Bulletin d’actualité Espace n°21-01

Bulletin d’actualité rédigé par le Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg à Washington D.C. (Amaury Carbonnaux, Nicolas Maubert, Diane Zajackowski)

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Avant tout chose, le bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg à Washington D.C. vous souhaite une très bonne année 2021, pleine de bonheur, de succès dans vos projets professionnels et privés, et bien sûr la santé ! 2021 devrait être une année riche en évènements spatiaux aux États-Unis, en particulier pour notre coopération franco-américaine. La France est directement partie prenante dans deux des trois évènements principaux mis en avant par la NASA cette année, à savoir l’atterrissage du rover Perseverance sur Mars le 18 février et le lancement du méga télescope JWST lancé par une Ariane 5 depuis la Guyane Française en octobre prochain. Nous suivrons également le lancement de Thomas Pesquet vers l’ISS fin mars depuis Cap Canaveral à bord d’un Crew Dragon de SpaceX, puis à l’automne prochain la mission Artemis 1 sans équipage vers la Lune. Et cette année, nous serons heureux et fiers de célébrer le 60ème anniversaire du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg créé par le Général De Gaulle le 19 décembre 1961.

En ce début d’année 2021, l’actualité spatiale reste donc très intense, marquée par la transition entre les administrations Trump et Biden. Au cours des dernières semaines de son mandat, Donald Trump a multiplié les initiatives règlementaires dans le domaine spatial, en promulguant plusieurs décrets présidentiels dont deux nouvelles Space Policy Directives (voir la rubrique « Politique »). Cette intense activité montre la volonté du Président sortant d’ancrer sa politique spatiale avant son départ. Plusieurs départs sont également à noter à la tête de la NASA ou au sein du National Space Council, marquant sans doute une nouvelle ère spatiale que devra s’approprier Joe Biden, devenu ce 20 janvier le 46ème Président des États-Unis.

Personalia

Départ de Jim Bridenstine, Steve Jurczyck assure l’intérim à la tête de la NASA
Space News, 20 janvier 2021
SpacePolicyOnline, 21 janvier 2021
Conformément à ce qu’il avait annoncé en novembre 2020 suite aux résultats de l’élection présidentielle américaine, Jim Bridenstine a quitté ses fonctions d’Administrateur de la NASA le 20 janvier 2021, date de l’investiture de Joe Biden en tant que 46ème Président des États-Unis. La veille de son départ, Jim Bridenstine a profité d’une rencontre autour de la campagne de test du SLS pour s’exprimer sur ses trois ans passés à la tête de la NASA et pour exhorter la future administration à poursuivre les efforts fournis sous le mandat de Donald Trump en matière d’exploration, notamment la poursuite du programme Artemis. «We need our Artemis program, we need our moon-to-Mars program, to span generations », tels furent les mots de Jim Bridenstine, premier Administrateur de la NASA à n’avoir pas connu les missions Appollo de son vivant.
Si Jim Bridenstine n’a pas clairement communiqué sur le futur de ses propres activités, il s’est engagé à apporter son entier soutien au futur Administrateur de la NASA. L’identité de celui-ci n’est d’ailleurs pas encore connue à ce jour, bien que plusieurs noms de personnalités féminines du secteur aient été mentionnés, à l’instar de Pam Melroy (ancienne astronaute), Wanda Austin (ancienne Directrice générale de l’Aerospace Corporation) et Kendra Horn (ancienne député et Présidente de la Sous-commission Espace de la Chambre des représentants).
Dans l’attente de cette nomination, l’intérim est assuré par Steve Jurczyk, Administrateur associé de l’Agence. Dès sa prise de fonction, celui-ci a annoncé trois nominations sur des postes clefs de la NASA : Bhavya Lal comme Senior White House Appointee, Alicia Brown comme Associate Administrator for Legislative and Intergovernmental Affairs, et Marc Etkind en tant qu’Associate Administrator for Communications.

Quel avenir pour le National Space Council suite au départ de Scott Pace ?
Space News, 4 janvier 2021   
Scott Pace, qui occupait le poste de Secrétaire exécutif du National Space Council (NSpC) depuis le rétablissement de ce dernier par Donald Trump en 2017, a annoncé sa démission le 31 décembre 2020. Il reprendra ses anciennes fonctions de directeur du Space Policy Institute de la George Washington University.
Au sein du NSpC, anciennement présidé par l’ex Vice-Président des États-Unis Mike Pence et réunissant l’ensemble des administrations compétentes en matière spatiale, Scott Pace a été à l’origine des multiples publications de politiques spatiales promulguées par le Président Donald Trump. On peut citer notamment sept Space Policy Directives (SPD), la mise à jour de l’U.S. National Space Policy, et plusieurs autres lois dont la dernière en date est une nouvelle stratégie nationale sur la protection planétaire (voir infra).
L’avenir de cet organe, dont l’efficacité a été reconnue par diverses organisations, demeure toutefois incertain à l’heure de la prise de fonction de la nouvelle administration.

Politique

Publication de la 7ème Space Policy Directive 4 jours avant la passation de pouvoir
Cf. Navigation et Positionnement

Le Président Donald Trump publie une loi relative à la préservation du patrimoine lunaire
Cf. Lunaire et Cis-Lunaire

L’Exécutif sortant poursuit ses efforts pour favoriser le recours aux technologies nucléaires dans l’Espace
Parabolic Arc, 8 janvier 2021
Space News, 12 janvier 2021
Quelques semaines seulement après la publication de la Space Policy Directive-6 (SPD-6) dite « National Strategy for Space Nuclear Power and Propulsion », le Président sortant Donald Trump a promulgué un décret présidentiel encourageant le recours à l’énergie nucléaire dans les secteurs de la Défense et du Spatial. Selon un représentant de l’Exécutif, ce décret s’inscrirait dans le sillage de la SPD-6 qu’il aurait vocation à approfondir. Pour ce faire, il fixe des objectifs précis à trois administrations compétentes en matière spatiale :

