Bulletin d’actualité rédigé par le Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg à Washington D.C. (Amaury Carbonnaux, Edouard Lallouette, Nicolas Maubert)
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Personalia
Démissions de Mike Griffin et de son adjointe : quel avenir pour la SDA ?
Space News, 23 [1] et 24 [2] juin 2020
Space News, 13 juillet 2020
Le duo à la tête du Sous-secrétariat de la Défense pour la Recherche et l’Ingénierie a justifié son départ par une opportunité dans le secteur privé. Mike Griffin avait été nommé à ce poste par le Président Donald Trump en octobre 2017, après avoir notamment été Administrateur de la NASA sous la présidence de George W. Bush. Il est accompagné par son adjointe, Lisa Porter, qui travaille avec lui depuis de nombreuses années, notamment à la NASA et au In-Q-Tel, l’incubateur technologique de la CIA.
L’intérim de M. Griffin et L. Porter sera assurée respectivement par Michael Kratsios et Mark Lewis. Le premier, actuel U.S. Chief Technology Officer, conservera son poste de n°2 à l’Office of Science and Technology Policy, organe du Bureau exécutif chargé de conseiller le Président des États-Unis. Le second gardera également ses fonctions actuelles de Directeur de la Defense Research and Engineering for Modernization du Pentagone.
Ce départ pose la question de l’avenir de la Space Developement Agency (SDA) créée il y a 15 mois sous l’impulsion de Mike Griffin lui-même, et qui avait œuvré pour une indépendance de l’agence permettant de mettre en place des méthodes de travail et des processus novateurs d’acquisition de marché, en dehors du système traditionnel du Département de la Défense. La position de ses successeurs sera donc attendue alors que le Congrès a ordonné le transfert de la SDA vers l’U.S. Space Force d’ici 2022.
International
Signature d’un accord de coopération entre les États-Unis et le Japon dans l’exploration
Space Policy Online, 9 juillet 2020
Le Joint Exploration Declaration of Intent (JEDI) détaille la future coopération entre les deux pays dans le cadre de la Station Spatiale Internationale (ISS) et du programme Artemis.
Cet accord, qui n’est pas engageant, intervient un peu plus d’un an après la rencontre entre le Président américain Donald Trump et le Premier ministre japonais Shinzo Abe. Cette dernière s’était conclue par un soutien accru aux programmes d’exploration spatiale habitée.
Politique
Le Congrès reprend ses évaluations de projets de loi sur le secteur spatial
Space News, 30 juin 2020
Avec la reprise progressive des activités à Washington D.C., la Chambre des Représentants et le Sénat ont commencé à poursuivre leurs audiences relatives à l’évaluation et l’approbation des projets de loi touchant le secteur spatial.
À ce jour, plusieurs projets de loi majeurs sont en suspens au Congrès et pourraient être avancés dans les mois à venir, notamment :
- Le projet de loi d’appropriation de la NASA pour l’exercice fiscal 2021 ;
- Un projet de loi d’autorisation de la NASA porté par la Chambre ;
- Un projet de loi d’autorisation de la NASA porté par le Sénat ;
- Un projet de loi « Space Frontier Act» porté par le Sénat ;
- Un projet de loi « Space Commerce Free Enterprise Act» porté par la Chambre.
En parallèle, la commission Science, Espace et Technologie de la Chambre prévoit de reprendre un certain nombre d’auditions dans le domaine spatial, notamment sur les sujets de connaissance de l’environnement spatial et de gestion du trafic spatial.
Malgré tout, les priorités du Congrès concerneront dans un premier temps l’approbation des lois d’appropriation, de la loi d’autorisation pour la Défense (NDAA) et des lois de soutien à l’économie en période de Covid-19. Cependant, la Présidente de la sous-commission Espace de la Chambre, Kendra Horn, s’est montrée optimiste quant à la possibilité d’approuver une loi d’autorisation de la NASA avant la fin de l’année. Celle-ci pourrait être décisive pour l’agence spatiale américaine, dans la mesure où elle définira le cadre programmatique pour les prochaines années.
La NASA promulgue des nouvelles directives en matière de protection des corps célestes
Space Policy Online, 9 juillet 2020
Space News, 11 juillet 2020
Le 9 juillet, la NASA a annoncé avoir implémenté deux nouvelles directives relatives à la politique de l’agence en matière de protection de la Lune et de Mars contre les risques de contaminations biologiques. Ces deux premières directives s’inscrivent dans un mouvement plus large de réforme de la politique de protection des corps célestes de la NASA initiée en 2017, en prévision de l’accroissement des activités humaines sur la Lune avec le programme Artemis, ainsi que sur Mars dans le cadre d’une première mission habitée envisagée dans la prochaine décennie (Space Policy Directive 1). Ces nouvelles directives ont été élaborées selon les recommandations d’une commission indépendante de l’Académie Nationale des Sciences, de l’Ingénierie et de la Médecine.
La première directive concerne la protection de la Lune. Elle s’inscrit dans la lignée des autres initiatives de la NASA et de l’Exécutif visant à lever un certain nombre de barrières réglementaires pour assurer une plus grande participation du secteur commercial dans le programme Artemis. Traditionnellement, la Lune était classée par la NASA en « catégorie 2 » dans son intégralité, ce qui imposait un certain nombre de restrictions pour les missions lunaires impliquant l’agence, permettant de limiter les risques de contaminations biologiques. Avec cette nouvelle directive, la Lune se trouve désormais en « catégorie 1 », à l’exception de certaines zones maintenues en catégorie 2 (sites historiques d’alunissages des missions Apollo et pôles). Les missions effectuées à destination de zones en catégorie 1 ne se voient pas imposer de restrictions spécifiques en termes de maîtrise des risques de contamination.
La deuxième directive concerne les futures missions habitées sur la surface de Mars, aujourd’hui classée en « catégorie 4 » très contraignante en termes de maîtrise des risques de contamination. Elle n’établit pas de nouvelles normes, mais charge l’agence de mener des études pour déterminer le futur cadre réglementaire en matière de gestion des risques pour des missions habitées sur Mars. D’aucuns, dont l’Administrateur de la NASA, estiment qu’en l’état cette classification de Mars ne permet pas de conduire des missions habitées sur sa surface de manière efficace.
