Bulletin d’actualité Espace n°20-10

Bulletin d’actualité rédigé par le Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg à Washington D.C. (Amaury Carbonnaux, Edouard Lallouette, Nicolas Maubert)

Liens utiles

Pour consulter le présent bulletin d’actualité sous format PDF, cliquez ici.
Pour consulter le présent bulletin d’actualité en ligne, cliquez ici.
Pour consulter tous les bulletins d’actualité, toutes les notes, toutes les actualités et l’agenda du Service Spatial aux États-Unis, cliquez ici.

Personalia

Démission surprise de Doug Loverro quelques jours avant le vol d’essai habité SpX-DM2
Space News, 19 mai 2020
Parabolic Arc, Space Policy Online, 20 mai 2020
Après moins de 6 mois en fonction, Doug Loverro a annoncé démissionner de son poste d’Associate Administrator for Human Exploration and Operations (HEO). Son communiqué de presse a jeté le trouble sur les réelles motivations de sa démission. Celle-ci serait liée au processus d’attribution des contrats Human Landing System du projet Artemis : « Now, over the balance of time, it is clear that I made a mistake in that choice for which I alone must bear the consequences ». Il a cependant assuré que son départ n’avait rien à voir avec le lancement historique du Crew Dragon de SpaceX prévu quelques jours plus tard.
Durant son passage express, il a œuvré pour la consolidation du programme Artemis afin de sécuriser l’objectif calendaire de retour des astronautes américains sur la Lune en 2024. Il a notamment permis à la NASA de mettre en oeuvre :

  • Le 27 mars, un contrat attribué à SpaceX pour le ravitaillement du Lunar Gateway (partie d’un contrat d’une enveloppe de 7 Md$ sur 15 ans).
  • Le 30 avril, trois contrats attribués à Blue Origin, Dynetics et SpaceX d’une durée de 10 mois et d’un montant total de 967 M$ pour développer les alunisseurs Artemis.

Le département HEO de la NASA est de nouveau dirigé par intérim par Ken Bowersox. Ce dernier avait déjà occupé le même poste par intérim du 10 juillet au 16 octobre 2019 suite à la nomination de William Gerstenmaier comme Conseiller Spatial auprès de l’Administrateur adjoint Jim Morhard.
À noter que Kendra Horn, la Présidente de la sous-commission Espace de la Chambre des Représentants, a demandé des explications suite à ce départ.

La NASA suspend sa réorganisation interne en attendant le successeur de Doug Loverro
Space Policy Online, 1er juin 2020
À la suite du départ de l’Administrateur Associé Doug Loverro en mai, la NASA a suspendu la réorganisation interne de sa Direction de l’Exploration Habitée en attendant la nomination de son successeur. Sous la pression calendaire du programme Artemis visant un retour des astronautes sur le sol lunaire en 2024, l’Agence souhaite que le processus de sélection ne prenne que quelques semaines. À noter qu’à la suite du départ de Bill Gerstenmaier en juin 2019, il avait fallu plusieurs mois à la NASA pour lui trouver un successeur.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-07.

Politique

Le lancement habité du Crew Dragon de SpaceX reçoit des éloges que la NASA voudrait transformer en budgets
Space News, 1er juin 2020
Space News, 30 mai 2020
À la suite du succès du lancement du premier vol habité du vaisseau Crew Dragon de SpaceX, marquant le premier vol habité américain depuis l’arrêt de la Navette Spatiale en 2011, la NASA et SpaceX ont reçu des éloges bipartisans et internationaux. Toutefois, la NASA, qui demande une augmentation de 12 % de son budget en 2021 pour remplir les objectifs du programme Artemis et dont le financement demeure aujourd’hui incertain, espère que ces éloges seront transposés en budgets dans les lois d’appropriations du Congrès.
L’Administrateur de la NASA a ainsi rendu compte du succès du programme Commercial Crew en l’associant à son prédécesseur Charles Bolden et aux efforts menés par les Administrations précédentes. De son côté, le Président Trump, présent au lancement avec le Vice-Président Pence et une vingtaine de membres du Congrès, a souligné les succès de sa propre Administration. Dans son discours, le Président Trump a en outre critiqué l’Administration Obama pour avoir clôturer le programme de la Navette Spatiale, alors que cette décision avait été prise en 2004 au cours du mandat du Président Bush.