  • NASA : il demande à son Administrateur de rédiger dans les 180 jours un rapport détaillant les exigences (de taille, de masse, de performance) de l’Agence concernant l’utilisation de systèmes d’énergie nucléaire dans le cadre des missions d’exploration humaines et robotiques et d’analyser les coûts et les bénéfices de ces exigences
  • Département de l’Énergie (DoE) : le décret lui demande de concevoir un plan sur trois ans permettant la production d’uranium faiblement enrichi à haut dosage (HALEU). Celui-ci pourrait effectivement être utilisé comme carburant dans l’Espace dans la mesure où il présente un degré de performance supérieur à l’uranium faiblement enrichi tout en évitant les risques de prolifération liés à l’uranium hautement enrichi
  • Département de la Défense (DoD) : le décret lui impose de travailler avec les administrations compétentes – notamment la NASA – pour identifier les applications de sécurité nationale des systèmes d’énergie nucléaire dans l’Espace

Plus globalement, le décret appelle au développement de synergies entre les trois administrations et les incite à coordonner leurs efforts en matière d’énergie et de propulsion nucléaires. À noter en ce sens que le DoE avait publié quelques jours auparavant – comme annoncé lors de la dernière réunion du National Space Council – une feuille de route intitulée « Energy for Space » contenant des recommandations politiques visant à renforcer le rôle du DoE dans le développement du secteur spatial. Dans le cadre de cette stratégie, le DoE prévoit de mettre ses compétences au profit des intérêts de la communauté spatiale en se concentrant sur quatre thématiques principales : l’exploration, l’innovation, la sécurité et le développement du secteur privé.

L’Administration sortante publie sa stratégie relative à la protection planétaire
Space News, 30 décembre 2020         
Conformément aux directives inscrites dans la nouvelle National Space Policy promulguée le 9 décembre 2020, la Maison Blanche a publié juste avant la fin de l’année  sa « National Strategy for Planetary Protection ». Fruit des travaux menés par le National Space Council (NSpC) et l’Office of Science and Technology Policy (OSTP), ce document ne propose aucune règle clairement établie mais constitue davantage une feuille de route qui devra guider les diverses parties prenantes dans la formulation des nouvelles recommandations relatives à la protection planétaire. Tenant compte des nombreuses missions d’exploration prévues pour les prochaines années et de l’essor du secteur privé dans ce domaine, la stratégie fixe notamment trois grands objectifs :

  • La prévention des risques de « contamination aller » (qui vise à limiter l’introduction de contaminants biologiques terrestres sur les corps célestes) en encourageant :
    • La rédaction de recommandations scientifiques
    • La mise en place d’analyses de risques
    • L’examen de la prise en compte par le gouvernement des objectifs de protection planétaire et la rédaction de recommandations sur la responsabilité des acteurs privés en la matière
  • La prévention des risques de « contamination retour » (qui vise à protéger l’environnement terrestre d’une possible contamination biologique extra-terrestre) en encourageant la mise en place de différents cadres et protocoles permettant :
    • D’évaluer les risques liés au retour sur Terre d’échantillons extra-terrestres
    • D’autoriser le retour de ces échantillons
    • De transporter et manipuler ces échantillons de façon sécurisée
  • La prise en compte des observations et des intérêts du secteur privé ainsi que la formulation de recommandations destinées à permettre au gouvernement d’autoriser et d’assurer la supervision des activités des entreprises privées de façon à ce qu’elles respectent les objectifs de protection planétaire. L’inclusion du secteur privé est considérée par les membres de l’Exécutif comme l’un des points centraux de cette nouvelle stratégie, là où d’autres instruments existants comme les directives de la NASA, récemment modifiées, n’ont pas vocation à s’appliquer aux acteurs privés

La NASA et la FAA s’engagent à coopérer pour favoriser le Spatial commercial
Satellite Today, 11 janvier 2021
Dans le sillage de la mission Crew-1, qui fut le premier vol habité à avoir fait l’objet d’une licence de lancement de la Federal Aviation Association (FAA), la NASA et la FAA ont signé le 8 janvier 2021 un Memorendum of Understanding (MoU) destiné à promouvoir le développement des activités spatiales commerciales. Au titre de ce MoU, les deux agences se sont notamment engagées à :

  • Assurer la cohérence de leur cadre réglementaire relatif aux lancements et rentrées atmosphériques afin d’éviter d’imposer aux acteurs concernés des exigences et standards contradictoires
  • Mettre sur pied un programme pilote de vols suborbitaux commerciaux s’appuyant sur des spatioports et des espaces aériens désignés
  • Partager des données médicales sur les vols habités et faire progresser la sécurité des vols habités

Budget

La NASA reçoit 23,27 Md$ pour l’année fiscale 2021
Space Policy Online, 21 décembre 2020         
Space News, 22 décembre 2020
Fin 2020, le Président Donald Trump a finalement signé les lois d’appropriations longtemps attendues votées par le Congrès juste avant Noël : un plan de relance économique de 900 Md$ pour  contrebalancer les impacts de la crise du coronavirus ainsi que plusieurs projets de lois d’appropriation pour l’année fiscale 2021 dont le montant cumulé atteint plus de mille milliards de dollars (1,4 T$). Au titre de ces diverses lois d’appropriation :

