Bulletin d’actualité Espace n°20-21

Bulletin d’actualité rédigé par le Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg à Washington D.C. (Amaury Carbonnaux, Nicolas Maubert, Diane Zajackowski)

Malgré une année 2020 mouvementée et compliquée, l’actualité et l’activité spatiales américaines n’ont jamais été aussi soutenues. Le Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg et Service Spatial de l’Ambassade de France à Washington D.C. vous remercie pour votre fidélité et votre confiance. Nous vous souhaitons d’excellentes fêtes de fin d’année à vous et vos proches. Rendez-vous en 2021 pour des aventures spatiales toujours plus belles et plus intenses !

Cliquez ici pour la carte de vœux interactive du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg !

Liens utiles

Pour consulter le présent bulletin d’actualité sous format PDF, cliquez ici.
Pour consulter le présent bulletin d’actualité en ligne, cliquez ici.
Pour consulter tous les bulletins d’actualité, toutes les notes, toutes les actualités et l’agenda du Service Spatial aux États-Unis, cliquez ici.

Personalia

Une nomination controversée à la tête de la FCC
Space News, 30 novembre 2020
The Verge, 8 décembre 2020
A quelques semaines de l’entrée en fonction de la nouvelle administration américaine, le Sénat, à majorité républicaine, a confirmé la nomination proposée par Donald Trump du Républicain Nathan Simington pour siéger parmi les quatre commissaires de la FCC. Cette nomination a fait l’objet de nombreuses critiques du côté des Démocrates qui estiment que le choix aurait dû être laissé à la prochaine administration.
Ceux-ci s’interrogent également sur le rôle joué par Nathan Simington dans la révision, demandée par le Président Trump, de la section 230 du Communications Decency Act qui consacre l’immunité des grandes plateformes du numérique à l’égard des publications de leurs usagers.
Avec la nomination de Nathan Simington, la FCC compte donc à ce jour deux commissaires Républicains et deux commissaires Démocrates, la Présidence de l’Agence étant, quant à elle, amenée à évoluer le 20 janvier prochain. En effet, l’actuel Président de la FCC, Ajit Pai, a annoncé qu’il quitterait son poste à l’arrivée du nouveau Président. Dans l’hypothèse où le Sénat n’approuverait pas le remplaçant d’Ajit Pai (dont le choix sera laissé au futur Président Joe Biden), la FCC serait placée dans une situation de blocage redoutée par les Démocrates.
Pour rappel, durant le mandat d’Ajit Pai, la FCC avait concentré ses efforts sur :

L’ancien astronaute de la NASA et Démocrate Mark Kelly vient de prêter serment au Sénat
Space Policy Online, 2 décembre 2020
Mark Kelly devient donc officiellement le deuxième sénateur de l’Arizona qui, pour la première fois depuis 70 ans, est représenté par deux sénateurs démocrates. Pour rappel, Mark Kelly avait remporté ce siège face à la Républicaine Martha McSally qui avait remplacé John McCain après sa disparition. À noter que le contrôle du Sénat par les Démocrates ou les Républicains n’est pas encore acté, dans l’attente des nouvelles élections concernant les deux sièges de sénateurs de Géorgie prévue le 5 janvier prochain.

Politique

L’Administration américaine dévoile sa nouvelle National Space Policy
Space Policy Online, 9 décembre 2020
A l’occasion de la 8ème réunion du National Space Council (NSpC) le 9 décembre 2020, l’administration Trump a dévoilé sa National Space Policy. Celle-ci met à jour et remplace la dernière version adoptée en 2010 sous la Présidence Obama. Ce texte est publié depuis plusieurs décennies par chaque Président en début ou fin de mandat afin de définir les grands engagements et orientations de la politique spatiale américaine. Malgré les alternances politiques, le contenu de ce texte demeure relativement stable. Selon le Secrétaire exécutif du NSpC, Scott Pace, la nouvelle National Space Policy s’inscrit donc dans le sillage des précédentes, bien qu’elle identifie de nouveaux défis et opportunités.
Parmi les points d’attention les plus notables de cette nouvelle version, on trouve sans surprise l’exploration spatiale. Présent lors de la réunion du NSpC, l’Administrateur de la NASA, Jim Bridenstine, a d’ailleurs estimé que le document reflétait l’ambition et le leadership américain dans l’exploration à l’heure où ce domaine connait un fort regain d’intérêt. Outre l’exploration, le renforcement des partenariats internationaux, la promotion du secteur privé mais aussi la préservation de la sécurité nationale font partie des principaux enjeux soulevés dans la nouvelle National Space Policy.

Donald Trump promulgue une nouvelle Space Policy Directive pour l’utilisation de l’énergie nucléaire dans l’Espace
Space News, Space Policy Online, 16 décembre 2020
Une semaine après la publication de la nouvelle National Space Policy qui semblait clore le travail de l’administration actuelle en matière de politique spatiale, cette dernière vient de se doter d’une sixième Space Policy Directive (SDP-6) dite « National Strategy for Space Nuclear Power and Propulsion ».
Celle-ci a vocation à tracer des lignes directrices et à définir les responsabilités de chaque agence fédérale pour permettre le développement sûr, sécurisé et durable de l’énergie et de la propulsion nucléaires au profit des activités spatiales américaines, notamment dans le domaine de l’exploration.
L’énergie nucléaire a soutenu depuis plusieurs décennies le développement des activités d’exploration de la NASA et constituera une variable fondamentale de ses programmes d’exploration habitée lunaire et, à plus long terme, martienne. Le recours à l’énergie et à la propulsion nucléaires est effectivement jugé essentiel à l’établissement d’une présence humaine durable sur la Lune et les autres corps célestes. La SPD-6 fixe d’ailleurs un certain nombre d’objectifs calendaires qui reflètent pleinement les ambitions et l’agenda de la NASA en matière d’exploration. En effet, la SPD-6 fixe pour objectifs de développer :

  • D’ici le milieu de la décennie 2020 : les capacités nécessaires à la mise au point d’un combustible qui soit adapté à la production d’énergie nucléaire à la surface des corps célestes, à la propulsion électrique nucléaire et à la propulsion thermique nucléaire
  • D’ici le milieu/la fin de la décennie 2020 : un système de production d’énergie par fission nucléaire sur la surface lunaire capable de soutenir le maintien d’une présence humaine durable sur la Lune et pouvant être utilisé à terme dans le cadre de l’exploration de Mars
  • D’ici la fin de la décennie 2020 : les capacités techniques nécessaires à la mise au point d’un système de propulsion nucléaire thermique qui pourrait répondre aux besoins de la NASA (mais aussi du Département de la Défense [DoD])
  • D’ici la décennie 2030 : des générateurs radioisotopiques avancés (meilleur rendement énergétique, durée de vie opérationnelle plus longue) pour soutenir l’exploration de la Lune, de Mars et du système solaire

La SPD-6 ne se limite toutefois pas à l’exploration et encourage aussi le développement des technologies nucléaires au service des autres missions de la NASA ou encore du DoD. L’objectif du document est même plus large et vise, selon un représentant de l’administration, à mieux coordonner les travaux des agences fédérales américaines (notamment de la NASA, du DoD et du Département de l’Energie [DoE]) en matière nucléaire et à revitaliser la base industrielle américaine œuvrant dans ce secteur.
Consciente des risques et des préoccupations soulevés par le recours à l’énergie nucléaire en termes de prolifération, la SPD-6 est également revenue sur la problématique de l’utilisation de l’uranium hautement enrichi (Highly Enriched Uranium – HEU) – qui avait notamment été employé dans le cadre du programme Kilopower. Sans bannir le recours à l’HEU, la SPD-6 restreint son utilisation à des hypothèses dans lesquelles il n’existerait aucun combustible alternatif.
À noter enfin que la promulgation de la SPD-6 s’inscrit dans une dynamique globale de rapprochement entre les secteurs nucléaire et spatial. En effet, elle fait suite à l’adoption en août 2019 d’un décret présidentiel sur l’utilisation de l’énergie nucléaire dans les systèmes spatiaux, à l’intégration du DoE au sein du National Space Council et à la signature d’un Memorandum of Understanding entre ce dernier et la NASA en octobre dernier.

