Bulletin d’actualité rédigé par le Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg à Washington D.C. (Amaury Carbonnaux, Edouard Lallouette, Nicolas Maubert)
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A la une
L’Administration américaine multiplie les initiatives internationales afin de donner un cadre juridique et politique aux activités dans l’Espace lointain
Reuters, 5 mai 2020
Space News, 6 mai 2020
Space Policy Online, 6 mai 2020
Lors d’une conférence du CSIS (Center for Strategic and International Studies) le 5 mai, l’Administrateur Jim Bridenstine avait présenté la NASA comme un « formidable outil de diplomatie internationale » pour les Etats-Unis. Il a ainsi fait part de son souhait de voir son agence davantage intégrée dans les politiques stratégiques américaines. Dans ce contexte, la NASA compte s’appuyer sur le programme d’exploration lunaire Artemis impliquant les alliés et partenaires internationaux, pour élaborer des normes de conduites dans l’espace et sur la Lune. Ainsi, les pays désirant participer à Artemis et à l’établissement d’une base scientifique habitée sur la surface lunaire devraient s’engager à adopter des normes et comportement dans l’espace proposés par la NASA, notamment en matière de sécurité et de protection de l’espace.
A ce titre, les Etats-Unis mènent depuis plusieurs mois des initiatives diplomatiques centrées autour d’Artemis :
- Le 15 mai, à l’occasion de la réunion publique du Regulatory and Policy Commitee (RPC) du NASA Advisory Council, Jim Bridenstine a annoncé le lancement de discussions bilatérales avec ses partenaires internationaux (Canada, Europe, Japon) afin de consolider un accord international appelé « Artemis Accords ». Cet accord intergouvernemental vise à encadrer les activités américaines et celles des partenaires internationaux sur la surface lunaire mais également à définir un cadre juridique et politique autour des activités dans l’espace lointain ;
- Le 6 avril, le président Trump a publié le décret Encouraging International Support for the Recovery and Use of Space Resources, chargeant le Département d’Etat américain (Department of State) de solliciter les partenaires internationaux en vue d’établir des coopérations bilatérales ou multilatérales sur l’appropriation et l’exploitation des ressources spatiales ;
- Le Département d’Etat et la NASA sont engagés depuis plusieurs mois dans des négociations multilatérales avec les partenaires de la Station Spatiale Internationale afin d’établir un cadre technique, programmatique, juridique et politique dédié aux activités à bord de la station orbitale lunaire Gateway ;
- Le National Space Council de la Maison Blanche, présidé par le Vice-Président Mike Pence et géré par Scott Pace, a initié une mise à jour du document National Space Policy datant de 2010, lequel définit les grandes orientations et principes de la politique spatiale américaine sur une décennie. A ce titre, le Département d’Etat américain a contacté certains partenaires internationaux de la NASA, dont la France, pour recueillir des remarques et commentaires à propos de la mise à jour de ce document.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-08.
Personalia
Karen St. Germain devient la nouvelle directrice de la division des sciences de la Terre de la NASA
Space News, 10 mai 2020
Le poste était occupé par intérim par Sandra Cauffman depuis le départ de Michael Freilich début 2019. Avant sa nomination, Karen St. Germain supervisait le développement des satellites existants et futurs du NESDIS (National Environmental Satellite, Data, and Information Service) de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), département en charge des opérations de la flotte des satellites météorologiques américains. Elle a notamment été en charge de l’étude d’architecture de satellites météorologiques nouvelle génération.
Politique
La Chambre des Représentants désapprouve les contrats des alunisseurs d’Artemis octroyés par la NASA
Space News, 4 mai 2020
Space Policy Online, 1er mai 2020
Le 30 avril, la NASA a octroyé à trois consortium de prestataires privés (Blue Origin, Dynetics et SpaceX) des contrats d’étude et de développements préliminaires d’un montant total de 967 M$ pour les Human Landing System (HLS) d’Artemis. Ces contrats se structurent autour de partenariats publics-privés dans le cadre desquels les sociétés demeurent propriétaires de leurs alunisseurs. En phase opérationnelle, La NASA en sera un client, au même titre que dans le cadre du programme Commercial Crew de transport spatial vers l’ISS avec Boeing et SpaceX.