  • La NASA reçoit 23,27 Md$, soit 642 M$ de plus qu’en 2020, mais 2 Md$ de moins que sa requête budgétaire qui s’établissait à 25,25 Md$. Parmi les points les plus notables du budget adopté pour l’Agence, on retiendra des réductions dans l’exploration au profit des sciences, des applications terrestres et de l’éducation:
    • Réductions pour l’exploration : 6,5 Md$ accordés contre 8,8 Md$ demandés dans la requête budgétaire. Ce budget permet de financer le Space Launch System (SLS), Orion et l’Exploration Ground System (EGS) conformément à la demande de la NASA, mais n’accorde que 850 M$ au Human Landing System (HLS) contre les 3,4 Md$ demandés. Si ces réductions ne remettent pas en cause le fondement du programme, celles-ci mettent en péril la date de retour des astronautes américains sur la Lune actuellement fixée à 2024
    • Réductions pour le développement commercial de l’orbite basse : seulement 17 M$ accordés contre 150 M$ demandés
    • Réduction pour les programmes de développement technologique : 1,1 Md$ accordés contre 1,6 Md$ demandés. Seuls des programmes de maintenance satellitaire (OSAM-1) et de propulsion nucléaire sont financés au-delà de la demande de l’Agence
    • Le financement des programmes scientifiques dont la NASA avait demandé la suspension (PACE, CLARREO Pathfinder Earth science missions, Roman Space Telescope, Stratospheric Observatory for Infrared Astronomy). Par ailleurs, le Congrès charge la NASA de lancer la mission Europa Clipper avec le SLS seulement si ce dernier est disponible et compatible. Dans le cas inverse, la NASA est libre de choisir un autre lanceur par mise en concurrence
    • Le financement des programmes éducatifs de la NASA pour lesquels l’Agence n’avait demandé aucun financement
  • L’Office of Space Commerce (OSC) du Département du Commerce (DoC) – qui a été désigné pour endosser de nouvelles responsabilités en matière de gestion du trafic spatial conformément aux orientations données par la Space Policy Directive-3 – est fusionné avec le Commercial Remote Sensing Regulatory Affairs (CRSRA) et reçoit un budget combiné de 10 M$ (contre seulement 4,1 M$ combinés en 2020). Bien que ce montant soit inférieur à la requête de 15 M$ formulée par le DoC, celui-ci devrait permettre à l’OSC de financer son programme de gestion du trafic spatial (qui comprend notamment le développement de solutions techniques et d’un catalogue de données en architecture ouverte) pour lequel il coopère avec l’industrie mais aussi avec le Département de la Défense. Le Congrès a toutefois rejeté la demande du DoC de placer l’OSC sous l’autorité directe du Secrétaire au Commerce et le maintient donc sous la tutelle de la NOAA
  • La Federal Aviation Association (FAA) reçoit 44,4 M$, conformément à sa requête, pour financer ses activités relatives au transport spatial commercial. Sur ce montant 27,6 M$ seront dédiés aux opérations de l’Office of Commercial Space Transportation

Adoption du NDAA 2021 par le Congrès : premier budget indépendant pour l’U.S. Space Force à hauteur de 15,2 Md$
Space News, 22 décembre 2020 [1] et 1er janvier 2021 [2]
Le Président Donald Trump avait initialement mis son veto sur ce projet de loi, souhaitant le retrait d’une section protégeant juridiquement les réseaux sociaux vis-à-vis des contenus postés par leurs utilisateurs, et s’opposant au changement des appellations d’installations militaires au nom de généraux confédérés. La majorité des deux tiers de chaque chambre était nécessaire pour renverser ce veto présidentiel : la Chambre des Représentants puis le Sénat l’ont repoussé à une large majorité (322 pour 435 Représentants, 81 pour 100 Sénateurs).
À la suite de ce vote, le National Defense Authorization Act (NDAA) de l’année fiscale 2021 a été adopté : il alloue un budget de 740,5 Md$ pour la défense nationale (un record) et promulgue de nouvelles lois pour les forces armées américaines en matière de rémunération, d’acquisition, d’opération et d’entraînement.
Il s’agit de la première loi d’appropriation à allouer un budget (15,2 Md$) à l’U.S. Space Force (USSF) distinct de celui de l’U.S. Air Force (USAF), incluant :

  • 10,5 Md$ pour la recherche, le développement, les essais et les évaluations (10,3 Md$ dans la requête budgétaire du Pentagone)
  • 2,4 Md$ pour la maintenance et les opérations (identique à la requête budgétaire du Pentagone)
  • 2,3 Md$ pour les acquisitions (2,4 Md$ dans la requête budgétaire du Pentagone)

Seules les soldes du personnel civil comme militaire sont à la charge de l’USAF. À ce sujet, le Congrès a suivi la requête du Pentagone mais a toutefois demandé :

  • Au Département des Forces aériennes de fournir une stratégie d’acquisition pour l’achat de systèmes spatiaux d’ici le 15 mai 2021. Le Congrès s’est montré préoccupé par la façon dont l’USSF allait accélérer l’acquisition de technologies de nouvelle génération et tirer avantage des innovations du secteur commercial
  • Au Secrétaire à la Force aérienne de rendre un rapport sur le processus de sélection et les critères employés dans le choix du siège de l’U.S. Space Command (USSPACECOM)
  • À l’USSF de commencer des projets de R&D pour favoriser la compétition dans le cadre du programme National Security Space Launch (NSSL) en allouant jusqu’à 90 M$ de dépense pour le développement de technologies de lancement. À noter que le Congrès n’a attribué « que » 996 M$ au programme NSSL contre les 1 040 M$ demandés par le Pentagone
  • À l’USAF d’acheter des services commerciaux de Space Domain Awareness (SDA) à deux fournisseurs au minimum
  • Au Pentagone d’établir une réforme sur les petits lanceurs et satellites pour assurer un accès rapide et fiable à l’Espace des petites charges utiles du Département de la Défense
  • Au Pentagone et à la Communauté du Renseignement d’exploiter autant que possible les services commerciaux de renseignement géospatial d’une part, et de faire l’acquisition d’imagerie satellitaire commerciale auprès de sociétés américaines d’autre part

International

Les relations entre la Russie et les États-Unis continuent à se tendre après l’annonce de nouvelles restrictions d’exportation
Parabolic Arc, 22 décembre 2020
Ars Technica, 12 janvier 2021
Quelques mois après le succès de la mission Demo-2 le 20 mai 2020 permettant aux  États-Unis de retrouver leur autonomie pour les vols habités vers l’ISS (lesquels étant assurés depuis 2011 par les seuls lanceurs russes Soyouz), les tensions s’intensifient entre Washington et Moscou. Le département du Commerce (DoC), responsable du contrôle des exportations des biens à double usage dont font partie les technologies spatiales, a placé 45 entités russes sur une « liste noire » d’entreprises et autres organismes pour lesquels une licence est obligatoire avant toute exportation. Deux entités spatiales majeures figurent parmi ces entreprises : l’institut TsNIIMash qui comprend notamment l’ISS Mission Control Center et l’entreprise RSC Progress qui produit les lanceurs Soyouz. Selon le DoC, ces ajouts sur liste noire seraient justifiés par des risques de diversion des matériels américains vers un utilisateur final militaire ou leur détournement à des fins militaires. Ces mesures, tout comme leurs justifications, ont été vivement critiquées par le directeur de l’agence spatiale russe, Dmitry Rogozin. Ce dernier a nié l’existence de toute activité militaire au sein de TsNIIMash et RSC Progress, et a rappelé que les Américains avaient pu bénéficier des services de RSC Progress pendant dix ans. Il a insisté sur les obstacles induits par ces restrictions sur la coopération entre les deux pays, et a appelé Washington à lever ces dernières que Moscou accepterait de considérer comme un simple « malentendu ». Les relations entre les deux pays demeurent donc très tendues. Moscou vient d’ailleurs d’annoncer la mise en place de sanctions contre les personnes physiques et morales russes qui auraient recours à des services de télécommunications par satellites étrangers. Sont principalement visés par ces restrictions SpaceX – dont la Russie a toujours pointé du doigt la dépendance aux fonds publics américains – et OneWeb – dont le ciblage est en revanche plus étonnant dans la mesure où l’entreprise recourt aux lanceurs russes pour déployer sa constellation. La Russie entend développer en parallèle sa propre constellation de satellites dite « Sphere » dont le déploiement devrait débuter en 2024 pour un montant total d’environ 20 Md$, soit approximativement dix fois plus que le budget annuel de l’agence spatiale russe, Roscosmos.