Le Congrès propose de prolonger les avantages fiscaux accordés aux lanceurs américains
Parabolic Arc, 7 juin 2020
Des membres du Congrès ont introduit un projet d’avenant au code fédéral des impôts appelé « American Space Commerce Act 2020 », lequel prévoit notamment de prolonger de dix ans les bénéfices fiscaux dont disposent les prestataires de services de lancements américains, et d’inclure des éléments de langage reconnaissant les lanceurs réutilisables et aéroportés.

Sécurité et Défense

L’U.S. Space Force octroie un méga-contrat à Northrop Grumman pour deux satellites Next-Gen OPIR
Parabolic Arc, 19 mai 2020
Ce contrat de 2,375 Md$ comprend la fourniture de deux satellites destinés à la détection de missiles hypersoniques Next-Generation Overhead Persistent Infrared (Next-Gen OPIR) qui devront être livrés fin 2025.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-03.

La SDA sollicite les opérateurs de lancement pour les 30 premiers satellites de sa méga constellation
Space News, 21 mai 2020
La Space Development Agency (SDA) et le Space and Missile Systems Center (SMC) de l’U.S. Space Force ont émis une Request for Information (RFI) à l’attention des fournisseurs de services de lancement pour placer les éléments de la « tranche 0 » de la « transport layer » de la méga-constellation de la SDA sur leurs orbites en l’espace d’un mois. Les fournisseurs pourront proposer des lancements dédiés ou des lancements en compagnon d’autres charges utiles.
Cette première tranche inclut 30 satellites avec les caractéristiques suivantes :

  • Tailles variables ;
  • Quatre types différents ;
  • Équi-répartis sur deux plans orbitaux distincts ;
  • Déployés à 1 000 km d’altitude ;
  • Positionnés sur des orbites polaires.

La SDA et le SMC devraient attribuer le contrat de lancement début 2021 tandis que les 30 satellites doivent être livrés en septembre 2022.

LOperation Olympic Defender officiellement placée sous l’autorité de l’USSPACECOM pour consolider les opérations spatiales multinationales
C4ISRNET, 21 mai 2020
Parabolic Arc, 26 mai 2020
Le Général John Raymond, Chief of Space Operations de l’U.S. Space Force et Commandant de l’U.S. Space Command (USSPACECOM), a acté le transfert de l’Operation Olympic Defender (ODD), géré par l’U.S. Strategic Command depuis 2013. L’ODD est un forum multinational destiné à optimiser les opérations spatiales, améliorer la fiabilité et la résilience des missions, et synchroniser les efforts américains avec certains de ses plus proches alliés dans le but de dissuader tout acte hostile dans l’espace et réduire la prolifération des débris en orbite.
En juillet 2019, le Royaume-Uni était le premier partenaire international à annoncer rejoindre l’OOD, envoyant ainsi du personnel supplémentaire au Combined Space Operations Center (CSpOC) et au 18th Space Control Squadron sur la base de l’U.S. Air Force de Vandenberg (Californie).

L’U.S. Army se donne trois ans pour choisir son système de communications satellitaires commercial
Space News, 26 mai 2020
Après Kratos et SES, l’U.S. Army a signé avec SpaceX un accord CRADA (Cooperative Research and Development Agreement) visant à évaluer une utilisation potentielle de la constellation Starlink pour ses besoins sur le terrain. Ce type d’accord est régulièrement utilisé par le Pentagone pour évaluer des services et des technologies d’un acteur privé avant leur possible acquisition.
Le projet d’une durée de trois ans est supervisé par le Combat Capabilities Development Command Center (C5ISR) basé à Aberdeen Proving Ground (Maryland). Il doit permettre à l’U.S. Army de déterminer les applications possibles avec ces constellations de satellites de communication en orbite basse, et de faire un état des lieux de l’état de l’art des terminaux terrestres compatibles de ce type de satellites.
En effet, l’U.S. Army utilise actuellement de larges antennes paraboliques montées sur remorques pour opérer ses satellites géostationnaires. Elles ont l’inconvénient d’être peu mobiles et d’avoir des capacités limitées avec de grandes latences. Pour réceptionner du haut-débit en provenance de l’orbite basse, l’U.S. Army devra s’équiper de petites antennes plates capables de communiquer avec les nombreux satellites qui composeront la constellation. Le coût de ces nouveaux équipements et la sécurité du transfert des données représentent deux enjeux majeurs de ces technologies. Aujourd’hui, le Pentagone préfère ainsi utiliser des systèmes avec des connexions inter-satellitaires pour faire descendre les données vers des points d’entrée identifiés.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°19-34.