Ces nouvelles directives n’impactent pas la réglementation internationale en matière de limitation des risques de contamination établie par le Committee on Space Research (COSPAR). Toutefois, la NASA s’attend à ce qu’à terme le COSPAR adopte le même type de recommandations dans sa prochaine réforme.
Budgets
Les appropriateurs de la Chambre approuvent un premier projet de budget pour la NASA pour l’exercice 2021
Space News, Space Policy Online, 7 juillet 2020
En février dernier, la NASA a transmis au Congrès sa requête budgétaire pour un montant total de 25,2 Md$, soit une hausse de 12 % par rapport à l’exercice 2020. Cette hausse est majoritairement justifiée par le besoin de financer l’ambitieux programme Artemis de retour des Américains sur la Lune en 2024 poussé par l’Exécutif. Celle-ci comprend notamment une requête de 3,37 Md$ pour financer le développement des alunisseurs (HLS – Human Landing System).
Pour ces alunisseurs, la NASA a sélectionné en avril 2020 trois consortiums d’acteurs privés menés respectivement par Blue Origin, Dynetics et SpaceX, et leur a octroyé un montant total de 967 M$ pour une phase d’avant-projet de 10 mois. Dans le cadre de ces partenariats publics-privés, la NASA ne prévoit pas d’être détentrice de ces alunisseurs, mais plutôt de partager les coûts de développement et à terme devenir un client de ces « prestataires de services d’alunissages », à l’image de son programme Commercial Crew pour l’acheminement des astronautes vers l’ISS. Toutefois, cette approche n’est pas partagée par tous au Congrès, d’aucuns mettant en avant le fait que, dans le cadre des précédentes initiatives de partenariats publics-privés de la NASA, l’essentiel des coûts avait été assumé par le contribuable américain et non par les acteurs privés.
Avec la reprise progressive des activités usuelles au Congrès, la commission des Appropriations de la Chambre des Représentants (HAC), a approuvé un premier projet de loi d’appropriations pour la NASA pour l’exercice 2021. En l’état, celui-ci rejette la demande de hausse budgétaire de 12 % de la requête budgétaire de la NASA et propose un budget de 22,6 Md$, maintenant un niveau de financement comparable à celui de 2020, largement au détriment du programme des alunisseurs. Sur les 3,37 Md$ demandés, la commission n’en accorde environ que 600 M$, un montant similaire à celui de l’exercice fiscal précédent. En outre, le projet de loi plafonne toute dépenses liées à Artemis à 40 % tant que l’Administrateur de la NASA n’aura pas transmis au Congrès un plan d’action pluriannuel et une estimation de coût associé pour les cinq prochaines années concernant : l’utilisation du SLS pour le lancement des éléments du Gateway, les partenariats avec le secteur privé pour des missions additionnelles d’alunissages habités et robotiques, et la conduite d’activités additionnelles sur la surface de la Lune. À noter que les éléments de langage associés au projet de loi reconnaissent le caractère « politique » de l’accélération du retour des astronautes américains sur la Lune en 2024 plutôt que 2028, date qui coïncide avec la dernière année d’un potentiel deuxième mandat du Président Trump.
Parmi d’autres points notables de ce projet de loi, la commission rejette les propositions de l’Exécutif de cessation des programmes éducatifs STEM de la NASA et de report du développement du deuxième étage EUS (Exploration Upper Stage) pour le SLS. Elle rejette également les propositions de cessation des programmes environnementaux PACE et CLARREO Pathfinder, et du télescope spatial WFIRST. Elle propose une hausse de presque 800 M$ du budget dédié à la Science par rapport à la requête budgétaire, et prévoit 250 M$ pour la mission Mars Sample Return en 2026 ainsi que 400 M$ pour la sonde Europa Clipper. Cette dernière devra être lancée en 2025, mais le Congrès relâche la contrainte précédemment imposée d’un lancement à bord d’un SLS et ouvre la possibilité d’un lancement par un acteur privé. Cette approche permettrait de réaliser une économie de l’ordre de 700 M$ selon la NASA.
Optimiste, l’Administrateur de la NASA s’est félicité du passage de cette première étape clé du processus d’approbation du budget de l’agence et a invité la Chambre à travailler avec lui et avec le Sénat pour l’élaboration du budget final. Toutefois, en cette période électorale et de Covid-19, d’aucuns s’attendent à ce que l’exercice fiscal 2021 démarre sur la base d’une « continuing resolution ».
Grandes lignes du projet de loi CJS de la Chambre :
- Sciences : 7 098 M$ (vs. requête budgétaire : 6 307 M$) ;
- Sciences de la Terre : 2 022 M$ (vs. requête budgétaire : 1 768 M$) ;
- Sciences Planétaires : 2 713 M$ (vs. requête budgétaire : 2 660 M$) ;
- Astrophysique : 1 306 M$ (vs. requête budgétaire : 831 M$) ;
- Héliophysique : 633 M$ ((vs. requête budgétaire : 633 M$) ;
- James Webb Space Telescope (JWST) : 423 M$ (vs. requête budgétaire : 415 M$) ;
- Exploration : 6 018 M$ (vs. requête budgétaire : 8 762 M$) ;
- Orion : 1 400 M$ (vs. requête budgétaire : 1 400 M$) ;
- SLS : 2 600 M$ (vs. requête budgétaire : 2 257 M$) ;
- Exploration Ground Systems : 460 M$ (vs. requête budgétaire : 385 M$) ;
- Recherche et Développement en lien avec l’Exploration : 1 557 M$ (vs. requête budgétaire : 4 719 M$) ; cette ligne comprend notamment la station lunaire Gateway et les alunisseurs Artemis ;
- Technologies Spatiales (Technologies d’Exploration dans la requête budgétaire) : 1 100 M$ (vs. requête budgétaire : 1 578 M$) ;
- Opérations Spatiales : 4 052 M$ (vs. requête budgétaire : 4 187 M$) ;
- Aéronautique : 819 M$ (vs. requête budgétaire : 831 M$) ;
- Engagement Educatif STEM : 126 M$ (vs. requête budgétaire : 0 M$) ;
- Sûreté et Sécurité des Missions : 2 953 M$ (vs. requête budgétaire : 3 010 M$) ;
- Construction et Mise aux Normes Environnementales : 419 M$ (vs. requête budgétaire : 539 M$) ;
- Bureau de l’Inspecteur Général : 44 M$ (vs. requête budgétaire : 44 M$).
