Bulletin d’actualité Espace n°20-20

Bulletin d’actualité rédigé par le Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg à Washington D.C. (Amaury Carbonnaux, Nicolas Maubert, Diane Zajackowski)

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Politique

Élection présidentielle américaine : nomination des transition teams
Space Policy Online, 10 novembre 2020      
En prévision de leur prise de fonctions le 20 janvier 2021, le nouveau Président élu des États-Unis Joe Biden et sa Vice-Présidence Kamala Harris ont commencé à composer leurs « transition teams » chargées d’assurer la passation de pouvoir et de préparer les travaux de la future administration. Dans ce cadre, les agences et départements fédéraux en charge des affaires spatiales ont été dotés des transition teams suivantes :

  • NASA : une NASA transition team dédiée à l’agence spatiale américaine a été constituée. Elle sera dirigée par Ellen Stofan, précédemment à la tête de la Division des sciences de la NASA et actuellement Directrice du National Air and Space Museum. Dans son travail, elle sera accompagnée par d’anciens responsables de la NASA (Waleed Abdalati, Dave Noble et David Weaver), une ancienne astronaute (Pam Melroy) et par des représentants du milieu de la recherche et de la politique spatiale (Bhavya Lal, Jedidah Isler et Shannon Valley)
  • NOAA (et sa branche spatiale NESDIS): les travaux de la NOAA seront traités au sein de la transition team du Département du Commerce. Au sein de celle-ci, les affaires spatiales pourront s’appuyer sur Kathy Sullivan, première femme américaine à avoir réalisé une sortie orbitale et administratrice de la NOAA sous l’administration Obama (2014-2017)
  • Département de la Défense : il est intéressant de noter que la transition team du DoD ne compte aucune personnalité issue du secteur spatial, alors que la mise en place de l’U.S. Space Force (USSF) constituait l’un des axes majeurs de la politique spatiale de défense de Donald Trump

 Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-19

Budget

Le Sénat propose 23,5 Mds$ à la NASA pour l’exercice fiscal 2021  
Space Policy Online, 10 novembre 2020
Space News, 11 novembre 2020        
Le 10 novembre dernier, soit à moins d’un mois du terme de la continuing resolution en cours, le Sénat a dévoilé son projet de budget 2021 pour la NASA. Le montant total accordé par le Sénat atteint 23,5 Mds$, soit 866 M$ de plus que celui de la Chambre des Représentants (22,6 Mds$) voté en juillet dernier, mais 1,7 Md$ de moins par rapport à la requête budgétaire de la NASA (25,2 Mds$).
Tout comme la Chambre, le Sénat a réduit – quoique moins drastiquement – l’augmentation de budget demandée dans la requête budgétaire de la NASA pour le développement du programme Human Landing Systems (HLS). Cette augmentation était justifiée par l’Agence pour tenir l’échéance de 2024. Si le Sénat soutient globalement l’effort d’exploration de la NASA et le retour des astronautes américains sur la Lune, le développement des alunisseurs du programme Artemis se voit effectivement amputé de 2,4 Mds$ par rapport à la requête budgétaire de la NASA.
Le Sénat a également choisi, à l’instar de la Chambre et à rebours de la requête formulée par l’Agence, de soutenir massivement les missions scientifiques de l’Agence en leur accordant 1 Md$ supplémentaires par rapport à la requête. Les sénateurs ont, tout particulièrement, décidé de restaurer les fonds dédiés à certains programmes scientifiques que la NASA prévoyait de supprimer (non sans espérer que le Congrès restaure, in fine, le budget dédiés à ces programmes).
Le Sénat et la Chambre doivent à présent s’accorder sur une proposition commune d’ici le 11 décembre prochain, date d’échéance de la continuing resolution en cours.
Les grandes lignes du projet de budget du Sénat :

  • Sciences : 7 275 M$ (vs. requête budgétaire : 6 307 M$ ; vs. Chambre : 7 098 M$).
    Le Sénat propose de continuer de financer les programmes PACE (141 M$), CLARREO-Pathfinder (24.5 M$), Carbon Monitoring System (10 M$), Roman Space Telescope (anciennement WFIRST) (505.2 M$) et le télescope aéroporté SOFIA dont la NASA proposait la suspension. Il a également choisi de soutenir le James Webb Space Telescope (414.7 M$) ainsi que la Near Earth Object Survey Mission (NEOSM)
  • Exploration : 6 706 M$ (vs. requête : 8 761,7 M$ ; vs. Chambre : 6 018 M$)
    • HLS : 1 Md$ (vs. requête : 3,4 Mds$ ; vs. Chambre : 600 M$)
    • SLS : 2 586 M$ (vs. requête : 2 257 M$ ; vs. Chambre : 2 600 M$)
    • Orion : 1 406 M$ (vs. requête : 1 400 M$ ; vs. Chambre : 1 400 M$)
    • Exploration Ground Systems : 590 M$ (vs. requête : 385 M$ ; vs. Chambre : 460 M$)
    • SLS Exploration Upper Stage (EUS): 300 M$. Le Sénat a ajouté ce poste de dépense qui n’était pas demandé par la NASA.
  • Technologies spatiales : 1 206 M$ (vs. requête 1 578 M$ ; vs. Chambre : 1 100 M$)
  • Opérations spatiales : 3 988 M$ (vs. 4 187 M$ ; vs. Chambre : 4 052 M$)
  • Aéronautique : 829 M$ (vs. requête : 819 M$ ; vs. Chambre : 819 M$)
  • Engagement Educatif STEM : 120 M$ (vs. requête : 0$ ; vs. Chambre : 126 M$)
  • Sûreté et Sécurité des Missions : 2 937 M$ (vs. requête : 3,010 M$ ; vs. Chambre : 2 953 M$)
  • Construction et Mise aux Normes Environnementales : 390.3 M$ (vs. requête : 539 M$ ; vs. Chambre : 419 M$)
  • Bureau de l’Inspecteur Général : 44 M$ (vs. requête : 44 M$ ; vs. Chambre : 44 M$)