La Secure World Foundation invite Joe Biden embrasser l’héritage de Donald Trump dans le Spatial tout en changeant de ton
Space News, 2 décembre 2020
Dans un rapport publié le 2 décembre, la Secure World Foundation (SWF) appelle la nouvelle administration démocrate à ne pas défaire les progrès en matière de politique spatiale réalisés sous l’ère Trump. Selon la SWF, assurer l’utilisation pérenne de l’Espace doit être une préoccupation majeure de la nouvelle administration, et ce alors que le secteur spatial ne semble pas être la priorité principale du Président-élu Joe Biden.
La SWF considère ainsi que les initiatives de l’Administration Trump ont aidé à promouvoir les intérêts nationaux, notamment avec la restauration du National Space Council, l’établissement de l’U.S. Space Force et la mise sur pied du programme d’exploration spatial Artemis.
Elle enjoint malgré tout la future administration à abandonner la rhétorique belliqueuse et hostile du président sortant qui, si elle a eu le mérite d’alerter les agences civiles et les organisations internationales au sujet de la sécurité dans l’Espace, a conduit l’opinion publique américaine à penser que l’Espace est devenu une zone d’affrontements (« warfighting domain »).
Article connexe publié : La place du spatial dans les programmes des candidats démocrate et républicain à l’Élection Présidentielle américaine de 2020 (à un mois du scrutin…)

Sécurité et Défense

NDAA 2021 : le projet de loi est adopté à une large majorité par la Chambre et le Sénat
Space News, 11 décembre 2020
Space Policy Online, Space News, 3 décembre 2020
La Chambre des Représentants et le Sénat ont respectivement adopté, les 8 et 11 décembre dernier, un projet commun de National Defense Authorization Act (NDAA) pour l’année fiscale 2021. Celui-ci prévoit notamment d’accorder 740,5 Md$ à la Défense en 2021. Le projet de loi comporte plusieurs dispositions relatives aux problématiques spatiales, très largement axées autour du développement de synergies entre le secteur privé et celui de la défense nationale :

  • Le Secrétaire de l’U.S. Air Force (USAF) devra transmettre un rapport sur les critères et le processus de sélection du futur siège permanent de l’U.S. Space Command
  • L’USAF est chargée de lancer plusieurs projets concurrents de recherche et développement dans le cadre du programme National Security Space Launch (NSSL). L’objectif recherché est de mettre en compétition au moins 3 prestataires de lancements pour la Phase 3 du programme afin de stimuler l’innovation. Pour rappel, l’USAF avait sélectionné en août 2020 SpaceX et ULA pour la Phase 2 du programme aux dépens de Northrop Grumman et Blue Origin. Néanmoins, l’entreprise de Jeff Bezos a récemment insisté pour que l’USAF continue à financer son lanceur New Glenn, estimant que le Pentagone aurait tout intérêt à s’entourer de trois sociétés de lancements au lieu de deux
  • Le Secrétaire de l’USAF doit soumettre d’ici juin 2021 une stratégie d’acquisition sur cinq ans de petits lanceurs et satellites pour garantir aux États-Unis un accès rapide et fiable à l’Espace grâce au lancement de petites charges utiles
  • L’USAF doit remettre au Congrès d’ici le 15 mai prochain un plan décrivant sa stratégie d’acquisition de systèmes spatiaux, et notamment en ce qui concerne les nouvelles technologies développées par le secteur commercial
  • L’USAF doit conclure au minimum deux contrats de services commerciaux dans le domaine de la connaissance de l’environnement spatial
  • Le Pentagone et la communauté du renseignement doivent, dans la mesure du possible, s’appuyer sur les données et services d’observation géospatiale fournis par le secteur privé

Le texte doit désormais obtenir la signature du Président des États-Unis qui avait toutefois annoncé qu’il apposerait son veto au projet de loi si celui-ci n’abordait pas la problématique de l’immunité des réseaux sociaux vis-à-vis des publications de leurs utilisateurs. Donald Trump était en outre opposé à certaines dispositions du NDAA prévoyant, notamment, de renommer certaines bases militaires (aujourd’hui au nom d’officiers confédérés) ou de restreindre le pouvoir du Président des États-Unis d’utiliser les fonds prévus pour développer les infrastructures militaires à d’autres fins. Néanmoins, les deux chambres du Congrès ont adopté le projet de loi avec une très large majorité (84 contre 13 pour le Sénat et 335 contre 78 pour la Chambre), laissant à penser que le Congrès pourrait outrepasser un éventuel veto présidentiel.

L’U.S. Space Force finalise la mise en place de son commandement dédié aux acquisitions
Space News, 2 décembre 2020
Aujourd’hui, le système d’acquisition pour le spatial du Pentagone est jugé trop lent et trop rigide pour répondre aux menaces émergentes, le manque d’une autorité centrale étant pointé du doigt (exception faite pour les acquisitions spatiales de la communauté du renseignement). Une étude menée par le Government Accountability Office (GAO) en 2017 recensait plus de 60 entités fédérales impliquées dans les processus d’acquisitions spatiales et opérant indépendamment.
Cette situation a amené le Général John Raymond, Chief of Space Operations (CSO) de l’U.S. Space Force (USSF) à mettre en place le Space Systems Command (SSC) dédié aux acquisitions de l’USSF. Le SSC a pour mission d’uniformiser les processus d’acquisition, d’accélérer l’innovation, de réduire les coûts et les cycles de développement. Le CSO l’encourage à adopter une approche agile, avec plus de créativité, d’innovation et d’expérimentation, ainsi qu’un risque accru mais contrôlé prenant en compte les nouvelles technologies. Ainsi, alors que le Pentagone ne pouvait pas prendre le risque d’utiliser des technologies non-éprouvées sur des satellites achetés plusieurs Md$, il pourra être moins regardant sur des systèmes utilisant des satellites moins onéreux produits en masse et pouvant être facilement remplacés. Le CSO veut ainsi voir émerger une « productive disruption » afin de créer une architecture hybride avec une grande diversité des satellites qui la composent.
Le SSC devrait ainsi regrouper des bureaux d’acquisition aux méthodes traditionnelles et non-traditionnelles. Commandé par un Lieutenant-Général (Général de Corps d’Armée en France), le SSC sera composé:

  • Du Space and Missile Systems Center situé à Los Angeles Air Force Base (Californie)
  • Du Commercial Satellite Communications Office, basé à Washington (District of Columbia), gère les acquisitions des satellites de communication commerciaux pour le Pentagone
  • De la 30th Space Wing, basée à Vandenberg Air Force Base (Californie), supervise les lancements de la Western Range
  • De la 45th Space Wing, basée à Canaveral Air Force Station (Floride), supervise les lancements de l’Eastern Range
  • De certaines branches du Space Vehicles Directorate de l’Air Force Research Laboratory, basé à Kirtland Air Force Base (Nouveau-Mexique)

Toutefois, l’intégration au SSC de la Space Development Agency (SDA) et du Space Rapid Capabilities Office (SRCO) est encore incertaine.

De nouveaux critères pour le prochain programme NSSL en 2024 ?
Space News, 24 novembre 2020
En août 2020, l’U.S. Air Force (USAF) a sélectionné SpaceX et United Launch Alliance (ULA) aux dépens de Blue Origin et Northrop Grumman dans le cadre de la Phase 2 du programme National Security Space Launch (NSSL), afin de placer en orbite les futurs satellites militaires et de renseignement. Toutefois, cette procédure d’acquisition du Pentagone pourrait évoluer.
Le Commandant du Launch Enterprise Directorate, rattaché au Space and Missile Systems Center (SMC) de l’U.S. Space Force (USSF), a déclaré souhaiter acquérir des capacités innovantes en support à ses besoins de transport spatial et logistique dans le cadre d’un programme « space mobility and logistics ». En effet, le Pentagone ne maîtrise aucune de ces capacités à ce jour alors que l’accès à l’Espace, la mobilité et la logistique sont des sujets inscrits comme « Core Competencies » dans la doctrine de l’USSF publiée en août 2020.
Dans cette optique, une demande d’information (Request for Information – RFI) a été publiée le 10 novembre invitant le secteur privé à soumettre avant le 15 janvier 2021 des propositions innovantes pouvant soutenir les besoins de « space mobility and logistics ». Des remorqueurs, des véhicules de ravitaillement et de maintenance, ainsi que des capacités de construction en orbite font partie des capacités mentionnées.
Malgré tout, le Commandant du Launch Enterprise Directorate a affirmé que le Pentagone n’avait pas de plan à ce jour pour changer la structure du NSSL. Toutefois, il a affirmé que l’USSF faisait des études de marché qui pourraient réviser les critères du prochain appel d’offre pour le programme NSSL en 2024. Une des pistes qui intéresse le Pentagone serait l’utilisation de lanceurs pour la livraison rapide de fret sur Terre. Depuis octobre, l’U.S. Transportation Command (USTRANSCOM), le Commandement de combat unifié responsable de tous les transports de troupes et de frets des forces armées américaines, étudie ce concept dans le cas de situations d’urgence. Cependant, le Commandant adjoint de l’U.S. Space Command (USSPACECOM), a calmé ces ambitions, suggérant que le Pentagone devait attendre et observer l’emploi de ces technologies dans le secteur privé d’abord, avant d’engager des fonds publics pour les utiliser dans l’architecture actuelle comme outils de résilience ou de prolongement de mission.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-18.