Sécurité et Défense
L’U.S. Space Force dévoile son organisation interne
Space Policy Online, 30 juin 2020
La nouvelle force armée, dirigée par le Général Raymond, sera articulée selon trois échelons de commandement :
- Les « field commands» incluant :
- Le Space Operations Command (SPoC), chargé de fournir les forces et les capacités spatiales aux Unified Combatant Commands, aux partenaires de la coalition et aux forces interarmées et à la nation. Il sera basé à Peterson Air Force Base (Colorado) ;
À noter que l’unité homonyme actuellement basée à Vandenberg Air Force Base devrait être renommée pour éviter toute confusion ; - Le Space Systems Command (SSC), chargé du développement, de l’acquisition et du déploiement du matériel, ainsi que du lancement, de la mise à poste, de l’entretien et de la maintenance des systèmes spatiaux ;
À noter que l’unité devrait englober le Space and Missile Systems Center (SMC), le Commercial Satellite Communications Office et d’autres organes similaires présents au sein d’entités du DoD ; - Le Space Training and Readiness Command (STARCOM), chargé de la formation et de l’entraînement. Il sera basé provisoirement à Peterson Air Force Base (Colorado) dès juillet 2020.
- Le Space Operations Command (SPoC), chargé de fournir les forces et les capacités spatiales aux Unified Combatant Commands, aux partenaires de la coalition et aux forces interarmées et à la nation. Il sera basé à Peterson Air Force Base (Colorado) ;
- Les « deltas», subordonnés aux « field commands » et dédiés à une fonction particulière (opérations, support, entraînement, etc.) ;
- Les « squadrons», subordonnés aux « deltas » et dédiés à des tâches et des missions spécifiques.
Ces nouvelles unités devraient être activées plus tard dans l’été.
À noter que la Secrétaire à la Force aérienne a estimé qu’il s’agissait de la plus importante restructuration d’unités spatiales depuis l’établissement de l’Air Force Space Command en 1982, laquelle a été dissoute en décembre 2019 pour former l’U.S. Space Force (USSF).
Contrat de 222 M$ alloué à Northrop Grumman pour la maintenance de la constellation du Defense Support Program
Space News, 27 juin 2020
Le Defense Support Program (DSP) est une constellation de satellites de détection de lancements de missiles balistiques et nucléaires. Elle utilise des capteurs infrarouges capables de déceler la chaleur émise par les panaches de fumée des propulseurs sur le sol. Bien qu’il n’existe aucune donnée publique sur le nombre de satellites du DSP actuellement en orbite, il semble que tous aient été intégralement construits (plateformes et charges utiles) par Northrop Grumman. Le dernier a été lancé par un Delta IV Heavy d’ULA en 2007. Depuis, l’U.S. Air Force a attribué à Northrop Grumman plusieurs contrats de maintenance pour entretenir et mettre à niveau la constellation. Le dernier, d’une valeur de 132 M$, avait été attribué en 2015 et vient d’expirer en juin. Le Space and Missile Systems Center de l’U.S. Space Force a donc opté pour la continuité en octroyant à Northrop Grumman un nouveau contrat de 222 M$ afin de fournir un support technique au DSP jusqu’en 2030.
Opérationnel depuis les années 1970, le DSP a été complété par un autre système de détection conçu par Lockheed Martin, le Space Based Infrared System (SBIRS). Les deux industriels développent maintenant main dans la main une nouvelle génération de cette classe de satellites : le Next-Generation Overhead Persistent Infrared (Next-Gen OPIR).
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-03.
Deux ans, la durée nécessaire à L3Harris pour lancer un satellite espion de l’USAF
Space News, 6 juillet 2020
L3Harris Technologies est historiquement un fournisseur d’instruments, voire de charges utiles spatiales. Afin de répondre aux nouvelles méthodes d’acquisition rapide de marché souhaitées par l’U.S. Air Force (USAF), la société a créé la division Space and Airborne Systems, basée en Floride, pour être en mesure de fournir un satellite complet intégré en un temps record. Ainsi, le premier petit satellite d’une constellation destinée à fournir des images aux troupes militaires au sol a été développé et mis en orbite en moins de deux ans.
Cette réactivité est à comparer aux durées de développement des satellites militaires classiquement beaucoup plus longues.
L3Harris Technologies est donc présent désormais en tant que prime contractor dans plusieurs programmes classifiés, à l’instar des constructeurs historiques comme Lockheed Martin ou Boeing, et envisage de se positionner sur les futurs projets de constellations dédiées à la détection de missiles du Département de la Défense (voir supra).
Loft Orbital embarquera un processeur Pit Boss pour le programme Blackjack de la DARPA
Space News, 11 juillet 2020
La start-up Loft Orbital embarquera à bord de son satellite YAM-3 une version test du système Pit Boss développé par Scientific Systems Company Inc. (SSCI) au profit de la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA). Il s’agira de la première mission de Loft Orbital pour le compte du Pentagone, dont le satellite construit par LeoStella (société détenue conjointement par Thales Alenia Space and Spaceflight Industries) devrait être lancé sur une mission rideshare d’un Falcon 9 de SpaceX début 2021.
Pit Boss est le processeur d’intelligence artificielle (IA) embarqué permettant aux satellites Blackjack d’acquérir, de traiter et de distribuer de manière autonome les informations aux utilisateurs. Sagittarius A*, l’essai sur cet élément, sera réalisé avec deux charges utiles : le capteur d’imagerie optique commercial et l’ordinateur de vol. La première recherchera des cibles et transférera ses données à la seconde pour une analyse et un traitement en orbite. L’ordinateur de vol exécutera le logiciel autonome développé par SSCI puis l’IA de Pit Boss traitera les données afin d’affiner la recherche du capteur. Cette mission a pour but de réduire les risques sur Pit Boss afin de préparer la mise en production des satellites Blackjack dont les lancements sont prévus fin 2021.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°19-35.