Sécurité et Défense

Airbus et Raytheon forcent la Space Development Agency à suspendre le développement de sa constellation
Space News, 6 novembre 2020
Le 5 octobre dernier, la Space Development Agency (SDA) attribuait à SpaceX et L3Harris respectivement 149 M$ et 193,5 M$ pour le développement de 4 satellites chacun, capables de détecter et de suivre des missiles balistiques et hypersoniques. Ces 8 satellites, dont les lancements sont prévus en septembre 2022, devront prouver le fonctionnement de la Tracking Layer de la National Defense Space Architecture (NDSA) de la SDA, avant le déploiement de 28 satellites similaires supplémentaires.
Airbus et Raytheon ont saisi le Government Accountability Office (GAO) respectivement le 28 octobre et le 3 novembre pour contester l’attribution de ces deux contrats pour la section Tracking Layer de la NDSA.
La SDA a déclaré comprendre ces deux réclamations et a indiqué qu’elle travaillait avec le GAO pour résoudre ces différends. Dans le même temps, elle aurait demandé à SpaceX et L3Harris d’interrompre leurs travaux sur les 8 satellites. Toutefois, l’Agence a confirmé être résolument engagée à maintenir son modèle d’acquisition actuel, à savoir la mise en concurrence large et ouverte de ses fournisseurs.

L’U.S. Space Force plébiscite la Vandenberg Air Force Base
Space News, 22 novembre 2020
Mis sur orbite le 21 novembre (voir infra), Sentinel-6 Michael Freilich est le premier satellite à être lancé de Vandenberg Air Force Base (Californie) depuis le lancement en juin 2019 des trois satellites canadiens Radarsat-3. Ces deux tirs ont été effectués par SpaceX alors qu’United Launch Alliance (ULA), client original de ce spatioport, y a effectué son dernier lancement en janvier 2019 pour mettre sur orbite le satellite KH-11 17 (NROL 71) pour le compte du National Reconnaissance Office (NRO). En marge de ces vols orbitaux, les équipes de l’U.S. Space Force (USSF) ont continué à utiliser la base pour des lancements de missiles.
La faible cadence de lancements depuis la Californie est liée au manque de missions à destination de l’orbite polaire. Lorsqu’avec le lancement de SAOCOM-1B le 30 août, SpaceX a démontré la faisabilité de tirs vers cette orbite depuis Cap Canaveral (Floride), l’USSF s’est empressée de déclarer que cette nouvelle capacité sur la côte Est n’affecterait en rien son utilisation de Vandenberg Air Force Base. Le Commandant de la 30th Space Wing, qui abrite le spatioport et gère la Western Range, a réitéré que la base était toujours plébiscitée pour des lancements vers l’orbite polaire. SpaceX est allé dans ce sens en assurant vouloir continuer à y effectuer des lancements, dont le Double Asteroid Redirection Test (DART) de la NASA mi-2021 et les deux premiers satellites d’imagerie WorldView Legion de Maxar au plus tôt en septembre 2021. Malgré tout, l’ouverture de trajectoire vers l’orbite polaire par SpaceX depuis la Floride pose des questions sur l’engagement à long-terme de la société et de l’USSF sur la côte Ouest.
Toutefois, deux autres tirs sont programmés dans un futur proche : le premier lancement du petit lanceur Alpha de Firefly Aerospace en janvier 2021 et un Delta IV Heavy d’ULA emportant une charge utile de la NRO courant 2021.
Ce maigre carnet de commandes n’empêche pas l’USSF d’entrevoir un futur prometteur pour les lancements commerciaux et gouvernementaux. Elle souhaite notamment capter plus de clients commerciaux sur le spatioport californien, d’où l’initiative annoncée en août de développer de nouvelles infrastructures sur la base.

Le Pentagone mise sur l’intelligence artificielle pour traiter ses données de télédétection
Space News, 9 novembre 2020
Le Département de la Défense a conclu un contrat de trois ans avec la société L3Harris Technologies pour extraire, grâce à  l’expertise acquise par l’entreprise dans les domaines de l’intelligence artificielle et du machine learning, des informations pertinentes du flux de données de télédétection qui lui sont fournies par ses capacités spatiales et aériennes.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-19

Lancements à venir

Date

Mission Client Orbite Lanceur Entreprise Site

5 décembre

Bishop

Dragon CRS-21 (SpX 21)

NanoRacks

NASA

ISS Falcon 9 v1.2 Block 5 SpaceX

Cap Canaveral (Floride)

7 décembre

Vol d’essai Astra Space LEO Astra Rocket 3.1 Astra Space

Kodiak Launch Complex (Alaska)

12 décembre

StriX α Synspective LEO Electron KS Rocket Lab

Onenuia Station (Nouvelle-Zélande)

19 décembre CACTUS 1
CAPE 3
ExoCube 2
INCA
MiTEE 1
PICS 1 et 2
PolarCube
Q-PACE (SIMPLEx 2)
TechEdSat 7 (TES 7)
RadFxSat 2 (Fox 1E, Evolution)
Capitol Technology University
University of Louisiana
NASA/JPL, Cal Poly Picosatellite Project (PolySat)
New Mexico State University (NMSU)
University of Michigan
Brigham Young University
Colorado Space Grant Consortium (CoSGC)
University of Central Florida (UCF)
SJSU, University of Idaho, NASA Ames Research Center
AMSAT, Vanderbilt University
LEO LauncherOne Virgin Orbit

Mojave Air and Space Port (Californie)