La DARPA valide les satellites de Blue Canyon Technologies pour son programme Blackjack
Space News, 14 décembre 2020
Dans le cadre de son programme Blackjack, la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) a autorisé Blue Canyon Technologies à produire ses deux premiers petits satellites. Cette décision intervient alors que Blue Canyon Technologies avait reçu 14,1 M$ de la DARPA en juillet dernier pour construire quatre satellites, avec une option de 99 M$ pour 16 supplémentaires.
Par ailleurs, il convient de noter que Blue Canyon Technologies est toujours en procédure de rachat par Raytheon Technologies (clôture de la transaction attendue début 2021).
Pour mémoire, la DARPA compte déployer en orbite basse terrestre jusqu’à 20 satellites interconnectés par liaison optique. Leur objectif sera de fournir des communications, du suivi de missiles et des services de navigation.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-16.

SpaceWERX : le nouveau centre d’innovation de l’U.S. Space Force
Parabolic Arc, 8 décembre 2020
Le 7 décembre, la Secrétaire des Forces aériennes Barbara Barrett a annoncé la création de SpaceWERX. Cette nouvelle entité se concentrera sur le développement de technologies pour le compte de l’U.S. Space Force (USSF) en exploitant les technologies de pointe développées par les entreprises privées. Ce premier centre d’innovation dédié au Spatial de l’USSF sera placé sur la Los Angeles Air Force Base (Californie) et alignera ses efforts notamment avec le Space and Missile Systems Center (SMC).

Lancements

Une fin d’année riche en lancements !
Space Flight Insider, 11 décembre 2020
Space News, 13 [1], 15 [2 et 3] décembre 2020
Nasa Space Flight, 15 décembre 2020
L’année 2020 s’achève avec de nombreux lancements aux objectifs et dénouements différents.
Parmi les plus notables d’entre eux, il est possible de retenir :

  • Le succès du lancement du satellite radar à synthèse d’ouverture StriX-α de l’entreprise japonaise Synspective par un Electron de Rocket Lab. Avec ce lancement – obtenu en avril dernier au détriment d’Arianespace à qui il avait initialement été confié – Rocket Lab totalise sept lancements sur l’ensemble de l’année 2020 et bat ainsi son record de l’année précédente au terme de laquelle la société avait procédé à six lancements
  • Le lancement du satellite radio SiriusXM-7 par un Falcon 9 de SpaceX dont la puissance d’émission (8 000 watts) sera la plus importante jamais atteinte par un satellite commercial. Ce lancement marque la septième utilisation du premier étage du Falcon 9 qui a été récupéré avec succès par un « bateau-drone » stationné dans l’océan Atlantique. Ce lancement n’est toutefois pas le dernier de l’entreprise pour l’année 2020 qui s’achèvera le 31 décembre par un lancement au profit du National Reconnaissance Office (NRO)
  • Le lancement du satellite NROL-44 du NRO par un Delta IV Heavy de United Launch Alliance (ULA). Ce lancement, maintes fois reporté, acte la première utilisation d’un Delta IV Heavy en deux ans (le dernier lancement avec ce type de lanceur remontait à 2018 avec à son bord Solar Parker Probe). Ce lanceur sera utilisé dans le cadre de 4 autres missions du NRO avant son remplacement par le Vulcan Centaur
  • Le succès relatif d’Astra Space dont l’Astra Rocket 3.2 a réussi son lancement mais sans atteindre son orbite initialement définie. L’entreprise s’est toutefois félicitée de ce lancement dont l’objectif était avant tout d’accomplir des progrès pour rejoindre l’orbite alors même que son lanceur est encore en phase de développement et d’essai. Une fois opérationnelle, la famille Astra Rocket 3 devra servir le marché des lancements des petits satellites, en compétition avec Rocket Lab, Virgin Orbit et Firefly Aerospace

Un record de 35 autorisations de lancements commerciaux accordées par le Department of Transportation en 2020
Parabolic Arc, 14 décembre 2020
Le Department of Transportation (DoT) a annoncé avoir délivré 35 autorisations pour des lancements commerciaux en 2020, soit deux de plus que le précédent record établi en 2018, et ceci alors que l’année n’est pas terminée. Ces lancements ont eu lieu en Nouvelle-Zélande et dans 7 états américains : Alaska, Californie, Floride, Nouveau-Mexique, Texas, Virginie. La Federal Aviation Administration (FAA) s’attend même à ce que ce nombre d’accréditations atteigne 50 l’année prochaine. Ces résultats interviennent alors que la FAA est en train d’uniformiser et de moderniser ce processus d’autorisation, comme dicté par la Space Policy Directive 2 (SPD-2) promulguée par le Président Donald Trump le 24 mai 2018.
Pour rappel, la FAA est l’agence du DoT en charge de délivrer les licences pour tout lancement commercial et rentrée atmosphérique effectué depuis le sol américain ou réalisé par des sociétés américaines dans le monde (notamment Rocket Lab en Nouvelle-Zélande).
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-08. 

100ème vol d’un Falcon 9 et 7ème utilisation du même premier étage
Space News, 24 novembre 2020
Le 24 novembre, un Falcon 9 de SpaceX a mis sur orbite soixante satellites Starlink depuis le Space Launch Complex 40 (SLC-40) de Cape Canaveral Air Force Station (Floride). Avec ce 15ème lancement de satellites opérationnels dédiés à Starlink depuis le 24 mai 2019, SpaceX a lancé un total de 953 satellites dont 899 sont toujours opérationnels en orbite :

  • Version v0.9 : 60 satellites lancés, 46 satellites désorbités
  • Version v1.0 : 893 satellites lancés, 8 satellites désorbités

À noter que c’était la septième utilisation du premier étage du Falcon 9 qui a été récupéré avec succès sur le « bateau-drone » stationné dans l’océan Atlantique.
Par ailleurs, SpaceX a déposé un dossier auprès de la Federal Communications Commission (FCC) le 17 novembre pour autoriser le déploiement de ses satellites sur des orbites héliosynchrones. En effet, les satellites actuellement en orbite ont une inclinaison de 53° leur permettant de ne couvrir que les régions situées à des latitudes moyennes. La requête déposée auprès de la FCC porte sur un premier lancement de 58 satellites sur un des six plans orbitaux d’une inclinaison de 97,6°, ce qui ouvrirait la voie à des services de Starlink dans des régions à des latitudes plus élevées, telles que l’Alaska, le nord du Canada et l’Europe du Nord. Cette requête intervient alors que SpaceX déclare disposer d’une opportunité en décembre pour un vol vers l’orbite polaire. SpaceX appuie également sa demande par le fait qu’elle a résolu un différend avec Amazon concernant un potentiel conflit entre leurs deux constellations, en acceptant de descendre les tolérances orbitales de ses Starlink à 570 km d’altitude : ils éviteront de ce fait ceux de la constellation Kuiper placés 20 km au-dessus. Il convient de noter que Viasat s’est opposé à cet accord, arguant que l’opportunité commerciale n’était pas une raison valable pour que la FCC court-circuite les critères d’attribution du Communications Act. Pour mémoire, SpaceX a lancé en octobre le service beta de sa constellation Starlink sur le continent américain (nord des États-Unis et sud du Canada). 