Alors que l’industrie spatiale et le Sénat (sous majorité républicaine) ont loué l’initiative de la NASA d’impliquer largement le secteur privé, la commission Science, Espace et Technologie de la Chambre des Représentants (sous majorité démocrate) s’est montrée nettement moins enthousiaste. Sa Présidente, Eddie Bernice Johnson, estime que cette initiative est à contre-courant des positions élaborées par la Chambre dans le cadre d’un projet de loi d’autorisation de la NASA qui, entre autres, chargeraient l’agence de mener en interne le développement des HLS. Les démocrates de la commission pensent qu’impliquer le secteur privé de cette manière augmente inutilement les risques et génère des incertitudes calendaires. Ils rappellent que le programme Commercial Crew impliquant SpaceX et Boeing a connu plusieurs années de retards, et que la majeure partie des coûts de développement a été financée par la NASA et non par les sociétés privées. Tout en affichant son soutien à la stratégie d’exploration habitée de la Lune et de Mars, la Présidente de la sous-commission Espace de la Chambre, Kendra Horn, a fait part de sa déception en rappelant que sa commission ne disposait toujours pas d’une estimation détaillée des coûts associés à Artemis, réclamée depuis un an.
Le programme Artemis nécessite un budget conséquent devant être approuvé et autorisé par le Congrès. Celui-ci est pour le moment pleinement occupé par la gestion de la crise liée à l’épidémie de Covid-19, mais d’aucuns estiment que les positions de la commission Science pourraient être reflétées dans les budgets de la NASA des prochaines années si elles sont partagées par les appropriateurs.
Budgets
COVID-19 : inquiétudes des startups du New Space, exclues des aides gouvernementales
Space News, 30 avril
Space News, 29 avril
Space News, 4 mai 2020
Par construction, de nombreuses startups du New Space ne peuvent prétendre aux mesures d’aides financières à destination des « petites entreprises » mises en place par le gouvernement fédéral américain dans le cadre de l’épidémie de Covid-19 (Coronavirus Aid, Relief, and Economic Security (CARES) Act).
En effet, ces mesures concernent les entreprises de moins de 500 employés, ce nombre étant calculé en considérant non seulement les employés directs de la société mais également ceux des entreprises auxquelles elles sont « associées ». Or, la plupart du temps, les startups du spatiales sont financées par des fonds d’investissement en capital-risque. Cela implique que la petite entreprise est considérée comme « associée » aux autres entreprises du portefeuille du fonds d’investissement, faisant ainsi artificiellement gonfler ses effectifs à un niveau largement supérieur à la limite des 500 employés.
Des associations d’entreprises spatiales ont adressé des courriers aux membres du gouvernement et du Congrès américain pour faire état de leurs inquiétudes. En l’absence d’une modification de la loi CARES, de nombreuses startups du spatiales pourraient ne pas survivre à la crise économique causée par l’épidémie de Covid-19.
Le Département du Trésor américain a indiqué qu’il ne modifierait pas ses paramètres dans la mesure où une telle modification pourrait générer un dédoublement des financements, car dans de nombreux cas, les fonds d’investissements ou entreprises qui détiennent des startups bénéficient déjà d’aides fiscales gouvernementales dans le cadre d’autres parties du CARES Act. Le Trésor encourage ces fonds d’investissement à réaliser un geste de leur coté en permettant à ces startups en difficulté de devenir indépendantes afin qu’elles puissent accéder aux aides.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-08.
Sécurité et Défense
ManTech dévoile Space Range, son outil de guerre cybernétique dédié au secteur spatial
Space News, 4 mai 2020
Avec ce logiciel de wargame spatial destiné à la protection des actifs en orbite de l’armée américaine, de la communauté du renseignement et de l’industrie privée, ManTech étend sa compétence en matière de cybersécurité au domaine spatial.
Space Range est un centre virtuel de command and control (C2) de satellites dans lequel des équipes génèrent des attaques sur le réseau de clients, des satellites aux stations sol, pour les aider à détecter des vulnérabilités ou des erreurs dans leur logiciel.
Lancements
Succès des mises à feu statiques du Starship SN4 de SpaceX
Parabolic Arc, 5 [1] et 7 [2] mai 2020
À la suite du succès des tests de pressurisation du SN4, SpaceX a procédé à deux mises à feux statiques de trente secondes chacune à deux jours d’intervalle. Prochaine étape (date non révélée) : un vol d’essai à basse altitude (« bond » à 150 m) à Boca Chica (Texas) similaire à celui réalisé en août dernier avec le Starhopper.