Lanceurs

Succès de la première tentative de récupération du premier étage de l’Electron
Space News, 19 novembre 2020
Le 19 novembre, 30 petits satellites ont été lancés avec succès par un Electron de Rocket Lab depuis le Launch Complex-1 (LC-1) à Mahia Peninsula (Nouvelle-Zélande). La charge utile comprenait notamment les satellites BRO-2 et 3 de la société française Unseenlabs, pour une constellation de suivi des navires par radiofréquences, et 24 satellites SpaceBEE de Swarm Technologies, pour une constellation de services pour l’Internet des Objets.
Rocket Lab a profité de ce lancement pour effectuer sa première tentative de récupération d’un premier étage. Elle a testé la rentrée atmosphérique de l’étage, le déploiement des parachutes, et l’amerrissage à une vitesse de 10 m/s dans l’océan Pacifique, à 400 km du site de lancement. Rocket Lab a indiqué que toutes ces étapes s’étaient déroulées comme prévues.
La société envisage d’effectuer plusieurs tentatives de récupération de ses premiers étages au LC-1 avant de les tester depuis son site américain LC-2 à Wallops Island (Virginie).

Spatioports

Le premier lancement d’un Electron depuis le sol américain reporté en 2021
Space News, 14 novembre 2020
Rocket Lab avait prévu de conduire au deuxième trimestre 2020 le premier lancement d’un Electron depuis son Launch Complex-2 (LC-2) de Wallops Island (Virginie). Le lanceur devait emporter la mission STP-27RM dans le cadre du Space Test Program de l’U.S. Air Force. La construction de ce pas de tir avait été terminée en décembre 2019 après seulement dix mois de travaux.
Les préparations de ce vol avaient été freinées par la pandémie mais la société espérait toutefois un lancement à l’automne 2020. Cependant, la cause majeure de ce report est la certification du système d’interruption en vol (Autonomous Flight Termination System – AFTS) du lanceur qui tarde à être validée par la NASA. L’intégration de l’AFTS est l’étape finale pour que Rocket Lab puisse lancer depuis Wallops Flight Facility, un site de lancement fédéral géré par la NASA.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-16.

Station Spatiale Internationale et Vol Habité en Orbite Basse

Succès total pour le premier vol opérationnel du Crew Dragon
Space News, 11 [1], 15 [2] et 17 [3] novembre 2020
Le 16 novembre, une capsule Crew Dragon de SpaceX s’est amarrée avec succès à la Station Spatiale Internationale (ISS) après avoir décollé la veille du Launch Complex 39A au Kennedy Space Center (Floride).
Cette mission fait suite au vol d’essai Demo-2 réalisé avec succès en mai dernier. La procédure de certification du module s’était conclue le 10 novembre, seulement trois jours avant son lancement, pendant la revue d’aptitude au vol de la mission Crew-1 au cours de laquelle le Human Rating Certification Plan a été signé.
Au cours du lancement, quelques problèmes mineurs ont été relevés – comme le dysfonctionnement d’un radiateur d’une conduite de propergol des propulseurs Draco – mais tous ont été corrigés pendant le vol. Ainsi, ce lancement permet à la NASA de conclure que le Crew Dragon est en conformité avec l’ensemble des recommandations du cahier des charges.
Cette mission était une première à bien des égards : premier vol par la NASA d’un équipage de quatre personnes dans un même habitacle et premier vol orbital habité autorisé par l’Office of Commercial Space Transportation de la Federal Aviation Administration (FAA).
Les quatre astronautes à son bord  (trois Américains et un Japonais) rejoignent trois membres d’équipage déjà à bord de l’ISS (deux Russes et un Américain). Cet effectif, jamais atteint pour des missions de long-terme dans la Station, va permettre de doubler le temps consacré à la recherche par les astronautes de la NASA (35h par semaine à trois contre 70h à quatre). L’équipage du Crew-1 va quitter l’ISS dans le même module dans six mois, juste après l’arrivée du Crew-2 au printemps, qui acheminera l’astronaute français Thomas Pesquet.
Pour mémoire, Crew-1 est la première des « missions de post-certification » de la NASA. Crew-2 a été programmé pour le 30 mars 2021 tandis que Crew-3 devrait suivre à la fin de l’été 2021. Ces missions ont été qualifiées d’opérationnelles par l’Agence car leur premier objectif est de transporter des équipages plutôt que de mener des essais. Toutefois, les représentants de l’Agence se gardent bien de dire que le vaisseau est opérationnel et restent prudents pour les deux prochains vols.
Enfin, c’était la première utilisation du premier étage du Falcon 9 qui a été récupéré avec succès sur le « bateau-drone » stationné dans l’océan Atlantique. Il devrait être reconditionné pour lancer la mission Crew-2.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-19. 

Le premier lancement du Dream Chaser repoussé en 2022
Space News, 18 novembre 2020
Le vol inaugural du Dream Chaser avait été initialement prévu en 2021, pour le premier de six vols dans le cadre d’un contrat Commercial Resupply Services (CRS) de la NASA afin de ravitailler la Station Spatiale Internationale (ISS). Il est dorénavant planifié pour 2022. La date retenue dépendra de la disponibilité du Dream Chaser et des sas d’amarrage de l’ISS.
Sierra Nevada Corporation (SNC) justifie ce retard par  la pandémie. Celle-ci aurait notamment engendré des retards de livraisons des fournisseurs, et empêché la campagne d’essai sur site de la structure du vaisseau, finalement réalisée à distance en quadruplant le temps prévu initialement.
En plus de son contrat avec la NASA, SNC cherche à diversifier sa clientèle pour des vols cargo de son Dream Chaser, tout en souhaitant développer une version habitée qui pourrait susciter beaucoup d’intérêts. Cette stratégie s’inscrit dans un effort plus large de SNC de développer des modules gonflables pour des stations spatiales commerciales autonomes en orbite basse terrestre. Ces successeurs à l’ISS, dont le développement est porté par le programme Next Space Technologies for Exploration Partnerships de la NASA, pourraient être ravitaillés par… le Dream Chaser.