Sécurité et Défense

L’U.S. Space Force devient le 18ème membre de la Communauté du renseignement des États-Unis
Space News, 8 janvier 2021
Parabolic Arc, 9 janvier 2021
Annoncée par le Directeur du Renseignement National des États-Unis John Ratcliffe lors de la 8ème réunion du National Space Council le 9 décembre 2020, cette intégration a été formalisée au cours d’une cérémonie dans une installation classée de Bethesda (Maryland).
Le Chef des Opérations Spatiales de l’U.S. Space Force (USSF), le Général John Raymond, en a profité pour annoncer que l’USSF avait mis sur pied l’U.S. Space Force Intelligence, Surveillance and Reconnaissance Enterprise. Ce nouveau bureau aura pour mission de fournir du renseignement technique à la Communauté du renseignement afin de défendre les systèmes spatiaux américains d’armes antisatellites.
Cette incorporation à la Communauté du Renseignement est une première depuis 2006 et porte à 9 le nombre de ses membres issus du Pentagone.
Article connexe publié précédemment : Synthèse de la 8ème Réunion du National Space Council

Lockheed Martin reçoit 4,9 Md$ pour construire 3 des 5 satellites Next-Gen OPIR
Space News, 4 janvier 2021
Parabolic Arc, Satellite Today, 5 janvier 2021
Cette décision fait suite à l’annonce de Lockheed Martin en novembre dernier de la clôture de la revue de conception préliminaire (Preliminary Design Review – PDR). Une revue critique de conception est prévue pour septembre prochain.
Ce nouveau contrat porte à 7,8 Md$ les fonds déjà octroyés à Lockheed Martin pour la constellation Next-Generation Overhead Persistent Infrared (Next-Gen OPIR). En effet, le Pentagone avait déjà attribué 2,9 Md$ à la société en août 2018 pour le développement de 3 satellites. Le nouveau contrat concerne la production, l’assemblage, l’intégration, les essais et la livraison d’ici le 31 mai 2028 desdits satellites. Il couvre également les logiciels pour les systèmes au sol. Le premier lancement d’un de ces satellites est attendu pour 2025.
Pour mémoire, Next-Gen OPIR sera opérée par l’U.S. Space Force et aura pour mission de détecter les lancements de missiles balistiques ou tactiques en tout point du globe. Elle sera composée de 5 satellites :

  • 3 satellites géosynchrones, conçus par Lockheed Martin
  • 2 satellites en orbite polaire, produits par Northrop Grumman

À terme, la constellation Next-Gen OPIR devra remplacer la constellation Space Based Infrared System (SBIRS), également développée par Lockheed Martin. Pour mémoire, le Général John Hyten, aujourd’hui Vice-chef d’État-Major des armées mais alors Commandant de l’U.S. Strategic Command (USSTRATCOM), avait considéré en 2017 que le système SBIRS était une cible de choix pour des adversaires des États-Unis. Cette critique avait poussé l’U.S. Air Force à accélérer le développement de Next-Gen OPIR.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-10

Après une année compliquée, l’U.S. Space Force entend redynamiser les petits lanceurs
Space News, 4 janvier 2021
Les lancements de petits satellites pour le compte de l’U.S. Space Force ont considérablement été freinés en 2020. Une seule mission classifiée a pu ainsi être menée : le lancement le 15 juillet depuis le Wallops Flight Facility (Virginie) de NROL-129, comprenant 4 charges utiles de télédétection, par un Minotaur IV de Northrop Grumman pour le compte du National Reconnaissance Office.
L’USSF explique ce ralentissement par 2 facteurs : la pandémie de Covid-19 et les revers techniques rencontrés par certains de ses fournisseurs (Virgin Orbit, Rocket Lab, Space Vector). Les missions prévues en 2020 ont été reportées et sont attendues en 2021 :

  • Space Test Program STP-27RM au printemps/été 2021 à bord d’un Electron de Rocket Lab depuis le Wallops Flight Facility (Virginie). Le vol a été reporté à cause d’un retard dans la certification du nouveau pas de tir de Rocket Lab
  • Une expérience de l’Air Force Research Laboratory (AFRL) au printemps/été 2021 à bord d’une fusée sonde de Space Vector et de Kratos depuis le Wallops Flight Facility (Virginie)
  • Space Test Program STP-27VP et Space Test Program-S28 respectivement à l’été et au second semestre 2021 à bord du lanceur LauncherOne de Virgin Orbit depuis l’Andersen Air Force Base (Île de Guam)
  • NROL-111 à l’été 2021 à bord d’un Minotaur IV de Northrop Grumman depuis le Wallops Flight Facility (Virginie)

En parallèle, l’USSF cherche à élargir sa liste de fournisseurs de petits lanceurs établie en octobre 2019. Plusieurs candidats sont pressentis, comme ABL Space Systems. Dans cette optique, l’USSF entend parrainer cette année une démonstration de lancement tactique réactif (« tactically responsive launch ») avec un fournisseur de petits lanceurs. Dans ce cadre, la société devra être capable de lancer une charge utile dans le mois qui suit la commande de l’USSF, en maîtrisant toute une chaîne logistique allant de la préparation du satellite, à la mise en condition du pas de tir en passant par celle du lanceur. À noter que dans le National Defense Authorization Act de l’année fiscale 2021, le Congrès a alloué 15 M$ pour ce programme bien que le Pentagone n’avait demandé aucun fonds. Ce programme fait écho au DARPA Launch Challenge annulé en février dernier, l’unique compétiteur restant en lice, Astra, n’ayant pas été en mesure d’effectuer son premier lancement avant l’échéance du 2 mars imposée par la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA).