Lancements
Premier échec en trois ans d’exploitation pour l’Electron de Rocket Lab
Satellite Today, 5 juillet 2020
Le 4 juillet, un Electron a décollé du Launch Complex 1 (LC-1) en Nouvelle-Zélande. Après 4 minutes de vol, à la suite d’une anomalie détectée après la séparation du premier étage, le lanceur a été perdu ainsi que ses charges utiles, des satellites de Canon Electronics, Inspace et Planet. Cette 13ème mission d’un Electron avait lieu seulement 21 jours après la précédente effectuée pour le compte du NRO.
Rocket Lab a indiqué travailler étroitement avec la Federal Aviation Administration (FAA) pour identifier la cause du problème. La société s’est dit prête à recommencer ses opérations une fois que l’enquête sera terminée, 8 lanceurs Electron étant actuellement en production.
Succès du lancement du satellite GPS Block III SV03 par un Falcon 9
Space News, 30 juin 2020
Le 30 juin, le satellite GPS Block III SV03 de l’U.S. Space Force a été lancé avec succès par un Falcon 9 de SpaceX depuis Cap Canaveral en Floride. Ce troisième satellite du Block III devrait rejoindre son orbite finale à environ 20 200 km d’altitude dans les jours qui viennent et ainsi prendre sa place dans la constellation GPS actuellement composée de 31 satellites. Son constructeur, Lockheed Martin (contrat de 568 M$), estime que les satellites du Block III devraient fournir une précision trois fois plus grande et un système antibrouillage huit fois plus puissant que ceux offerts par la génération précédente.
C’était la deuxième utilisation du premier étage du Falcon 9 qui a été récupéré avec succès sur le « bateau-drone » stationné dans l’océan Atlantique. Cette tentative de récupération est une première dans le cadre d’une mission classée National Security Space Launch, alors que SpaceX a déjà obtenu les contrats pour lancer trois autres satellites GPS de nouvelle génération dans les deux prochaines années.
Pour mémoire, le premier satellite GPS Block III avait déjà été lancé par un Falcon 9 le 23 décembre 2018, tandis que le second l’avait été par un Delta IV d’ULA le 22 août 2019.
Succès de la première mission du Minotaur IV depuis Wallops pour le NRO
Space News, 15 juillet 2020
Le 15 juillet, un Minotaur IV de Northrop Grumman a décollé du Wallops Flight Facility (Virginie) avec à son bord quatre charges utiles de télédétection de la mission classifiée NROL-129 du National Reconnaissance Office (NRO). Le lancement avait été commandé par le Space and Missile Systems Center de l’U.S. Space Force dans le cadre du Rocket Systems Launch Program.
Le Minotaur IV est un lanceur à quatre étages à propergol solide capable d’emporter une charge d’utile de 1 730 kg en orbite basse terrestre. Ce choix technologique confère au Minotaur IV une très grande flexibilité puisqu’aucune installation de propergol liquide n’est nécessaire à proximité des pas de tir. Par ailleurs, les étages sont constitués de missiles balistiques intercontinentaux Peacekeeper recyclés, auxquels est ajouté l’étage supérieur Orion, développé par Northrop Grumman. L’U.S. Air Force conserve depuis des décennies un stock de ce type de missiles dans des silos à Hill Air Force Base (Utah). Les étages utilisés pour la mission NROL-129 avaient ainsi été fabriqués en 1988 et 1990 ! Les Peacekeeper peuvent donc être acheminés sur les sites de lancement, assemblés à l’étage Orion et lancés dans des délais très courts.
Dans cette configuration, le Minotaur doit lancer en 2021 deux autres missions pour le compte du NRO : NROL-111 et 174 .
Lancements à venir
Date |
Mission | Client | Orbite | Lanceur | Entreprise | Site |
19 juillet |
ANASIS 2 | Korean Agency for Defense Development | GEO | Falcon 9 v1.2 Block 5 | SpaceX |
Cap Canaveral (Floride) |
20 juillet |
Vol d’essai | Astra Space | LEO | Astra Rocket 3.0 | Astra Space |
Kodiak Launch Complex (Alaska) |
25 juillet |
SAOCOM 1B Capella 2 (Sequoia) GNOMES 1 |
CONAE Capella Space PlanetiQ |
LEO LEO SSO |
Falcon 9 v1.2 Block 5 | SpaceX |
Cap Canaveral (Floride) |
28 juillet |
Galaxy 30 MEV 2 BSat 4b |
Intelsat Northrop Grumman Broadcasting Satellite System Corporation |
GEO | Ariane 5 ECA+ | Arianespace |
Centre Spatial Guyanais (Guyane française) |
30 juillet | Mars 2020 (Perseverance) | NASA | Héliocentrique | Atlas V (541) | ULA |
Cap Canaveral (Floride) |
Lanceurs
Covid-19 : le DoD retire sa commande de 12 lancements au secteur des lanceurs de petits satellites
Space News, 1er [1] et 14 [2] juillet 2020
Ces contrats de lancements avaient été attribués le mois dernier en soutien à 6 sociétés (2 lancements par sociétés) dans le cadre du Defense Production Act (DPA). Le Pentagone a finalement décidé d’allouer ce budget de 116 M$ à ses programmes de prêt aux petites sociétés. En parallèle, plusieurs sources dans l’industrie avaient pointé du doigt le mode de sélection qui n’aurait pas laissé la place à la libre concurrence.
À ce jour, rien n’indique que le secteur des lanceurs de petits satellites sera soutenu à l’avenir par le Pentagone. De nouvelles aides nécessiteraient l’aval du Congrès pour accorder ce type de dépenses consacrées au soutien économique en période de Covid-19, ou bien requerraient l’obtention de capitaux non dépensés par d’autres programmes soutenus par le DPA.
La NASA prendra-t-elle le relais du DoD dans le secteur des lanceurs de petits satellites ?