Maintenance Satellitaire en Orbite

Spaceflight Inc. dévoile les nouvelles générations du Sherpa, son véhicule de transfert en orbite
Satellite Today, Space News, 12 novembre 2020
Spaceflight Inc. développe une famille de véhicules de transfert en orbite appelés « Sherpa ». Le 12 novembre, la société a indiqué avoir développé deux modèles nouvelle génération dits Sherpa-LTE et Sherpa-LTC sur la base du Sherpa-FX qui avait été dévoilé il y a seulement quelques mois. Le Sherpa-FX possède plusieurs ports auxquels peuvent s’attacher de petits satellites que le véhicule de transfert peut déployer à des altitudes, inclinaisons ou phases d’orbite différentes. Son premier vol devrait avoir lieu en décembre 2020 dans le cadre d’un vol rideshare de SpaceX où le Sherpa-FX emportera 14 satellites.
A l’inverse du Sherpa-FX, les nouvelles versions Sherpa-LTE et LTC possèdent chacune un système de propulsion dédié :

  • Sherpa-LTE : doté d’un moteur Apollo Constellation Engine (ACE) développé par la société Apollo Fusion Inc. Il s’agit d’un propulseur à effet Hall de faible poussée et à haut rendement qui devra permettre à Spaceflight Inc. de livrer des satellites sur des orbites GEO, cislunaires ou de libération d’attraction terrestre à des prix plus bas que les véhicules à injection directe
  • Sherpa-LTC : doté d’un sous-système de propulsion vert, bi-propulseur et de forte poussée développé par l’entreprise Benchmark Space Systems. Ce système doit permettre à Spaceflight Inc. de réaliser des transferts orbitaux rapides

Spaceflight Inc. aurait choisi de développer ces nouveaux modèles pour permettre à ses clients de profiter des tarifs proposés l’an dernier par SpaceX pour des vols rideshare. Les trois modèles Sherpa ont vocation à être intégrés sur différents types de lanceurs (y compris sur des lanceurs en cours de développement) bien que les cinq missions prévues pour 2021 aient toutes été programmées sur des lancements SpaceX.
Sur le plus long terme, l’entreprise attend de mesurer l’état de la demande du marché pour augmenter son degré de production des véhicules Sherpa. Malgré sa prudence, Spaceflight Inc. envisage déjà la conception de versions plus lourdes de ses nouveaux Sherpa – le « LT » des Sherpa LTE et LTC signifiant « light ».

Orbit Fab prévoit de lancer son tanker en orbite héliosynchrone en juin 2021
Space News, 17 novembre 2020
L’industrie de la maintenance satellitaire en orbite continue son expansion. Après Northrop Grumman et les deux premiers lancements du Mission Extension Vehicle (MEV) en février et  août 2020, la start-up Orbit Fab devrait procéder au lancement de son réservoir de carburant en orbite héliosynchrone l’an prochain. En effet, la start-up, créée en 2018, a conclu le 17 novembre dernier un contrat avec Spaceflight Inc. pour lancer son Tanker-001 Tenzing en juin 2021. Orbit Fab travaille également pour l’U.S. Air Force dont elle a reçu un contrat de 3 M$ en début d’année pour la qualification en vol de son interface Rapidly Attachable Fluid Transfer Interface (RAFTI). La société avait aussi remporté fin mars 2020 un contrat de 250 k$ auprès de la National Science Foundation (NSF) pour développer un système de ravitaillement en orbite pour de petits satellites.

Création d’un nouveau forum de discussion public-privé au sujet de la maintenance et de l’assemblage en orbite
Space News, 3 novembre 2020
Une initiative nationale On-Orbit Servicing, Assembly and Manufacturing (OSAM) vient d’être lancée aux États-Unis afin de promouvoir le développement de la maintenance satellitaire et de l’assemblage en orbite en s’appuyant sur le concours des agences fédérales, de l’industrie et de la recherche. Quatre priorités ont été identifiées :

  • Faciliter les contacts entre les différentes parties prenantes
  • Distinguer les activités nécessitant des fonds publics de celles pouvant être financées par les entreprises privées
  • Identifier les nouvelles applications des technologies de maintenance satellitaire
  • Jouer un rôle de plateforme de partage d’informations

Parmi les acteurs les plus engagés dans ce secteur, on trouve la NASA qui a mené plusieurs expériences de ravitaillement robotique à bord de la Station Spatiale Internationale et financé deux missions de maintenance satellitaire et d’assemblage en orbite dites OSAM-1 (anciennement Restore-L) et OSAM-2 (anciennement Archinaut-1). Le satellite OSAM-1, dont le lancement est prévu en 2024, devra rencontrer le satellite Landsat 7 pour le ravitailler en carburant avant de mener une série de démonstrations d’assemblage en orbite. OSAM-2 devra construire et déployer un panneau solaire dans l’espace.
Outre la NASA, la DARPA soutient également le développement des technologies de maintenance satellitaire et d’assemblage en orbite, notamment à travers son programme Robotic Servicing of Geosynchronous Satellites (RSGS). D’autres agences se montrent en revanche plus frileuses, à l’instar du National Reconnaissance Office (NRO) qui a choisi d’attendre les résultats des démonstrations effectuées par ses homologues de la NASA ou de la DARPA.