Airbus et Raytheon déboutés par la Space Development Agency dans la contestation de l’attribution de contrats à SpaceX et L3Harris
Space News, 7 janvier 2021
Parabolic Arc, 10 janvier 2021
Le 5 octobre dernier, la Space Development Agency (SDA) attribuait à SpaceX et L3Harris respectivement 149 M$ et 193,5 M$ pour le développement de 4 satellites chacun, capables de détecter et de suivre des missiles balistiques et hypersoniques. Ces 8 satellites, dont les lancements sont prévus en septembre 2022, devront prouver le fonctionnement de la Tracking Layer de la National Defense Space Architecture (NDSA) de la SDA, avant le déploiement de 28 satellites similaires supplémentaires.
Fin octobre et courant novembre, Airbus et Raytheon avaient saisi le Government Accountability Office (GAO) respectivement à une et trois reprises pour contester l’attribution de ces deux contrats pour la section Tracking Layer de la NDSA. Ces plaintes avaient par conséquent suspendu le développement de la constellation. Après une réévaluation des offres par la SDA, le GAO a rejeté la dernière demande des plaignants le 22 décembre et les travaux sur les 8 satellites ont pu reprendre le 28 décembre.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-20

Lancements

53 lancements prévus depuis la Floride en 2021
Space News, 12 janvier 2021
Spaceflight Now, 15 janvier 2021
Cette estimation a été rendue publique par la Vice-Commandant de la 45th Space Wing (45 SW) de l’U.S. Space Force (USSF), qui supervise les opérations de lancements commerciaux, civils et militaires de la côte Est. À noter que trois de ces tirs devraient concerner des missions du programme de vols habités de la NASA (deux par SpaceX, une par Boeing).
La 45 SW a estimé que l’augmentation de cette cadence était due à son nouveau processus de reconditionnement de la zone de lancements Est (Eastern Range – ER) entre deux vols de deux pas de tir différents, notamment grâce au système automatique d’interruption en vol (automated flight safety systems) : le délai passe de 48 à 24h.
Pour mémoire, 31 lancements ont été menés depuis la Floride en 2020 (trente missions spatiales et l’essai en haute atmosphère du système d’interruption en vol du Crew Dragon de SpaceX), et ce en dépit de l’épidémie de Covid-19 (l’USSF avait estimé en début d’année à 48 le nombre de lancements depuis l’ER). L’année passée a ainsi établi un nouveau record en termes de nombre de lancements : il faut remonter à 1966 pour atteindre 29 décollages depuis le sol de Floride.

SpaceX franchit la barre de 1 000 satellites Starlink déployés avec un premier étage de Falcon 9 utilisé pour la 8ème fois
Ars Technica, Parabolic Arc, Satellite Today, Spaceflight Now, Space News, 20 janvier 2021
Le 20 janvier, un Falcon 9 de SpaceX a mis sur orbite soixante satellites Starlink depuis le Launch Complex 39A (LC-39A) du Kennedy Space Center (Floride). Avec ce 16ème lancement de satellites opérationnels dédiés à Starlink depuis le 24 mai 2019, SpaceX a lancé un total de 1 013 satellites dont 953 sont toujours opérationnels en orbite :

  • Version v0.9 : 60 satellites lancés, 46 satellites désorbités
  • Version v1.0 : 953 satellites lancés, 14 satellites désorbités

À noter que c’était la huitième utilisation du premier étage du Falcon 9 qui a été récupéré avec succès sur le « bateau-drone » stationné dans l’océan Atlantique, et ce malgré des vents d’une violence jamais atteinte pour de précédentes récupérations. Ce record en cache un autre : 38 jours (51 précédemment) seulement ont séparé l’emploi de ce premier étage avec sa dernière utilisation (le 13 décembre dernier pour le lancement du satellite radio SiriusXM-7). Lors de ce lancement, SpaceX a également récupéré les deux demi-coiffes, déjà utilisées précédemment à une et deux reprises.
Pour mémoire, SpaceX a pour objectif d’opérer un bloc initial de 1 500 satellites. La société a reçu l’accord de la Federal Communications Commission (FCC) pour en déployer jusqu’à 12 000 opérant en bandes Ka, Ku et V. En revanche, SpaceX s’est vu refuser par la FCC de déployer 30 000 satellites supplémentaires.
Par ailleurs, SpaceX a annoncé en octobre que sa constellation Starlink était entrée dans sa phase de test beta dans plusieurs états américains et au Canada. Les essais ont depuis été étendus au Royaume-Uni tandis que le Pentagone éprouve également le service sur ses systèmes.

La Space Development Agency octroie 150 M$ à SpaceX pour deux lancements
Space News, 31 décembre 2020
Satellite Today, 6 janvier 2020
Cette décision de la Space Development Agency (SDA) est le résultat de son appel d’offre émis le 7 octobre 2020. Ces deux lancements devront emporter les satellites petits et moyens de la « Tranche 0 » de la National Defense Space Architecture (NDSA) de la SDA. Les deux tirs sont prévus depuis Vandenberg Air Force Base (Californie), avec un premier lancement en septembre prochain.
La « Tranche 0 », première itération de la NDSA de la SDA, sera composée de 20 satellites dans la Transport Layer (construits par Lockheed Martin et York Space Systems) et de 10 satellites dans la Tracking Layer (conçus par L3Harris et SpaceX). Les 28 satellites seront répartis équitablement selon 2 plans sur 2 orbites polaires circulaires de 950 km d’altitude. La SDA estime que les satellites seront prêts au lancement fin 2022, et qu’ils devront être mis sur orbite au plus tard le 31 mars 2023.
Pour mémoire, la NDSA de la SDA est une constellation militaire en orbite basse terrestre en cours de développement. À terme, elle devrait compter entre 300 et 500 satellites.

