Bulletin d’actualité Espace n°20-11

Bulletin d’actualité rédigé par le Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg à Washington D.C. (Amaury Carbonnaux, Edouard Lallouette, Nicolas Maubert)

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Personalia

Kathy Lueders prend les commandes de l’Exploration Humaine de la NASA
Space Policy Online, Space News, 12 juin 2020
Kathy Lueders devient ainsi le quatrième administrateur associé du département Human Exploration and Operations (HEO) de la NASA en douze mois. Le 18 mai, Doug Loverro avait démissionné avec surprise de ce poste. Les raisons de son départ demeurent troubles, d’aucuns évoquent des manquements dans le processus d’attribution des contrats des alunisseurs Artemis. L’intérim était jusqu’à présent assuré par Ken Bowersox, qui reprend donc sa fonction d’adjoint du département HEO.
À ce poste, Kathy Lueders aura notamment la charge :

  • De mener à bien le programme Artemis avec en particulier l’objectif d’un retour d’astronautes sur le sol lunaire d’ici 2024, une échéance calendaire qu’elle a déjà qualifiée d’extrêmement ambitieuse ;
  • De veiller au bon fonctionnement de l’ISS avec les partenaires internationaux de la NASA ;
  • De mener la politique de privatisation et de commercialisation de l’ISS ;
  • De gérer les réseaux de communication sol et spatiaux de l’agence ;
  • D’acquérir les services de lancements pour toutes les missions de la NASA.

Kathy Lueders a rejoint la NASA en 1992 pour travailler sur le programme de Navettes Spatiales, puis a occupé plusieurs fonctions dans le cadre du programme de l’ISS, avant d’être officiellement choisie comme Directrice du Commercial Crew Program de la NASA en 2014. Depuis lors, elle supervisait le développement du Crew Dragon de SpaceX et du CST-100 Starliner de Boeing. Cette mission incombe désormais à Steve Stich, son ancien adjoint qui lui succède à ce poste.

Départ de Kirk Shireman, Directeur du programme de l’ISS
Parabolic Arc, 16 juin 2020
Space News, 17 juin 2020
Après avoir occupé ce poste pendant cinq ans, Kirk Shireman devrait rejoindre une société privée. Son adjoint, Joel Montalbano, à ce poste depuis 2012, a été nommé par Kathy Lueders pour assurer l’intérim à partir du 26 juin.
Kirk Shireman a rejoint la NASA en 1985 en travaillant sur le programme des Navettes Spatiales, puis a rallié en 2006 le programme dédié à l’ISS.
Joel Montalbano, quant à lui, a rejoint la NASA en 1989 et a notamment œuvré comme Directeur de vol de 2000 à 2008, puis comme Directeur du programme des vols habités de la NASA en Russie de 2008 à 2012.

James Taiclet prend les rênes de Lockheed Martin
Satellite Today, 16 juin 2020
Diplômé de l’U.S. Air Force Academy, James Taiclet est un ancien pilote militaire vétéran de la Guerre du Golfe. Avant de rejoindre le conseil d’administration de Lockheed Martin en 2018, il était Président Directeur Général de la compagnie American Tower Corp, une société immobilière fournissant des infrastructures pour des communications sans fil.
Il succède à Marillyn Hewson qui devrait rester en fonction chez Lockheed Martin en tant que Directeur exécutif.

Remaniement à la tête de la division des programmes spatiaux de Boeing
Space News, 19 juin 2020
Au sein de Boeing, ce département est en charge des projets en lien avec la Station Spatiale Internationale, notamment le véhicule commercial habitable CST-100 Starliner. Mark Mulqueen, Directeur des programmes pour les projets en lien avec l’ISS depuis 2015, part à la retraite. Il est remplacé par John Mulholland, actuel Vice-Président et Directeur des programmes pour le CST-100 Starliner depuis 2011.
Ces changements interviennent alors que Boeing a annoncé début avril financer à sa charge un second vol d’essai orbital sans équipage du CST-100 Starliner (Orbital Flight Test – OFT) suite à l’échec de l’OFT-1 fin 2019. Pour mémoire, Boeing avait provisionné fin janvier 410 M$ pour ce nouvel essai.

International

Accord entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni pour lancer des fusées américaines depuis les spatioports britanniques
Satellite Today, 17 juin 2020
Le Département d’Etat américain et le ministère des affaires étrangères britannique ont conclu un accord de coopération permettant aux industries américaines de procéder à des lancements depuis le territoire britannique.
Dans un contexte renforcé par le Brexit, le Royaume-Uni investit de plus en plus dans ses capacités spatiales nationales. A ce titre, depuis l’année dernière, l’agence spatiale britannique a reçu un budget de 50 M$ à investir dans le développement de spatioports sur son territoire avec l’objectif de procéder à des premiers lancements dès 2020.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°19-34.

Politique

Transfert d’une partie des activités de la Direction de l’Exploration Humaine de la NASA vers la Direction des Sciences
Space Policy Online, 12 juin 2020
Le Congrès a approuvé le transfert d’une partie du portefeuille programmatique de la Direction de l’Exploration Humaine de la NASA vers la Direction des Sciences. Le département concerné est le « Space Life and Physical Sciences Research and Applications division ». Celui-ci comprend trois grands programmes :

  • Le « Human Research Program », étant un programme centré sur les applications, restera dans la Direction de l’Exploration Humaine ;
  • Le « Space Biology Program » et le « Physical Science Program », étant orientés vers de la recherche fondamentale, seront transférés à la Direction des Sciences.