Lancements

SpX-DM2 : succès du lancement et de l’amarrage à l’ISS du Crew Dragon de SpaceX avec équipage
Space News, 30 mai 2020
Space News, 31 mai 2020
Le samedi 30 mai, un Falcon 9 a décollé avec succès depuis le Launch Complex 39A du Kennedy Space Center (Floride), emportant Bob Behnken et Doug Hurley, deux astronautes de la NASA, à bord d’un Crew Dragon. Douze minutes plus tard, le vaisseau se séparait du lanceur avec succès pour entamer son voyage vers la Station Spatiale Internationale.
Nommé Endeavour par son équipage en référence à la Navette spatiale sur laquelle ils avaient tous deux volé, le Crew Dragon s’est amarré 19 heures plus tard au module Harmony de l’ISS.
Il s’agit du premier lancement d’un « équipage américain, avec un lanceur américain, depuis le sol américain » depuis 9 ans et l’arrêt du programme de la Navette Spatiale. Une fois le vaisseau de retour sur Terre, la mission Demo-2 doit permettre de prononcer la qualification du Crew Dragon pour l’acheminement d’équipage vers l’ISS. Les États-Unis auront alors retrouvé leur indépendance d’accès à l’Espace pour leurs vols habités.
Ce lancement est l’aboutissement d’une stratégie de la NASA au cours de la dernière décennie pour développer un successeur aux Navettes Spatiales s’appuyant sur le secteur privé commercial, afin de transporter des astronautes de l’agence vers l’ISS :

  • En 2005, la NASA a initié le programme Commercial Orbital Transportation Services (COTS) dont le but était de soutenir le développement de véhicules cargo commerciaux. Le programme COTS comprenait une option pour le transport d’équipage que la NASA n’a jamais levée ;
  • En 2010, la NASA a initié le programme Commercial Crew dont le but était de financer les initiatives de plusieurs sociétés, dont SpaceX ;
  • En 2014, Boeing et SpaceX ont remporté les contrats Commercial Crew Transportation Capability (CCtCap) dont le but était de compléter le développement et tester leurs véhicules destinés à l’emport d’équipages commerciaux prévus à horizon 2017 ;
  • En mars 2019, la mission SpX-DM1 a permis à SpaceX de valider le lancement, l’amarrage à l’ISS et le retour sur Terre de son Crew Dragon sans équipage. Un mois après ce succès, le vaisseau fut détruit au sol lors d’un essai de mise à feu statique des propulseurs SuperDraco de son système d’évacuation d’urgence (Launch Abort System –LAS). Cet accident a repoussé l’essai d’interruption en vol finalement réalisé en janvier 2020. Enfin, des essais finaux début mai ont donné le feu vert à la mission SpX-DM2.

Se congratulant mutuellement pour le succès de ce décollage, l’Administrateur de la NASA Jim Bridenstine et le Directeur Général de SpaceX Elon Musk restent prudents, estimant que le retour sur Terre du vaisseau est plus critique que l’aller. La date de ce retour n’est pas encore fixée mais devrait avoir lieu d’ici le mois d’août. Un autre Crew Dragon est déjà prêt pour son lancement prévu à partir du 30 août.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-09.

Lancement de Perseverance reporté au 20 juillet
Space News, 11 juin 2020
La NASA a annoncé le report du lancement du rover martien au 20 juillet à 9h15 (heure locale) depuis Cap Canaveral (Floride).
Prévu initialement le 17 juillet, ce léger retard serait dû à un problème avec un équipement au sol utilisé pour la préparation du lanceur Atlas V d’ULA. La préparation du rover se poursuit quant à elle nominalement au Kennedy Space Center.
La NASA a fait de ce lancement une priorité en pleine pandémie de Covid-19. La mission bénéficie d’une fenêtre de lancement jusqu’au 11 août 2020, la prochaine opportunité n’étant pas avant 2022.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-07.

Lancements à venir

Date

Mission Client Orbite Lanceur Entreprise Site

13 juin

ANDESITE (x9)
NRO Sat (x3)
RAAF M2 Pathfinder
Boston University Center for Space Physics
NRO
Australian Defence Force Academy, Royal Australian Air Force
LEO Electron KS Rocket Lab

Onenuia Station (Nouvelle-Zélande)

13 juin

Starlink (x60)
SkySat (x3)
SpaceX
Planet Labs
LEO Falcon 9 v1.2 Block 5 SpaceX

Cap Canaveral (Floride)

24 juin

Starlink (x60)
BlackSky (x2)
SpaceX
BlackSky Global
LEO Falcon 9 v1.2 Block 5 SpaceX

Cap Canaveral (Floride)