Space News, 2 juillet 2020
La NASA a annoncé avoir l’intention d’attribuer plusieurs contrats dans les mois à venir pour des services de lancement de petits satellites dans le cadre de la seconde phase du programme Venture Class Launch Service Demonstration 2 (VCLS Demo 2). À cet effet, l’Agence a émis le 1er juillet une proposition de RFP (Request for Proposal) pour commentaires, incluant deux types de missions :
- Le déploiement d’une constellation de cubesats :
- Masse : 30 kg ;
- Orbite : 500 km d’altitude ;
- Inclinaison : comprise entre 40 et 60 degrés ;
- Lancement dédié ;
- Le déploiement de deux constellations de cubesats distinctes :
- Masse : 75 kg pour la Constellation A et 20 kg pour la Constellation B ;
- Orbite : héliosynchrone de 550 km d’altitude ;
- Inclinaison : espacée de 10 degrés entre les deux constellations.
L’appel à proposition préliminaire ne mentionne cependant aucun budget, ni aucune échéance pour la publication d’un RFP finale ou l’attribution des contrats. La NASA a juste indiqué chercher des véhicules de lancement capables d’effectuer les missions d’ici le 30 juin 2022.
Ce second cycle de contrats VCLS intervient quelques jours après l’annonce du Département de la Défense (DoD) le 1er juillet de retirer sa commande de 12 lancements à ce secteur moins d’un mois après son attribution (voir supra). Il s’inscrit dans la continuité du programme VCLS initié par la NASA en 2015, destiné à développer des services de lancement dédiés aux cubesats alors que l’offre rideshare était encore limitée. En octobre 2015, la NASA a ainsi attribué des contrats VCLS à Firefly Space, Rocket Lab et Virgin Galactic pour un montant total de 17,1 M$. Ces contrats initiaux demandaient aux sociétés d’effectuer les lancements avant avril 2018, une échéance qu’aucun des trois industriels n’a pu tenir. Seul Rocket Lab a effectué le lancement avec succès de 10 cubesats dans le cadre de la CubeSat Launch Initiative en décembre 2018.
Relativity Space se place sur le marché des orbites polaires et héliosynchrones
Space News, Satellite Today, 24 juin 2020
La société Relativity Space, fondée en 2015, a annoncé avoir remporté un contrat de lancement de six satellites Iridium Next. Ces derniers seront mis en orbite basse quasi polaire par son lanceur Terran 1 à partir de 2023, afin d’accroître la redondance de la constellation de seconde génération d’Iridium. Depuis janvier 2019, celle-ci compte 66 satellites opérationnels et 9 redondants (déployés à l’époque par un Falcon 9 de SpaceX).
Pour répondre à cet appel d’offre, Relativity Space a augmenté la capacité d’emport de son lanceur Terran 1 qui pourra désormais embarquer des charges utiles de trois mètres de large. La société affirme que cette modification rapide a été rendue possible grâce aux techniques d’impression 3D et d’intelligence artificielle qu’elle utilise pour construire son lanceur. La société souhaite ainsi produire 95% des pièces d’ici fin 2020 en vue d’un premier lancement en 2021 depuis son site de lancement actuellement en construction au Launch Complex 16 de Cape Canaveral Air Force Station (Floride).
Par ailleurs, Relativity Space envisage de développer un nouveau pas de tir sur le site B-330 de la Vandenberg Air Force Base en Californie. Situé au sud des pas de tir actuellement en service, il permettrait à la société de proposer des missions vers des orbites polaires et héliosynchrones, en restant proche de sa nouvelle usine de production de 11 000 m² actuellement en construction à Long Beach en Californie (début de l’exploitation annoncé pour fin 2020). Les instructions sont en cours avec la 30th Space Wing l’U.S. Air Force (USAF) pour déterminer la viabilité de la conduite d’opérations depuis ce site et obtenir un agrément.
La société espère ainsi gagner des parts de marché sur ces orbites aujourd’hui proposées par les lanceurs Vega d’Arianespace et Polar Satellite Launch Vehicle de l’ISRO.
Articles connexes publiés précédemment :
Vols Suborbitaux
La NASA pourrait bientôt faire voler son personnel à bord des véhicules suborbitaux commerciaux
Space News, 23 juin 2020
En février, la NASA avait lancé un appel à propositions dans le cadre de son programme Flight Opportunities visant à faire voler des charges utiles expérimentales à bord de véhicules suborbitaux commerciaux tels que le New Shephard de Blue Origin ou le SpaceShipTwo de Virgin Galactic. L’Administrateur de la NASA avait, dans la foulée, indiqué que l’agence s’intéressait de près à des opportunités de vols sur ces véhicules suborbitaux commerciaux pour son propre personnel et ses astronautes.
Dans ce contexte, la NASA a annoncé le 23 juin qu’elle établissait un nouveau bureau au sein de son département des vols habités commerciaux appelé « Suborbital Crew ». Celui-ci sera dédié à l’établissement d’un processus de certification des véhicules suborbitaux en concertation avec les acteurs privés concernés. Une fois ces véhicules « certifiés », l’agence considérera la possibilité d’acheter des sièges à bord pour son propre personnel.
La NASA envisage au moins trois domaines d’utilisation pour ces véhicules suborbitaux : l’entraînement des astronautes, les essais et qualifications des instruments spatiaux en présence de personnel de la NASA, et la recherche en microgravité menée par des scientifiques.
Station Spatiale Internationale et Vol Habité en Orbite Basse
Thales Alenia Space fournira deux modules de la station spatiale commerciale d’Axiom
Parabolic Arc, 24 juin 2020
La société franco-italienne a signé un ATP (Authorization to Proceed) avec Axiom Space. Elle sera responsable de la fourniture de la structure principale et du système de protection contre les micrométéorites et autres débris des éléments pressurisés Axiom Node One (AxN1) et du module d’habitation (AxH). Après la conception, le développement, l’assemblage et les essais par Thales Alenia Space (TAS), ces modules seront envoyés dans l’usine d’Axiom à Houston (Texas) pour intégration, équipement et certification finale avant lancement.