A noter que les trois premières versions du Starship avaient toutes été détruites lors de tests de pressurisation et que deux autres (SN5 et SN6) sont actuellement en construction.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité n°20-08.
Lancements à venir
Date | Mission | Client | Orbite | Lanceur | Entreprise | Site |
16 mai | OTV-6 (X-37B) FalconSat 8 |
DoD U.S. Air Force Academy |
LEO | Atlas V | ULA | Cap Canaveral (Floride) |
17 mai | Starlink (x60) | SpaceX | LEO | Falcon 9 v1.2 Block 5 | SpaceX | Cap Canaveral (Floride) |
27 mai | Crew Dragon Demo-2 (SpX-DM2) | NASA | ISS | Falcon 9 v1.2 Block 5 | SpaceX | Cap Canaveral (Floride) |
Lanceurs
Firefly Aerospace obtient la certification qualité AS9100
Satellite Today, 8 mai 2020
Ce standard de référence est délivré par l’International Aerospace Quality Group qui garantit les pratiques de gestion de la qualité dans l’industrie aérospatiale.
Cette distinction intervient alors que Firefly Aerospace a fini sa phase de développement et se projette sur la préparation du premier lancement de son petit lanceur Alpha cette année.
Pour mémoire, la société a indiqué que son lanceur, dédié au marché des petits satellites, offrirait le plus bas coût par kilogramme pour sa classe de véhicule, que ce soit pour des lancements complets ou en rideshare.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°19-33.
Rocket Lab conclut l’acquisition de Sinclair Interplanetary
Parabolic Arc, 4 mai 2020
Ce rachat renforce le développement de la filière satellite de Rocket Lab avec sa petite plateforme Photon, dédiée aux missions de petits satellites en orbite terrestre ou lunaire, voire en interplanétaire.
Sinclair Interplanetary devrait conserver ses installations et ses équipes à Toronto (Canada) et continuer d’être gérée par son fondateur, Doug Sinclair. Depuis sa création en 2001, la société a produit de multiples composants qui ont été intégrés à plus de 90 satellites.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-06.
Vols Suborbitaux
Succès du premier vol d’essai du SpaceShipTwo depuis le spaceport commercial de Virgin Galactic
Space News, 1er mai 2020
Après un décollage depuis le Spaceport America au Nouveau-Mexique, l’avion porteur WhiteKnightTwo a atteint 15 km d’altitude puis a libéré le VSS Unity SpaceShipTwo. Ce dernier est revenu à son point de départ en planant. A noter que le VSS Unity SpaceShipTwo avait déjà réalisé plusieurs vols d’essais depuis la base californienne de Mojave Air and Space Port (Californie). Il avait été transféré en février vers le Spaceport America pour conduire une dernière série d’essais en vol avant l’ouverture aux activités commerciales prévues depuis cette base.
Malgré la pandémie de Covid-19, les opérations de Virgin Galactic continuent et la société déclare préparer déjà son prochain vol d’essai, sans avoir publié de nouveau calendrier pour ses premiers vols suborbitaux commerciaux.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-05.
Spatioports
Covid-19 : la NASA publie son plan de reprise d’activité
Space Policy Online, 4 mai 2020
Space News, 6 mai 2020
Les 18 Centres de la NASA sont actuellement aux niveaux 3 ou 4 du plan de continuité d’activités de la NASA (NASA Response Framework), avec 90% des employés travaillant à domicile. Les responsables de l’agence ont déclaré « ne pas se hâter à rouvrir les centres mais plutôt se dépêcher à planifier leur réouverture ». La réouverture des Centres et la reprise d’activité se feront de manière très progressive et dépendront des consignes sanitaires locales définies par chaque Etat. Dans un premier temps, le recours au télétravail restera privilégié.
Les instances dirigeantes de la NASA ont ainsi demandé à chaque centre :
- D’adapter leur environnement de travail aux nouvelles conditions sanitaires ;
- De publier un document de reprise de l’activité qui devra être ajusté en fonction de l’évolution de la situation locale ;
- De privilégié le retour sur site aux équipes dont le travail doit être obligatoirement fait sur place
- D’encourager ses salariés identifiés « à risque », de continuer à travailler depuis leur domicile (personnes de plus de 65 ans, victimes de maladie chronique, sujets à des traitements affaiblissant le système immunitaire).