Observation de la Terre

Le satellite Sentinel-6 Michael Freilich lancé avec succès par SpaceX
Space News, 21 novembre 2020
Le 21 novembre, le satellite Sentinel-6 Michael Freilich (Jason-CS A) a été lancé avec succès par un Falcon 9 de SpaceX depuis le Space Launch Complex-4 (SLC-4) de la Vandenberg Air Force Base (Californie). A cette occasion, le premier étage du Falcon 9 est revenu avec succès sur son site de lancement pour s’y poser. Le satellite a été placé à 1 336 km d’altitude sur la même orbite que Jason-3 (30 secondes les séparent), inclinée de 66°. Après sa mise à poste qui devrait s’étaler sur un an, il aura pour mission de mesurer avec une précision inégalée à ce jour la montée du niveau des eaux, qui s’accélère d’année en année (2 mm en 1990, 5 mm aujourd’hui).
D’une masse de 1 192 kg, ce satellite, construit par Airbus Defence and Space, va assurer la continuité des mesures relevées depuis trois décennies par des satellites issues d’une coopération historique entre la France (https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg) et les États-Unis (JPL) : TOPEX/Poseidon et trois Jasons, lancés respectivement en 1992, 2000, 2008 et 2016. L’instrument principal de Sentinel-6 comprend un altimètre radar fourni par l’ESA capable de mesurer le niveau des mers, la hauteur des vagues et la vitesse des courants marins. Il est épaulé par un radiomètre micro-ondes développé par le Jet Propulsion Laboratory dont la mission sera de mesurer le taux de vapeur d’eau dans l’atmosphère. Enfin, le satellite est équipé de l’instrument Global Navigation Satellite System Radio Occultation (GNSS-RO) qui devra fournir la température et le taux d’humidité de l’atmosphère (similaire aux instruments sur les six satellites COSMIC-2 lancés en juin 2019).
Pour mémoire, Sentinel-6 est le premier de deux satellites développés conjointement par la Commission européenne, l’ESA, EUMETSAT, la NASA et la NOAA. Il fait partie du programme Copernicus de satellites d’observation de la Terre de l’Union européenne. Dans le cadre de ce programme, l’ESA et la NASA vont chacune dépenser 500 M$. Sentinel-6B devrait être lancé quant à lui au milieu de la décennie. L’ESA et la NASA avaient nommé Sentinel-6 en l’honneur de Mike Freilich, Directeur de la Division des Sciences de la Terre de la NASA pendant 13 ans, quelques mois avant sa disparition en août 2020.
Article connexe publié précédemment : Avec le satellite Sentinel-6 Michael Freilich, le https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg est au centre de la performance altimétrique de la filière TOPEX/Jason/Sentinel-6

BlackSky et Planet rejoignent Maxar comme fournisseur d’images du Pentagone
Space News, 5 novembre 2020
La National Geospatial Intelligence Agency (NGA) a annoncé que les données d’imagerie des constellations BlackSky et de Planet seront incorporées à son système déclassifié Global Enhanced Geoint Delivery (G-EGD). Créé il y a une décennie, le G-EGD fournit le Pentagone, la communauté du renseignement et d’autres agences gouvernementales en données géospatiales, mais n’offrait jusqu’à présent l’accès qu’à des images de Maxar.
Désireuse d’étendre la base de ses fournisseurs d’imagerie commerciale, le National Reconnaissance Office (NRO), responsable d’acheter des images satellitaires au profit de la NGA, avait envoyé des contrats d’études l’année dernière à BlackSky et Planet.
Ce recours à l’imagerie commerciale par la NGA pourrait certainement s’étendre aux nombreux autres systèmes sur lesquels l’Agence s’appuie pour fournir de l’imagerie à ses utilisateurs.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-12.

Télécommnications

La FCC poursuit son entreprise de rationalisation réglementaire
Satellite Today, 18 novembre 2020
Tandis que sa réforme visant à simplifier la procédure de demande de licence pour les petits satellites vient d’entrer en vigueur, la FCC a adopté deux nouveaux textes visant à assouplir le cadre administratif et juridique imposé aux opérateurs :

  • La FCC a tout d’abord adopté un Report and Order au terme duquel un engin spatial et une station sol appartenant au même système (géostationnaire ou non) fonctionnant au-dessus de 10 GHz pourront être opérés sous une licence unique. Jusqu’à présent, des licences distinctes devaient être délivrées sur la base d’exigences différentes afin de garantir un fonctionnement sans interférence des composantes terrestres et spatiales d’un système de satellites. Cette nouvelle réglementation doit encore être publiée au Registre fédéral et devrait être effective 30 jours après sa publication
  • La FCC a également adopté une proposition de réglementation (notice of proposed rulemaking) par laquelle les opérateurs de satellites géostationnaires seront autorisés à utiliser les bandes 17,3-17,7 GHz et 17,7-17,8 GHz pour effectuer leurs opérations en liaison descendante

La vente de OneWeb enfin conclue
Space News, 20 novembre 2020
Au terme de plusieurs mois de procédure et après avoir reçu l’ensemble des autorisations réglementaires nécessaires, l’opérateur de satellites est sorti du régime des faillites le 20 novembre dernier.
La vente a été définitivement conclue alors même que OneWeb s’est doté d’un nouveau Directeur général : Neil Masterson. Après 20 ans passés au sein de l’agence de presse Thomson Reuters, le successeur d’Adrian Steckel a la particularité de n’être issu ni du secteur spatial, ni de celui des télécommunications.
L’entreprise prévoit de reprendre très rapidement le déploiement de sa constellation avec le lancement le 17 décembre prochain de 36 satellites par une fusée Soyouz depuis le cosmodrome de Vostochny (Russie). Selon ses anticipations, sa constellation de 650 satellites devrait être complète d’ici 2022 et son premier service desservant les régions arctiques devrait être opérationnel à la fin de l’année 2021.
Articles connexes publiés précédemment :