La bataille politique se poursuit autour du processus d’acquisition des lancements de l’Air Force
Space News, 9 juin 2020
D’ici cet été, l’U.S Air Force (USAF) doit annoncer les deux prestataires sélectionnés parmi Blue Origin, United Launch Alliance, Northrop Grumman et SpaceX dans le cadre de la phase 2 du programme NSSL (National Security Space Launch), à qui seront octroyés 34 lancements au profit du Département de la Défense (DoD) entre 2022 et 2026, avec une répartition 40/60.
Les lobbyistes et les représentants politiques ont mené un assaut final pour tenter d’influencer la décision de l’USAF dans le choix des deux prestataires. Par ailleurs, tout au long de l’année dernière, Blue Origin, qui bénéficie du soutien du Représentant à la Chambre Adam Smith (Washington – État où se situe Blue Origin), président de la commission des Forces Armées, a milité auprès du Congrès et du DoD afin que les règles de la Phase 2 du programme soient modifiées pour y inclure un troisième prestataire, ou que les non-sélectionnés continuent de percevoir des subventions pour le développement de leurs lanceurs. Les candidats présélectionnés ont bénéficié de subventions en octobre 2018 (967 M$ pour ULA, 792 M$ à Northrop Grumman et 500 M$ à Blue Origin). Toutefois, celles-ci ne seront versées dans leur intégralité seulement aux candidats sélectionnés pour la Phase 2.
C’est dans ce contexte qu’un groupe de 28 représentants politiques de différents États, menés par ULA, ont signé un courrier appelant l’USAF à ne pas céder aux pressions de Blue Origin et de maintenir les règles de la compétition en l’état. Ainsi la bataille politique continue au Congrès, d’autant que certaines sources pensent qu’Adam Smith pourrait intégrer dans la NDAA 2021 des éléments de langage favorable à la poursuite du financement des « perdants » de la compétition.

La commission des Forces Armées du Sénat approuve sa version de la NDAA 2021
Space News, 11 juin 2020
Après trois jours de délibérations, la commission des Forces Armées du Sénat a approuvé sa version de projet de loi NDAA (National Defense Authorization Act) pour l’exercice fiscal 2021. Celui-ci prévoit un imposant budget de 740,5 Md$ pour le Département de la Défense (DoD).
Concernant le domaine spatial, le projet de loi acte l’avancement de l’établissement de la U.S. Space Force, mais n’inclut pas certaines dispositions relatives aux réformes des procédures d’acquisition, annoncées comme prioritaires par les responsables de l’U.S. Space Force.
Par ailleurs, le projet de loi valide le plan de l’U.S. Air Force concernant la phase 2 du programme National Security Space Launch visant à certifier et sélectionner deux lanceurs lourds commerciaux pour les besoins de la Défense. Les législateurs y ont introduit des éléments de langage reconnaissant la « maturité des lanceurs réutilisables », un clin d’œil certain à la montée en puissance de SpaceX. Le projet de loi comprend également des éléments de langage relatifs à la phase 3 de ce programme.
A noter que le projet de loi contient des dispositions très critiques à l’égard de la récente décision prise par la FCC d’octroyer une licence 5G à Ligado, en dépit du risque d’interférences avec le système GPS présenté par le DoD. Le projet de loi charge ainsi le Secrétaire à la Défense de commander une étude auprès des Académies Nationales de Sciences et d’Ingénierie sur les méthodes de tests utilisées par Ligado d’une part et son Département d’autre part. En outre, le DoD devra soumettre au Congrès une estimation des coûts induits par les interférences avec le système GPS avant d’engager toute dépense associée à la mise en place de solutions correctives.

La Commission des Forces Armées de la Chambre presse le Pentagone d’utiliser toutes les solutions commerciales disponibles
Space News, Space Policy Online, 21 juin 2020
La Sous-Commission des forces stratégiques du HASC a publié sa proposition de texte pour le National Defense Authorization Act (NDAA) de 2021 (cf. supra). La Commission des forces armées de la Chambre des Représentants (House Armed Services Committee – HASC) recommande notamment au Département de la Défense d’acquérir les technologies déjà existantes proposées par le secteur privé commercial dans tous les domaines.
Les points marquants de la proposition de texte sont :

  • Space Domain Awareness (SDA). La Commission exige que l’U.S. Space Force bloquent des financements pour l’acquisition de services commerciaux jusqu’à leur obtention. Cette décision concerne notamment l’attribution de deux contrats de SDA en orbite basse terrestre ;
  • L’espace cislunaire. La Commission demande au Pentagone un rapport détaillé sur le coût et les exigences pour mener des missions de sécurité nationale dans l’espace lointain ;
  • La Space Developement Agency (SDA). La Commission est inquiète de la position et des moyens alloués à la SDA. Elle estime que cette dernière n’est pas en mesure de remplir tous ses objectifs alors que sa mission première est de planifier l’acquisition de services spatiaux commerciaux. Elle considère que cet objectif a été abandonné et exige donc une nouvelle feuille de route d’ici le 1er décembre 2020. La Commission veut également que la SDA concentre ses efforts sur le développement de ses « transport layer » et « missile warning layer » en orbite basse terrestre en utilisant des architectures commerciales. Enfin, la Commission réaffirme que le développement de l’Hypersonic and Ballistic Tracking Space Sensor (HBTSS) incombe à la Missile Defense Agency (MDA), non pas à la SDA comme le souhaite l’Exécutif ;
  • La cartographie des radiofréquences commerciales. Le National Reconnaissance Office se chargera de ce rapport tandis que le Commandant des Opérations Spatiales (Chief of Space Operations – CSO) devra proposer d’ici le 1er décembre 2020 la méthode, le plan des essais et les coûts que ces services commerciaux pourraient apporter pour supporter les capacités de combat interarmées et interalliées ;
  • L’architecture des satellites de communication. La Commission estime que l’initiative « Fighting SATCOM Enterprise » de l’U.S. Space Force n’est pas suffisante. Elle appelle le Pentagone à lui soumettre un rapport sur les innovations commerciales pour permettre aux satellites de communication à large bande d’avoir des capacités de commandement et de contrôle multi-domaines et mobiles ;
  • Les capacités de haut-débit en orbite basse terrestre. La Commission encourage le Pentagone à continuer d’explorer les applications militaires proposées par ces satellites privés et lui demande un rapport à ce sujet ;
  • Les assurances pour les lancements. La Commission estime ces souscriptions induisent des coûts significatifs et elle demande donc à l’U.S. Space Force de lui remettre un rapport sur de nouvelles solutions pour le programme National Security Space Launch et pour de petits lancements ;
  • Les sociétés non-traditionnelles de l’industrie spatiale. La Commission ordonne au Pentagone de la tenir informée des problèmes rencontrés par des acteurs non-traditionnels entrant sur le marché de la défense spatiale ;
  • Les limitations des obligations et des dépenses. La Commission limite les frais à 80% pour développer deux terminaux utilisateurs de GPS militaire tant que le Pentagone ne certifie pas que l’U.S. Air Force met bien en œuvre une section de la NDAA de 2020 pour établir un programme de prototypage d’un receveur multi GNSS en « code M » afin d’augmenter sa résilience et ses capacités ;
  • Les données de satellites météorologiques. La Commission encourage l’U.S. Air Force à arrêter de reporter le calendrier d’acquisition et de rechercher des technologies modernes, notamment pour la caractérisation des nuages et les cartes météorologiques des théâtres d’opération.