Lancements à venir

Date

Mission Client Orbite Lanceur Entreprise Site

19 décembre

NROL-108 NRO Inconnue Falcon 9 v1.2 Block 5 SpaceX

Cap Canaveral (Floride)

31 décembre Türksat 5A Türksat AS GEO Falcon 9 v1.2 Block 5 SpaceX

Cap Canaveral (Floride)

Lanceurs

Succès du premier vol à haute altitude du Starship SN8
Space News, 9 décembre 2020
Le 9 décembre, SpaceX a effectué à Boca Chica (Texas) le premier vol d’essai à haute altitude du Starship SN8, prototype du deuxième étage du lanceur orbital super-lourd SpaceX Starship. Le plan de vol du SN8 était d’atteindre une altitude de 12,5 km, puis d’effectuer une descente maîtrisée, avant de réaliser un atterrissage vertical contrôlé sur le pas de tir duquel il avait décollé quelques minutes auparavant.
A noter qu’une première tentative de lancement le 8 décembre avait été annulée 1,3 seconde avant le décollage après une interruption automatique déclenchée par les moteurs Raptor.
Difficile de connaître les objectifs atteints, mais voici le plan de vol du SN8 après qu’il a réalisé un décollage parfait le 9 décembre :

  • A T+100 secondes, un des trois moteurs Raptor a été éteint, enflammant brièvement le compartiment moteur
  • A T+195 secondes, un deuxième moteur Raptor a été arrêté
  • A T+280 secondes, le troisième et dernier moteur Raptor a été stoppé, marquant la fin de la phase d’ascension et le début de la phase de descente. À partir de ce moment, le SN8 a été placé en position horizontale grâce à des propulseurs placés à son sommet puis a utilisé ses ailerons pour contrôler sa descente
  • A T+392 secondes, le SN8 a rallumé ses moteurs et s’est replacé en position verticale au-dessus de son objectif pour tenter un atterrissage assisté par moteur
  • A T+402 secondes, le SN8 s’est écrasé sur le pas de tir après une approche trop rapide, marquant la fin de l’essai

Avant le vol, Elon Musk avait estimé à 1/3 les chances du SN8 de remplir tous ses objectifs. Après le vol, il a déclaré que cet essai avait été un succès, malgré la destruction totale du SN8. Sur Twitter, le fondateur de la société a estimé que la pression trop basse dans le réservoir lors du rallumage des moteurs est la cause du crash. Il s’est félicité que SpaceX ait récupéré toutes les données dont la société avait besoin, tout en se gardant bien de communiquer l’altitude finale atteinte par le vaisseau.
À noter que SpaceX continue de produire des prototypes de Starships, et ce alors que la société agrandit actuellement leur site de production de Boca Chica. Ainsi, les prochains essais sont attendus dans un futur proche.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-18. 

La NASA accorde 16,7 M$ de contrats pour le développement des petits lanceurs
Satellite Today, 10 décembre 2020
Space News, 12 décembre 2020
La NASA vient d’attribuer trois contrats d’une valeur totale de 16,7 M$ à Astra Space (3,9 M$), Firefly Aerospace (9,8 M$) et Relativity Space (3 M$) dans le cadre de son programme Venture Class Launch Services 2 (VCLS) destiné à promouvoir le développement de petits lanceurs. VCLS 2 fait suite au VCLS 1 démarré cinq ans plus tôt.
Les 3 entreprises sélectionnées sont chargées de lancer, d’ici fin juin 2022, entre 20 et 75 kg de cubesats sur des orbites différentes selon le type de mission qu’elles auront choisi. Aucune des entreprises n’a, jusqu’à aujourd’hui, placé de satellite en orbite. Astra avait conduit son premier lancement en septembre dernier, lequel s’est soldé par un échec dû à une anomalie du système de guidage. L’entreprise vient toutefois de procéder à un nouveau lancement (voir supra) qui s’est déroulé nominalement mais qui n’a pas permis à l’Astra Rocket 3.2 d’atteindre l’orbite désirée. Firefly Aerospace se prépare à son premier lancement prévu depuis la base de Vandenberg (Californie) au premier trimestre 2021. Enfin, Relativity achève le développement de son lanceur Terran 1 dont le premier lancement est programmé fin 2021. Relativity vient d’ailleurs de conclure avec la société TriSept un nouveau contrat pour un lancement en 2022. La société cliente estime en effet que le Terran 1 se distingue de la concurrence par sa capacité d’emport.

Un nouveau lanceur-drone autonome sur le marché des petits lanceurs
Space News, 3 décembre 2020
La startup Aevum vient de dévoiler Ravn X, un drone capable de lancer en vol une fusée à deux étages pouvant placer plusieurs centaines de kilogrammes en orbite basse. L’entreprise se donne dix-huit mois pour compléter les tests nécessaires à la certification de navigabilité de son lanceur autonome et à l’obtention de sa licence de lancement auprès de la FAA. À l’issue, une première mission de Ravn X est d’ores et déjà formalisée pour le compte de l’U.S. Space Force (USSF) dans le cadre de son programme Agile Small Launch Operational Normalizer (ASLON-45) pour un montant de 4,9 M$. L’USSF a également choisi Aevum, ainsi que 7 autres sociétés, pour lui fournir des services de lancement sur une durée de neuf ans au titre du Orbital Services Program-4.
À ce jour, la startup a conclu des contrats avec l’U.S. Air Force et le Département de la Défense, mais prévoit à terme de s’orienter davantage vers des lancements commerciaux. Elle ambitionne à terme de consacrer 85% de son activité à des clients commerciaux et 15% à des clients institutionnels (principalement des secteurs de la défense et de la recherche). Aevum a indiqué vouloir réaliser huit à dix lancements par an pour un coût unitaire de 5 à 7 M$ de dollars (un prix justifié, selon l’entreprise, par la fiabilité de son lanceur et son respect des échéances).

Vols Suborbitaux

Échec du vol d’essai de l’avion spatial suborbital de Virgin Galactic
NASA Space Flight, Parabolic Arc, Space Flight Now, Space News, 12 décembre 2020
Ars Technica, Parabolic Arc, Satellite Today, 14 décembre 2020
Emporté par l’avion porteur WhiteKnightTwo depuis Spaceport America (Nouveau-Mexique), l’avion spatial suborbital VSS Unity n’est pas parvenu à effectuer la séquence d’allumage de ses moteurs lors de son vol d’essai le 12 décembre dernier. Selon Virgin Galactic, cet échec serait dû à un défaut de connexion au niveau d’un ordinateur de bord du VSS Unity.
Malgré ce revers, l’entreprise s’est félicitée du retour du VSS Unity et de ses deux pilotes à leur spatioport, estimant que ce test avait fait la démonstration de la sécurité du véhicule. Cet argument n’a toutefois pas été jugé suffisant par les investisseurs, l’action de Virgin Galactic ayant enregistré une chute de 17% à l’ouverture de la bourse de New York, soit deux jours après le vol avorté.
Cette baisse intervient alors que la santé financière de Virgin Galactic était déjà délicate et que l’entreprise comptait sur ses vols d’essai pour rassurer ses actionnaires. En effet, le vol du VSS Unity devait être le premier d’une série de trois essais précédant le lancement de son activité commerciale. Le deuxième essai, prévu pour le premier trimestre 2021, devait emporter quatre employés de la société ainsi que deux pilotes pour tester l’intérieur de la cabine. Le troisième vol, programmé dès la fin du premier trimestre 2021, devait quant à lui compter à son bord le fondateur de l’entreprise, Richard Branson. Pour l’heure, l’entreprise doit encore reconduire son premier test qui sera très vraisemblablement programmé en début d’année prochaine.

La NASA choisit Virgin Galactic et Masten Space Systems pour faire voler les technologies du programme Flight Opportunities
Satellite Today, 1er décembre 2020
Dans le cadre de leur contrat courant jusqu’au 31 juillet 2023, les 2 sociétés se partagent 45 M$ pour fournir des opportunités de vol suborbital pour des charges utiles du programme Flight Opportunities de la NASA. Elles rejoignent ainsi Blue Origin, Raven Aerostar, UP Aerospace et World View.
Pour mémoire, le programme Flight Opportunities, piloté par la Direction Space Technology Mission de la NASA, a pour objectif de faire voler des charges utiles à haute altitude afin de les tester en gravité réduite pour amener à maturation de nouvelles technologies destinées à être intégrées à de futures missions spatiales. Dans cette optique, le programme a déjà permis de tester plus de 700 charges utiles de ce type depuis 2011.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-18.

Station Spatiale Internationale et Vol Habité en Orbite Basse

Le second vol d’essai sans équipage du Starliner de Boeing fixé au 29 mars 2021
Parabolic Arc, 9 décembre 2020
Suite à l’échec du premier vol d’essai sans équipage de sa capsule CST-100 Starliner (OFT-1) en décembre 2019, Boeing a travaillé de concert avec la NASA pour résoudre les nombreux problèmes soulevés lors de cette mission. La société affirme à ce jour avoir implémenté plus de 90% des recommandations émises par l’Independent Review Team conjointement menée par l’Agence et l’industriel.
Ainsi, le second vol Orbital Flight Test-2 (OFT-2) est désormais planifié le 29 mars 2021. Cet essai a pour objectif de démontrer que le système réutilisable développé par Boeing, dans le cadre du Commercial Crew Program de la NASA, est prêt et fiable pour emporter des équipages vers l’ISS.
Pour ce vol, le Starliner sera lancé par un Atlas V d’United Launch Alliance (ULA) depuis le Space Launch Complex-41 (SLC-41) de la Cape Canaveral Air Force Station (Floride). Il devra ensuite s’amarrer à la Station Spatiale Internationale (ISS) puis revenir se poser dans l’ouest des États-Unis une semaine plus tard.
En cas de succès de l’OFT-2, le vol de qualification habité Crew Flight Test (CFT) serait ensuite prévu pour l’été 2021. Trois astronautes de la NASA sont actuellement en phase d’entraînement pour ce test pour lequel la capsule de l’OFT-1, en cours de reconditionnement, serait utilisée.
Lorsque toutes ces étapes seront validées, la première mission opérationnelle Starliner-1 emportant trois astronautes de la NASA et un astronaute de la JAXA vers l’ISS pourra avoir lieu. Il s’agira de la première de six missions de rotation d’équipage de l’ISS contracté par la NASA auprès de Boeing dans le cadre du Commercial Crew Program, en alternance avec le Crew Dragon de SpaceX qui a déjà démarré sa phase d’exploitation opérationnelle avec la mission Crew-1.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-15.

