poser dans le cratère Jezero le 18 février 2021. Ce site, vieux de 3,6 milliards d’années, serait un ancien delta de rivière qui pourrait donc abriter des molécules organiques et d’autres signes de vie microbienne. Sa mission devrait durer une année martienne, soit 687 jours terrestres.
Perseverance sera le cinquième rover à poser ses roues sur Mars et la huitième charge utile que la NASA posera sur le sol martien. Il rejoindra Curiosity et InSight comme missions en cours à la surface de Mars.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-03.

Exploration Habitée

Le coût total du programme SLS dépasserait 18 Md$, le Congrès doit formellement le reconduire
Space Policy Online, 10 mars 2020
Space News, 11 mars 2020

Selon un nouveau rapport de l’Inspecteur Général de la NASA, le programme du système de lancement lourd dédié à l’exploration habitée SLS aurait dépassé ses prévisions de coûts au point de déclencher formellement une procédure de reconduction auprès du Congrès.
Le rapport met en évidence une augmentation de coûts du programme de 33 % par rapport aux prévisions pour un lancement en novembre 2020, pouvant atteindre 43 % pour un lancement en 2021 (à ce jour la NASA prévoit de lancer Artemis-1 au deuxième semestre 2021). Le Congrès impose à la NASA une limite de dépassement de coûts de 30 % pour les programmes majeurs. Passée cette limite, le Congrès dispose de 18 mois pour reconduire le programme et allouer les montants nécessaires, ou statuer sur son annulation.
En réponse, la NASA a indiqué mener une évaluation technique et programmatique interne indépendante, avec l’objectif de présenter une nouvelle analyse de coûts et de calendrier au Congrès d’ici le 30 avril.
Lorsque le programme a été approuvé en 2014, les coûts de développement jusqu’au premier lancement Artemis-1, initialement prévu en 2018, avaient été estimés à 7 Md$ par Boeing, le fournisseur principal. Aujourd’hui, le rapport de l’Inspecteur Général estime que le coût du programme atteindra 18,3 Md$ pour un premier lancement en 2021.
Pour mémoire, Boeing est chargé de la production du corps central et des deux étages (l’Interim Cryogenic Propulsion Stage et le plus puissant Exploration Upper Stage), Northrop Grumman fournit les boosters à ergol solide et Aerojet Rocketdyne produit les moteurs RS-25 dérivés de la Navette Spatiale.
Le corps central du premier SLS a récemment été acheminé au Stennis Space Center de la NASA dans le Mississippi en vue d’un test de mise à feu statique complet appelé « Green Run ». Boeing et la NASA prévoient de transférer le corps central du SLS au Kennedy Space Center d’ici la fin de cet été, une fois le Green Run réalisé avec succès, pour l’intégration finale avec les autres éléments du SLS et Orion.

Exploration et Sciences de l’Univers

Le télescope spatial WFIRST passe une étape majeure dans son développement
Space News, 4 mars 2020
Alors que l’Exécutif n’a alloué aucun budget au programme WFIRST (Wide-Field Infrared Survey Telescope) dans sa requête budgétaire pour l’exercice 2021, la NASA a annoncé que le télescope avait franchi l’étape « Key Decision Point C ». Cette étape permet de valider le concept opérationnel de la mission et démarrer les activités de développement et de test des instruments. Selon le plan de développement actuel de l’agence, le télescope devrait être prêt au lancement en 2026.
Le télescope WFIRST fait partie des recommandations emblématiques du decadal survey d’astrophysique. Cependant, la NASA souhaiterait en premier lieu finaliser le développement et le déploiement du James Webb Space Telescope (JWST), lequel a été impacté par des retards et dépassements de coûts importants (coût de la mission plafonné par le Congrès à 8,9 Md$). La NASA estime par ailleurs le coût total de WFIRST à près de 4 Md$, alors que la mission telle que recommandée par le decadal survey ne devait pas dépasser 2 Md$.
Pour mémoire, la NASA n’avait déjà inscrit aucun montant pour WFIRST dans ses requêtes budgétaires de 2019 et de 2020, ce à quoi le Congrès s’était opposé en allouant à la mission des montants de 312 M$ en 2019 et 510 M$ en 2020. Les scientifiques du programme laissent entendre qu’un montant de 505 M$ aurait dû être demandé par la NASA dans la requête budgétaire 2021 pour maintenir le développement permettant un lancement en 2026. A ce titre, la décision finale qui appartient au Congrès sera à nouveau très attendue.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°19-30.