30 juin GPS Block III SV03 SpaceX LEO Falcon 9 v1.2 Block 5 SpaceX

Cap Canaveral (Floride)

Lanceurs

 Le Starship SN4 explose au cours d’un essai de mise à feu statique
Space News, 29 mai 2020
À l’issue d’un test de mise à feu statique complété avec succès avec un moteur Raptor, un dégazage massif est apparu à la base du Starship causant son explosion (vidéo).
Ce modèle devait réaliser début juin le premier vol d’essai d’un prototype d’un véhicule Starship à basse altitude (« bond » de 150 m) sur cette même base de Boca Chica (Texas).
Il s’agit de la quatrième destruction d’un prototype de Starship en six mois. Malgré tout, trois autres exemplaires sont en cours de fabrication au SpaceX South Texas Launch Site.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-09.

Échec du premier essai de lancement orbital du LauncherOne de Virgin Orbit
Space News, 25 mai 2020
Le 25 mai, Virgin Orbit a procédé à son premier essai d’un lancement orbital du lanceur léger aéroporté LauncherOne. Celui-ci s’est conclu par un échec.
Le lanceur LauncherOne attaché à son avion porteur Cosmic Girl avait été acheminé jusqu’à la zone de lancement au-dessus de l’océan Pacifique. La séparation du lanceur et de l’avion ainsi que l’allumage de son moteur NewtonThree se sont déroulés nominalement. Toutefois quelques secondes après l’allumage du moteur, celui-ci s’est interrompu en raison d’une « anomalie », ce qui a mis fin à la mission.
Virgin Orbit prévoit d’analyser les données récoltées dans le cadre de cet essai et de procéder rapidement à un deuxième essai orbital dans les mois à venir. La société dispose de plusieurs autres LauncherOne en production, lesquels seront possiblement modifiés en fonction des résultats des analyses des données du test.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-08.

La NASA autorise SpaceX à emporter les futurs équipages avec des Crew Dragon et des Falcon 9 ayant déjà volé
Parabolic Arc, 6 juin 2020
La NASA a amendé le contrat de 2,7 Md$ accordé à SpaceX afin de permettre à la société d’avoir recours à des capsules et des premiers étages de Falon-9 déjà utilisés pour acheminer ses astronautes vers l’ISS. Cette possibilité sera effective à partir du second vol commercial du Crew Dragon dont le lancement est prévu en 2021 (le premier vol, qui emportera quatre astronautes, est prévu à partir du 30 août 2020).
En échange, SpaceX a accepté d’étendre la mission SpX-DM2 actuellement en cours jusqu’à une durée maximum de 119 jours. De plus, la société devra conduire des formations conjointes avec le 3ème détachement du 45th Operations Group de l’U.S. Air Force pour les six premiers lancements Crew Dragon. Cette unité est en charge de récupérer les astronautes en cas de mission de sauvetage depuis les bases Patrick Air Force Base (Floride), Joint Base Charleston (Caroline du Sud) et Joint Base Pearl Harbor-Hickam (Hawaï).

Florilège de nouveaux contrats pour le Vigoride de Momentus
Space News, 20 mai 2020
En une semaine, la société, basée à Santa Clara (Californie), a signé trois contrats avec :

  • SatRevolution (constructeur de satellites polonais) pour le lancement en décembre 2020 de LabSat, un cubesat 3U contenant des charges utiles scientifiques de l’University of Science and Technology de Varsovie et de trois autres institutions académiques ;
  • Alba Orbital (constructeur de satellites écossais) pour le lancement en décembre 2020 de 10 PocketQubes, des satellites miniatures de 5 cm de côté déployés par les capsules Albapod de la société. À noter que trois autres Albapods seront directement intégrés sur le « Grande Ring » de l’Evolved Expendable Launch Vehicle Secondary Payload Adapter (ESPA) emporté sur ce vol par le lanceur de SpaceX ;
  • Sen (société de retransmission vidéo britannique) pour le lancement en juin 2021 des EarthTV, des cubesats 16U. Le contrat prévoit en option le déploiement de quatre autres satellites fin 2022 sur un même plan orbital.

Pour mémoire, Momentus doit encore conduire le premier vol d’essai de son véhicule de transfert Vigoride à bord d’un Falcon 9. L’essai est prévu cette année avant de pouvoir commencer ses activités commerciales.
À noter que Momentus développe actuellement Ardoride, une variante de Vigoride. Ce véhicule de transfert d’orbite nouvelle génération devrait avoir la capacité de déplacer des charges utiles de l’orbite de transfert géostationnaire vers l’orbite géostationnaire, la Lune voire l’espace lointain. Sa démonstration en orbite est prévue à l’horizon 2022/2023.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-08.