Envol réussi pour la version améliorée du Cargo Dragon de SpaceX
Space News, 6 décembre 2020
Le 6 décembre, un Falcon 9 de SpaceX a lancé avec succès depuis le Launch Complex 39A (LC-39A) du Kennedy Space Center (Floride) son vaisseau cargo de nouvelle génération, Cargo Dragon 2. Ce dernier, identique au modèle développé pour les vols habités avec les systèmes de sécurité en moins, emportait vers la Station Spatiale Internationale (ISS) 2 972 kg de fret, incluant notamment le sas de Nanoracks, Bishop. Ce sas, qui permettra de déployer des satellites depuis l’ISS, sera récupéré par le bras articulé de la Station pour être fixé au Node 3 (Tranquility).
La mission, CRS-21 constitue la première mission de SpaceX dans le cadre du contrat Commercial Resupply Services 2 (CRS-2) octroyé par la NASA en mars 2020. Pour mémoire, SpaceX avait ravitaillé l’ISS avec la version précédente de sa capsule Dragon à vingt reprises dans le cadre du premier contrat CRS entre 2012 et 2020.
C’était la deuxième utilisation du premier étage du Falcon 9 qui a été récupéré avec succès sur le « bateau-drone » stationné dans l’océan Atlantique. Il avait été utilisé auparavant pour la mission Demo-2 de SpaceX le 30 mai dernier.
Conçu pour être utilisé au minimum à 5 reprises et pour s’amarrer automatiquement à l’ISS, le Cargo Dragon 2 offre 20% de volume supplémentaire par rapport à la première génération et peut rester amarré soixante-quinze jours à l’ISS, soit le double de la version originale. Toutefois, il reviendra sur Terre après seulement trente-cinq jours dans le cadre de cette première mission. Comme le Crew Dragon, le Cargo Dragon nouvelle génération amerrira près de la côte de Floride, contrairement à la version originale du Dragon qui revenait à des centaines de kilomètres dans le Pacifique au large de la Californie. Cette fonctionnalité permettra à certaines recherches critiques (notamment biologiques) d’être récupérées plus rapidement, au minimum 4h après l’amerrissage.
Par ailleurs, SpaceX pourrait utiliser les installations destinées à l’embarquement des équipages dans les Crew Dragon afin de charger du fret sensible au facteur temps directement sur le pas de tir avant le décollage.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-06.

Maintenance Satellitaire en Orbite

Une technologie de désorbitation de Tethers Unlimited actuellement testée en orbite
Space News, 7 décembre 2020
Le 19 novembre, un Electron de Rocket Lab plaçait trente petits satellites en orbite avec succès. Parmi ces charges utiles figuraient deux satellites 6U de 12,5 kg chacun, Alchemy et Augury, destinés à tester une technologie passive de désorbitation. Cette mission expérimentale dénommée DragRacer a été développée par Millennium Space Systems, une filiale de Boeing. Elle vise à comparer les durées de désorbitation entre Alchemy, équipé du Terminator Tape de Tethers Unlimited (un ruban conducteur de 70 m de long), et Augury, satellite standard servant de référence . Les deux « jumeaux » ont ainsi été éjectés simultanément : Alchemy devrait se désorbiter en 45 jours tandis qu’Augury devrait finir par se consumer dans l’atmosphère dans… 7 ans !

Télécommunications

5G : Lancement des enchères publiques de la FCC pour la libération de la Bande-C
Satellite Today, 8 décembre 2020
Le 8 décembre dernier, la FCC a officiellement lancé la mise aux enchères publiques d’une partie de la Bande-C afin de libérer certaines fréquences utilisées par les opérateurs de satellites au profit du développement des réseaux 5G terrestres. Plus précisément, les enchères porteront sur les fréquences situées dans la bande 3,7–3,98 GHz dont la couverture géographique et les capacités sont adaptées aux services 5G. On estime actuellement que 26 à 51 Md$ pourraient être proposés par les participants – parmi lesquels se trouveront très vraisemblablement des géants des télécommunications sans fil comme AT&T, T-Mobile et Verizon, – pour remporter lesdites fréquences.
Cette somme ne sera pas directement reversée aux opérateurs de satellites mais reviendra dans un premier temps au Trésor américain. En effet, la FCC avait pris la décision, en février dernier, de mener elle-même le processus de compensation de la Bande-C en organisant des enchères publiques afin d’éviter un scénario dans lequel les opérateurs de satellites auraient perçu la majeure partie des bénéfices issues de la libération du spectre radioélectrique. Ce n’est que dans un second temps que les opérateurs pourront recevoir une compensation pour les fréquences libérées ainsi que des incitations financières de 9,7 Md$ pour accélérer leur libération.
Pour rappel, les opérateurs ont accepté, en juin dernier, le calendrier proposé par la FCC au terme duquel ils devront libérer leurs fréquences d’ici décembre 2023.
Articles connexes publiés précédemment :

La FCC octroie 885 M$ à SpaceX pour lutter contre la fracture numérique
Parabolic Arc, Satellite Today, Space News, 7 décembre 2020
La FCC vient de clore la première phase d’enchères inversées organisées dans le cadre du Rural Digital Opportunity Fund (RDOF). Avec cette initiative, la FCC souhaite combler la fracture numérique aux États-Unis, en offrant à quelques 5,2 millions de foyers américains non desservis une connectivité atteignant, pour 99,7% d’entre eux, au minimum 100 à 200 Mb/s. Pour ce faire, ce fonds avait été doté par la FCC de 20,4 Md$ à distribuer à l’issue de deux phases de financement.
Au terme de cette première phase marquée par une intense compétition, la FCC a attribué un total de 9,2 Md$ répartis sur dix ans à 180 opérateurs. Parmi les plus gros bénéficiaires, SpaceX se taille la part du lion en obtenant 885,5 M$ et se plaçant de ce fait en 4ème position après Rural Electric Cooperative Consortium, Charter Communications et LTD Broadband (ayant tous reçu entre 1,1 et 1,3 Md$).
Dans l’attribution de ses fonds, la FCC a suivi une démarche de neutralité technologique, en ne choisissant ses bénéficiaires qu’en fonction de la performance de leurs services (notamment sur la base du débit et du temps de latence proposés). SpaceX, qui vient de lancer le service beta de sa mégaconstellation Starlink, entend proposer à ses premiers abonnés un débit de 50 à 150 Mb/s et un temps de latence de 20 à 40 millisecondes. Par ailleurs, SpaceX est l’opérateur proposant de desservir le plus grand nombre d’États américains puisqu’il fournira une connexion à 643 000 foyers dans trente-cinq États différents.
Outre SpaceX, deux autres opérateurs de satellites, Hughes Network Systems et Viasat, avaient été autorisés par la FCC à participer aux enchères du RDOF. Le premier a bénéficié de seulement 1,27 M$ pour fournir un accès Internet à 3 700 de foyers tandis que le second n’a pas reçu de fonds. Néanmoins, l’un comme l’autre pourront concourir lors de la deuxième phase du RDOF qui permettra de couvrir les zones partiellement desservies ou les zones n’ayant pas été couvertes au terme de la Phase 1. Cette deuxième série d’enchères sera doté d’un fonds de 11,2 Md$.

Intelsat s’apprête à devenir leader dans la fourniture de services Internet en vol
Satellite Today, 1er décembre 2020
L’opérateur américain de télécommunications Intelsat, actuellement placé sous le régime des faillites, vient de finaliser l’achat de la branche commerciale de Gogo, une entreprise leader dans le secteur de la connectivité en vol. Cette opération de 400 M$, qui avait été préalablement validée par le juge des faillites et par les créanciers de l’entreprise, permettra à l’opérateur de fournir des services à large bande à plus de 3 000 avions commerciaux appartenant à neuf des vingt premières compagnies aériennes mondiales. La branche aviation commerciale de Gogo devient donc une division d’Intelsat mais son personnel (en particulier son président et ses équipes), sa structure et son implantation à Chicago restent inchangés.