Connaissance de l’Environnement Spatial

Un Comité du Sénat approuve le transfert du STM/SSA civil au Département du Commerce mais rejette la création d’un Bureau of Space Commerce
Space Policy Online, 10 [1] et 18 [2] novembre 2020
Space News, 17 [
1] et 19 [2] novembre 2020
Introduit en octobre dernier, le Space Preservation and Conjunction Emergency Act (ou SPACE Act) vient d’être approuvé par le Comité Commerce, Science et Transport du Sénat qui confirme sa volonté de confier au Département du Commerce (DoC)  la gestion du trafic spatial civil (conformément à la Space Policy Directive-3). Un amendement a toutefois rejeté, à rebours de ce qui était prévu dans le texte initial, la création d’un Bureau of Space Commerce rendant compte directement au Secrétaire d’État au Commerce et fusionnant l’Office of Space Commerce (OSC) et le Commercial Remote Sensing Regulatory Affairs (CRSRA) actuellement rattachés à la NOAA. Voulue par la Maison Blanche et par le Secrétaire d’Etat Wilbur Ross, la mise en place de ce bureau avait été remise en cause à plusieurs reprises aussi bien par la Chambre des Représentants que par le Sénat, craignant qu’il n’en résulte de nouvelles lourdeurs bureaucratiques. En réalité, le Comité du Sénat n’a pas définitivement fermé la porte à la création d’un tel bureau en considérant, dans son projet de loi amendé, qu’une telle entité pourrait faciliter le travail de l’OSC.
D’ailleurs, le projet de loi prévoit d’accorder 15 M$ à l’OSC pour l’exercice fiscal 2021, soit un montant équivalent à ce qui avait été demandé par le DoC en vue d’une éventuelle fusion entre l’OSC et CRSRA. Le projet de loi d’appropriation Commerce-Justice-Science (CJS) du Sénat, voté le 10 novembre dernier, prévoit quant à lui 11,8 M$ pour l’OSC et le CRSRA combinés, là où la Chambre des représentants avait accordé 1,8 M$ aux deux entités séparément et refusé de procéder à une fusion entre celles-ci. Cette différence entre les deux chambres du Congrès pourrait s’expliquer par le fait que le Sénat a adopté ses deux textes de lois après la publication d’un rapport de la National Academy of Public Administration (NAPA)  encourageant le transfert de compétence de la gestion du trafic spatial civil au DoC mais aussi la création du Bureau of Space Commerce.
Malgré ces avancées récentes, d’importantes étapes restent encore à franchir avant de permettre au DoC de se saisir de ses nouvelles responsabilités. Le projet de loi approuvé par le Comité Commerce, Science et Transport doit encore être validé en plénière au Sénat et devra ensuite être confié à la Chambre. Même s’il existe à l’heure actuelle un consensus sur l’importance des enjeux relatifs à la gestion du trafic spatial, d’autres priorités majeures comme l’adoption du plan de relance économique et des projets de loi d’appropriation pourraient accaparer l’attention de la Chambre et retarder l’étude du projet de loi sur la gestion du trafic spatial. En effet, le Sénat et la Chambre doivent encore négocier la version finale des lois d’appropriation fixant le budget de l’administration américaine pour l’exercice fiscal 2021.
Dans l’attente de son budget, le DoC a toutefois commencé à se préparer à ses nouvelles fonctions. Celui-ci s’apprêterait à signer un Memorendum of Understanding (MoU) avec le Département de la Défense. Les deux administrations travaillent depuis plusieurs mois à leur transfert de compétences et réfléchissent à la façon dont le DoC pourrait bénéficier des capacités développées dans le passé par le Pentagone.

Artemis

Neuf mois de retard pour le « mini » Lunar Gateway d’Artemis   
Space Policy Online, 11 novembre 2020
Space News, 12 novembre 2020
Le Bureau de l’Inspecteur Général de la NASA vient de conclure, dans un rapport daté du 10 novembre dernier, que l’objectif de mise en orbite en 2024 du projet de station spatiale lunaire Lunar Gateway réduit ne serait vraisemblablement pas atteignable et que le programme subirait d’importants surcoûts. En cause, selon le rapport, les nombreuses modifications dont a pâti le programme depuis ces dernières années. Initiée au cours du mandat de Barack Obama sous le nom de Deep Space Gateway, la station avait originellement pour objectif de servir de point de transfert vers Mars. Avec l’arrivée au pouvoir de Donald  Trump et la publication de la Space Policy Directive-1 (SPD-1) en 2017, le projet a été réorienté vers la Lune afin de contribuer au retour des astronautes américains sur la surface lunaire à l’horizon 2028. Cette échéance a par la suite été réduite à 2024, entrainant de nouveaux changements majeurs pour le Lunar Gateway. En mars 2020, l’ancien Administrateur associé pour les programmes spatiaux habités, Doug Loverro, avait ainsi annoncé que la station ne serait plus indispensable pour assurer l’objectif de 2024 et que les astronautes seraient vraisemblablement transférés directement depuis la capsule Orion vers des alunisseurs placés en orbite lunaire.
Malgré ce dernier revirement, l’Administrateur associé avait maintenu le lancement de la version réduite du Gateway  – composé des modules de propulsion et d’habitation PPE et HALO – à l’horizon 2023, tout en modifiant son plan de conception. Contrairement aux plans initiaux de la NASA, ces deux modules ne seraient plus lancés séparément puis assemblés en orbite, mais intégrés au sol et lancés conjointement. Ces bouleversements, justifiés par la NASA par une volonté d’économies et de réduction des risques, ont été critiqués par le Bureau de l’Inspecteur Général qui juge, au contraire, qu’ils entrainent des surcoûts importants (y compris pour les industriels impliqués dans le développement des modules PPE et HALO), des risques accrus pour le lancement ou encore des défauts de performance. Tenant compte de l’ensemble de ces éléments, le rapport estime que la version réduite du Gateway accumule déjà un retard de 9 mois par rapport à son calendrier initial, et considère qu’il est à ce jour très peu probable que l’Agence parvienne à le rattraper.
Le modèle réduit du Gateway n’étant plus jugé nécessaire au retour des astronautes sur la Lune en 2024, ce retard n’aurait que peu de conséquences sur l’objectif de l’Exécutif. Néanmoins, cet objectif est également mis en péril par les incertitudes qui règnent autour du développement des alunisseurs du programme Artemis dont le financement sera vraisemblablement très en-deçà des attentes de la NASA (voir supra). En effet, Chambre et Sénat ont, quoiqu’à des degrés différents, largement réduit le budget accordé au programme Human Landing System par rapport à la requête budgétaire formulée par la NASA. En outre, la prise de fonction en janvier 2021 de l’administration Biden pourrait avoir un impact sur les modalités d’exécution du programme d’exploration habitée de la NASA et repousser définitivement la date à laquelle les États-Unis pourraient espérer retourner sur la Lune.