Maintenance Satellitaire en Orbite

Astroscale se place en concurrent du MEV de Northrop Grumman
Space News, 3 juin 2020
Astroscale est une société privée spécialisée dans les services en orbite et le traitement des débris spatiaux, basée à Tokyo avec un bureau à Denver (Colorado). Astroscale a acquis la propriété intellectuelle du Space Drone de la société israélienne Effective Space Solutions, spécialisée dans la maintenance satellitaire. Astroscale souhaite s’appuyer sur ce prototype pour développer une plateforme de maintenance satellitaire concurrente du Mission Extension Vehicle (MEV) de Northrop Grumman.
Le business model des services d’extension de vie de satellites en orbite est sujet à débats mais pourraient s’avérer intéressant lorsqu’il s’agit de prolonger l’activité d’un satellite en orbite géostationnaire dont le coût de construction s’élève à plusieurs centaines de millions de dollars. Les analystes projettent que ce marché représenterait 4 Md$ de revenus en 2028.
À noter qu’Astroscale prévoit de lancer son véhicule End-of-Life Service by Astroscale-demonstration (ELSA-D) au deuxième semestre 2020 pour tester ses technologies de récupération de débris. De plus, la société a été sélectionnée par la JAXA en février pour un projet de « satellite inspecteur » capable d’identifier les étages supérieurs des lanceurs en orbite. Enfin, Astroscale a annoncé avoir lancé une nouvelle levée de fonds de série E après avoir déjà récupéré 140 M$ dans quatre levées précédentes.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°19-36.

Observation de la Terre

Le Département du Commerce promulgue sa nouvelle réglementation en matière de licences commerciales de télédétection spatiale
Space News, 19 mai 2020
Space News, 21 mai 2020
Après deux années de réflexion, le Département du Commerce (DoC) a promulgué la version finale très attendue de sa réforme de la réglementation américaine en matière de licences de télédétection. Cette réglementation est couverte par le Land Remote Sensing Policy Act datant de 1992. Ces licences, gérées par la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) par délégation du DoC, sont obligatoires pour tous systèmes spatiaux américains équipés de capteurs d’imagerie, quelle que soit leur bande spectrale (optique, radar, etc…). L’objectif de cette réforme est principalement de simplifier la réglementation afin de faciliter le développement du secteur privé américain et harmoniser les exigences avec des réglementations étrangères moins contraignantes.
En juin dernier, le DoC avait publié une version préliminaire du projet de réglementation qui avait été largement critiquée par l’industrie spatiale ainsi que des membres du Congrès car elle manquait notamment à son objectif de simplification des conditions de licences et pénalisait les acteurs du New Space.
La version finale de la réglementation a été positivement reçue par le secteur privé qui estime qu’elle lève beaucoup de contraintes et prend en compte les niveaux d’exigence des autres nations. En particulier, un aspect essentiel des nouvelles règles est qu’elles contraignent les systèmes en fonction de leurs capacités par rapport aux systèmes existants à l’international. Ceux présentant des capacités similaires seront soumis à un « strict minimum de conditions », tandis que ceux qui offrent des capacités non disponibles par ailleurs seront soumis à des règles supplémentaires.
Ainsi, la nouvelle réglementation prévoit le système de classification suivant :

  • Tier 1: conditions de licence peu contraignantes. Cette catégorie concerne les candidats proposant un système qui récolte des données spatiales pouvant d’ores et déjà être obtenues au sein du marché international. Ces systèmes ne posent pas un risque pour la sécurité nationale dans la mesure ou des données similaires sont accessibles aussi bien aux États-Unis qu’à l’étranger ;
  • Tier 2: cette catégorie concerne les candidats proposant un système qui récolte des données spatiales ne pouvant être obtenues qu’avec des systèmes spatiaux américains existants. Ces systèmes seront soumis à des conditions de licence simplifiées mais plus contraignantes que la catégorie « Tier 1 ». Notamment, le DoC maintiendra le droit de restreindre temporairement la diffusion des données collectées (« shutter control »). Également, lorsqu’un licencié souhaitera récolter des données sur les objets spatiaux en orbite, celui-ci devra au préalable obtenir l’autorisation du DoC et des entités privés concernées ;
  • Tier 3: cette catégorie concerne les candidats proposant un système délivrant des capacités de télédétection supérieures aux systèmes américains actuels. Ces systèmes seront soumis aux mêmes conditions que ceux de la catégorie « Tier 2 » mais le DoC se réserve le droit d’imposer des conditions de licence supplémentaires pendant une durée pouvant aller jusqu’à trois ans.