Navigation et Positionnement

L’Allemagne, premier acheteur étranger de récepteurs militaire GPS américains compatibles au code M
Space News, 23 novembre 2020
Le Space and Missile Systems Center (SMC) de l’U.S. Space Force (USSF) a annoncé que l’Allemagne avait commandé des récepteurs (quantité non-communiquée) permettant d’utiliser le signal Global Positioning System (GPS) avec son code miliaire (code M). L’Allemagne devient ainsi le premier acheteur étranger de l’équipement dans le cadre du programme Foreign Military Sales (FMS). Le FMS est le programme permettant de transférer du matériel, des services et des formations du gouvernement américain à ses partenaires internationaux.
L’Allemagne devrait recevoir sa commande en 2021, tandis que des ventes avec d’autres nations sont en cours de discussion au Pentagone (la Secrétaire des Forces aériennes ayant autorisé la vente de ce matériel à 58 pays). Le SMC a déclaré que la vente de cet équipement aux alliés des États-Unis allait aider à améliorer l’interopérabilité entre les équipements de ces différents partenaires. L’équipement utilisateur vendu inclut récepteurs, antennes, et d’autres appareils électroniques permettant d’obtenir les informations spatiales et temporelles transmises par les signaux militaires diffusés par les satellites GPS et protégés par le code M.
Ces équipements ont été développés durant environ une décennie dans le cadre du programme Military Global Positioning System User Equipment doté de 1,4 Md$. Depuis 2012, BAE Systems, L3Harris et Raytheon sont chargés de produire ce matériel.
Pour mémoire, le code M est une amélioration des signaux GPS, permettant de fournir des services de PNT (Position, Navigation, Timing) avec une sécurité améliorée ainsi que des capacités antibrouillage et anti-intrusion. Actuellement, 22 des 31 satellites GPS ont la capacité d’émettre en code M.

Création de l’Open PNT Industry Alliance, coalition de dix sociétés privées du GNSS
Satellite Today, 8 décembre 2020
Ces membres fondateurs, parmi lesquels la société Iridium, ont créé l’Open PNT Industry Alliance afin de promouvoir le développement de solutions alternatives et innovantes permettant d’améliorer la robustesse des services de PNT (Position, Navigation, Timing). Ils estiment en effet que les systèmes historiques de positionnement par satellites (Global Navigation Satellite Systems – GNSS) pourraient ne pas être suffisamment robustes face à des perturbations ou des attaques délibérées. En complément de ces systèmes gouvernementaux critiques, ces derniers préconisent donc la mise en place de solutions reposant sur des systèmes autofinancés durables, technologiquement avancées et commercialement viables.
À cet effet, l’alliance se fixe trois objectifs :

  • Partager son expertise et soutenir les efforts des gouvernements du monde entier afin de définir des régulations permettant d’accélérer la mise en œuvre de capacités de résilience des infrastructures critiques des systèmes de PNT
  • Établir un système autofinancé pour permettre le développement et l’adoption de multiples sources de systèmes PNT répondant aux besoins de secteurs et d’industriels variés
  • Favoriser la collaboration entre les sphères publique et privée

L’entente regroupe Iridium Communications, infiniDome, Jackson Labs Technologies, NAVSYS Corporation, NextNav, OPNT, Orolia, Qulsar, Satelles, Seven Solutions, et invite d’autres sociétés qui partagent ses points de vue à la rejoindre.

Météorologie Spatiale Civile et Militaire

La NOAA va acheter les données de radio occultation de GeoOptics et Spire Global
Space News, 23 novembre 2020
La National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) a attribué ses premiers contrats à GeoOptics et Spire Global pour un montant total de 23 M$ afin d’acquérir des données satellitaires commerciales de radio-occultation dans le cadre de son programme Commercial Weather Data Pilot (CWDP).

Tourisme Spatial

Space Perspective lève 7 M$ pour le développement de ses ballons stratosphériques touristiques
Space News, 2 décembre 2020
La startup Space Perspective, qui prévoit d’emporter des touristes à bord de ballons stratosphériques placés à 30 km d’altitude, vient de clore sa première levée de fonds. Elle a ainsi obtenu 7 M$ de la part de plusieurs fonds d’investissements, qui ont renouvelé leur soutien au tourisme spatial malgré les difficultés rencontrées par le secteur touristique avec la pandémie de Covid-19. Cette somme permettra à la startup de poursuivre le développement de son ballon Spaceship Neptune dont le premier vol d’essai sans équipage est actuellement fixé au premier semestre 2021 depuis le Kennedy Space Center (Floride). Space Perspective espère ainsi faire voler ses premiers passagers fin 2024.
La société est également en pleine discussion avec la Federal Aviation Administration pour obtenir une licence de lancement et se réjouit à ce titre de l’assouplissement de la réglementation opérée par l’Agence en la matière. La startup, qui prévoit d’entamer la vente de ses billets dès l’année prochaine, devra toutefois récolter des fonds supplémentaires pour mener son activité à bien. À ce titre, elle envisage de lancer une seconde levée de fonds en 2022.

Lune et Cis-Lunaire

La NASA passe les premiers contrats commerciaux de l’Histoire pour acheter des ressources lunaires
Space Policy Online, Space News, 3 décembre 2020
La NASA vient de révéler le nom des quatre entreprises ayant remporté son appel d’offres « Purchase of Lunar Regolith and/or Rock Materials from Contractor » au terme duquel l’Agence entend acheter à des sociétés privées des ressources lunaire collectées et utilisées in-situ. Les quatre contrats, qui représentent un montant total de $25,001, ont été attribués en fonction de la faisabilité et du prix du projet :

  • Masten Space Systems, qui participe déjà au programme Commercial Lunar Payload Services (CLPS) de la NASA, a proposé le projet le plus onéreux. Pour 15 k$, l’entreprise collectera des ressources au pôle sud en 2023
  • La société japonaise ispace Japan et sa filiale européenne basée au Luxembourg ispace Europe ont proposé deux missions distinctes de 5 k$ chacune. L’une devra se rendre vers le Lacus Somniorum en 2022 et l’autre vers le pôle sud en 2023
  • Lunar Outpost n’a demandé à la NASA qu’un dollar symbolique. Selon Justin Cyrus, Directeur général de la société, ce prix a été choisi pour insister sur la volonté de Lunar Outpost de contribuer à l’effort de la NASA pour établir un cadre juridique en matière de ressources spatiales

Il est à noter que la NASA n’a pas spécifié le type de ressources à extraire et n’a dévoilé, à ce jour, aucun plan concernant l’utilisation qu’elle pourrait en faire. L’objectif de la NASA est seulement d’acquérir la propriété de ces ressources directement dans l’Espace dans le sillage du Commercial Space Launch Competitiveness Act de 2015 et de l’Executive Order de 2020. Ainsi, loin d’être motivée par des ambitions scientifiques particulières, l’initiative de la NASA a vocation à ouvrir la voie à l’exploitation commerciale des ressources spatiales en créant un précédent par lequel les États-Unis seraient en mesure de démontrer la conformité des activités d’exploitation des ressources spatiales avec le Traité de l’Espace de 1967.
La nationalité des vainqueurs de cet appel d’offres semble également riche d’enseignements. En effet, les deux entreprises étrangères ayant bénéficié d’un contrat de la NASA sont respectivement basées au Japon et au Luxembourg, deux pays signataires des Accords Artemis (une initiative américaine visant à établir un ensemble de principes encadrant les activités civiles d’exploration humaine sur la Lune et à terme d’autres corps célestes). Si Mike Gold, Administrateur associé pour les relations internationales et interagences à la NASA, indique que l’adhésion aux Accords Artemis ne constituait pas un prérequis pour remporter l’appel d’offres, la coïncidence a toutefois été remarquée.

Les objectifs scientifiques de la mission Artemis III dévoilés par la NASA
Space News, 8 décembre 2020
Dans un rapport rendu public le 7 décembre, la Science Definition Team d’Artemis III présente sept objectifs scientifiques pour la première mission d’Artemis avec un équipage sur le sol lunaire. Il s’agit d’une ébauche du programme scientifique de cette mission dont l’alunissage est prévu au pôle sud en 2024.
Toutefois, le rapport souligne des écarts entre ces objectifs et les capacités techniques des systèmes d’Artemis III. Tout d’abord, la capacité d’emport des alunisseurs d’ Artemis est limité à 100 kg d’équipements a minima, trop peu selon le rapport pour atteindre les objectifs scientifiques. Le rapport recommande donc à la NASA de développer des instruments versatiles capables de supporter plusieurs objectifs. Ensuite, Artemis III ne comprend pas de rover pour l’équipage, alors que le rapport considère qu’un véhicule est primordial pour l’accomplissement des objectifs scientifiques.
Une solution à ces problèmes de capacité et de mobilité serait le déploiement des équipements en amont de la mission Artemis III. Cette stratégie permettrait de caractériser le site de l’alunissage, lequel dépend du Human Landing System (HLS) retenu et de la date de la mission choisie.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-19.