Mars

L’examen indépendant de la NASA sur la mission Mars Sample Return rend ses conclusions
Space News, 12 novembre 2020
Le 30 juillet, la campagne Mars Sample Return (MSR) a débuté avec le lancement de Perseverance. Deux autres missions doivent suivre : Sample Return Lander (SRL) de la NASA (emportant le Sample Fetch Rover [SFR] fourni par l’ESA et le Mars Ascent Vehicle [MAV]) et Earth Return Orbiter (ERO) de l’ESA.
Le comité d’évaluation a émis 88 recommandations sur des sujets aussi bien scientifiques, techniques, que programmatiques. Bien qu’il ait approuvé la campagne MSR dans son ensemble, il a demandé le report d’un voire deux ans des deux prochaines missions, initialement prévues en 2026, et ce afin d’offrir un calendrier réaliste. Toutefois, ces reports comportent des risques : l’étendue des fenêtres de lancement vers Mars diminue à l’approche de 2030 où par exemple la période des opérations sur le sol martien coïncidera avec la saison des tempêtes de sable. Ces nouveaux risques pourraient impacter certains éléments des missions SRL et ERO, mais également impliquer une remise en question de la gestion de MSR dans son ensemble. Le comité d’évaluation a clairement indiqué que cette révision n’avait pas pour but de freiner les efforts de la NASA dans MSR. Au contraire, le comité a fortement encouragé la poursuite du projet.
D’autre part, le comité d’évaluation a requis davantage de financements pour MSR. Alors que la part restant à dépenser par la NASA est estimée entre 2,5 et 3 Md$, le rapport recommande de l’augmenter à 3,8-4,4 Md$. Pour mémoire, le montant total de la campagne a été estimée en juillet à 7 Md$ par la NASA et l’ESA.
Cette évaluation, usuelle pour ce type de programme d’envergure, avait été commandée en août par Thomas Zurbuchen, Administrateur associé pour les Sciences à la NASA. Suite à la publication des conclusions de ce rapport, ce dernier a déclaré que la NASA allait prendre environ une année pour revoir ces recommandations. En effet, il ne s’agit pas seulement de considérations techniques : ce projet implique une myriade d’acteurs des deux côtés de l’Atlantique.
Pour mémoire, le retour des échantillons de la campagne MSR sur Terre est prévu au plus tôt en 2031.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-15.

Secteur Privé

L’Ex-Im Bank s’apprête à soutenir massivement le secteur spatial américain
Space News, 11 novembre 2020
En tant qu’agence de crédit à l’exportation, l’Export-Import Bank of the United States (Ex-Im Bank) offrait, jusqu’en 2015, des crédits aux importateurs souhaitant acquérir des biens et services aux États-Unis quel que soit le prix de la transaction couverte. Toutefois, sa prérogative avait été limitée en 2015 suite à la perte de son quorum nécessaire pour soutenir des opérations de plus de 10 M$. En 2019, après quatre ans de fonctionnement à régime restreint, l’Ex-Im Bank a finalement atteint son quorum, lui permettant de recouvrer sa pleine compétence.
Dans cette perspective, l’Ex-Im Bank envisage de supporter activement le secteur spatial américain, comme elle le faisait avant 2015. L’effort consenti par l’Ex-Im Bank pourrait atteindre 3 Md$ pour soutenir l’essor des nouvelles entreprises du secteur spatial. En effet, l’Agence a constaté une évolution notoire du paysage spatial en moins de cinq ans, avec l’apparition de nouvelles technologies rompant avec les secteurs traditionnels comme celui des satellites géostationnaires.
L’Ex-Im Bank attire toutefois l’attention sur le fait qu’elle aura vocation à garantir des opérations conclues par des entreprises dont la solidité aura déjà été démontrée. Elle a en outre insisté sur le fait que son rôle était avant tout d’aider les projets dont les coûts initiaux sont importants et qui pourraient être difficiles à financer exclusivement avec des capitaux privés.