À noter que la nouvelle réglementation élimine également toute exigence particulière pour certains systèmes tels que le radar à ouverture synthétique (SAR), l’infrarouge à ondes courtes ou l’imagerie nocturne.
Au-delà de la simplification des conditions de licence, la nouvelle réglementation réduit les délais d’évaluation des candidatures par le DoC de 120 jours à 60 jours.
La nouvelle réglementation n’impose pas de nouvelles normes en matière de débris spatiaux, le DoC estimant que les conditions imposées par la Federal Communications Commission (FCC) dans ses licences étaient suffisantes et qu’il n’était pas nécessaire de dupliquer les réglementations en la matière.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°19-22.

La NASA choisit Airbus Defence & Space pour son programme d’acquisition d’imagerie satellitaire commerciale
Space News, 27 mai 2020
La NASA compte octroyer un contrat à durée indéterminée à l’européen Airbus Defence & Space pour la fourniture de données d’observation de la Terre issues des satellites Pléiades, Spots, ainsi que TerraSar-X, Tandem-X et Paz. Le contrat s’inscrirait dans le cadre du programme d’acquisition d’imagerie commerciale Commercial Smallsat Data Acquisition Program (CSDAP) établi par la NASA en 2017, auquel participent également Maxar, Planet, Spire Global et Teledyne.

Télécommunications

5G : les opérateurs satellites de la bande C acceptent le plan de la FCC
Satellite Today, 1er juin 2020
Les opérateurs de satellites utilisant la bande C américaine, Intelsat, SES, Eutelsat, Star One et Telesat, ont finalement accepté le plan de la Federal Communications Commission (FCC) de libérer 280 Mhz de spectre au profit des opérateurs 5G mobiles.
Pour mémoire, la décision de la FCC prévoit la mise aux enchères de cette bande de fréquence en décembre 2020 pour une valeur estimée entre 40 et 70 Md$. Elle prévoit pour ces opérateurs l’allocation d’incitations financières à hauteur de 9,7 Md$ pour une libération accélérée des fréquences avant décembre 2023 et un remboursement des coûts de réallocation pouvant aller jusqu’à 5 Md$ selon les opérateurs.

La FCC maintient sa décision relative à l’octroi d’une licence 5G à Ligado
Space News, 27 mai 2020
Mi-avril, la Federal Communications Commission (FCC) avait octroyé à Ligado une licence 5G en bande-L l’autorisant à déployer son système sol basse puissance. Cette décision avait soulevé des critiques de la part de plusieurs Départements fédéraux, notamment ceux de la Défense, du Commerce et du Transport, inquiets des possibles interférences induites sur le système de navigation GPS et sur d’autres systèmes critiques en bande-L. En réponse, la FCC a indiqué qu’elle maintenait sa décision. Dans un courrier adressé au Président de la commission des Forces Armées du Sénat, le Président de la FCC a notamment rappelé que durant l’intégralité du processus de décision de l’agence, le Département de la Défense avait l’opportunité de transmettre à la FCC toutes les données nécessaires pouvant avoir un impact sur sa décision.

La société australienne EOS rachète la start-up californienne Audacy
Space News, 28 mai 2020
Electro Optic Systems (EOS) a annoncé avoir clôturé l’acquisition de la start-up californienne Audacy. Ce plan a été validé par la Federal Communications Commission (FCC) et le Committee on Foreign Investment in the United States (CFIUS). En conséquence, EOS a déclaré débloquer 800 M$ pour lancer la construction de quatre satellites début 2021, afin de développer la constellation de quatre satellites de communication EOSLink.
Si l’essentiel des communications se fait aujourd’hui par radiofréquences, EOS estime que la majorité du trafic des communications s’appuiera sur des technologies optiques d’ici 2036. EOSLink est donc conçue pour accompagner la transition vers ces technologies. À noter qu’EOS a racheté il y a peu EM Solutions, un fabricant australien de terminaux mobiles pour des communications satellitaires à large bande. Deux filiales d’EOS sont des membres fondateurs du partenariat public-privé australien SmartSat Cooperative Research Centre dont les fonds s’élèvent à 245 M$ pour subventionner plus de 100 organismes de recherche. Les trois entités ont conclu une entente pour développer un terminal de communications satellitaires hybride (optiques et radiofréquences).
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-01.