La Chambre des Représentants souhaite protéger le patrimoine lunaire
Space Policy Online, 16 décembre 2020
Space News, 17 décembre 2020
Le 16 décembre, la Chambre des Représentants a adopté le projet de loi « One Small Step to Protect Human Heritage in Space Act » dont l’objectif est de protéger les équipements et artefacts laissés à la surface lunaire au cours des missions Apollo et autres missions lunaires américaines. Le projet rend contraignantes les lignes directrices publiées par la NASA en la matière en 2011 (« NASA’s Recommendations to Space-Faring Entities: How to Protect and Preserve the Historic and Scientific Value of U.S. Government Artifacts »).
Ce projet de loi avait été validé à l’unanimité par le Sénat en juillet 2019 à l’occasion du 50ème anniversaire de la mission Apollo 11. Le texte adopté par la Chambre des Représentants diffère toutefois de la version du Sénat dans ses modalités d’application, nécessitant sans doute un nouveau vote du Sénat. Ce dernier demande à ce que les agences fédérales compétentes conditionnent l’octroi des licences nécessaires à la conduite des activités sur la surface lunaire au respect des lignes directrices de la NASA. De son côté, la Chambre propose de faire figurer l’obligation de respecter ces lignes directrices directement dans les contrats que la NASA conclut avec des entités publiques ou privées.
À noter l’adoption concomitante par la Chambre d’un autre texte prévoyant de renommer la Plum Brook Station de la NASA (Ohio) qui portera désormais le nom de Neil A. Armstrong Test Facility.

Artemis

Un astronaute canadien autour de la Lune en 2023 à bord de la mission Artemis II
Space News, Space Policy Online, NASA Space Flight, 16 décembre 2020
Le 16 décembre dernier, la NASA et la Canadian Space Agency (CSA) ont signé un accord fixant les termes de la participation du Canada au développement de la station lunaire Gateway du programme Artemis. Celui-ci est venu confirmer que le Canada fournira, comme il l’avait annoncé dès 2019, le bras robotique de la station (Canadarm3) ainsi que les interfaces permettant à celui-ci d’effectuer ses opérations.
En contrepartie, l’accord prévoit d’offrir au Canada deux sièges permettant à ses astronautes de faire partie des futurs équipages Artemis. En particulier, un de ses quatre astronautes embarquera à bord de la mission Artemis II qui, programmée pour 2023, consistera en un vol habité autour de la Lune. Le Canada deviendrait alors le deuxième pays après les États-Unis à envoyer un astronaute au-delà de l’orbite basse terrestre. L’accord offre en outre au Canada une place pour un séjour ultérieur à bord du Gateway dont la date n’a toutefois pas été spécifiée.
L’engagement pris par la NASA pourrait s’interpréter comme une forme de reconnaissance du partenariat étroit entre les deux pays qui, comme l’a répété l’administrateur de la NASA Jim Bridenstine, a été le premier Etat à annoncer sa participation au programme Artemis au début de l’année 2019 et qui a également fait partie des premiers signataires des Accords Artemis.
Le Canada, qui espère déjà obtenir sa place au sein de l’équipage qui atterrira sur la surface lunaire, doit pour l’instant poursuivre la production du Canadarm3. La conception de celui-ci a officiellement été attribuée à la société canadienne MDA, qui avait déjà participé au développement de deux premiers Canadarm. La nouvelle version sera très semblable au Canadarm2 de la Station Spatiale Internationale mais devra être en mesure de réaliser ses tâches de façon autonome dans la mesure où le Gateway n’aura vraisemblablement pas vocation à être occupé de façon permanente.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-18

SLS : Le « Green Run » prend du retard mais ne remet pas en cause le calendrier de la NASA
Nasa Space Flight, 8 décembre 2020
Space News, Space Policy Online, 10 décembre 2020
La campagne de tests du Space Launch System (SLS) vient de subir un retard supplémentaire suite à l’interruption prématurée du septième et avant dernier essai dit « wet dress rehearsal ».
Ce test vise à tester le remplissage de l’étage principal d’hydrogène et d’oxygène liquides avant le test d’allumage final.
L’opération, qui s’est tenue le 7 décembre dernier au Stennis Space Center (Mississippi), a été suspendue en raison d’une anomalie opérationnelle due à une température trop élevée de l’oxygène liquide dans le réservoir du lanceur (-286.67ºF au lieu de -290.57ºF). Les responsables du programme SLS ont indiqué que cette anomalie n’était pas due à un défaut du lanceur, et que le test pourrait vraisemblablement être reconduit rapidement.
Ce report contribue toutefois à retarder plus encore la campagne de tests qui avait déjà été affectée par la pandémie de coronavirus, par de multiples intempéries météorologiques ainsi que par divers problèmes techniques. Le huitième et dernier test du « Green Run », qui consiste en une mise à feu statique des quatre moteurs RS-25 du lanceur, sera donc reporté, bien que les responsables du programme envisagent encore de le réaliser avant la fin de l’année 2020.
À moyen terme, ce retard contribue à restreindre davantage la marge dont dispose la NASA pour respecter ses échéances calendaires, et notamment celle du mois de novembre 2021 qui doit marquer le lancement de la mission Artemis I au terme duquel le vaisseau Orion devra accomplir un vol d’essai sans équipage avec incursion circumlunaire. À ce jour, cette date ne semble toutefois pas remise en cause. L’étage principal du SLS sera transféré au Kennedy Space Center avec deux mois de retards mais devrait pouvoir être assemblé à ses deux boosters à temps pour le lancement de novembre 2021.

Thales Alenia Space concevra le module pressurisé du HALO du Gateway d’Artemis
Parabolic Arc, 7 décembre 2020
Thales Alenia Space continue d’accroître la participation européenne au programme Artemis et, plus particulièrement, au développement de la future station lunaire Gateway. En effet, après avoir reçu de l’ESA la maîtrise d’œuvre des modules de service et d’habitation ESPRIT (European System Providing Refueling, Infrastructure and Telecommunications) et I-HAB (InternationalHabita Habitat) de la version « finale » du Gateway, Thales Alenia Space a été choisi par Northrop Grumman pour contribuer au développement du module d’habitation HALO.
Ce module constituera l’un des deux éléments de la version « réduite » du Gateway destiné à être lancée dès 2023. Le module HALO sera équipé de trois ports d’amarrage afin d’accueillir divers vaisseaux spatiaux avec leurs astronautes, en amont et au retour de leurs voyages sur la surface lunaire. Avec le vaisseau Orion amarré, le HALO pourra héberger jusqu’à quatre astronautes pendant une période de 30 jours.
Dans le cadre de son contrat avec Northrop Grumman, Thales Alenia Space sera en charge de la conception et de la fabrication du module pressurisé du HALO, du contrôle de pression du module et du vestibule, d’une partie du système de protection contre les météorites ainsi que de l’interface avec les systèmes d’amarrage de la NASA. Pour ce faire, Thales Alenia Space pourra s’appuyer sur l’expérience acquise dans le cadre de son partenariat de longue date avec Northrop Grumman autour du Cygnus, vaisseau habitable utilisé pour transporter du matériel et des équipements scientifiques à bord de la Station Spatiale Internationale.

Mars

La NASA souhaite développer un réseau de communication martien avec le secteur privé
Space News, 5 décembre 2020
Quelques mois après le départ du rover Perseverance et tandis que d’autres missions martiennes sont en préparation, la NASA envisage de développer un réseau de satellites « relais » en orbite autour de Mars en s’appuyant sur le secteur privé,. L’objectif d’un tel système serait d’offrir des canaux de communication entre la Terre et Mars pour les données issues des missions scientifiques.
Selon le Directeur adjoint pour la science et l’exploration de la NASA, ce système permettrait d’augmenter le volume de données transmises entre les deux planètes d’un facteur 100, et de réduire le prix des missions qui n’auraient plus besoin d’emporter leur propre système de communication.
Parmi les architectures imaginées par la NASA, l’Agence propose de placer trois satellites en orbite équatoriale martienne à une altitude de 6 000 km qui communiqueraient, grâce à des liaisons radio, avec des équipements situés sur Mars et sur la Terre. La mise au point d’un tel réseau pourrait être particulièrement utile pour des missions comme Mars Ice Mapper prévue pour le milieu de la décennie, et destinée à rechercher des dépôts de glace souterrains utiles à de futures missions humaines. Ce projet reste toutefois encore à ses balbutiements et n’est d’ailleurs pas considéré au sein de l’Agence comme consubstantiel à la mission Mars Ice Mapper qui partira comme prévu avec ou sans l’appui d’un tel réseau. La NASA doit encore réfléchir à la nature de ce projet et à celle de sa coopération avec le secteur privé. Les appropriateurs du Sénat, qui ont relevé l’intérêt de la NASA pour ce type de système, ont d’ailleurs demandé à l’Agence de lui fournir un rapport sur le sujet.