Alors que la NASA avait fermé l’intégralité des centres dans lesquels des cas avaient été détectés, elle prévoit une approche plus ciblée en cas de seconde vague (identification des salariés en contact avec la personne malade et fermeture du bâtiment dans laquelle la personne malade travaille pour désinfection et nettoyage).
Article connexe publié précédemment : Statut au 2 avril 2020 des centres et mission de la NASA et des spatioports américains pendant l’épidémie de Covid-19.
Station Spatiale Internationale et Vol Habité en Orbite Basse
Dernière ligne droite avant le lancement du Crew Dragon avec équipage
Space News, Space Policy Online, 1er mai 2020
Space Flight Insider, 3 mai 2020
Dans moins de deux semaines, le Crew Dragon de la mission Demo-2 devrait emporter les astronautes Bob Behnken et Doug Hurley depuis le Kennedy Space Center en direction de l’ISS.
Le lancement est programmé le 27 mai à 16h32 (EDT) avec une fenêtre de tir jusqu’au 30 mai. Cette date a été confirmée à la suite du succès des dernières étapes clefs :
- Le succès du 27ème et dernier essai de son parachute Mark 3 pour la capsule Crew Dragon, remplissant ainsi la dernière exigence de test pour la certification par la NASA de ce sous-système ;
- La résolution du problème révélé par l’arrêt d’un des neuf moteurs Merlin lors du dernier vol d’un Falcon 9 pour la mission Starlink le 18 mars dernier ;
- Les revues d’aptitude au vol menées chacune de leur côté par SpaceX le 8 mai et la NASA le 11 mai.
La durée de leur séjour n’est pas encore arrêtée mais sera comprise entre 31 et 119 jours maximum compte-tenu des estimations de dégradation des panneaux solaires du Crew Dragon.
La présence des deux astronautes américains dans l’ISS est attendue fermement par la NASA pour accompagner Chris Cassidy, seul astronaute américain actuellement à bord en compagnie de deux cosmonautes russes. La NASA devra donc choisir entre un retour rapide du Crew Dragon permettant de compléter sa certification ou laisser du temps aux trois astronautes américains à bord de l’ISS pour mener à bien leurs opérations de maintenance et de recherche. La durée de la mission ne devrait pas être connue avant que la première mission opérationnelle Crew-1 ne soit prête au lancement (ses quatre membres d’équipage sont déjà dans leur phase d’entraînement).
Avec la mission Demo-2, le Crew Dragon deviendra le 5ème véhicule orbital américain après Mercury, Gemini, Apollo et la « Space Shuttle » à emporter un équipage dans l’espace. Il sera également le premier vaisseau avec équipage à décoller depuis le sol américain depuis l’arrêt du programme des navettes spatiales en 2011 (à l’exception des vols SpaceShipOne et SpaceShipTwo réalisés en 2018 par Virgin Galactic).
À la suite des retards de ce programme, la NASA a été contrainte d’acheter des sièges supplémentaires à bord de Soyouz. L’agence a indiqué qu’elle était actuellement dans la phase finale des négociations pour une place en octobre. Un échec de la mission Demo-2 la pousserait à acheter un autre siège pour le printemps 2021.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-06.
La NASA consolide sa stratégie de commercialisation de l’orbite basse
Space News, 21 avril 2021
En juin 2019, la NASA avait élaboré une stratégie de commercialisation de la Station Spatiale Internationale en soutenant notamment le développement de modules commerciaux et de séjours touristiques à bord de la Station.
Le nouvel Administrateur Associé en charge de l’exploration habitée, Doug Loverro, prévoit depuis son arrivée une consolidation de cette stratégie et une restructuration interne de sa direction. Dans ce contexte, il compte instaurer au sein de sa direction un nouveau département destiné à centraliser l’ensemble des initiatives de commercialisation de l’orbite basse habitée aujourd’hui éparpillées. Ce nouveau département regrouperait notamment les programmes de transport spatial Commercial Cargo et Commercial Crew ainsi que le laboratoire CASIS (Center for the Advancement of Science in Space).