Constellations

Falcon 9 fête ses 10 ans avec le succès de sa 8ème mission Starlink
Space News, 3 juin 2020
Le 3 juin, trois jours à peine après le lancement du Crew Dragon, un Falcon 9 de SpaceX a décollé de Cape Canaveral Air Force Station (Floride) et déployé avec succès 60 nouveaux satellites de la constellation Starlink. Avec ce succès, la constellation de SpaceX compte désormais 482 satellites déployés en orbite basse depuis 2018. C’était la 5ème utilisation du premier étage (une première !) qui a été récupéré avec succès.
Il s’agissait du 6ème lancement dédié à Starlink depuis janvier 2020 (et le 8ème lancement SpaceX en 2020). La mission, initialement prévue en mai, avait été reportée à cause de la tempête tropicale Arthur puis de la priorité donnée à la mission SpX-DM2.
À noter qu’un des satellites emporte un « pare-soleil » extensible afin de tester une méthode de réduction de la luminosité des unités de la constellation.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-09.

OneWeb demande à la FCC une licence pour 48 000 satellites
Satellite Today, 27 mai 2020
En pleine procédure de redressement financier, la société a profité d’une seconde phase d’évaluation de la Federal Communications Commission (FCC) des systèmes en bande Ka et Ku pour demander un avenant à sa licence afin d’inclure une nouvelle architecture comprenant 48 000 satellites en orbite basse. D’aucuns estiment que cette manœuvre stratégique aurait pour but de rendre plus difficile le déploiement et la coordination des systèmes des nouveaux entrants sur le marché des constellations en orbite basse, et pourrait renforcer l’intérêt d’Amazon d’acquérir OneWeb pour sa licence.

Le redressement financier d’Intelsat pourrait impacter la fusion-acquisition de Spaceflight Industries
Space News, 29 mai 2020
Peu avant la crise du Covid-19, Intelsat a octroyé un prêt d’un montant de 50 M$ à BlackSky, la division de Spaceflight Industries en charge du développement et du déploiement d’une constellation de 60 satellites d’observation de la Terre en orbite basse. Parallèlement, le groupe japonais Mitsui & Co a octroyé un prêt de 26 M$ à Spaceflight Industries en vue d’acquérir sa division dédiée aux lancements de satellites en « rideshare ». En raison de certains mesures financières et contractuelles entre les trois entreprises, la vente de la division « rideshare » à Mitsui & Co, qui devait être finalisée au deuxième semestre 2020, est conditionnée à la modification des conditions du prêt octroyé par Intelsat.
Ainsi, Intelsat qui s’est placé sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites américaines au mois de mai, a demandé au juge des faillites en charge de son dossier de l’autoriser à modifier les conditions de son prêt à BlackSky pour permettre à cette vente de se réaliser, en mettant notamment en avant des synergies potentielles entre les services de télécommunications d’Intelsat et la constellation BlackSky.

SES envisage une constellation de 36 satellites en orbite basse
Space News, 29 mai 2020
Alors que la Federal Communication Commision (FCC) menait une seconde phase d’évaluation des systèmes spatiaux en bande Ka et Ku, SES a soumis à celle-ci une demande d’accès au marché américain pour une constellation de 36 satellites en orbite basse. Cette constellation serait destinée à l’Internet des Objets et à servir de réseau relais pour d’autres trafics digitaux. Elle transmettrait en bande Ka et opèrerait à 507 km d’altitude.
SES a également profité de cette opportunité pour demander à la FCC d’étendre la licence de sa constellation O3b à 34 satellites supplémentaires.
À noter que plusieurs autres entreprises ont également manifesté leur intérêt dans le cadre de cette seconde phase d’évaluation de la FCC, dont EOS Defense Systems, Kepler Communications, Telesat, SpaceX, Mangata Networks, New Spectrum Satellite, ViaSat et OneWeb.

ViaSat abandonne son projet de constellation MEO au profit d’une constellation LEO de 288 satellites
Space News, 28 mai 2020
Bien que l’entreprise se soit principalement concentrée sur le déploiement de sa nouvelle génération de satellites géostationnaires, ViaSat avait obtenu une licence de la Federal Communications Commission (FCC) pour un projet de constellation d’une vingtaine de satellites en orbite moyenne, initialement destinée à renforcer les capacités de ses satellites GEO.
Toutefois Viasat a fait évolué ses plans suite à l’annonce de la FCC de la mise en place du fond « Rural Digital Opportunities Fund » destiné à réduire la fracture digitale aux États-Unis et bénéficiant d’une enveloppe de 20,4 Md$. ViaSat a ainsi déposé une demande auprès de la FCC pour modifier son architecture et obtenir une licence pour une constellation de haut-débit de 288 satellites en orbite basse (1300 km d’altitude). ViaSat prévoirait de s’appuyer sur cette constellation pour participer au fond de la FCC, espérant ainsi bénéficier d’importantes subventions publiques.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-08.