À noter que la commission des Forces Armées du Sénat a finalisé sa proposition de loi le 10 juin, mais elle ne l’a pas encore rendue publique.

Sécurité et Défense

Le DoD publie sa nouvelle stratégie spatiale de défense
Space News [1] et [2], Space Policy Online, 17 juin 2020
La Defense Space Strategy (DSS) définit les principes et orientations de la stratégie de défense spatiale américaine sur la décennie. La dernière version avait été publiée par l’administration Obama en 2011. S’appuyant sur la stratégie de défense nationale de l’administration Trump publiée en 2018, le document souligne la militarisation récente de l’Espace et la nécessité de le rendre stable et sécurisé. Il énonce ainsi trois objectifs pour la défense spatiale :

  • Maintenir la supériorité des États-Unis dans l’espace ;
  • Fournir des capacités spatiales avancées pour les opérations nationales, interarmées et interalliées ;
  • Assurer la stabilité dans l’espace.

Ces objectifs devront être atteints au cours des dix prochaines années au travers de quatre « lignes d’effort » :

  • Se doter d’un avantage militaire savamment articulé dans l’espace ;
  • Intégrer la composante militaire spatiale aux opérations nationales, interarmées et interalliées ;
  • Concevoir l’environnement stratégique ;
  • Coopérer avec les alliés, partenaires, industriels, ministères et agences américaines.

La DSS encourage le DoD à travailler de concert avec les pays alliés et le secteur privé. Elle mentionne sans ambiguïté que la Chine et la Russie représentent les menaces les plus sérieuses pour les États-Unis, car ayant développé des capacités visant à leur contester l’accès à l’espace, tandis que les capacités de nuisance de la Corée du Nord et de l’Iran sont croissantes. La DSS reconnaît également que les États-Unis doivent intensifier leurs efforts dans la course technologique en cours.

Covid-19 : le DoD soutient le secteur des lanceurs de petits satellites en lui commandant 12 lancements
Parabolic Arc, Space News, 18 juin 2020
Suite aux recommandations de l’Industrial Base Council (IBC), un groupe de responsables civils et militaires présidé par Ellen Lord, Undersecretary of Defense for Acquisition and Sustainment, le Space and Missile Systems Center (SMC) de l’U.S. Space Force devrait attribuer 12 contrats de lancements de petits satellites à 6 sociétés (2 lancements par société). Ce secteur industriel avait été identifié par le Pentagone comme un des plus touchés par le ralentissement économique et financier lié à la crise du Covid-19, au même titre que les constructeurs aéronautiques et maritimes.
Ces contrats s’inscrivent ainsi dans le Defense Production Act dotés d’un fond de 1 Md$ débloqué dans le cadre de la loi Coronavirus Aid Relief and Economic Security (CARES) signée par le Président Trump le 27 mars 2020. Son objectif est de soutenir et garantir la disponibilité des ressources industrielles et technologiques critiques et essentielles pour la défense nationale.
Les 6 sociétés suivantes devraient recevoir un contrat (valeurs non communiquées) pour deux lancements de charges utiles gouvernementales à effectuer dans les deux ans :

  • Aevum, aucun lancement réalisé ;
  • Astra, plusieurs lancements déjà effectués mais sans avoir placé de charges utiles en orbite ;
  • Rocket Lab, seule société à avoir placé des satellites en orbite avec succès ;
  • Space Vector, aucun lancement réalisé ;
  • VOX Space, filiale de Virgin Orbit, devrait utiliser le lanceur de la société, le LauncherOne, dont le premier essai de lancement orbital s’est soldé par un échec le 25 mai ;
  • X-Bow, aucun lancement réalisé.

La DARPA attribue trois contrats d’un montant total de 67,3 M$ pour son programme Blackjack
Space News, 10 [1] et 12 [2] juin 2020
Dans le cadre de son programme Blackjack, la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), l’agence de recherche et de développement du Pentagone, cherche à concevoir des satellites « plug-and-play » avec une plateforme invariable sur laquelle peuvent être intégrés ou enlevés des charges utiles compatibles. Cette approche doit permettre au DoD de prouver l’utilité des constellations commerciales en orbite basse pour les applications militaires, et la faisabilité des réseaux maillés des satellites à bas-coûts. Dans le cadre de ce programme, l’agence américaine a accordé :

  • 14,1 M$ à Blue Canyon Technologies pour la fourniture de plateformes à livrer d’ici juin 2021 (nombre non rendu public) ;
  • 16,3 M$ à SA Photonics pour la fourniture de terminaux de communication optique à livrer d’ici mars 2021 ;
  • 37,4 M$ à Raytheon pour la fourniture de capteurs de détection de missiles Overhead Persistent Infrared (OPIR), capables d’être intégrés à tout type de plateforme de Blackjack et compatible du système « Pit Boss », à livrer d’ici avril 2023 (nombre non rendu public). Pour mémoire, « Pit Boss » est un processeur embarqué d’intelligence artificielle permettant d’effectuer des opérations autonomes, développé par SEAKR. À noter que Raytheon développe déjà d’autres capteurs de détection de missiles pour le compte de l’U.S. Space Force dans le cadre du programme Next-Generation OPIR.

Pour mémoire, la DARPA envisage de lancer ses deux premiers satellites fin 2020 puis 18 autres d’ici 2022.