L’ensemble devrait être mis sur orbite au deuxième semestre 2024 et se docker à la Station Spatiale Internationale (ISS) via le Node 2 (Harmony) déjà construit par TAS.
À terme, le segment Axiom pourrait être désamarré de l’ISS afin de voler de manière autonome en orbite et ainsi devenir la première station spatiale commerciale.
Pour mémoire, la société européenne est un contributeur majeur de l’ISS avec la fourniture notamment du Node 3 (Tranquility), du module européen Colombus, du Multi-Purpose Logistics Module (MPLM), du Permanent Logistic Module (PPM) et de la « Cupola ».
Articles connexes publiés précédemment :
Space Adventures va proposer une sortie extravéhiculaire depuis un Soyouz
Space News, 25 juin 2020
Une sortie extravéhiculaire effectuée par un « simple » citoyen serait une première, seuls des astronautes professionnels en ayant réalisé jusqu’à présent. Elle entrerait dans le cadre d’une mission courte (14 jours) d’un Soyouz à destination de la Station Spatiale Internationale (ISS). L’équipage du vaisseau serait composé d’un cosmonaute professionnel et de deux « touristes » dont un seul pourra effectuer la sortie extravéhiculaire depuis le segment russe de l’ISS. La date du lancement reste cependant à déterminer. Roscosmos a déclaré que la mission aurait lieu en 2023 tandis que Space Adventures veut attendre d’avoir un client avant de fixer une date. L’heureux « touriste » devra notamment subir des entraînements supplémentaires à la Cité des Etoiles à Moscou (Russie) et s’acquitter d’un supplément (montant non-communiqué).
Pour mémoire, Space Adventures a déjà organisé huit voyages à destination de l’ISS pour sept clients différents en utilisant des sièges disponibles sur des Soyouz entre 2001 et 2009. Un contrat similaire (hors sortie extravéhiculaire) a par ailleurs été signé en février 2019 pour proposer un vol Soyouz vers l’ISS à deux « touristes » en 2021.
Articles connexes publiés précédemment :
L’enquête indépendante Boeing-NASA sur l’échec du vol test sans équipage du Starliner rend ses conclusions
Satellite Today, 8 juillet 2020
L’équipe chargée d’analyser l’échec de la première mission orbitale sans équipage du véhicule Starliner (Orbital Flight Test-1 – OFT-1) a identifié quelque 80 recommandations réparties dans cinq catégories. Un plan d’action pour répondre à chacune des recommandations a été mis en œuvre. La NASA a qualifié l’incident de « high visibility close call », signifiant que l’agence a depuis mené sa propre enquête organisationnelle interne afin d’en tirer des leçons pour ses futurs programmes. Cette enquête a délivré six recommandations à la Direction en charge de l’Exploration Habitée de la NASA.
Boeing et la NASA ont annoncé qu’ils procéderaient prochainement à un deuxième vol d’essai sans équipage, aux frais de Boeing. La date de ce lancement OFT-2 n’a cependant pas encore été fixée.
SpaceX continue de creuser l’écart avec son « concurrent ». Pour mémoire, la société a mené avec succès le 30 ami 2020 le premier vol d’essai avec équipage de sa capsule Crew Dragon, aujourd’hui amarrée à la Station Spatiale Internationale.
Connaissance de l’Environnement Spatial
Le Pentagone attribue un contrat de 15 M$ à LeoLabs pour la surveillance de l’espace
Space News, 10 juillet 2020
LeoLabs est actuellement l’unique fournisseur national et commercial de surveillance et d’identification d’objets en orbite basse terrestre. Le Département de la Défense (DoD) estime que ce sont des fonctions essentielles à la défense nationale. Par ce contrat, le DoD souhaite assurer la continuité de ses capacités de surveillance spatiale grâce au réseau mondial de radars à commande de phase.
Ce contrat s’inscrit dans le Defense Production Act doté d’un fond de 1 Md$ débloqué dans le cadre de la loi Coronavirus Aid Relief and Economic Security (CARES) signée par le Président Trump le 27 mars 2020. Son objectif est de soutenir et garantir la disponibilité des ressources industrielles et technologiques critiques et essentielles pour la défense nationale.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-02.
Observation de la Terre
La nouvelle réglementation américaine en matière de licences de télédétection reçoit des éloges
Space Policy Online, 25 juin 2020
Space News, 29 juin 2020
Récemment, le Département du Commerce américain a, au travers de la NOAA, réformé sa réglementation en matière d’octroi de licences de télédétection pour les systèmes spatiaux. La nouvelle réglementation, qui prévoit notamment la classification des systèmes en fonction du risque réel associé, s’inscrit dans le cadre de la Space Policy Directive 2 promue en 2017 par le Président Trump et visant à réformer la réglementation spatiale américaine dans son ensemble.
Dans le cadre de la réunion annuelle de la commission ACCRES (Advisory Committee on Commercial Remote Sensing), plusieurs personnalités de haut niveau sont intervenues pour féliciter la NOAA pour cette réforme, notamment les élus Ted Cruz (républicain, Texas), Brian Babin (républicain, Texas) et Kendra Horn (démocrate, Washington). Si la majorité des Représentants a indiqué que cet effort va dans la bonne direction, tous se sont accordés sur la nécessité d’une réforme de la loi cadre sur la télédétection commerciale, le « Land Remote Sensing Act of 1992 », afin de garantir la bonne implémentation de cette nouvelle réglementation.
Le NRO devrait octroyer plusieurs contrats d’imagerie à des acteurs commerciaux d’ici la fin de l’année
Space News, 29 juin 2020
Dans un récent rapport, le cabinet Quilty Analytics estime que le National Reconnaissance Office (NRO) devrait progressivement augmenter ses dépenses d’imagerie commerciale annuelles de 300 M$ à 400 M$ d’ici 2023. Aujourd’hui, le NRO se fournit en imagerie commerciale auprès de Maxar au travers d’un contrat d’exclusivité appelé « Enhanced View » courant jusqu’en 2023. Toutefois, l’agence de renseignement se prépare à progressivement incorporer des nouveaux prestataires commerciaux en vue de son prochain contrat cadre dédié à l’acquisition d’imagerie commerciale.