Lancements à venir

Date Mission Client Orbite Lanceur Entreprise Site
23 janvier
Starlink (x10)
QPS-SAR 2
Umbra-SAR 2001
Capella 3, 4
ICEYE (x3)
XR 1
Landmapper-Demo 6, 7
GNOMES 2
GHGSat C2
Hawk 2 (x3)
SHERPA-FX 1
ION-SCV 2
SAMSON (x3)
Charlie
ASELSAT
PIXL 1
LINCS A, B
SOMP 2b
IDEASSat
YUSAT 1
UVSQ-SAT
CPOD A, B
Flock-4s (x48)
Kepler x (x16)
Astrocast 1 (x5)
SpaceBEE (x24)
Lemur-2 (x8)
PTD 1
Prometheus-2 10
ARCE 1 (x3)
SpaceX
iQPS
Umbra Lab
Capella Space
ICEYE
R2 Space
Astro Digital
PlanetiQ
GHGSat Inc
HawkEye 360
Spaceflight Inc
D-Orbit
Technion
SpaceQuest, Aurora Insight
ASELSAT
DLR
General Atomics Electromagnetic Systems (GA-EMS)
TU Dresden
National Central University
National Taiwan Ocean University
Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ)
Tyvak Nano-Satellite Systems
Planet Labs
Kepler Communications
Astrocast SA
Swarm Technologies
Spire
NASA Ames Research Center; Tyvak Nano-Satellite Systems
Los Alamos National Laboratory (LANL)
University of South Florida
LEO Falcon 9 v1.2 Block 5 SpaceX Cap Canaveral (Floride)
3 février Pléiades Neo 1
NORSAT 3
ELO Alpha
Lemur-2 (x3)
Myriota (x3)
EIRSAT 1
Airbus Defence and Space
Norsk Romsenter
Eutelsat
Spire
Myriota
University College Dublin, Queens’ University Belfast
LEO Vega Arianespace Centre Spatial Guyanais (Guyane française)
20 février Cygnus CRS-15
IT-SPINS
ThinSat 2 (x8)
NASA
Montana State University, Space Science and Engineering Laboratory
Virginia Space
LEO Antares 230+ Northrop Grumman Wallops Flight Facility (Virginie)

Lanceurs

La NASA attribue 16,7 M$ à 3 sociétés pour le développement de petits lanceurs
Space News, 3 janvier 2020
Dans le cadre du programme Venture Class Launch Services (VCLS) Demo 2, la NASA a annoncé avoir attribué pour 16,7 M$ de contrats à Astra Space, Firefly Aerospace et Relativity Space. Chaque contrat inclut un lancement par chacune des sociétés d’un ensemble de cubesats de la NASA. Pour mémoire, les sociétés devaient soumettre des propositions pour une des deux missions suivantes :

  • « Mission One » (lancement de 30 kg de cubesats vers une orbite moyennement inclinée située à 500 km d’altitude) : Aevum, Astra, Gloyer-Taylor Laboratories, Interorbital Systems, Phantom Space Corporation, Phoenix Launch Systems et Relativity Space
  • « Mission Two » (lancement de 95 kg de cubesats vers une orbite héliosynchrone située à 550 km d’altitude selon deux plans espacés de 10° [75 kg sur le premier, 20 kg sur le second]) : Firefly Black (la branche de Firefly Aerospace pour les services gouvernementaux) et Momentus

LA NASA a justifié la sélection de ces 3 sociétés parmi 10 soumissionnaires :

  • Astra Space proposait un concept mature de véhicule de lancement (lancement réussi d’Astra Rocket 3.2 le 15 décembre 2020 mais sans atteindre l’orbite initialement définie)
  • Relativity Space était solide sur le plan des opérations et de la réduction des risques, même si présentait des faiblesses sur son calendrier de développement
  • Firefly Black présentait un concept opérationnel éprouvé de son système de lancement, incluant une flexibilité en cas de retard

Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-21

Momentus reporte le lancement de son véhicule de transfert orbital Vigoride
Satellite Today, 5 janvier 2021
Parabolic Arc, Space News, 7 janvier 2021
Momentus a annoncé avoir retiré son véhicule de transfert orbital Vigoride de la mission Transporter 1 de SpaceX prévue le 21 janvier, dans ce qui aurait pu être son premier vol d’essai. En effet, la société souhaite laisser plus de temps à la Federal Aviation Association (FAA) pour valider les charges utiles que doit emporter son vaisseau. Il s’agirait de 5 cubesats compris entre 1,8 et 4,4 kg des sociétés Aurora Propulsion Technologies, SatRevolution, SpaceManic et Steamjet Space Systems.
Le Vigoride devrait être réaffecté à une autre mission de Falcon 9 courant 2021 (Momentus a déjà réservé plusieurs vols entre juin et décembre). Son plan de vol consisterait à être placé à une altitude de 525 km sur une orbite héliosynchrone, puis après libération du lanceur d’utiliser ses propulseurs pour atteindre une altitude de 570 km. Vigoride-1 pourrait ainsi déployer ses charges utiles avant d’effectuer une manœuvre de désorbitation permettant une rentrée atmosphérique dans l’année, au lieu de 16 ans sans ce processus.
Fred Kennedy, Président de Momentus depuis septembre, a voulu se montrer rassurant sur ce report, affirmant que ce retard n’affecterait pas ses prévisions financières pour cette année. Toutefois, dans une présentation dévoilée à ses investisseurs en décembre, la société tablait sur 20 M$ de revenus pour 2021 malgré une perte de 46 M$. Cette annonce intervenait au milieu d’une procédure pour approuver la fusion de Momentus avec la Special Purpose Acquisition Company (SPAC) Stable Road Acquisition Corp. L’accord, qui devrait être clos à la fin du premier trimestre 2021, ferait de Momentus une société côtée en bourse avec une valorisation estimée à 1,2 Md$ et 310 M$ de liquidités.

Un adaptateur de vol de l’U.S. Space Force capable d’emporter 18 satellites Satellite Today, 7 janvier 2021
L’U.S. Space Force (USSF) a annoncé que l’Evolved Expendable Launch Vehicle Secondary Payload Adapter (ESPA) Flight System (EFS) avait achevé sa troisième et dernière revue de conception finale avec succès. L’EFS est donc prêt à être intégré et encapsulé avec le satellite de la NASA d’observation de la Terre Landsat-9. Leur lancement est prévu en septembre prochain à bord d’un Atlas V 401 d’ULA depuis Vandenberg Air Force Base (Californie).
L’EFS est le résultat d’une coopération entre le Goddard Spaceflight Center (Maryland) et le Mission Manifest Office (MMO) du Space and Missile Systems Center (SMC) de l’USSF. Son objectif est de démontrer qu’il peut emporter et lancer jusqu’à 18 satellites civils et militaires aux missions multiples. La capacité d’emport de cet anneau adaptateur a triplé depuis juin 2019, date à laquelle la NASA a annoncé que l’EFS pourrait héberger 6 charges utiles secondaires sur un vol.