Le DoD développe les communications satellitaires optiques
Space News, 8 juin 2020
Deux agences de développement du Département de la Défense américain (DoD), la Space Development Agency (SDA) et de la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA), ont chacune octroyé un contrat destiné à développer et tester des technologies de communications inter-satellitaires optiques laser :

  • Un contrat avec General Atomics Electromagnetic Systems pour la SDA concernant la fourniture et les tests de charges utiles infrarouges et terminaux de communications lasers destinés à être embarqués sur deux cubesats 12U. Ils devront démontrer les capacités de communication optique à différentes orbites ;
  • Un contrat avec SA Photonics pour la DARPA concernant la fourniture de moyens de liaison optique inter-satellites destinés à être intégrés à bord de deux petits satellites au profit de son programme Blackjack. Ils devront prouver qu’un réseau optique maillé en orbite basse terrestre peut assurer des communications universelles et sécurisées pour le compte du DoD.

Le Pentagone considère que ces terminaux sont une pièce maîtresse de ses futures constellations en orbite basse terrestre, notamment pour la « transport layer » (« tranche 0 ») de la SDA dont le début du déploiement est prévu en 2022. En effet, les systèmes de communication laser offrent de meilleurs taux de transmission et une plus grande sécurité que les systèmes radio. Par ailleurs, le spectre de bande optique, large de 8000 GHz, n’est à ce jour régulé par aucune autorité. Cependant, le DoD émet des réserves sur les effets du rayonnement spatial sur ces terminaux, sur la qualité du signal après la traversée de l’atmosphère, ainsi que sur la tolérance des terminaux aux conditions lors des lancements.
Dans son appel d’offres, la SDA avait proposé des standards pour assurer l’interopérabilité des liaisons, estimant qu’il n’en existait aucun actuellement dans l’industrie. De son côté, la NASA a également fait appel à cette technologie pour établir de futures communications avec la Lune et au-delà, bien que son cahier des charges reste très différent de celui du DoD.

Le NRO augmente ses investissements dans l’industrie spatiale commerciale
Space News, 18 juin 2020
Le National Reconnaissance Office (NRO) a déclaré regarder de près les technologies développées par le secteur privé qui pourraient soutenir les agences de renseignement et de défense. Ainsi, Le NRO cherche à mettre en place un Intelligence Community Commercial Space Council constitué d’experts du renseignement afin de déterminer les nouveaux enjeux dans ce secteur.
Le développement de petits satellites retient particulièrement l’attention du NRO. Leur mise sur orbite par de petits lanceurs pourrait apporter la très grande réactivité recherchée par l’agence.

Les « accelerators », nouveaux vecteurs d’innovation pour les « start-up » du spatial ?
Space News, 8 juin 2020
Deux « accelerators », des sociétés créées en 2019 et destinées à soutenir la croissance des « start-up », ont dévoilé chacune dix « start-up » qui participeront à leur session de 2020 :

  • Le Techstars Allied Space Accelerator a été créé fin 2019 avec le soutien notamment de l’U.S. Air Force, de l’Agence Spatiale Norvégienne et des Ministères de la Défense hollandais et norvégien. Le programme, qui devait aboutir à un évènement en présentiel en septembre, sera finalement mené en virtuel en raison de la pandémie actuelle. Les « start-up » suivantes sont invitées à « pitcher » et rencontrer les grands acteurs de l’industrie spatiale : AlphaBBL, AnsuR, Arway, Cognitive Space, Ellipsis Earth Intelligence, Hosta Labs, Kayhan Space, SaltyCloud, Space Products and Innovation, Vake ;
  • Le Techstars Starburst Space Accelerator a été créé en 2019 avec le soutien de la NASA, du JPL, Lockheed Martin, Maxar Technologies, SAIC, Israel Aerospace Industries North America, Aerospace Corp. et de l’U.S. Air Force. Le programme comptait convier les participants pendant trois mois à Los Angeles, mais ils seront finalement rassemblés virtuellement en raison du Covid-19. La sélection concerne : Bifrost, Holos, Infinite Composites Technologies, Lux Semiconductors, Natural Intelligence Systems, Prewitt Ridge, Satim, Urban Sky, vRotors, WeavAir.

Lancements

Succès de la 9ème mission Starlink : 1er lancement rideshare et 3ème lancement en 2 semaines pour SpaceX
Ars Technica, Space News, 13 juin 2020
Le 13 juin, un Falcon 9 de SpaceX a décollé de Cape Canaveral Air Force Station (Floride) et a déployé avec succès 58 nouveaux satellites de la constellation Starlink, ainsi que 3 satellites de télédétection SkySat de Planet. Avec ce succès, la constellation de SpaceX compte désormais 540 satellites déployés en orbite basse. C’était la 3ème utilisation du premier étage qui a été récupéré avec succès, ainsi que la 2ème utilisation de la coiffe. À noter que pour la première fois, SpaceX n’a pas conduit d’essai de mise à feu statique de ce premier étage avant le décollage, probablement pour démontrer que ce genre de test sur un premier étage récupéré n’est pas nécessaire, et réduisant ainsi le délai et les coûts.
Ce vol est le premier lancement de SpaceX dans le cadre de son SmallSat Rideshare Program mis sur le marché en août 2019. SpaceX a démontré sa réactivité pour honorer ce contrat signé avec Planet il y a moins de six mois.
De la même manière, un Falcon 9 devrait emporter le 26 juin deux satellites en compagnon d’un vol Starlink pour le compte de la société d’observation de la Terre BlackSky (filiale de Spaceflight Industries).
En juillet, un Falcon 9 devrait mettre sur orbite les derniers satellites de la constellation SkySat de Planet conjointement avec une autre mission Starlink.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-10.

Succès du lancement d’un Electron de Rocket Lab pour la NRO
Space News, 13 juin 2020
Le 13 juin, un Electron de Rocket Lab a décollé du Launch Complex 1 (LC-1) en Nouvelle-Zélande et a mis sur orbite avec succès cinq satellites :

  • Trois satellites pour le compte du National Reconnaissance Office (NRO) dans le cadre de son programme Rapid Acquisition of a Small Rocket (RASR), dont le but est de rationaliser l’acquisition des services de lancement. Les caractéristiques de ces satellites n’ont pas été rendues public ;
  • Le satellite ANDESITE (Ad-Hoc Network Demonstration for Extended Satellite-Based Inquiry and Other Team Endeavors), dédié à l’étude du champ magnétique terrestre, construit par des étudiants de Boston University dans le cadre de la CubeSat Launch Initiative de la NASA ;
  • Le satellite M2 Pathfinder, construit à l’University of New South Wales (UNSW) de Canberra (Australie) en coopération avec le gouvernement australien, dédié à l’étude des technologies de communications.