Ainsi, d’aucuns s’attendent à ce que d’ici la fin de l’année le NRO octroi plusieurs nouveaux contrats à des « nouveaux » compétiteurs, en particulier Planet et BlackSky. Malgré l’arrivée de ces acteurs dans le marché fédéral du NRO, il est attendu que Maxar préserve la part du lion du prochain contrat cadre, avec au moins un montant annuel de 300 M$.
Capella Space signe un accord de recherche et de développement avec la NGA
Space News, 25 juin 2020
Ce contrat Cooperative Research and Development Agreement est une première entre la National Geospatial-Intelligence Agency (NGA) et une société commerciale disposant de satellites équipés de radars à synthèse d’ouverture (Synthetic Aperture Radar – SAR). La NGA n’est pas la première entité gouvernementale américaine à travailler avec Capella Space : le National Reconnaissance Office (NRO) et l’U.S. Navy ont récemment signé des contrats avec Capella Space respectivement en décembre 2019 et en mai 2020.
Dans l’organisation américaine du renseignement, la NGA établit les exigences en matière d’imagerie satellitaire commerciale tandis que le NRO passe les marchés. Pour faire face à la demande sans cesse croissante d’imagerie de la part des agences de défense et de renseignement, la NGA s’est donc rapprochée ces dernières années des fournisseurs commerciaux de données géospatiales.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-05.
L’imagerie spatiale au service de l’agriculture de précision
Space News, 23 juin 2020
Dans un accord signé fin juin, AgIntegrated s’engage à fournir à ses clients l’accès à l’EarthCache de SkyWatch. Cette plateforme logicielle offre des accès à de multiples sources de données satellitaires via son Field Data Exchange, une interface de programmes applicatifs avec sources de données multiples en entrée. SkyWatch compte actuellement comme fournisseurs d’images la NASA, l’ESA, Planet, SI Imaging Services (Corée du Sud), Space View Technology (Chine) et Twenty First Century Aerospace Technology (Chine).
Par ce contrat, SkyWatch a estimé avoir pris pied dans l’important marché de l’imagerie terrestre. Les données qu’elle offre sont disponibles « à la carte » pour les agriculteurs qui auront la possibilité d’acheter des images sur des étendues limitée à 100 000 m² minimum correspondant à l’ordre de grandeur des tailles de parcelles.
À noter qu’AgIntegrated songe déjà à diversifier ces images, via l’acquisition de documents capturés par avion et drone, mais également à fournir de l’analyse des données de sa plateforme.
Télécommunications
OneWeb sauvé par le Royaume-Uni grâce à un investissement de 1 Md$ en partenariat avec l’indien Bharti Global
Parabolic Arc, 28 juin 2020
Space News, 3 juillet 2020
Parabolic Arc, 11 juillet 2020
En mars dernier, l’opérateur de satellites en orbite basse OneWeb s’est placé en procédure de redressement judiciaire en vertu du chapitre 11 de la loi sur les faillites américaine. À la suite, plusieurs parties ont manifesté leur intérêt pour acquérir OneWeb, notamment pour sa précieuse licence d’utilisation des fréquences en bande Ku, dont les sociétés Amazon et SpaceX, un consortium indo-britannique ainsi qu’un franco-européen, et trois parties soutenues par la Chine.
Dans ce contexte, OneWeb a annoncé le 3 juillet avoir sécurisé un acheteur : le consortium BidCo 100 Limited composé du gouvernement britannique (Ministère du Commerce, de l’Énergie et de la Stratégie Industrielle) et la société indienne de télécommunications Bharti Global Limited. La décision finale de cette acquisition a été approuvée le 11 juillet par le juge des faillites en charge du dossier OneWeb.
L’offre de BidCo prévoit ainsi un investissement total de quelque 1 Md$, dont 500 M$ en provenance du gouvernement britannique en échange d’une participation à hauteur de 20 % dans le capital de OneWeb. Cette offre devrait permettre d’insuffler une seconde vie à la société et de poursuivre, du moins à court terme, les développements de sa constellation en orbite basse au travers de quelque 640 M$ de dépenses d’investissement de capital (il est estimé que OneWeb a besoin de 1,6 Md$ pour compléter sa constellation de première génération).
À tous égards, cette décision est une bonne nouvelle pour le secteur spatial dans son ensemble et particulièrement pour les fournisseurs et créanciers de OneWeb qui bénéficieront de cette reprise d’activités.
À noter que d’aucuns suggèrent que le Royaume-Uni s’est trompé en investissant dans la constellation OneWeb, pensant pouvoir transformer le système de télécommunication en un système de navigation et de positionnement permettant de pallier à la perte d’accès au système européen Galileo à la suite du Brexit.
Les opérateurs de satellites de la Bande C se préparent à libérer leurs fréquences pour la FCC
Satellite Today, 22 juin 2020
Space News, 23 juin 2020
Space News, 30 juin 2020
La Federal Communications Commission (FCC) se prépare à mener en décembre 2020 une série d’enchères destinée à libérer 300 MHz de bande C utilisées par les opérateurs de satellites au profit du déploiement des réseaux terrestres 5G. Les opérateurs de satellites concernés, Intelsat, SES, Eutelsat, Telesat et Claro ont accepté la décision finale de la FCC et viennent de dévoiler leur plan de réallocation permettant de tenir les échéances fixées par la Commission, et ainsi bénéficier des incitations financières associées à hauteur de 15 Md$.
Toutefois, les opérateurs espagnols et sud-américains ABS, Hispasat et Arsat, représentés par le consortium « Small Satellite Operators », ont initié une procédure judiciaire à l’encontre de la FCC, dans l’espoir d’infirmer sa décision. Ces opérateurs n’avaient pas été retenus par la FCC pour bénéficier des incitations financières.