Doug Loverro ambitionne que d’ici la fin de la décennie, la NASA deviennent un « client comme un autre » de l’orbite basse terrestre qui serait alors financée majoritairement par les sociétés privées commerciales.
Pour mémoire, la NASA a récemment octroyé à Axiom Space l’accès à un port d’attache de l’ISS à des fins de développement d’un module commercial. A noter que les efforts de commercialisation de l’orbite basse de l’agence demeurent conditionnés aux budgets alloués par le Congrès. Pour l’exercice 2020, le Congrès n’avait alloué que 15 M$ à ce sujet, un montant bien inférieur aux 150 M$ demandés par la NASA. La requête budgétaire de l’Agence pour l’exercice 2021 inclut à nouveau un montant de 150 M$ en espérant que ces efforts de réorganisation interne convaincront davantage les appropriateurs.
Constellations
Telesat bientôt prêt à choisir un maître d’œuvre pour sa constellation en orbite basse
Space News, 1er mai 2020
L’opérateur de satellites canadien a annoncé vouloir choisir « dans les prochains mois » le maître d’œuvre qui fournira sa constellation haut-débit de 298 satellites en orbite basse.
Fin 2019 la société avait reporté à 2020 l’octroi de ce contrat majeur estimé à 3 Md$ à la suite de la rupture de l’entente entre Maxar et Thales Alenia Space pour fournir une offre conjointe. Telesat devait initialement choisir son maître d’œuvre en 2018 pour une commercialisation débutant en 2021. Le calendrier actuel de la société prévoit un début de déploiement d’une première tranche de 78 satellites en orbite basse polaire en 2022 pour un début des activités commerciales à des latitudes nordiques élevées, puis les 220 satellites restant sur des orbites inclinées d’ici fin 2023 pour une couverture mondiale.
Le système s’appuiera sur des satellites de 800 kg équipés d’une double propulsion plasmique-électrique conçus pour une durée de vie nominale de 10 ans. Ils bénéficieront de connexions inter-satellitaires et seront capables de traiter collectivement entre 16 et 24 téraoctets de données par secondes. Afin d’offrir un temps de latence entre 30 et 50 millisecondes, la société prévoit également de construire un réseau de 50 stations sols.
Pour lancer ses satellites, Telesat a signé des accords de lancements avec le New Glenn de Blue Origin pouvant emporter jusqu’à 35 satellites à la fois, et le Terran-1 de Relativity Space pouvant emporter un seul satellite. Les deux lanceurs sont en cours de développement et devraient voler pour la première fois en 2021.
A noter qu’une partie de la chaîne d’approvisionnement de Telesat est partagée avec la société OneWeb, laquelle s’est récemment mise en faillite, mais la société a indiqué que cela ne devrait pas avoir d’impacts majeurs.
Artemis
La NASA modifie à nouveau l’architecture de la Gateway
Ars Technica, Space Policy Online, 7 mai 2020
Dans un entretien avec le magazine Ars Technica, Doug Loverro, l’Administrateur Associé en charge de l’exploration habitée de la NASA, a fait part des récentes évolutions de l’architecture de la Gateway, qui devrait dorénavant être lancée en un seul module en 2023.
Doug Loverro, qui se penche sur l’architecture d’Artemis depuis son arrivée, a justifié cette décision par une réduction importante des coûts et des risques au déploiement de la Gateway. Dans cette nouvelle architecture, le Power and Propulsion Element (PPE) développé par Maxar, et le module d’habitation pressurisé Habitation and Logistics Outpost (HALO) développé par Northrop Grumman, seraient assemblés directement sur Terre et lancés en un unique module, plutôt que lancés séparément puis assemblés en orbite lunaire tel qu’initialement prévu. La NASA prévoirait de lancer ce module intégré en 2023.
La nouvelle architecture en un module unique permettrait à l’agence de réduire les coûts. D’une part le module nécessiterait un seul lancement au lieu de deux. D’autre part, des éléments rendus caduques par cette nouvelle architecture pourraient être retirés dans la nouvelle architecture, notamment :
- Un système de propulsion ;
- Deux éléments d’amarrage ;
- Un système d’alimentation électrique.
Elle permettrait également de réduire les risques associés à un assemblage autonome des deux modules indépendants en orbite autour de la Lune.