Les restrictions des activités spatiales dues à la pandémie de Covid-19 en Nouvelle-Zélande ont eu raison de la date de ce décollage, initialement prévue fin mars. La plupart des restrictions étant désormais levées, Rocket Lab a déclaré que la production de ses lanceurs Electron et de ses plateformes de petits satellites Photon avait repris à plein régime.
Enfin, la société a annoncé vouloir effectuer son premier lancement depuis son nouveau pas de tir américain LC-2 à Wallops Island (Virginie) au troisième trimestre 2020.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-06.

Le NRO choisit Rocket Lab pour lancer deux missions au printemps 2021
Parabolic Arc, 19 juin 2020
Dans le cadre de son programme Rapid Acquisition of a Small Rocket (RASR), le National Reconnaissance Office (NRO) a choisi l’Electron de Rocket Lab pour lancer ses deux satellites RASR-3 et RASR-4. Les lancements seront espacés de quelques semaines depuis deux pas de tir différents, le LC-1A et le LC-1B, situés au Launch Complex 1 (LC-1) en Nouvelle-Zélande. En construction depuis décembre 2019, le LC-1B devrait être livré d’ici la fin de l’année 2020.
Cette dualité devrait permettre à Rocket Lab de s’affranchir des délais de remise en configuration des pas de tir après lancement, et ainsi pouvoir réaliser deux lancements consécutifs d’Electrons à quelques jours voire quelques heures d’intervalle. Avec le LC-2 récemment complété à Wallops Island (Virginie), Rocket Lab envisagerait même jusqu’à 130 missions par an. Cette réactivité ainsi que la flexibilité en termes d’orbite intéressent les opérateurs de petits satellites mais également la communauté de sécurité nationale américaine.
À noter que Rocket Lab a déjà mené deux missions pour le compte du NRO en janvier et juin 2020, toutes deux couronnées de succès.

Lancements à venir

Date Mission Client Orbite Lanceur Entreprise Site
26 juin Starlink (x60) SpaceX LEO Falcon 9 v1.2 Block 5 SpaceX Cap Canaveral (Floride)
30 juin GPS 3 SV03 USSF MEO Falcon 9 v1.2 Block 5 SpaceX Cap Canaveral (Floride)
3 juillet CE-SAT-1B
Flock-4e (x5)
Faraday 1
Canon Electronics
Planet
In-Space Missions
LEO Electron Rocket Lab Onenuia Station (Nouvelle-Zélande)

Lanceurs

Nouvelle tentative de lancement pour Astra
Space News, 17 juin 2020
La société a réservé une fenêtre de tir pour son lanceur Astra-1 entre le 20 et le 25 juillet au Pacific Spaceport Complex sur l’île de Kodiak (Alaska).
Pour rappel, Astra, unique compétiteur resté en lice pour le DARPA Launch Challenge, n’avait pas été en mesure d’effectuer son premier lancement avant l’échéance du 2 mars 2020 imposée par l’agence. Malgré cet échec, la société avait continué ses activités pour tenter un autre tir en mars mais son lanceur avait été endommagé durant les préparations de ce lancement.
Peu de temps avant le DARPA Launch Challenge, Astra avait publié une liste de sept jalons qu’elle estimait nécessaire pour valider la mise en orbite de son lanceur. Le lancement de juillet devrait permettre de valider la quatrième étape, à savoir la combustion du carburant de son premier étage.

Ballons

Des ballons stratosphériques pour du vol habité en 2025
Space News, 18 juin 2020
Jane Poynter et Taber MacCallum, les fondateurs de la société World View, viennent d’annoncer la création de Space Perspective, une nouvelle société ayant l’ambition d’emporter des passagers dans l’espace à l’aide de ballons stratosphériques.
World View, société créée en 2012, développe les ballons Stratollites destinés à l’emport de charges utiles sur des vols de longue durée et à haute altitude, mais pas de passagers. Space Perspective proposera donc des vols en ballon pour du public (huit passagers et un pilote) et des équipements de recherche à une altitude de 30 km, à bord d’une capsule pressurisée dénommée Spaceship Neptune.
Le plan de vol serait le suivant :

  • Élévation lente de la capsule sous ballon jusqu’à une altitude de 30 km ;
  • Vol de 2h à cette altitude ;
  • Séparation de la capsule du ballon et descente en planant pour amerrir dans l’océan et être repêchée par un bateau.

Le système devrait être régulé par l’Office of Commercial Space Transportation de la Federal Aviation Administration.
Les vols d’essai de la capsule sont programmés au premier trimestre 2021 pour des premiers vols habités d’essai à l’horizon 2024. La société ambitionne de démarrer les activités commerciales en 2025.
Les opérations de Space Perspective devraient se dérouler depuis le Kennedy Space Center (KSC) en Floride. La société a d’ores et déjà contracté un bail avec Space Florida pour utiliser l’ancien Shuttle Landing Facility de KSC et a conclu un accord « Space Act » avec le KSC pour obtenir les conditions atmosphériques locales. Space Perspective pourrait également y établir une usine de production pour ses ballons et capsules. Par ailleurs, elle a annoncé déjà envisager d’étendre ses activités au Cecil Spaceport de Jacksonville (Floride) mais également en Alaska, à Hawaï et en Europe.
La société aurait finalisé une première levée de fonds menée par Base Ventures (montant non communiqué). Elle compte dévoiler le prix d’un billet pour embarquer à bord du Spaceship Neptune d’ici un an mais estime que son montant sera moitié moins que celui proposé par Virgin Galactic pour voler dans le SpaceShipTwo (actuellement 250 k$). Le nombre de clients potentiels dans le monde est estimé à deux millions selon plusieurs études de marché indépendantes.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-08.