Pour bénéficier des contrats de la NASA, l’entreprise japonaise ispace prend ses quartiers aux États-Unis    
Space News, 10 novembre 2020
L’entreprise japonaise ispace, qui développe des alunisseurs commerciaux, vient de s’établir à Denver (Colorado) dans le but de profiter de la demande de la NASA, notamment dans le cadre de son programme d’exploration lunaire Artemis. L’inauguration de ce site ne marque toutefois pas le début de la coopération entre la NASA et l’entreprise. Cette dernière participait déjà au programme Commercial Lunar Payload Services (CLPS) au sein de l’équipe menée par la société Draper.
Les deux premiers modèles d’alunisseurs produits par ispace ne remplissent toutefois pas les critères définis pour le CLPS en matière de capacité d’emport dans la mesure où ils ne peuvent transporter que 30 kg de charge utile. L’entreprise réfléchit néanmoins à concevoir, sur son nouveau site américain, un nouvel alunisseur dont les capacités d’emport seraient bien plus importantes.
Si ispace semble attendre beaucoup de son installation aux États-Unis et de son client américain, elle ne tourne toutefois pas le dos au marché japonais. La société envisage de continuer le développement de son premier alunisseur au Japon et de profiter du regain d’intérêt du gouvernement vis-à-vis du secteur spatial. Celui-ci entend effectivement participer activement au programme Artemis et accroître la part de son budget dédiée au secteur spatial.

Raytheon Technologies rachète Blue Canyon Technologies
Satellite Today, 11 novembre 2020
Les conditions de l’opération devant se clôturer début 2021 et dans l’attente des approbations réglementaires, les termes de l’accord n’ont pas encore été rendus publics. Cette acquisition devrait doter Raytheon Technologies d’une capacité dans le marché florissant des très petits satellites.
Blue Canyon Technologies, basé dans le Colorado et fort de 200 employés, a indiqué qu’elle garantirait la continuité des services offerts à ses clients. La société affirme avoir plus de 90 satellites actuellement en production. Elle est également engagée dans des missions de support de la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), de la NASA et de l’U.S. Air Force.
Pour mémoire, Blue Canyon Technologies avait inauguré un nouveau site de production de 800 m² à Lafayette (Colorado) en juin.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-11.

Technologie

La NASA consacre 15,5 M$ pour développer 20 technologies au profit de l’exploration
Parabolic Arc [1] et [2], 9 novembre 2020
La NASA a sélectionné 17 sociétés américaines afin de concrétiser le développement de 20 technologies initiées par ces industriels. La NASA est déterminée à accompagner la mise sur le marché de ces innovations  afin d’en tirer profit pour ses projets d’exploration.
Ces technologies couvrent des domaines tels que la propulsion et la gestion de fluides cryogéniques, les systèmes de propulsion avancés, la production durable d’énergie, la production de propergol sur site, les systèmes automatisés et robotiques, les structures et matériaux dernière génération, les recherches sur les petits satellites, les rentrées atmosphériques, les phases de descente et les atterrissages.
Les contrats accordés par la NASA prennent le format Space Act Agreements (non-financés) pour des durées variables  entre 12 et 24 mois.
Les 17 sociétés lauréates développant un total de 20 technologies sont :

  • Aerojet Rocketdyne Inc. (Washington) pour un nouveau propergol hybride mélangeant un liquide ionique « vert » et de l’hydrazine conventionnel, basé sur le retour d’expérience du projet Green Propellant Infusion Mission (GPIM) de la NASA
  • Ahmic Aerospace LLC (Ohio) pour l’étude du comportement des systèmes de protection thermique
  • AI SpaceFactory Inc. (New Jersey) pour un nouveau matériau imitant les propriétés du régolithe lunaire
  • Blue Origin LLC (Washington) pour :
    • La création de systèmes d’exploitation robotisés spatiaux
    • L’amélioration de la conception des moteurs en s’appuyant sur des méthodes de fabrication additive métallique
  • Box Elder Innovations LLC (Utah) pour le perfectionnement de matériaux diélectriques
  • Cornerstone Research Group Inc. (Ohio) pour évaluer dans des environnements de vol les performances de résines thermodurcissables à base de coulis fabriquées de manière additive
  • Elementum 3D Inc. (Colorado) pour l’accroissement des performances et la réduction des coûts de matériaux en aluminium fabriqués de manière additive
  • Gloyer-Taylor Laboratories LLC (Tennessee) pour la validation d’un outil de modélisation et de simulation pour traiter les dynamiques des fluides et rationaliser la conception des systèmes de propulsion
  • IN Space LLC (Indiana) pour la fabrication de manière additive d’une chambre de refroidissement par régénération utilisée pour des moteurs rotatifs
  • Northrop Grumman Space Systems Inc. (Virginie) pour le développement d’un système de propulsion électrique d’un petit satellite pouvant offrir un carburant abordable et efficace
  • pH Matter LLC (Ohio) pour la détermination de la composition exacte de l’eau à la surface de la Lune
  • Phase Four Inc. (Californie) pour les essais des propulseurs à base de radiofréquences
  • Rocket Lab USA Inc. (Californie) pour le développement de son système de récupération du premier étage de son lanceur Electron (essai avec succès en avril 2020 et succès en vol en août 2020)
  • Sensuron LLC (Texas) pour le développement d’une solution miniature et robuste de suivi de la température de propergols cryogéniques grâce à un système de détection à base de fibre optique
  • SpaceX (Californie) pour l’enregistrement des images et de la température de son lanceur Starship lors de ses phases de rentrée atmosphérique
  • Maxar Technologies (Californie) pour :
    • La recherche d’un mécanisme capable d’enlever automatiquement la poussière sur les panneaux solaires, en s’inspirant du Roll Out Solar Array (ROSA) de la NASA initié en 2017
    • La démonstration d’une méthode pour empêcher l’érosion de matériaux d’un vaisseau causée par les panaches de fumée dus à l’effet Hall
    • Le développement d’un système de régulation de la pression pour les missions alimentées en énergie solaire à haute intensité
  • Stellar Exploration Inc. (Californie) pour la qualification d’un système de propulsion haute performance pour nanosatellite

Retrouvez également toutes les actualités mises en ligne par la mission pour la science et la technologie en cliquant sur ce lien.
Ambassade de France aux États-Unis d’Amérique
Service Spatial – Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg

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