Secteur Privé

La Banque Européenne d’Investissement prête 20 M€ à Spire Global
Space News, 8 décembre 2020
Le 3 décembre dernier, la startup californienne Spire Global a reçu, par l’intermédiaire de son bureau luxembourgeois, un prêt de 20 M€ (24 M$) de la part de la Banque Européenne d’Investissement (BEI). Cette somme permettra à la startup, originellement basée aux États-Unis, de développer sa constellation de satellites destinée à fournir des données météorologiques, de navigation maritime et aérienne, ainsi que de concevoir de nouvelles applications logicielles. À travers ce financement, la BEI entend « faire de l’Europe une terre attractive pour les jeunes pousses innovantes du secteur spatial ».
Si la nationalité de Spire Global peut interroger sur ce choix d’investissement de la BEI, l’Union européenne tente en parallèle de promouvoir le développement des acteurs spatiaux européens. En janvier dernier, la Commission européenne a annoncé vouloir investir 200 M€ dans l’industrie spatiale européenne. Le 8 décembre, lors de l’European Space Week, le Commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, est revenu sur l’initiative européenne Cassini dont l’objectif est de fusionner plusieurs sources de financements européens afin d’offrir jusqu’à 1 Md$ aux startups spatiales.

Relativity Space obtient un montant record de 500 M$ dans une levée de fonds de série D
Space News, 23 novembre 2020
Dans le cadre d’une levée de fonds de série D menée par Tiger Global Management, la startup Relativity Space, qui développe le petit lanceur Terran 1, a levé 500 M$ grâce aux investissements de Baillie Gifford, Elad Gil, Fidelity, General Catalyst, ICONIQ Capital, Senator Investment Group et XN. Ces investisseurs ont évalué Relativity Space à plus de 2 Md$. Cette levée de fonds est notable car son montant est le troisième plus important jamais récolté pour une société du secteur spatial : seuls OneWeb et SpaceX ont fait mieux. En 2019, Relativity Space avait déjà engrangé 140 M$ dans une levée de fonds de série C.
La société n’a pas encore consommé les financements précédemment acquis et s’est déclarée surprise du montant levé grâce auquel elle va pouvoir poursuivre le développement de son lanceur, mais également mettre en œuvre sa vision à long-terme de refonte des processus de production dans l’industrie spatiale.
Sur le court-terme, Relativity Space développe le petit lanceur Terran 1, un véhicule de lancement produit à moindre coût en soixante jours en utilisant des technologies d’impression additive. Terran 1 devrait être capable de placer jusqu’à 900 kg en orbite héliosynchrone et 1 250 kg sur des orbites à faible inclinaison. Le petit lanceur se distingue des offres concurrentes dans cette gamme avec ses capacités d’emport, ainsi que sa coiffe de 3 m de diamètre permettant l’intégration de charges utiles volumineuses. La société a récemment effectué un essai de mise à feu statique complet de 186 secondes du moteur de Terran 1, Aeon 1. Les travaux ont également débuté sur le premier pas de tir de la société au Launch Complex-16 (LC-16) à Cape Canaveral Air Force Station (Floride), avec un premier lancement prévu fin 2021.
À plus long terme, Relativity Space ambitionne de créer une usine de production in-situ sur Mars pour soutenir l’installation d’une base habitée permanente. Ceci implique le développement de systèmes légers et modulables capables d’opérer avec le minimum d’intervention humaine, et dont les technologies pourront être adaptées dans des applications terrestres.

Technologie

Rapprochement fusionnel entre le spatial et le nucléaire américain
Parabolic Arc, 5 novembre 2020
Le 20 octobre, la NASA et le Department of Energy (DoE) ont signé un Memorendum of Understanding (MoU) afin d’approfondir et de formaliser leur collaboration autour de l’utilisation de l’énergie nucléaire dans deux champs technologiques : la propulsion des engins spatiaux d’une part, la production et la distribution d’énergie à la surface de corps extraterrestres d’autre part. Concrètement, ce MoU donne naissance à trois groupes de travail dont l’objectif est de structurer un plan de plusieurs Md$ destiné à la recherche, au développement et aux essais de systèmes de propulsion nucléaire d’une part, d’alimentation et de distribution électriques d’une base lunaire d’autre part. Les résultats sont attendus dans les prochaines semaines.
En parallèle, le DoE travaille sur deux sollicitations vers l’industrie : « Fission Surface Power System Design Solicitation » et « Nuclear Thermal Propulsion Industry Solicitation ».
La NASA a également saisi l’Académie nationale des sciences pour conduire une étude sur les technologies de propulsion nucléaire dans l’Espace : les résultats sont attendus au printemps prochain.
Toutes ces initiatives, qui reçoivent de plus en plus de fonds et d’attention, ont pour objectif de servir les grands programmes d’exploration spatiale de la NASA.
En terme de propulsion, l’énergie nucléaire pourrait rendre les missions du programme Artemis plus souples et plus ambitieuses, que ce soit pour la Lune ou Mars. Les réacteurs à propulsion thermique nucléaire (Nuclear Thermal Propulsion – NTP) permettraient de diminuer la durée des voyages des missions habitées et de réduire ainsi l’exposition des astronautes aux radiations cosmiques, augmenter les durées des fenêtres de tir, accroître la capacité de charges utiles, et le tout en abaissant les coûts.
Si la NASA n’est pas prête à ce jour à s’engager sur un modèle particulier, son cahier des charges est défini : un réacteur thermique à haute température de 500 MW pouvant chauffer du propergol d’hydrogène et fournir une impulsion spécifique de 900 secondes (l’impulsion spécifique indique la force exercée par le vaisseau en fonction de la quantité de carburant consommée par unité de temps : plus l’impulsion spécifique est grande, plus le système est efficace). À titre de comparaison, le RS-25, le moteur principal de la Navette Spatiale et du future SLS, offre une impulsion spécifique de 452 secondes dans le vide, contre 800 pour un réacteur NTP. Ainsi, la NASA a demandé en juillet 2019 à Analytical Mechanics Associates de piloter une étude de modèles de réacteurs NTP auprès de l’industrie. En août 2020, 4 sociétés ont soumis des dossiers répondant aux exigences : BWXT, General Atomics, Ultra Safe Nuclear Corporation–Technology (USNC-Tech), X-energy.
Concernant la production d’énergie, la NASA avait recours jusqu’à présent à l’uranium hautement enrichi (Highly Enriched Uranium – HEU) pour ses réacteurs Kilopower, contenant donc moins de 20% d’uranium 235.
Afin d’augmenter la sécurité des missions spatiales, l’Agence et le DoE privilégient désormais du combustible TRISO (TRistructural-ISOtropic) d’uranium faiblement enrichi à haute teneur (High-Assay Low-Enriched Uranium – HALEU), non considéré comme une matière nucléaire spéciale. Ce choix ouvre également la voie à des possibilités de collaboration avec des partenaires industriels et universitaires. Ils souhaitent ainsi pouvoir capitaliser sur le Projet Pele du Strategic Capabilities Office du Pentagone visant à acquérir des réacteurs NTP et microréacteurs mobiles à usage particulier. Dans ce cadre, BWX Technologies a annoncé en juillet dernier avoir signé un contrat de 26 M$ sur vingt mois, financé par le Pentagone et la NASA, afin d’étendre et d’améliorer sa ligne de production de combustible TRISO. La première production du combustible est prévue pour le début de l’année fiscale 2022.
Toutefois, l’ensemble de ces plans pourrait être amené à évoluer avec la mise en place de la nouvelle administration.

Retrouvez également toutes les actualités mises en ligne par la mission pour la science et la technologie en cliquant sur ce lien.
Ambassade de France aux États-Unis d’Amérique
Service Spatial – Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg

Table des matières

Partager

Derniers articles dans la thématique
,