Vols suborbitaux

Partenariat entre Virgin Galactic et la NASA dans le domaine des vols spatiaux habités commerciaux
Space News, 22 juin 2020
La société Virgin Galactic a annoncé avoir signé un partenariat avec la NASA pour soutenir différents aspects de son programme de vols spatiaux habités « touristiques ».
Ces activités pourraient se traduire par des sessions d’entraînement des astronautes privés à bord du SpaceShipTwo, des activités de préparation au sein du spatioport de Virgin Galactic, ou encore des activités de développements commerciaux et de soutien aux « ventes ». A noter que le partenariat ne concerne pas le transport de touristes vers l’ISS, un rôle assumé par les capsules de Boeing et de SpaceX.
Ce partenariat s’inscrit dans le cadre de l’initiative de commercialisation de l’orbite basse menée par la NASA depuis plusieurs années. Cependant, malgré une nouvelle politique commerciale favorable aux touristes spatiaux, et notamment le développement d’un module commercial par Axiom Space destiné à être attaché à la Station Spatiale Internationale, la NASA a du mal à convaincre le Congrès qui ne lui a jamais accordé les budgets escomptés.

Connaissance de l’environnement spatial

En dépit de son manque de financement, le Département du Commerce poursuit ses progrès en matière de gestion du trafic spatial commercial
Space News, 19 juin 2020
En juin 2018, le Président Trump a promulgué la Space Policy Directive 3 mandatant le Département du Commerce (DoC) de prendre en charge la gestion du trafic spatial pour les acteurs commerciaux. Depuis, le DoC, dirigé par Wilbur Ross, a pris à cœur ce mandat et malgré le manque de budget alloué par le Congrès a tenté d’avancer dans ce domaine. Il a notamment mis en place un catalogue de données en architecture ouverte appelé « Open Data Repository ». A ce titre, Wilbur Ross a récemment visité les locaux de la société Analytical Graphics Inc. (AGI) qui récolte et analyse des données de Space Situationnal Awareness et les transmet aux opérateurs de satellites.
Depuis deux ans, le DoC tente d’obtenir à la fois des fonds supplémentaires et un mandat clair du Congrès pour cette tâche. Toutefois, le Congrès n’a toujours pas agréé ce mandat et ne lui a donc alloué aucun budget pour mener à bien ces missions. En effet, certains membres du Congrès militent pour que celui-ci soit remis entre les mains du Département du Transport, qui étudie le sujet depuis plusieurs années.
Dans le cadre de la loi budgétaire pour l’exercice 2020, le Congrès a chargé le DoC de financer auprès du National Academy of Public Administration une étude visant à déterminer quel Département serait le mieux adapté à ce mandat. Wilbur Ross espère que les conclusions de cette étude pencheront en sa faveur et lui permettront de débloquer des financements pour l’exercice 2021 afin de poursuivre cette mission.

Météorologie spatiale civile et militaire

La NOAA octroie des contrats d’étude aux sociétés Xplore et Raytheon
Space News, 17 juin 2020
Space News, 15 juin 2020
La NOAA a octroyé un contrat à la startup Xplore, basée à Seattle, centré sur une étude de faisabilité de l’envoi d’un observatoire solaire « commercial » au point de Lagrange L1. Le contrat, d’un montant de 670 k$ sur six mois, permettrait d’étudier la possibilité d’emporter des instruments scientifiques de la NOAA sur le petit vaisseau de classe ESPA « Xcraft ». A ce jour, seules des entités institutionnelles ont été capables d’envoyer des vaisseaux au point de Lagrange L1, dont la NASA, la NOAA et l’ESA. L’intérêt pour la NOAA serait de déterminer la possibilité de placer à moindre coût un observatoire servant de système d’alerte pour la détection des tempêtes solaires.
En parallèle, la NOAA a octroyé un contrat d’étude d’un montant de 295 k$ à Raytheon pour la conception préliminaire du capteur météorologique infrarouge HIRIS (High-Resolution Infrared Sounder) destiné à l’orbite basse. Raytheon n’a pas spécifié la résolution qu’elle chercherait à atteindre avec ce capteur mais celle-ci répondra au critère recherché par la NOAA d’une résolution de deux km (les capteurs utilisés aujourd’hui opèrent dans une résolution de 15 km). Cet instrument de nouvelle génération serait destiné à équiper les engins de la future architecture spatiale de la NOAA en cours de définition, destinée à succéder aux programme JPSS et GOES.

Télécommunications

Intelsat et SES commande un total de dix satellites GEO pour la réallocation de la bande C
Space News, 15 juin 2020
Space News, 16 juin 2020
L’opérateur de satellites international Intelsat, actuellement en procédure de redressement judiciaire, a commandé quatre satellites géostationnaires auprès de la société canado-américaine Maxar et deux autres auprès du constructeur américain Northrop Grumman. Intelsat serait également en négociation auprès de ces deux constructeurs pour un septième satellite.
La même semaine, l’opérateur de satellites luxembourgeois SES a de son côté commandé deux satellites géostationnaires auprès de Boeing et deux autres auprès de Northrop Grumman. SES serait également en négociation auprès de ces deux constructeurs américains pour un cinquième et sixième satellite.
Ces commandes ont été réalisées dans le cadre de la procédure de réallocation d’une partie des fréquences en bande C menée par la FCC au profit des opérateurs terrestres de la 5G. Dans ce cadre, les opérateurs de satellites Intelsat et SES, et dans une moindre mesure, Eutelsat, TeleSat et Star One, doivent maintenir le niveau de service actuel (principalement de la télédiffusion) sur une largeur de bande de fréquence réduite à 200 Mhz au lieu de 500 Mhz. Pour ce faire, les opérateurs doivent avoir recours à des satellites additionnels dont les coûts seront remboursés par la FCC. Par ailleurs, la procédure prévoit le versement par la FCC d’incitations financières à hauteur de 4,87 Md$ pour Intelsat et 3,97 Md$ pour SES afin d’accélérer la libération des fréquences. Ces versements sont conditionnés à une libération des fréquences effective avant 2023.
Les six nouveaux satellites géostationnaires devraient être prêts au lancement en 2022.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-10.