Spatioports

Axiom Space choisit de placer son centre d’entraînement et son usine de production dédiés aux vols habités commerciaux au Houston Spaceport
Parabolic Arc, 31 décembre 2020
Axiom Space a annoncé vouloir construire pour 30 000 m² de bâtiments sur un campus de 5,5 hectares au Houston Spaceport (Texas), afin d’y entraîner ses astronautes privés et d’y commencer la production de l’Axiom Station. Ce centre sera placé sur un lot de 62 hectares viabilisé en décembre dernier du Houston Spaceport (superficie de 162 hectares), situé à Ellington Airport. Sa situation géographique, à quelques minutes du centre-ville de la métropole, en fait un atout majeur pour attirer de nouvelles sociétés et leurs employés. Ainsi, l’édile de Houston a estimé que cette implantation pourrait créer plus de 1 000 emplois hautement qualifiés dans la région, alors que 11 000 personnes travaillent déjà au Johnson Space Center (Texas) voisin et chez Intuitive Machines qui construit actuellement le NOVA-C (alunisseur capable d’emporter 100 kg du fret, première mission prévue en 2021).

Observation de la Terre

L’organe de recherche du renseignement américain attribue 4 contrats pour du traitement « intelligent » de données spatiales
Satellite Today, 6 janvier 2021
L’Intelligence Advanced Research Projects Activity (IARPA) a attribué 4 contrats à des équipes menées par Accenture Federal Services, BlackSky, Kitware, et Systems & Technology Research. Elles devront proposer une automatisation de l’analyse d’imagerie satellite dans le cadre du programme de recherche pluriannuel de la IARPA nommé Space-based Machine Automated Recognition Technique (SMART).
BlackSky a annoncé vouloir capitaliser sur sa plateforme Spectra AI pour développer des algorithmes d’apprentissage open source, semi-supervisé et supervisé. Ils pourront être capables de suivre automatiquement la construction d’infrastructures telles que des bases et des aéroports militaires. La société compte mettre à contribution les ressources des constellations Sentinel de l’ESA ainsi que Landsat de la NASA et de l’U.S. Geological Survey (USGS).
Pour rappel, la IARPA est l’organe de recherche de la Communauté du Renseignement américain, directement rattachée au Bureau du Directeur du Renseignement National.

Navigation et Positionnement

Publication de la 7ème Space Policy Directive 4 jours avant la passation de pouvoir
Space Policy Online, Space Ref, 15 janvier 2021
Parabolic Arc, Space News, 16 janvier 2021
Un mois après la publication de la sixième National Space Directive qui semblait clore le travail de l’Administration Trump en matière de politique spatiale, cette dernière a dévoilé une septième Space Policy Directive (SDP-7) dite « The United States Space-Based Positioning, Navigation, and Timing Policy ».
S’appuyant sur le décret présidentiel  Strengthening National Resilience Through Responsible Use of Positioning, Navigation and Timing Services promulgué par le Président Trump le 12 février et s’inspirant de la National Space Policy publiée le 9 décembre 2020, la SPD-7 se substitue au dernier document fédéral dans ce domaine (NSPD-39) publié il y a 16 ans par l’Administration de George W. Bush.
La SPD-7 reconnaît le rôle grandissant des systèmes de positionnement, de navigation et de synchronisation (Positioning, Navigation, and Timing – PNT) dans la société américaine. Essentiels mais invisibles, ils font partie intégrante du fonctionnement des armées, de la croissance économique, de la sureté dans les transports et de la sécurité intérieure. Ces services PNT dépendent de la constellation Global Positioning System (GPS), aujourd’hui forte de 31 satellites opérationnels (dont 7 en back-up). Cette dernière continue d’être mise à niveau et modernisée par le Pentagone afin d’être plus robuste et sécurisée face aux vents solaires et aux cyberattaques. Le Pentagone s’inquiétait déjà en août 2019 de la vulnérabilité de ses capacités de PNT qui ne reposent que sur un seul système. La SPD-7 plaide ainsi pour la recherche de sources alternatives et diverses d’infrastructures critiques PNT d’une part, pour l’incorporation de capacités PNT complémentaires au réseau actuel d’autre part. Ainsi, la SPD-7 souligne que les États-Unis soutiennent l’utilisation de services PNT étrangers pour compléter les données fournies par le GPS (l’intégration de nouveaux services pouvant accroître la précision, la disponibilité et la résilience) tout en se dégageant d’une quelconque responsabilité dans l’authenticité des données fournies. Finalement, le but de la SPD-7 est de maintenir le rôle dominant des États-Unis dans la fourniture et l’utilisation des systèmes mondiaux de navigation et de positionnement, et ce grâce à 5 objectifs :

  • Fournir un accès continu, mondial et gratuit aux services GPS
  • Opérer et maintenir le GPS en accord avec la loi américaine pour répondre aux besoins de sécurité civile, intérieure et nationale
  • Améliorer la performance des services de PNT américains via le développement de technologies plus robustes et résistantes aux perturbations et piratages
  • Améliorer la cybersécurité du GPS et des dispositifs qui en dépendent, et favoriser l’adoption de ces derniers par le secteur privé
  • Protéger le spectre de fréquences utilisé par le GPS (fait écho à l’affaire Ligado)

La SPD-7 relève également que les utilisations du GPS ne sont plus cantonnées à la Terre, mais s’étendent au :

  • Terrestrial Service Volume (de la Terre à 3 000 km d’altitude)
  • Space Service Volume (de 3 000 km d’altitude à l’orbite géosyncrhone à 35 800 km d’altitude)
  • Cislunar Service Volume (de l’orbite géosynchrone à l’orbite lunaire)

En effet, les satellites peuvent s’appuyer sur le GPS pour la navigation, le contrôle d’altitude, le Space Situational Awareness (SSA) et l’occultation radio (utilisée pour affiner les prévisions météorologiques).