La NASA n’a pas encore sélectionné de prestataire pour les services de lancement, mais Doug Loverro a indiqué le Falcon Heavy de SpaceX avait la capacité de lancer ce module unique. La NASA est tenue par la loi de procéder à un appel d’offres pour sélectionner le prestataire final, mais d’aucuns estiment que SpaceX devrait être retenu. A noter que SpaceX a d’ores et déjà était sélectionnée pour ravitailler la Gateway en fret ainsi que pour la phase de développements préliminaires de l’alunisseur Artemis.
Pour mémoire, depuis plus d’un an des membres du Congrès réclament à la NASA une présentation claire de l’architecture et des coûts du programme Artemis, ce que l’agence n’a pas été en mesure de fournir de façon définitive, celle-ci évoluant régulièrement. Bien que le Congrès soutien la stratégie d’exploration habitée de la NASA, cette nouvelle évolution pourrait renforcer davantage leur réticence à financer un programme dont le coût est estimé à plus de 70 Md$ sur les cinq prochaines années.
Exploration Habitée
La NASA commande 18 moteurs RS-25 pour ses futurs SLS : le coût à l’unité atteint 146 M$
Ars Technica, Parabolic Arc, 1er mai 2020
Ce contrat de 1,79 Md$ octroyé à Aerojet Rocketdyne s’ajoute à celui passé pour 6 moteurs en novembre 2015. Il porte le total de la commande à 24 moteurs pour un montant global de 3,5 Md$ et englobe les opérations de production, d’essai et d’assistance technique. Le coût moyen d’un RS-25 revient ainsi à 146 M$. A titre de comparaison, ce montant équivaut au prix d’un lancement de Falcon Heavy ou de deux lancements d’Atlas V.
Pour mémoire, le RS-25 a été conçu dans les années 1970 pour propulser les Navettes spatiales et donc être réutilisables. Ainsi, seulement 46 exemplaires du RS-25 avaient été produits pour réaliser les 135 missions des « Space Shuttles », représentant un coût estimé de 40 M$ par moteur.
Ces nouveau RS-25 sont destinés à équiper les lanceurs SLS (Space Launch System) des missions Artemis, et seront donc à usage unique. Chaque SLS étant équipé de quatre RS-25, les moteurs représenteraient donc 25% du coût du lancement (un lancement SLS étant estimé à 2 Md$).
En concertation avec la NASA, Aerojet Rocketdyne a donc mis en place dans son usine de Canoga Park en Californie un plan de réduction des coûts de 30% en utilisant davantage de techniques de production avancées pour modifier certains composants.
À noter que 16 moteurs RS-25 ont été récupérés du programme de la navette spatiale et ont subi avec succès une série de tests de mise à feu statique en avril 2019.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-05.
Technologie
Sélection de 139 projets dans le cadre de la Phase II du programme SBIR de la NASA
Parabolic Arc, 5 mai 2020
Les subventions octroyées aux 139 projets dans le cadre de la Phase II du programme Small Business Innovation Research (SBIR) devraient se porter à hauteur d’environ 104 M$ pour 124 petites sociétés réparties dans 31 états américains. Ces récompenses devraient aider la NASA à développer des technologies, produits et services majoritairement au profit du programme Artemis, mais également dans l’aéronautique, les sciences, les opérations et l’exploration.
Pour mémoire, le programme SBIR est géré par l’Ames Research Center (Californie) et fait partie de la direction Space Technology Mission de la NASA. Il encourage les petites sociétés privées à développer des idées innovantes qui satisfont les besoins spécifiques de recherche et de développement du gouvernement fédéral. Ce programme se décline en trois phases :
- Phase I: opportunité d’établir la valeur scientifique, technique et commerciale ainsi que la faisabilité de l’innovation proposée. Les contrats de la Phase I ont une durée de 6 mois avec un financement plafonné à 125 k$ ;
- Phase II: développement, essais et distribution de l’innovation (seules les petites sociétés récompensées d’un contrat en Phase I sont éligibles pour soumettre leur proposition pour un financement en Phase II). Les contrats de la Phase II durent 24 mois avec un financement plafonné à 750 k$ ;
- Phase III: commercialisation des technologies, produits et services innovants résultant d’un contrat obtenu en Phase I ou en Phase II. Les contrats de la Phase III sont financés par des sources extérieures au programme SBIR de la NASA.
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