La FCC autorise les opérateurs de constellation LEO à concourir à son fonds de 20 Md$ dédié à la réduction de la fracture digitale
Space News, Parabolic Arc, 12 juin 2020
Satellite Today, 9 juin 2020
Dans le cadre d’une importante initiative politique destinée à réduire les zones blanches des États-Unis, la FCC prévoit de constituer le fond « Rural Digital Opportunity Fund » d’un montant global de 20,4 Md$ sur dix ans.
Celui-ci allouera les 20,4 Md$ en deux phases, avec une première phase pouvant octroyer jusqu’à 16 Md$ à des opérateurs capables de convaincre la FCC de leur capacité à déployer des réseaux haut débit et faible latence connectant les régions rurales mal desservies des Etats-Unis. Les 4,4 Md$ restant seront octroyés dans le cadre d’une deuxième phase dont les modalités restent à définir.
Initialement prévus pour les opérateurs terrestres et mobiles, la FCC a, sous pression des opérateurs de satellites, autorisé les systèmes de constellations en orbite basse à participer aux appels d’offres liés à ce fonds. Au départ, la FCC considérait les systèmes satellitaires comme des systèmes à « forte latence », indépendamment de l’orbite sur laquelle ils se trouvaient. Ces systèmes étaient, de fait, écartés du processus d’appel d’offre. Le Président de la FCC Ajit Pai a finalement accepté d’inclure les constellations en orbite basse dans la catégorie des systèmes à « faible latence », permettant ainsi aux opérateurs tels que SpaceX, OneWeb et ViaSat de participer.
Toutefois, pouvoir participer aux appels d’offres ne garantit pas d’être sélectionné. Le Président de la FCC a indiqué que ce fonds n’était pas un incubateur de technologies pour financer des systèmes non prouvés, et que les systèmes spatiaux en compétition seront examinés de près.
La FCC a par ailleurs manifesté de sérieux doutes quant aux capacités des systèmes spatiaux à répondre aux critères pour les appels d’offres de la catégorie « faible latence », particulièrement la limite de latence fixée à 100 millisecondes.
SpaceX, particulièrement intéressé par cette opportunité pour sa constellation Starlink, a présenté en février à la FCC des temps de latence inférieurs à 50 millisecondes, mais sans apporter de démonstration des vitesses de transmission. La société contrôle aujourd’hui 482 satellites en orbite basse faisant d’elle la candidate favorite pour participer à la phase 1 du fonds.
D’autres sociétés opérant des constellations en orbite basse ont également exprimé leur intérêt, dont OneWeb en débit de sa procédure de redressement judiciaire et Telesat qui a fait état d’un temps de latence inférieur à 60 millisecondes sur ses satellites prototypes en orbite. A noter que la société ViaSat qui envisageait le déploiement d’une constellation en orbite moyenne, a revu ses plans en faveur d’une constellation de 288 satellites en orbite basse spécifiquement en vue de participer à la catégorie « faible latence » de la deuxième phase du fond de la FCC.

Constellations

Planet augmente la résolution de ses SkySat à 50 cm
Satellite Today, 9 juin 2020
L’opérateur de satellites américain « licorne » Planet a finalisé l’augmentation de la résolution de sa constellation de satellites SkySat de 80 cm à 50 cm. Initialement placés sur une orbite héliosynchrone à 500 km, cette augmentation a été atteinte en abaissant progressivement l’altitude des satellites au cours des six derniers mois.
Avec cette nouvelle résolution de SkySat, Planet espère satisfaire encore davantage sa clientèle institutionnelle et militaire, friands de la meilleure résolution optique possible. L’entreprise a également indiqué que le lancement de six satellites SkySat supplémentaires prévu cet été et qui rejoindront les 15 actuellement en orbite augmentera par ailleurs le temps de revisite de la constellation à une moyenne de 12 par jour.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°19-36.

Loft Orbital choisit l’allemand ExoLaunch pour le lancement de son satellite YAM-3 à bord d’un Falcon 9
Space News, 10 juin 2020
Parabolic Arc, 11 juin 2020
La société californienne Loft Orbital, qui prévoit d’opérer une flotte de satellites hébergeurs de charges utiles, a octroyé un contrat à la société allemande ExoLaunch pour le lancement du petit satellite YAM-3, le deuxième satellite de sa flotte, à bord d’un Falcon 9 de SpaceX en décembre 2020. Au-delà de cette première mission, il est prévu qu’ExoLaunch mette sur pied un deuxième lancement au profit de Loft Orbital en 2021.
Le satellite YAM-3 a été construit par LeoStella, une entreprise formée d’un partenariat entre Thales Alenia Space et Spaceflight Industries. Il emportera diverses charges utiles dont une charge dédiée à l’Internet des Objets (IoT) d’Eutelsat.
Le satellite YAM-2, le premier satellite de Loft Orbital construit par Blue Canyon Technologies, devait être lancé cet été à bord d’un lanceur PSLV indien. Toutefois la pandémie de Covid-19 a généré des retards en Inde. Il emportera cinq charges utiles dont une charge utile IoT d’Eutelsat, un capteur de méthane d’Orbital Sidekick, une charge utile de navigation de Fugro, un imageur du gouvernement des Emirats Arabes Unis et une charge utile « blockchain » pour SpaceChain.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°19-35.

La « start-up » PredarSAR prévoit une constellation de 48 satellites radar à synthèse d’ouverture (SAR)
Space News, 18 juin 2020
La startup de Floride PredaSAR (fondée en 2019), filiale du groupe Terran Orbital (fondé en 2014), compte lancer 48 satellites pour former une constellation SAR initiale. A terme, la constellation devrait fournir un temps de revisite de données SAR d’à peine quelques minutes. Malgré la crise liée au Covid-19, la société dirigée par le général Roger Teague retraité de l’U.S. Air Force, a levé 25 millions de dollars en mars dernier. Les deux premiers satellites de la constellation sont en cours de construction par Tyvak Nano-Satellite Systems, une autre filiale du groupe Terran Orbital, et devrait être lancé début 2021.
PredaSAR est la dernière startup en date à se lancer dans un projet de constellation SAR, après la « start-up » européenne Iceye (Finlande), et les startups californiennes Capella Space et Umbra Lab. Pour le moment, seul Iceye dispose d’un satellite SAR en orbite (lancé en 2018).