Xplore Inc. s’associe à Orbit Fab et Orbion pour des missions commerciales d’exploration du Système Solaire
Parabolic Arc, 6 mars 2020
Parabolic Arc, 7 mars 2020

Xplore Inc. a pour objectif de commercialiser l’exploration de l’espace lointain avec son engin spatial de classe ESPA dénommé « Xcraft ». Dans ce cadre, la start-up vient de formaliser des partenariats avec :

  • Orbion Space Technology pour la fourniture du système de propulsion plasmique à effet Hall de l’Xcraft pour les 6 prochaines années ;
  • Orbit Fab pour la fourniture de capacités de ravitaillement en orbite, sur la base du système RAFTI (Rapidly Attachable Fluid Transfer Interface) qui a été testé avec succès l’année dernière à bord de la Station Spatiale Internationale. Avec ce système, les deux sociétés estiment pouvoir accroître considérablement le potentiel des missions de l’Xcraft tout en commençant à imposer des standards et pratiques industrielles de ravitaillement satellitaire en orbite.

Pour mémoire, Xplore a également signé récemment un partenariat avec Nanoracks. La première mission envisagée par Xplore serait la mission « Moon Xpeditions » avec un lancement prévu en 2021 à destination de la Lune.

Secteur Privé

Le financement des start-up spatiales en forte hausse en 2019
Space News, 9 mars 2020
Parabolic Arc, 12 mars 2020

Selon le dernier rapport du cabinet de conseil Bryce Space and Technology, les start-up du secteur spatial mondial ont levé au total quelque 5,7 Md$ de financement en 2019, à comparer aux 3,5 Md$ levés en 2018.
Si 135 start-up ont bénéficié de financement dans le monde, quatre acteurs majeurs du secteur ont attiré plus des deux tiers des investissements. SpaceX et Blue Origin ont levé à eux seuls quelque 1,9 Md$ (33%) pour leurs activités, OneWeb a levé 1,25 Md$ (22%) pour sa constellation en orbite basse, et Virgin Galactic a levé 682 M$ (12%) au travers de sa fusion avec Social Capital Hedosophia et son introduction en Bourse.
Comme pour les années précédentes, les start-up spatiales américaines se taillent la part du lion, attirant près de 84 % des financements. Toutefois, le rapport indique un nombre croissant d’investissements dans les start-up étrangères, en particulier en Asie.
Il met également en avant le rôle croissant des contrats octroyés par les agences nationales aux start-up spatiales, gage de qualité pour les investisseurs. A noter que malgré un enthousiasme de ces derniers, seule une faible partie de ces start-up génère aujourd’hui des profits significatifs.

Technologie

Le Frontier Development Lab dévoile ses thématiques pour l’année 2020
Parabolic Arc, 10 mars 2020
Le Frontier Development Lab (FDL) est le fruit d’un partenariat public-privé géré par la NASA aux Etats-Unis et par l’Agence Spatiale Européenne (ESA) en Europe, visant à appliquer les technologies d’intelligence artificielle aux sciences spatiales en développant de nouveaux outils et instruments. Le FDL travaille en partenariat avec NVIDIA, Intel, Google Cloud, IBM, Lockheed Martin, SpaceResources Luxembourg, KBRWyle, XPrize, Kx, et Miso Technologies entre autres pour fournir un accès aux infrastructures et performances informatiques nécessaires à une expérimentation rapide des nouvelles applications. Le FDL siège dans les locaux du Search for Extra-Terrestrial Intelligence (SETI) Institute en Californie.
Les thématiques de recherche du FDL retenues pour 2020 sont :

  • La santé des astronautes : « Long duration missions and cancer: a testbed for building causal inference methods » ;
  • Les sciences planétaires : « Moon engine: moon for good, phase II» ;
  • L’héliophysique : « Tracking the geoeffectiveness of solar storms » et « Earlier characteristic detection of solar wind » ;
  • Les sciences de la Terre : « The Earth intelligence engine: drought images from the future» ;
  • La gestion des catastrophes naturelles : «Lightning and extreme weather » et «Floods: mapping inundation extent during a flooding event » ;
  • L’astrophysique : «Star Check: seeking out unusual stars and exo-star systems » et «Starspots: stellar surface features from exoplanetary transits ».

Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°18-22.

Retrouvez également toutes les actualités mises en ligne par la mission pour la science et la technologie en cliquant sur ce lien.
Ambassade de France aux États-Unis d’Amérique
Service Spatial – Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg

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