D’autres opérateurs tels que Hugues et Inmarsat, non concernés par la réallocation de la bande C, se sont par ailleurs adressés à la FCC pour l’inciter à imposer des restrictions sur les nouveaux satellites commandés par les opérateurs, notamment dans le but de limiter au maximum le risque de concurrence déloyale, un argument relayé par Eutelsat. Intelsat et SES ont rejeté cette notion, estimant que les mesures proposées impliqueraient de doubler le nombre de nouveaux satellites lancés.
Dans ce contexte, Intelsat, SES, Eutelsat et Telesat ont chacun élaboré leur plan de transition, et ont transmis à la FCC une première estimation du coût de réallocation :
- Intelsat, qui se taille la part du lion avec des incitations financières pouvant atteindre 4,87 Md$, a annoncé que le volet « satellite » de son plan de réallocation des fréquences lui coûterait 1,18 Md$, dont 390 M$ pour effectuer les quatre lancements qui placeront les nouveaux satellites en orbite au cours du 2ème semestre 2022. Dans ce contexte, Intelsat a récemment commandé six nouveaux satellites, quatre auprès de Maxar et deux auprès de Northrop Grumman, et négocie avec ces deux constructeurs pour un septième satellite ;
- De son coté, SES, qui bénéficierait d’incitations pouvant atteindre 3,97 Md$, a annoncé que le coût total de son plan de réallocation serait de l’ordre de 1,67 Md$, dont 1,25 Md$ pour le lancement de six nouveaux satellites géostationnaires. La société a ainsi récemment commandé deux satellites auprès de Northrop Grumman et deux auprès de Boeing, et prévoit d’en commander deux supplémentaires auprès de ces constructeurs (lancements au 2ème semestre 2022) ;
- L’opérateur Eutelsat a annoncé une estimation de coût de 171 M$ pour son plan de réallocation qui inclut le lancement d’un nouveau satellite mis en orbite en 2023. Eutelsat n’a pas encore communiqué le nom du prestataire pour la construction de ce nouveau satellite ;
- Le plan de transition de l’opérateur Telesat prévoit un coût total situé entre 1 et 1,5 M$, et ne nécessite pas de nouveaux satellites.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-11.
Constellations
Thales Alenia Space choisit NanoAvionics pour les plateformes de la constellation IoT d’Omnispace
Satellite Today, 22 juin 2020
Thales Alenia Space (TAS) a été choisi en tant que prime contractor par Omnispace pour développer et déployer sa constellation IoT dont les deux premiers satellites doivent être lancés en 2021. Dans ce cadre, TAS a choisi le constructeur de Cubesat lithuanien NanoAvionics pour la fourniture des plateformes des deux premiers satellites ainsi que les activités de support lors du lancement et les opérations en orbite. Les charges utiles seront quant à elles développées par TAS, en partenariat avec Syrlinks.
Artemis
MDA choisi par l’agence spatiale canadienne pour fournir un bras robotique pour le Gateway lunaire
Space News, 27 juin 2020
Dans le cadre du programme Artemis de la NASA et du déploiement de la station orbitale lunaire Gateway, l’agence spatiale canadienne, partenaire du programme, a sélectionné la société canadienne MDA pour construire et fournir à l’agence un bras robotique destiné au Gateway. Le bras robotique Canadarm3, semblable à ceux utilisés sur la Station Spatiale Internationale, sera déployé par l’agence spatiale canadienne en fonction de l’évolution du calendrier et des besoins du programme.
Le Canada a été le premier pays à annoncer sa participation dans le programme d’exploration lunaire de la NASA en 2019. Le gouvernement actuel s’est notamment engagé à investir 1,5 Md$ dans les initiatives d’exploration lunaire sur les 24 prochaines années.
Mars
Le lancement de Perseverance de nouveau repoussé
Space News, 30 juin 2020
La NASA a annoncé un nouveau report du lancement du rover martien depuis Cap Canaveral (Floride) au plus tôt pour le 30 juillet.
Prévu initialement le 17 juillet, le lancement a déjà été ajourné à deux reprises pour cause d’anomalies sur le lanceur Atlas V. La dernière raison en date : une donnée anormale sur un capteur d’oxygène liquide lors de l’essai de remplissage du lanceur le 22 juin. La NASA a par ailleurs travaillé pour étendre la fenêtre de lancement jusqu’au 15 août 2020 au lieu du 11 août 2020.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-10.
Secteur Privé
Amazon Web Services (AWS) établit un nouveau département dédié aux affaires spatiales
Space News, Satellite Today, 30 juillet 2020
La branche d’Amazon dédiée aux services infonuagiques, Amazon Web Services, a récemment mis sur pied un nouveau département, « Aerospace and Satellite Solutions », dans le but de fournir des services spécifiquement adaptés au secteur spatial. Cette nouvelle capacité vient bâtir sur le portefeuille grandissant d’AWS dans le spatial. En 2018, la société s’était lancée dans le segment sol avec l’établissement de son département « AWS Ground Station » pour le développement d’un réseau mondial de téléports.
Le nouveau département sera dirigé par l’ancien Général de l’U.S. Air Force Clint Crosier. À noter qu’AWS compte déjà parmi ses clients les sociétés Lockheed Martin, Maxar, Capella Space et Geollect.
LeoStella livre ses deux premiers satellites à BlackSky
Satellite Today, 22 juin 2020
Ces satellites ont été livrés au Kennedy Space Center (Floride) le 1er juin dans le cadre de la préparation de leur lancement à bord d’un lanceur SpaceX. Il s’agit des 5ème et 6ème éléments de la constellation d’observation de la Terre de BlackSky. D’une masse de 50 kg chacun, ils sont conçus pour opérer sur un large éventail d’altitudes et d’inclinaisons en orbite basse terrestre.
Ils ont été produits dans l’usine de LeoStella basée à Tukwila (Washington) et inaugurée en février 2019. À l’avenir, 20 autres satellites de la constellation BlackSky devraient y être construits. LeoStella a indiqué avoir mis en place un processus de fabrication « intelligent », digital et connecté afin de minimiser les coûts et réduire le temps de conception des satellites. Pour mémoire, LeoStella est une société née d’un partenariat entre Thales Alenia Space et Spaceflight Industries. Pour sa part, BlackSky est une entité indépendante bien que rattachée à Spaceflight Industries.
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