Artemis

La NASA octroie 200 M$ à Astrobotic pour livrer le rover VIPER sur la Lune
Space News, Space Policy Online, 11 juin 2020
Le 11 juin 2020, la NASA a octroyé un contrat de 199,5 M$ à la société Astrobotic dans le cadre du programme CLPS (Commercial Lunar Payload Services) pour déposer son rover VIPER sur la surface du Pôle Sud de la Lune fin 2023.
La NASA a repoussé d’un an la date d’alunissage initiale pour se laisser le temps d’étendre la durée de vie opérationnelle du rover sur la surface lunaire à 100 jours (durée de vie initiale prévue de 14 jours). D’une masse de 450 kg, VIPER sera livré par l’alunisseur commercial « Griffin » d’Astrobotic en cours de développement. Ce sera le premier rover envoyé sur la Lune par la NASA. Il sera destiné à explorer les régions du Pôle Sud en soutien à la mission habitée Artemis-3.
Ce contrat correspond à la quatrième mission lunaire CLPS. La NASA avait déjà octroyé un contrat CLPS de 80 M$ à Astrobotic pour livrer un premier ensemble de charge utiles sur la Lune en 2021. L’agence a également sélectionné les sociétés Intuitive Machines et Masten Space Systems pour des missions CLPS en 2021 et 2022.

Exploration et Sciences de l’Univers

Le lancement du JWST reporté au-delà de mars 2021
Space News, 10 juin 2020
Malgré ce retard annoncé par la NASA, l’agence reste optimiste pour lancer le James Webb Space Telescope (JWST) à bord d’une Ariane 5 depuis le Centre Spatial Guyanais en 2021.
Le 20 mars, les travaux sur le JWST avaient été suspendus suite aux mesures de confinement en Californie, conséquences de la pandémie de Covid-19. Néanmoins, la NASA a continué d’effectuer des essais sur le télescope avec par exemple le 9 juin le Deployable Tower Assembly qui connecte le miroir au reste de la plateforme. Les opérations d’intégration du JWST reprennent désormais peu à peu dans les installations de Northrop Grumman à Redondo Beach, mais à un rythme moins soutenu qu’avant la mise en place des mesures sanitaires. La NASA devrait ainsi publier en juillet un calendrier adapté aux nouvelles conditions de travail compte-tenu de ces mesures. Pour mémoire, le JWST, qui devait être lancé initialement en octobre 2018, a déjà coûté à ce jour plus de 8 Md$.

Technologies

Le DoE conçoit des générateurs électriques nucléaires pour la NASA
Parabolic Arc, 12 juin 2020
Le Department of Energy (DoE) vient de livrer à la NASA le Multi-Mission Radioisotope Thermoelectric Generator F-2 (MMRTG F-2) destiné au rover martien Perseverance au Kennedy Space Center (Floride). Ce générateur thermoélectrique à radio isotope fournira au rover l’énergie nécessaire à ses opérations élémentaires et assurera le contrôle thermique de ses systèmes. Les générateurs à radio-isotopes (Radioisotope Power Systems – RPS) convertissent la chaleur générée par la radioactivité du plutonium 238 (Pu-238) en énergie électrique. Le RPS de Perseverance est conçu pour une durée de vie opérationnelle de 14 ans, bien au-delà des besoins énergétiques nécessaires pour la durée de la mission.

Trois laboratoires nationaux du DoE participent à la construction des RPS :

  • L’Oak Ridge National Laboratory (ORNL), qui fournit le combustible et le matériel ;
  • Le Los Alamos National Laboratory (LANL), qui purifie et encapsule le plutonium ;
  • L’Idaho National Laboratory (INL), qui assemble, teste et assure la livraison finale du RPS.

Le DoE approvisionne la NASA en combustible nucléaire Pu-238, utilisé pour les missions dans l’espace lointain. Le processus de production a récemment été automatisé par le DoE pour fournir 400 grammes par an de Pu-238 à la NASA, se rapprochant ainsi de l’objectif de 1500 g par an fixé par l’agence spatiale pour 2025.

À ce jour, trois MMRTG ont été conçus ou sont en cours de construction :

  • Le MMRTG F-1, qui équipe le rover Curiosity ;
  • Le MMRTG F-2, qui vient d’être livré en Floride et qui va équiper le rover Perseverance ;
  • Le MMRTG F-3, qui devrait équiper l’atterrisseur de la mission Dragonfly dont la mission sera d’étudier Titan, la plus grosse lune de Saturne (décollage prévu en 2026).

Secteur Privé

Le nouveau site de production de Blue Canyon Technologies capable de produire deux satellites par semaine
Space News, 19 juin 2020
La société Blue Canyon Technologies (BTC) a inauguré un nouveau site de production de satellites près de Boulder (Colorado) appelé « Crescent Satellite Constellation manufacturing facility ». Le nouveau site, ouvert en période de Covid-19, comprend deux lignes de production capables de concevoir des satellites à la chaîne à une cadence de deux satellites par semaine. Les satellites produits vont du cubesat aux petits satellites de 350 kg.
BTC compte produire ses premiers satellites depuis ce nouveau site à partir de septembre prochain et espère produire quelque 50 satellites en 2021. A terme, entre ses deux sites de production, BTC devrait être en mesure de produire jusqu’à 150 satellites par an, répondant à la fois aux demandes commerciales et institutionnelles.
A l’heure actuelle, le nouveau site fonctionne avec des effectifs réduits de 65-75 personnes mais devrait accueillir 375 employés en période d’activité nominale.

Spaceflight Industries finalise la vente de sa division rideshare à Mitsui & Co
Satellite Today, 12 juin 2020
Space News, 13 juin 2020
L’entreprise américaine Spaceflight Industries a finalisé la fusion-acquisition de sa filiale dédiée aux lancements de satellites en rideshare avec les deux acteurs japonais Mitsui & Co et Yamasa. Celle-ci a pu aboutir à la suite d’une modification des conditions d’un prêt octroyé par Intelsat actuellement en procédure de redressement judiciaire.
La division Spaceflight Inc. au cœur de la transaction demeurera localisée à Seattle et son actuel Président Directeur Général maintiendra ses fonctions.
A noter que Spaceflight prévoit de réinvestir les revenus issus de cette transaction dans son projet de constellation d’observation de la Terre : BlackSky. La société dispose de quatre satellites BlackSky en orbite et prévoit d’en lancer huit supplémentaires d’ici la fin de l’année (constellation finale de 60 satellites envisagée).

Retrouvez également toutes les actualités mises en ligne par la mission pour la science et la technologie en cliquant sur ce lien.
Ambassade de France aux États-Unis d’Amérique
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