SpaceX devrait équiper tous ses satellites avec des « pare-soleils »
Space News, 27 mai 2020
Cherchant une solution pour réduire les interférences générées par le réfléchissement des satellites Starlink sur les observations astronomiques depuis la Terre, SpaceX a installé un « pare-soleil » extensible sur l’un des Starlink de son dernier lancement en date.
Avant même d’obtenir les premiers résultats sur l’efficacité du système, l’entreprise a annoncé vouloir installer ces « pare-soleils » sur l’ensemble de ses quelque 4 000 satellites restants à déployer.

Artemis

La NASA octroie 187 M$ à Northrop Grumman pour le module HALO du Gateway d’Artemis
Space News, 6 juin 2020
L’année dernière, l’agence spatiale américaine avait présélectionné Northrop Grumman comme prestataire unique pour développer le module d’habitation HALO destiné à équiper la station orbitale lunaire Gateway. La NASA a aujourd’hui finalisé un contrat de 187 M$ couvrant le début du développement du module jusqu’à la première revue de conception préliminaire prévue en fin d’année 2020. La NASA et Northrop Grumman négocieront par la suite un avenant pour son développement complet.
Depuis la sélection de Northrop Grumman l’année dernière, la NASA a modifié le concept opérationnel et l’architecture initiale du Gateway. L’agence prévoyait initialement de lancer séparément le module de propulsion et de puissance PPE développé par Maxar et le module d’habitation HALO, puis de les assembler de façon autonome en orbite. Désormais, la NASA prévoit de les intégrer au sol en un module unique qui serait lancé à bord d’un lanceur lourd commercial en novembre 2023.
La NASA devrait sélectionner le prestataire du service de lancement d’ici novembre 2020. À ce jour, il semble que le Falcon Heavy de SpaceX soit le seul lanceur américain certifié capable de lancer un tel module sur une orbite d’injection trans-lunaire.

La NASA reprend progressivement les tests du corps central du SLS dédié à la mission Artemis-1
Parabolic Arc, 24 mai 2020
Avant que l’épidémie de Covid-19 ne suspendent les activités au Stennis Space Center, la NASA a pu procéder aux tests vibratoires du corps central du SLS, étape préliminaire au « Green Run ». La reprise progressive des activités aux États-Unis permet aux ingénieurs du centre d’envisager le test de mise à feu statique du SLS d’ici l’automne, tandis que la capsule Orion continue nominalement sa campagne de préparation au Kennedy Space Center. Le vol inaugural du SLS-Orion dans le cadre de la mission Artemis-1 est prévu l’année prochaine.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-05.

Exploration et Sciences de l’Univers

WFIRST baptisé du nom de la première directrice du département d’astronomie de la NASA
Space News, 20 mai 2020
Le Wide Field Infrared Survey Telescope (WFIRST) s’appellera désormais le Nancy Grace Roman Space Telescope. Décédée en 2018, la « Mère de Hubble » a rejoint les rangs de la NASA en 1959. Elle supervisa le développement des premières missions d’astrophysique pendant 20 ans et est à l’origine de la conception du Hubble Space Telescope.
WFIRST fait partie des recommandations emblématiques du decadal survey d’astrophysique. Il a pour mission d’étudier l’énergie noire et les exoplanètes grâce à un miroir de 2,4 m de diamètre. Prévu au lancement en 2026, son coût recommandé ne devait pas dépasser 2 Md$ mais a déjà doublé, malgré le don du miroir principal par le National Reconnaissance Office (NRO) ou le retrait d’un coronographe. Par ailleurs, la NASA, qui souhaiterait d’abord finaliser le programme James Webb Space Telescope (JWST), n’a inscrit aucune ligne pour WFIRST dans ses requêtes budgétaires de 2019 et de 2020. Le Congrès a malgré tout alloué à la mission des montants de 312 M$ en 2019 et 510 M$ en 2020.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-05.

Retrouvez également toutes les actualités mises en ligne par la mission pour la science et la technologie en cliquant sur ce lien.
Ambassade de France aux États-Unis d’Amérique
Service Spatial – Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg

Table des matières

Partager

Derniers articles dans la thématique
,