Lunaire et Cis-Lunaire

Le Président Donald Trump promulgue une loi relative à la préservation du patrimoine lunaire    
Space Policy Online, 1er janvier 2021   
Le 31 décembre 2020, le Président Donald Trump a signé le « One Small Step to Protect Human Heritage in Space Act » visant à assurer la protection du patrimoine présent sur la Lune à l’instar du site d’atterrissage de la mission Apollo 11. Pour ce faire, la loi impose à la NASA de prévoir dans les termes de ses contrats une clause imposant à ses cocontractants de respecter ses recommandations de 2011 dites « How to Protect and Preserve the Historic and Scientific Value of U.S. Government Lunar Artifacts ».
Cette approche, qui reprend la proposition de la Chambre des Représentants adoptée le 16 décembre 2020 et validée trois jours plus tard par le Sénat, présenterait l’intérêt de ne pas imposer de cadre réglementaire stricte supplémentaire. Elle permettrait ainsi d’atteindre un équilibre satisfaisant entre protection du patrimoine lunaire et promotion des activités commerciales qui sont appelées à se développer sur la Lune, notamment à travers les programmes Artemis et Commercial Lunar Payload Services (CLPS – par lequel la NASA sous-traite à des entreprises privées la livraison de ses instruments à la surface lunaire).
Notons par ailleurs que le « One Small Step to Protect Human Heritage in Space Act » fait écho aux efforts consentis par les États-Unis dans le cadre des Accords Artemis pour assurer la protection des sites lunaires et artefacts à valeur historique. Si lesdits Accords encouragent la tenue de discussions multilatérales pour régler cette question, il est possible d’imaginer que les États-Unis pourront se saisir de ce dialogue pour faire de leurs recommandations un modèle pour la conception d’un instrument juridique international.
Articles connexes publiés précédemment :

Artemis

L’ESA accorde 296,5 M€ à Thales Alenia Space France pour concevoir le module ESPRIT du Lunar Gateway
Parabolic Arc, 7 janvier 2021
Conformément aux annonces qu’elle avait faites le 14 octobre 2020 à l’occasion de l’International Astronautical Congress (IAC), l’ESA vient d’attribuer aux équipes françaises de Thales Alenia Space un contrat d’un montant de 296,5 M€ (358,10 M$) pour concevoir le module de ravitaillement et de communication ESPRIT (European System Providing Refueling, Infrastructure and Telecommunication) de la « version finale » du Lunar Gateway. Pour rappel, le module ESPRIT sera constitué de deux éléments :

  • Halo Lunar Communication System (HLCS) : un système de communication entre la station et la surface lunaire. Celui-ci sera lancé en 2024 et monté sur le module d’habitation de la « version réduite » du Lunar Gateway (Habitation and Logistics Outpost [HALO])
  • ESPRIT Refueling Module (ERM) : un système de ravitaillement du Lunar Gateway en xénon et en propulseurs chimiques. Il sera lancé en 2026

Le Japon signe avec la NASA le 3ème MoU relatif au Lunar Gateway       
Space News, Space Policy Online, Parabolic Arc, 13 janvier 2021
Parabolic Arc, 20 décembre 2020     
Quelques mois après l’ESA et le Canada, la NASA vient de signer avec le gouvernement japonais un Memorendum of Understanding (MoU) fixant les termes de la contribution du Japon à la station en orbite lunaire Lunar Gateway. Cette nouvelle signature contribue à ancrer davantage cet élément du programme Artemis dans le paysage politique américain et réduit donc les marges de manœuvre de la nouvelle administration dans toute évolution du programme. Dans la droite ligne de la lettre d’intention signée entre les deux pays en juillet 2020, le MoU prévoit l’utilisation et l’amélioration du vaisseau cargo japonais HTV-X pour réapprovisionner le Lunar Gateway ainsi que la fourniture par le Japon de nombreux éléments centraux des modules d’habitation des versions « finale » et « réduite » de la future station :

  • International Habitation (I-Hab) : le Japon fournira notamment les systèmes de contrôle environnemental et de maintien des fonctions vitales du module ainsi que ses batteries, son système de contrôle thermique et ses caméras.
  • Habitation and Logistics Outpost (HALO) : le Japon fournira ses batteries

Tout comme l’ESA et le Canada, le Japon espère, à travers ses nombreuses contributions, obtenir des places pour ses astronautes lors des voyages prévus vers le Gateway. Selon la NASA, les modalités de cette participation seront discutées dans le futur. La signature de ce MoU s’inscrit en outre dans un rapprochement plus global entre Washington et Tokyo dans le domaine spatial. Le 13 octobre 2020, le Japon faisait partie des sept premiers pays à signer les Accords Artemis, initiative américaine visant à fixer les règles de conduite encadrant les futures activités civiles d’exploration spatiale. Fin décembre 2020, le Japan’s Office of National Space Policy et l’U.S. Space Force signaient un MoU prévoyant le lancement en 2023 et 2024 de charges utiles américaines de SSA sur un système japonais depuis le Tanegashima Space Center (Japon).

Secteur Privé

Raytheon Technologies fait l’acquisition de Blue Canyon Technologies
Parabolic Arc, Satellite Today, 22 décembre 2020
Cet achat conclut l’annonce faite par Raytheon Technologies en novembre dernier. Blue Canyon Technologies, qui dépend désormais de la branche Intelligence & Space de Raytheon Technologies, a assuré qu’elle continuerait d’accompagner ses clients actuels.
Raytheon Technologies Intelligence & Space, forte d’environ 36 000 employés, est une des quatre entités qui forment Raytheon Technologies Corporation. Elle propose des technologies disruptives dans plus de 40 pays pour des capteurs, des formations, ainsi que des solutions logicielles et cyber. Ses revenus annuels se sont chiffrés à 14 Md$ en 2019.
Avec ses 200 employés, Blue Canyon Technologies déclare construire actuellement plus de 90 satellites pour une cinquantaine de missions gouvernementales, commerciales et académiques. Jouissant d’une forte croissance sur les douze derniers mois, la société avait inauguré un nouveau site de production de 800 m² à Lafayette (Colorado) en juin dernier. Ces dernières années, Blue Canyon Technologies avait notamment fourni les systèmes de contrôle d’altitude de MarCO, la première mission interplanétaire de cubesat (à destination de Mars), et collaboré sur des projets de l’U.S. Air Force, de la NASA et de la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA).

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